Covid-19 : « Je dois presque me justifier de ne pas aimer le télétravail »

Covid-19 : « Je dois presque me justifier de ne pas aimer le télétravail »

Une salariée en télétravail, à Marseille, le 17 décembre 2021.

Elle aurait aimé commencer autrement sa vie professionnelle. Mais le premier jour du premier emploi de Diane (les prénoms des personnes interrogées ont été changés), lundi 3 janvier, a coïncidé avec l’obligation gouvernementale de télétravailler trois jours minimum par semaine et quatre jours si possible, pour faire face à la déferlante Omicron. Recrutée comme auditrice dans un grand cabinet de conseil anglo-saxon, la jeune femme de 25 ans a bien assisté lundi, sur site, à sa journée de « welcome day » pour recevoir son matériel, mais depuis tout se déroule en distanciel pour encore au moins quinze jours. « C’est déprimant de ne rencontrer personne et de passer ses journées sur Google Meet, je me sens stressée de ne pas pouvoir échanger mes impressions et mes questions avec les autres », raconte Diane. Elle devra être opérationnelle lundi 10 janvier, « mais [elle] n’a pas rencontré [s]on chef d’équipe, elle [s]e sen[t] un peu perdue ».

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Nombre de Français espéraient que la nouvelle année permettrait de renouer avec le collectif de travail. Les annonces du premier ministre, le 27 décembre 2021, les obligent à composer à nouveau avec un télétravail imposé, symbole d’une crise sanitaire dont on ne voit pas l’issue. « Le télétravail contraint concerne un salarié sur deux au maximum et, pour nombre d’entre eux, cette séquence ne va pas changer fondamentalement la donne, car ils travaillaient déjà à la maison plusieurs jours par semaine, relativise Anne-Sophie Godon, directrice des services du groupe de protection sociale Malakoff Humanis. Surtout, pour la première fois, cette mesure est limitée dans le temps, sur une période courte. Quand on connaît la date de fin d’une séquence, il est plus facile de la supporter. » Dans sa communication, le gouvernement a en effet immédiatement précisé que ce recours au télétravail obligatoire durerait trois semaines, à partir du 3 janvier.

« L’idée même d’une réunion en visioconférence me donne une crise d’angoisse. » Anaïs, salariée parisienne de 30 ans

« Il n’empêche, cela m’a mis en colère, témoigne Luc, 50 ans, chef de projet chez Orange, dans l’est de la France. Je comprends la logique du gouvernement, mais je subis, j’ai l’impression d’être un pion. On ne se préoccupe pas de savoir si ça me convient ou pas, si je suis bien installé chez moi. Je dois presque me justifier de ne pas aimer télétravailler. » Autour de lui, ses collègues, eux, apprécient. « Beaucoup vivent en maison en dehors de la ville, souligne-t-il. Moi, je suis un urbain, je me déplace à vélo, les embouteillages, je ne connais pas. Par contre, à la maison, je dois me mettre dans le salon pour travailler, et ma femme en a assez. »

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