Avec la hausse des frais universitaires, les étudiants africains moins attirés par la France
Pour la rentrée 2019, la baisse des candidatures issues du continent serait de l’ordre de 30 % à 50 %, selon la Conférence des présidents d’université.
Pour la rentrée 2019, la baisse des candidatures issues du continent serait de l’ordre de 30 % à 50 %, selon la Conférence des présidents d’université.
Le gouvernement lance une mission qui doit émettre des propositions pour améliorer la « diversité sociale » dans les établissements les plus prestigieux, aujourd’hui tous soumis à un concours.
Certains prennent conscience de leurs lacunes pendant les études supérieures, entourés par des camarades au capital social et culturel plus élevé.
Certains saisissent connaissance de leurs déficiences durant les études supérieures, entourés par des camarades au capital social et culturel plus élevé.
Premier cours de littérature dans sa prépa toulousaine. Julie (le prénom a été changé) reste silencieuse. Elle examine ébahie ses camarades prendre la parole et s’exprimer sur l’œuvre étudiée. « Ils m’impressionnaient par leurs connaissances. Devant leurs phrases si bien élevées, je me suis dit : “Des gens savent vraiment parler comme ça ?” Les mots qu’ils employaient désiraient dire tout ce que je ressentais et que je n’arrivais pas à nommer. » Julie a grandi dans un petit village, à deux heures de la capitale occitane. Ses parents ont connu, enfants, la grande précarité, et Julie est la première de la famille à arriver jusqu’au bac.
Soutenu par la dynamique des « trente glorieuses », son père a relevé son imprimerie et connu une ascension sociale. Actuellement, la famille vit commodément mais, à table, on ne parle ni littérature, ni cinéma, ni histoire.
Une attention pour cultiver sa mémoire et ses connaissances
Quand Julie, bonne élève au lycée, préfère aller en prépa littéraire, elle est loin d’imaginer le choc qui sera le sien au contact de ses nouveaux camarades. « Je me suis vite sentie en éloignement. Abondamment venaient de familles de professeurs, ils avaient grandi en entendant France Inter, étaient allés plusieurs fois au musée et avaient beaucoup de connaissances politiques ou historiques qui m’étaient inconnues. »
« Une très discriminante logique du mimétisme »
De nombreux universitaires perçoivent un tel malaise en entrant dans l’enseignement supérieur, lorsqu’ils se comparent à des jeunes ayant profité, par le biais de leur famille et de leur environs, d’un important capital social et culturel. Ce sentiment de « manquer de culture générale » culmine lorsque celle-ci fait l’objet d’une épreuve écrite ou orale pour intégrer une grande école, un institut d’études politiques ou un concours administratif.
C’est uniquement au début du XXe siècle que la culture générale devient une épreuve de concours – d’abord pour les écoles militaires. Elle départage les candidats sur leur « hauteur de vue et la sûreté de leur jugement », exposent les chercheurs Charles Coustille et Denis Ramond, dans un article de la revue Le Débat. Les compositions de culture générale se multiplient au milieu du siècle, particulièrement dans les concours menant à la haute administration, ou dans les écoles de commerce.
Depuis le 15 mai, Parcoursup a commencé à afficher les propositions d’orientation faites aux lycéens. Un an après son lancement, des enseignants racontent les effets de la nouvelle plate-forme dans le quotidien des établissements et des élèves.
Dès le 15 mai, Parcoursup a débuté à afficher les offres d’orientation faites aux lycéens. Un an après son déclenchement, des enseignants racontent les effets de la nouvelle plate-forme dans le quotidien des résidences et des élèves.
Le 15 mai, Parcoursup version 2 a débuté à rendre ses premiers résultats aux quelque 900 000 candidats qui avaient posé un dossier pour une formation d’enseignement supérieur. Professeurs, enseignants, principaux et proviseurs s’attellent désormais à accompagner et à rassurer les élèves de terminale qui n’ont pas encore reçu d’offre ou qui n’ont pas réussi l’un de leurs vœux.
Cet instant, rempli en stress, forme la fin d’une année où Parcoursup, après son baptême du feu en 2018, s’est établi dans les lycées. Qu’ils soient satisfaits ou non de la réforme, nombre d’enseignants en conviennent : en classe de terminale, les choses ne sont plus tout à fait les mêmes.
C’est d’abord dans le rapport des établissements et des enseignants à leurs homologues de l’enseignement supérieur qu’on aperçoit déjà, dans certains lycées, un « effet Parcoursup ». La requête faite aux professeurs primordiaux du secondaire de donner leur avis sur tous les vœux de leurs élèves s’est traduite par une évolution naturelle des actions d’information auprès des élèves, mais aussi des enseignants.
Ce changement amène chacun « à connaître et à comprendre les filières du supérieur », analyse Christophe Barrand, directeur du lycée Turgot, à Paris, où les parents d’élèves et les professeurs principaux « ont très spontanément décidé d’organiser, ensemble, une série de conférences » sur les métiers de la médecine, des arts, du droit, etc., en effectuant appel à d’anciens élèves.
Même initiative au lycée René-Cassin de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), où l’on dit s’être senti imposé « de s’intéresser un peu plus à l’“après” », déclare le proviseur adjoint Ronan Minier. Ici, Parcoursup a « suscité des rencontres » entre enseignants du secondaire et du supérieur lors de réunions structurées pour mieux connaître les attentes des uns et des autres, désormais liés par cette fiche avenir de l’élève par laquelle se fait, entre autres, la sélection. « Ces réunions ont débouché sur des actions intéressantes abordant les différences de pédagogie entre le lycée et l’enseignement supérieur », déclare-il.
Le « stress » des notes
Des pensées d’autant plus sérieuses que les professeurs de lycée doivent actuellement faire avec des élèves chez qui le « stress de la note est un peu plus important qu’avant, car ils ont l’impression qu’il y a de la sélection partout », déclare Ronan Minier. De là à penser que le léger « phénomène d’évitement et d’absentéisme » enregistré dans son établissement cette année lors des devoirs sur table en est une suite, il n’y a qu’un pas.
Depuis vingt ans, le secteur privé monte en puissance : les familles sont de plus en plus nombreuses à accepter de payer le prix fort contre la promesse d’une insertion professionnelle rapide.
Il faut élargir les partenariats écoles-entreprises au-delà des intérêts immédiats de ces dernières pour combattre la pénurie de compétences, plaide dans une tribune au « Monde » David Chassan, cadre dirigeant d’une filiale de Dassault Systèmes.
Thibaut Guilluy et Stéphanie Goujon, de l’association Le French Impact, suggèrent d’organiser une mobilité formatrice entre haute fonction publique et entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire.
Dans une tribune au « Monde », le spécialiste en science des organisations propose des pistes de réflexion pour que la réforme de l’ENA profite à l’ensemble de la fonction publique