Comment le Canada veut se positionner à l’avant-garde de la santé mentale au travail

Comment le Canada veut se positionner à l’avant-garde de la santé mentale au travail

Titulaire de la chaire de recherche en santé mentale et travail créée en 2017 à l’université du Québec à Montréal, le professeur Marc Corbière étudie l’insertion et le retour au travail des personnes souffrant de « troubles mentaux ». Ce terme, utilisé au Québec et dans le monde anglophone pour décrire les troubles psychiques, regroupe les troubles dits « courants », comme la dépression, et « sévères », comme la schizophrénie ou la bipolarité.

Avec son équipe de chercheurs, Marc Corbière a aussi participé à la création, en 2021, de la Communauté de pratiques internationale santé mentale et travail, un réseau francophone d’acteurs de la santé mentale et de l’emploi, et travaille notamment avec la France sur les dispositifs d’insertion.

Comment le Canada s’est-il investi dans la question des troubles psychiques au travail ?

Nous voyons le retour au travail comme la pierre angulaire du rétablissement. Le modèle canadien pour l’insertion professionnelle des personnes atteintes de troubles mentaux a été implanté dès les années 1990, il y a plus de trente ans, en s’inspirant de ce qui existait aux Etats-Unis depuis les années 1980. La particularité de ce modèle, qu’on appelle « programme de soutien à l’emploi », est sa rapidité : sans nécessairement passer par des stages, la personne est mobilisée dès qu’elle rentre dans le programme et un conseiller en emploi spécialisé l’accompagne dans ce processus. L’idée est de former les individus in situ, dans un milieu de travail.

Ce sont des pratiques qui ont fait leurs preuves et qui sont fondées sur des données : 50 % des personnes inscrites dans ces programmes obtiennent un emploi après quelques mois. En France, ce modèle a été implanté il y a un peu moins de dix ans, sous la forme du « dispositif d’emploi accompagné », qui s’adresse à toutes les personnes en situation de handicap, pas seulement le handicap psychique.

Nos travaux concernent le développement d’interventions auprès du public concerné, que l’on teste, valide et implante, mais aussi la mise au point d’outils de mesure pour les professionnels de la santé en entreprise, comme des questionnaires, rassemblés dans une application numérique accessible à tous. Nous nous intéressons également aux conséquences de la divulgation du trouble mental au travail : quels impacts, positifs ou négatifs, y a-t-il à la révélation de son trouble ?

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LJD

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