Le patron du « Financial Times » devra rendre son augmentation de salaire

John Ridding, le patron du « Financial Times », à Londres,  le 30 novembre.

C’est une petite ligne à la page 20 du rapport annuel du Financial Times, publié discrètement sur le registre du commerce britannique le 27 juillet, qui a mis le feu aux poudres. Conformément à la loi, le salaire du directeur général, John Ridding, y était inscrit : 2,6 millions de livres (2,9 millions d’euros) pour 2017. Soit une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente, de 50 % par rapport à 2015 et de 170 % par rapport à 2012.

De quoi provoquer la bronca chez les salariés. Si le quotidien financier britannique est un journal qui va plutôt bien et est en train de réussir son virage numérique, les budgets sont malgré tout serrés. Les journalistes peinent à faire approuver leurs notes de frais et la trésorerie est surveillée de près. « M. Ridding a empoché 2,6 millions de livres la même année qu’on a demandé au FT d’économiser 2,5 millions de livres sur son budget éditorial, provoquant une réduction de vingt emplois de journalistes », s’agace un syndicaliste, dans un courriel interne que Le Monde s’est procuré.

Mercredi 15 août, M. Ridding a dû reconnaître sa défaite. Quelques heures avant une réunion syndicale qui risquait d’être houleuse, il a annoncé qu’il rendait son augmentation de 510 000 livres. Etant donné qu’il a déjà payé des impôts sur cette somme, il ne retournera précisément que 280 000 livres.

Dans un courriel interne au ton agacé, il s’est d’abord justifié de sa rémunération, soulignant les bons résultats du Financial Times. En particulier, le nombre d’abonnés (en ligne et sur papier) a augmenté de 65 000 personnes en 2017, à 910 000. Puis, M. Ridding admet : « Bien que nos résultats aient été solides, je reconnais que la taille du bond dans ma rémunération en 2017 paraît anormale et a provoqué la contrariété. De nombreuses décisions importantes me reviennent, mais le dur travail collectif du FT sous-tend notre succès. »

Un soupçon d’hypocrisie

Lequel succès reste cependant mince : d’après le bilan 2017, le bénéfice opérationnel de la bible de la City était de 4 millions de livres. Le salaire de son patron représentait donc plus de la moitié de ce bénéfice. Le Financial Times, qui a été racheté par l’entreprise de presse japonaise Nikkei en 2015, rétorque que les résultats publiés au registre du commerce britannique sont incomplets, ne comprenant pas l’ensemble des ressources internationales : le vrai bénéfice opérationnel serait de 20 millions de livres.

Quelle que soit la vérité des chiffres, l’augmentation du salaire de M. Ridding a provoqué le malaise. Elle pointe aussi vers un soupçon d’hypocrisie, le Financial Times se montrant régulièrement dur contre l’envolée des salaires des grands patrons. Le 1er janvier de cette année, son éditorial était limpide. « Le capitalisme a besoin d’un nouveau contrat social. (…) Les salaires disproportionnés des patrons restent une menace incendiaire pour la confiance (envers les entreprises). Les sociétés, leurs conseils d’administration et les patrons doivent faire preuve de sens de la mesure et d’autocontrôle s’ils veulent éviter de se voir imposer des limites législatives plus lourdes. » On ne saurait mieux dire.

Sauver la planète, ensemble

« Petit manuel de résistance contemporaine », de Cyril Dion (Actes Sud, 160 pages, 15 euros).

Livre. On vous répète à l’envi que prendre une douche plutôt qu’un bain permettra d’économiser les ressources hydriques de la planète ? En réalité, 92 % de l’eau utilisée sur la planète l’est par l’agriculture et l’industrie. Vous triez, vous compostez ? Mauvaise nouvelle, les déchets des ménages représentent seulement 3 % de la production totale de déchets aux Etats-Unis et 8,3 % en Europe. Aussi incroyable que cela puisse paraître à tous ceux qui sont habités par un sentiment d’urgence écologique absolue, ce sujet n’attire pas les foules.

d’après de nombreux scientifiques, il ne resterait plus que quelques années pour réagir. Mais comment ?

