Economie et entreprises, entre aujourd’hui et demain

Economie et entreprises, entre aujourd’hui et demain

« Futurs économiques », sous la direction de Roland Canu et Hélène Ducourant, Revue française de socio-économie, second semestre 2018, La Découverte, 222 pages, 25 euros.
« Futurs économiques », sous la direction de Roland Canu et Hélène Ducourant, Revue française de socio-économie, second semestre 2018, La Découverte, 222 pages, 25 euros.

L’œuvre « Futurs économiques  » étale les possibles et les décisions managériales du monde de l’entreprise. Circonstance bien sûr de remarquer combien la mutation numérique a bouleversé les modèles de progression des sociétés.

L’étude que les sciences sociales entretiennent avec le futur se veut le plus souvent mesurer et prudent. Sans doute parce que les projections les plus importantes d’un point de vue intellectuel se sont très tôt heurtées à la réalité historique. L’attention aux mondes à venir est malgré cela très présente dans l’univers économique, la notion d’intérêt faisant automatiquement le lien entre le présent et l’avenir : « un gain futur doit forcément entrer en compensation du coût présent réclamé par l’action engagée », affirment Roland Canu et Hélène Ducourant.

Les sciences économiques sont, parmi les sciences sociales, celles qui garantissent sans doute le plus frontalement leur gain pour les prédictions : à partir d’indicateurs stabilisés, le futur peut être calculé, mis en probabilités. « Armée de telles aptitudes, l’économie n’est plus qu’un savoir, elle devient aussi et surtout une technoscience, une discipline à vocation d’expertise susceptible de répondre à une demande sociale. Les économistes construisent un marché du futur et s’y positionnent comme principaux experts », ajoutent le maître de conférences à l’université Toulouse Jean-Jaurès et l’enseignante chercheuse au Laboratoire techniques territoires et sociétés (Latts) dans « Futurs économiques », le vingt et unième dossier de la Revue française de socio-économie.

Expliquer la valeur d’une entreprise

Avec quelle force ces avances pèsent-elles sur le présent ? Théories économiques, discours journalistiques, activités des prévisionnistes et des chercheurs financiers, utilisations des données numériques…, les auteurs examinent les données, l’outillage cognitif et matériel, les professions et les institutions, les collectifs et les techniques qui fondent les futurs économiques. Isabelle Chambost, chercheuse au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), a ainsi élaboré les impacts réciproques du présent sur le futur et vice-versa dans le cas d’acquisitions d’entreprises sur les transactions financiers, selon qu’elles sont cotées ou non.

Comment les analystes, soucieux du résultat des opérations de placement, procèdent-ils pour définir la valeur de l’entreprise à partir d’une évaluation de ce qu’elle vaudra à l’avenir ? La chercheuse retrace une pluralité de configurations d’interdépendance entre présent(s) et futur(s) économiques, qui ébranle une vision unilatérale de la séquentialité du temps : l’ancrage dans un présent économique impose ses vues au futur dans le cas des entreprises cotées ; en revanche, l’arrimage à un futur économique fermé oblige ses vues au présent dans le modèle de l’entreprise non cotée.

 

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.