Des agents de sécurité bien peu protégés face au Covid-19
« Il aimait son travail, il n’avait pas peur d’y aller, même s’il savait, sans me l’avoir dit, que ses conditions de travail ne le protégeaient pas du Coronavirus. Il n’imaginait pas que ça irait jusque-là. » Jusqu’à sa mort. Astrid a perdu son père, Satia, dimanche 5 avril, atteint du Covid-19. Agé de 58 ans, il était agent de sûreté du groupe Samsic à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle, en région parisienne.
Il s’occupait du contrôle des personnels navigants. Il laisse une épouse et trois enfants, qui vivaient avec lui. Tous ont été contaminés et s’en sont sortis en quelques jours. « C’est inadmissible que sur ce poste à risque, où mon père voyait passer énormément de gens venant de partout dans le monde, il n’ait pas été protégé. Il avait deux paires de gants par jour, c’est tout », dénonce sa fille. Les employeurs « mettent en danger leurs salariés mais aussi leur famille, insiste-t-elle. Ma mère est cardiaque et asthmatique. Je suis en colère ».
En contact direct
« J’éprouve une grande tristesse, confie Julien (prénom modifié), un des collègues de Satia. C’était un homme très bon, serviable. » Contactée, la direction générale de Samsic Sécurité ne souhaite pas s’exprimer. C’est le deuxième décès dans le groupe Samsic, après celui d’Alain, le responsable de la sécurité du centre commercial O’Parinor, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), survenu le 20 mars. Et le 7e dans le secteur de la sécurité/sûreté, selon la CGT. Un 8e est survenu depuis ce décompte, le mardi 7 avril, celui d’un agent de sécurité du CHU d’Amiens.
Agents de sécurité, de sûreté… ils sont 50 000 à être bien souvent en contact direct avec la population, dans les aéroports, devant les commerces, les hôpitaux, les bâtiments publics… Or, la plupart du temps, leurs équipements de protection individuels (EPI) ne comprennent pas de masque, ceux-ci allant prioritairement au personnel soignant.
« Il y a énormément de salariés en arrêt maladie, dont sûrement beaucoup sont contaminés. On a tous peur de l’être. » Julien, agent de sécurité
Dans les aéroports, les agents de sûreté peuvent fouiller les bagages, palper les voyageurs, passer autour des corps leur détecteur d’explosifs. Et pourtant malgré ce contact rapproché « Au début, on avait du gel hydroalcoolique et des gants, mais pas de masque, raconte Julien. On en a réclamé. La direction nous a toujours répondu que ce n’était pas une obligation. » Selon ce père de famille, « il y a énormément de salariés en arrêt maladie, dont sûrement beaucoup sont contaminés. On a tous peur de l’être. »