Les mobilisations contre le changement climatique sont ridiculement faibles et, bien souvent, les néo-écolos « ne savent pas très bien par quoi commencer, s’épuisent dans des petites actions à faible impact, s’épanouissent dans des projets qui ne font pas encore système avec les organisations sociales, politiques, économiques qui les entourent » affirme Cyril Dion. Son ouvrage, Petit manuel de résistance contemporaine, explore les meilleures stratégies pour résister face à un danger « d’une ampleur comparable à celui d’une guerre mondiale ».

Le livre s’ouvre sur un chapitre désagréable, mais indispensable, pour établir la réflexion sur des bases solides. De quelle situation écologique parlons-nous exactement ? Accélération du réchauffement planétaire, disparition de 80 % des insectes en Europe et de 50 % des populations de vertébrés ces quarante dernières années… d’après de nombreux scientifiques, il ne resterait plus que quelques années pour réagir. Mais comment ?

Transformer notre façon de voir

Manifester, signer des pétitions, agir localement, occuper des lieux, boycotter… Toutes ces propositions faites dans d’innombrables ouvrages, articles, émissions et réseaux sociaux « n’ont aucune utilité, ou presque, si elles sont mises en œuvre de façon…

Réformer Air France : une mission impossible ?

Le PDG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, annonce sa démission lors d’une conférence de presse à Paris, le 4 mai.

La question devient récurrente : Air France est-elle réformable ? Elle s’est posée à Alexandre de Juniac, puis à Jean-Marc Janaillac qui ont tous deux quitté Air France-KLM faute de parvenir à faire évoluer la compagnie française. Le premier a cédé le manche en avril 2016 devant l’impossibilité d’appliquer son plan « Perform 2020 » ; le second a démissionné début mai 2018, désavoué par un vote du personnel sur les salaires. Qu’en sera-t-il du prochain patron du groupe, au sein duquel le néerlandais KLM fait figure de bon élève à côté d’Air France, à la traîne avec une rentabilité de 4 % (contre 9 % pour son partenaire) ?

Les deux PDG ont certes tenté de rénover la compagnie, mais, quel que soit leur style de management, le dialogue avec les pilotes et les organisations syndicales a débouché sur une impasse. « Il y a un problème de confiance, à la fois entre les compagnies du groupe, entre les différentes catégories de personnel et le management, et entre les différentes catégories de personnel entre elles », relevait M. Janaillac peu après son arrivée à la tête du groupe.

Cette situation est liée au fait que les réformes structurelles ont été repoussées pour éviter toute contestation interne. Et ce, en dépit d’un changement radical du secteur aérien au mitan des années 1980, avec l’apparition des low cost comme Ryanair, mais aussi des compagnies du Golfe, telles qu’Emirates. Peu à peu, la compagnie tricolore, à l’instar de toutes les « historiques », a été confrontée à une profonde mutation,passant d’un marché unique à une segmentation entre les court-, moyen- et long-courriers avec, à chaque fois, des concurrents différents.

« La vitesse d’adaptation », clé du succès

« Avec La Navette, Air France fait face au TGV sur les courtes distances »,explique Stéphane Albernhe, président du cabinet de conseil Archery Strategy Consulting.« Sur le moyen-courrier, Transavia, déployée par Alexandre de Juniac, tout comme…

Le taux de chômage baisse de 0,1 point au deuxième trimestre

Après une légère remontée au 1er trimestre, le taux de chômage a repris sa baisse au 2trimestre (- 0,1 point), pour s’établir à 9,1 % pour la France entière (hors Mayotte), selon des chiffres provisoires de l’Insee publiés mardi.

Sur un an, le taux de chômage, mesuré par l’Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en baisse de 0,3 point.

L’indicateur reste au-dessus du plancher de 8,9 % (chiffre révisé à la baisse) atteint à la fin 2017.

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La baisse du 2e trimestre est moins forte qu’attendu. Dans ses dernières prévisions publiées en juin, l’Insee tablait sur un recul de 0,2 point.

Toutes ces évolutions sont toutefois à analyser avec prudence, car elles se situent dans la marge d’erreur de l’indicateur (+/- 0,3 point).

Le chômage des 15-24 ans à 20,8 %

Sur le trimestre, les jeunes (- 0,6 point) et les catégories d’âge intermédiaires (- 0,1 point) ont vu leur situation s’améliorer, tandis que celle des seniors est restée stable. Le taux de chômage des 15-24 ans s’est établi à 20,8 %, son plus bas niveau depuis la fin 2008, celui des 50 ans et plus se situe à 6,5 %.

