Covid-19 : le nombre de petits patrons en danger de burn-out a explosé
Quel est l’impact de la crise engendrée par le Covid-19 sur l’état de santé des chefs de petites et moyennes entreprises (PME) ? Quelles conséquences sur la relance économique à venir ? C’est notamment à ces questions que s’intéresse Olivier Torrès, professeur d’économie des petites et moyennes entreprises (PME) à l’université de Montpellier. Celui qui est aussi le fondateur de l’observatoire Amarok, spécialisé dans la santé des travailleurs non salariés, a présenté vendredi 26 février, lors d’une conférence de presse, les résultats d’une enquête réalisée par Amarok et la Fondation MMA du 11 janvier au 2 février auprès de 1 065 personnes – dont 41,87 % de femmes – à la tête d’une société où l’effectif moyen était de 7,2 salariés. Deux précédentes études de ce type avaient déjà été menées et servent de comparaison : la première en mars 2019, la seconde lors du premier confinement, en avril 2020.
Une écrasante majorité des entreprises en France sont des PME et font travailler environ 10 millions de personnes. Or, a noté M. Torrès, « la santé du dirigeant est le premier capital immatériel d’une PME ». La problématique n’est pas exactement la même dans les grands groupes, où les numéros un sont le plus souvent salariés. « Dans une petite entreprise, si le dirigeant meurt, le risque de dépôt de bilan est important », relève le chercheur.
« Des niveaux alarmants »
Le niveau d’épuisement professionnel des chefs de PME – synonyme de risque de burn-out – « s’est significativement accru » depuis près d’un an et il continue d’augmenter, selon l’étude. Si on le compare aux données d’avant crise, il a même doublé : le pourcentage de la population à risque passe de 17,5 % à 34,65 % lors du premier confinement et atteint 36,77 % lors de l’enquête menée en ce début d’année. Quant au pourcentage des petits patrons « en danger de burn-out », c’est-à-dire ceux « à qui il faudrait tendre une main pour éviter qu’ils ne craquent complètement » selon M. Torrès, il atteint « des niveaux alarmants » en passant de 1,75 % à 9,18 % puis 10,41 %.
La nature même de cet épuisement s’est transformée avec l’épidémie de Covid-19 : l’épuisement habituel lié à une suractivité a muté avec les entraves liées aux différents confinements et l’absence de visibilité. « C’est la première fois que nous constatons que le sentiment d’être coincé et le sentiment d’être impuissants sont surélevés », a décrit M. Torrès. Si ces deux facteurs-là impactent tant la santé mentale des chefs d’entreprise, c’est parce que ces derniers sont traditionnellement considérés comme « une population hyperactive » qui a une « forte internalité », comprendre une croyance profonde de pouvoir maîtriser son destin.
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