Chez Louvre Hotels, trois établissements en grève depuis 55 jours
Assis dans des fauteuils de camping et sur des bidons en plastique, ils lèvent les bras et crient « merci ! » quand un chauffeur de bus ou les pompiers klaxonnent en signe de soutien en passant devant leur piquet de grève installé près de l’entrée de l’hôtel Campanile de Suresnes (Hauts-de-Seine) et de l’hôtel Première classe, tout proche, qui ont le même personnel. « Maltraitance salariale », « Non-respect des conditions de travail », peut-on lire sur leur banderole.
Ce sont des femmes de chambre, lingères, employés polyvalents, etc., soit vingt-quatre salariés grévistes sur soixante-cinq, selon la CGT (20 % à 30 % de l’effectif, d’après la direction), qui sont présents six jours sur sept, depuis… le 26 mai. Un mouvement lancé par la CGT-Hôtels de prestige et économiques (CGT-HPE) et coordonné avec les grévistes de deux autres établissements du groupe Louvre Hotels : le Campanile de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et le Golden Tulip Villa Massalia de Marseille.
Aucune négociation n’est en cours. « On sent qu’on est considérés comme des moins que rien », dénonce Ali Djoumoi, élu CGT-HPE au comité social et économique (CSE), à Suresnes. En 2012, une grève de 28 jours avait permis l’internalisation des salariés du nettoyage employés par un sous-traitant, ce qui avait fait tache d’huile dans d’autres hôtels.
« Je m’arrête seulement lorsque je souffre trop »
Mardi 19 juillet, les grévistes des trois sites organisent un rassemblement devant le Campanile La Villette, à Paris, pour « montrer [leur] force et [leur] solidarité », mais aussi renflouer leur « caisse de grève », précise Fouad Slimani, délégué syndical CGT-HPE au CSE central de Louvre Hotels. Rachel Kéké, la députée Nupes et ex-gréviste CGT-HPE à l’hôtel Ibis Batignolles, à Paris, y est attendue.
Laura Benoumechiara, directrice des ressources humaines de Louvre Hotels, évoque « une grève minoritaire dans le groupe », qui compte près de deux cents établissements. Leur revendication phare : une hausse de salaire de 300 euros nets, portée par la CGT au niveau national, ainsi qu’une prime d’ancienneté et une meilleure prise en charge des arrêts maladie.
« Certaines salariées qui souffrent du dos ne prennent pas leur arrêt maladie, car souvent les indemnités journalières sont payées avec quinze jours ou un mois de retard », souligne une salariée du Campanile de Gennevilliers. « Il y a quatre ans, en tirant les gros sacs de serviettes sales, je me suis fait une déchirure musculaire à la hanche, témoigne une lingère. Le médecin m’avait proposé un arrêt, que j’ai refusé. Je m’arrête seulement lorsque je souffre trop. » Une collègue, première femme de chambre (elle peut remplacer la gouvernante) a, elle, « un problème de diabète avec insuline. Le médecin a voulu m’arrêter, car j’étais très fatiguée, ma tension était trop élevée. J’ai refusé, en me souvenant qu’en 2019, lorsque j’ai été hospitalisée trois semaines, je n’ai pas eu de quoi payer le loyer ensuite. J’ai dû demander de l’aide. »
Il vous reste 47.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.