Dans les entreprises, l’art de séduire une jeune génération « impatiente » et « exigeante »
« Nous savons que nous, diplômés de grandes écoles de commerce, avons la chance de pouvoir choisir nos employeurs… et donc avons également l’opportunité de mettre la pression sur eux », estime Alice Pégorier. Cette étudiante en master à l’université Paris-Dauphine PSL est membre du collectif « Pour un réveil écologique », qui exerce depuis trois ans une forme de lobbying des jeunes diplômés engagés pour le climat auprès des entreprises. Inscrite dans un pacours spécialisée dans l’énergie et la finance, la jeune femme fait partie – à l’image de nombreux de ses condisciples – de ceux qui veulent « avoir comme mission, dans leur métier, de participer à la transition écologique ». « Ça ne sert à rien d’aller travailler à vélo pour aller travailler chez Total », affirmait déjà, en 2018, le Manifeste étudiant pour un réveil écologique, signé par près de 30 000 jeunes.
Une enquête du cabinet de conseil en stratégie BCG à laquelle 2 242 étudiants et alumni de 138 établissements ont répondu, confirme cette tendance. « Deux tiers des jeunes interrogés préfèrent un emploi plus précaire mais porteur de sens », souligne Vinciane Beauchene, directrice associée du cabinet.
« Ces jeunes ont envie de missions qui les fassent grandir. » Elodie Gentina, chercheuse en sciences de gestion à l’Iéseg School of Management
Quand on leur demande dans quel secteur ils souhaiteraient travailler, 71 % des étudiants citent l’environnement. « Non seulement c’est une aspiration, mais c’est aussi un critère de choix, car ils sont prêts à des renoncements, notamment sur leur rémunération, jusqu’à 12 % du salaire », ajoute l’experte.
Cette tendance se ressent dès leur période de formation. « Ces jeunes ont envie de missions qui les fassent grandir, note Elodie Gentina, chercheuse en sciences de gestion à l’Iéseg School of Management et autrice de plusieurs livres sur la génération Z. Ils ont envie d’être utiles à la société. Des éléments qu’on trouvait moins, par le passé, en école de commerce, mais qui apparaissent maintenant, dans le cadre d’années de césure, pour des missions humanitaires ou d’engagement associatif. »
Une entreprise qui « nourrit »
Avec un engouement pour ces sujets qui se poursuit dans les choix professionnels, où les débouchés dans l’entrepreneuriat social, l’économie sociale et solidaire, et les projets à impact social ou environnemental ont désormais leur place. Les étudiants d’aujourd’hui veulent une entreprise qui leur ressemble, en résonance avec leurs valeurs. « L’entreprise doit les nourrir. Ils sont très méfiants à l’égard des discours qu’ils considèrent vite comme du greenwashing. Ils attendent des preuves de la part de leurs employeurs », poursuit Elodie Gentina.
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