Dans le Nord, la traite des vaches s’expose en réalité virtuelle pour promouvoir les métiers agricoles
Casque de réalité virtuelle sur les yeux, Jordan Quilly est bouche bée. Le temps de l’ajuster, le jeune Nordiste est transporté au cœur de l’espace de traite des vaches d’une exploitation de l’arrière-pays dunkerquois. Appliqué, il tourne sur lui-même, comme l’animateur le lui conseille. Une expérience immersive inédite proposée toute la journée sur la place du village de Wormhout (Nord). Cet intérimaire dans la logistique « galère avec les horaires décalés pour aller sur les entrepôts où il n’y a pas de transports en commun ». Il a décroché de ses études à la fin du collège et cherche « un vrai métier et, surtout, un CDI ». Jordan a grandi en ville, ne connaît rien au monde agricole. Fasciné par cette expérience de réalité virtuelle, il en redemande et relance la vidéo « pour bien voir à quoi ça ressemble ».
Maxime Ozaer, chargé de mission RH à Orientaclick, une structure qui regroupe la mission locale et les maisons de l’emploi du Dunkerquois, est persuadé que ces immersions virtuelles cassent les idées reçues sur les métiers agricoles. Sur la base d’un scénario écrit, un tournage dans un élevage de trois cents vaches transporte Jordan au cœur d’un métier dont il ignorait tout : « Ça ne ressemble pas du tout à un élevage industriel, et en même temps c’est très pro. »
Sur le stand d’à côté, une entreprise spécialisée dans les drones agricoles explique comment les appareils aident à analyser les sols et à repérer précisément là où il faut nourrir les terres en azote. Là aussi, les visiteurs se disent impressionnés par la technique. « Le monde agricole a énormément évolué avec les nouvelles technologies, il faut le faire savoir », observe Laëtitia Gomes, responsable du secteur Flandre maritime au RESO, un groupement d’employeurs (des fermes du Nord) qui recrute pour le secteur agricole et organise cette tournée high-tech.
« Dépoussiérer l’image de ces métiers »
Créé dans les années 1970 pour fournir d’abord des remplaçants aux agriculteurs du département, le RESO multiplie les initiatives originales pour recruter, le tout dans un contexte paradoxal. « De plus en plus de personnes, loin du monde rural, veulent se reconvertir dans les métiers de la terre, mais la filière agricole peine à trouver du personnel », observe Mme Gomes. Le RESO a créé un groupement d’employeurs pour la qualification et l’insertion afin de « former des demandeurs d’emploi à nos métiers et les faire monter en compétence, poursuit-elle. Nous devons dépoussiérer l’image de ces métiers et donner envie. Les expériences proposées avec la réalité virtuelle sont un vrai plus ».
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