Coronavirus : les « urgentistes » des entreprises sonnent l’alarme

Coronavirus : les « urgentistes » des entreprises sonnent l’alarme

La terrasse d’un restaurant fermé, à Nice, le 15 mars.
La terrasse d’un restaurant fermé, à Nice, le 15 mars. ERIC GAILLARD / REUTERS

L’urgence face à la pandémie de Covid-19 reste avant tout sanitaire, mais elle se révèle aussi économique. C’est « l’appel solennel » que les spécialistes des entreprises en difficulté ont adressé, vendredi 20 mars, au ministère de l’économie et des finances ainsi qu’à celui de la justice.

« Les tribunaux doivent pouvoir sans délai ouvrir en voie numérique les procédures de sauvetage pour payer les salaires et sauver les emplois », a exhorté l’Association pour le retournement des entreprises (ARE). « Nous sommes les urgentistes des entreprises. Il faut laisser les entreprises malades accéder aux hôpitaux, autrement dit aux tribunaux de commerce », presse Hélène Bourbouloux, administratrice judiciaire.

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Message reçu : contrairement au projet initial, une ordonnance attendue ces jours-ci devrait permettre à la justice consulaire de continuer à traiter, malgré le confinement, les entreprises mal en point qui affluent, faute de rentrées d’argent dans leurs caisses. « J’ai ouvert en deux jours quatre dossiers d’entreprises employant plus de 500 ou 1 000 personnes », relève Mme Bourbouloux, sans en dire plus.

Selon l’Agefi, elle a notamment été désignée conciliatrice dans le cadre d’une procédure ouverte le 16 mars sur SoLocal, l’ex-PagesJaunes (2 800 salariés). « Mes auxiliaires de justice sont consultés par des entreprises très importantes, employant des milliers de salariés », observe de son côté Thierry Gardon, président du tribunal de commerce de Lyon.

« Gouffre potentiellement fatal pour l’économie française »

Or, la chancellerie avait fait savoir jeudi qu’il n’y aurait pas de nouvelles procédures de redressement judiciaire ou de conciliation pendant la pandémie, pour des raisons sanitaires. Un enjeu majeur car, selon les règles en vigueur, « l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire » est un préalable pour permettre au fonds de garantie des salaires AGS d’avancer la rémunération des employés d’entreprises en difficulté.

En 2019, le fonds de solidarité patronal a versé 1,5 milliard d’euros à 181 497 bénéficiaires

Des dizaines de milliers d’employés vont avoir besoin de ce secours vital dans les prochains jours, assurent les professionnels. « Les entreprises se placent sous cocon (…). Mais un grand nombre d’entre elles ne pourront pas tenir très longtemps et, déjà, des entreprises nous appellent pour nous informer qu’elles ne pourront payer leurs salaires à la fin de ce mois ou du mois d’avril », prévient l’ARE. En 2019, le fonds de solidarité patronal a versé 1,5 milliard d’euros à 181 497 bénéficiaires, contre 2,2 milliards alloués à près de 290 000 en 2009, au pic de la crise financière.

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LJD

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