En moyenne, l’Insee a comptabilisé 2,70 millions de chômeurs au deuxième trimestre, en baisse de 48 000 (- 1,7 %) sur trois mois et de 104 000 (- 3,7 %) sur un an.

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Parmi eux, 1,04 million cherchent du travail depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée est stable sur trois mois, à 3,6 % de la population active.

Parallèlement au taux de chômage, le « halo autour du chômage » a, lui aussi, baissé au deuxième trimestre. Ces personnes souhaitant travailler, mais qui ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles immédiatement, étaient 1,46 million au deuxième trimestre (- 19 000 sur le trimestre, – 25 000 sur un an).

Enfin, le taux d’emploi, c’est-à-dire la proportion de 15-64 ans qui travaillent, a légèrement augmenté (+ 0,1 point), à 65,8 %, son plus haut niveau depuis le début des années 1980.

Forum emploi et alternance de la Gohelle, les 5 bonnes raisons pour ne pas le rater

Le forum emploi et alternance de la Gohelle aura lieu le jeudi 6 septembre sur le parking du centre commercial Cora à Courrières. Plus de 80 recruteurs seront aux rendez vous et avec eux, de nombreuses opportunités à saisir pour les chercheurs d’emploi.

1/Un grand nombre de recruteurs
Plus de 80 recruteurs mis en place par la mission locale d’Hénin-Carvin en collaboration avec Cora Courrières et Pôle emploi, le rendez-vous rassemble à nouveau pour sa 8e édition toutes les sections professionnelles du territoire qui recrutent. 80 entreprises issues du BTP, commerce, transport, industrie, logistique, grande distribution, restauration et aide à la personne ont annoncé leur participation.

2/ 400 postes proposés
400 offres au minimum seront à pourvoir « car toutes les sociétés n’ont pas encore fait connaître leurs besoins précis ». Un panel d’offres concrètes en CDI, CDD, intérim, apprentissage, formation et toutes les propositions d’apprentissage non pourvues au sein des CFA du territoire et chambres consulaires proposées. La Maison de l’emploi de Lens-Liévin-Hénin-Carvin répondra aux questions sur l’alternance, voie vers l’emploi. Agences d’intérim, CFA, organismes de formation en alternance et partenaires institutionnels seront aussi sur place.

3/ Des simulations de métier et des échanges
Les conférences aborderont dans le détail les grands principes des modes de recrutement des entreprises de commerce; les métiers des services à la personne avec l’APEI ; l’apprentissage sur la CAHC avec l’AFPI Artois Douaisis et le CFA Senez, le CFA Apprentis d’Auteuil ; les métiers du BTP avec ADDS (Atelier Chantier Insertion), GEIQ BTP pour l’accès à la qualification des publics.
La théorie c’est bien mais rien ne vaut la pratique. Pour découvrir la réalité des métiers de la grande distribution, des échanges seront programmés avec des professionnels en plus de la visite du magasin, la présentation et la simulation de métiers avec une caisse école.

4/ Une opportunité pour tout le monde
Le forum est ouvert à tous dès 16 ans, jeunes et adultes en recherche active d’emploi. Il est recommandé de se munir de plusieurs CV pour les déposer aux employeurs potentiels sans pour autant bombarder tous azimuts, candidater en étant en adéquation avec ses envies et aptitudes.

5/ Le rendez-vous:

Le forum aura lieu le jeudi 6 septembre, de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30, dans un chapiteau sur le parking de l’hypermarché Cora Courrières. Entrée libre.

Les collectivités locales peinent à recruter

Mairie de Baurech (Gironde).

Travailler dans le public ne fait-il plus rêver grand monde ? Employant à elle seule plus du tiers des effectifs de fonctionnaires, la fonction publique territoriale peine à recruter, s’inquiète l’association des DRH des grandes collectivités territoriales. En pleine réforme de la fonction publique, l’association, qui rassemble plus de cent trente responsables des ressources humaines travaillant pour des administrations territoriales, tire la sonnette d’alarme dans une étude parue début juillet (lien vers PDF).

les collectivités peinent à trouver chaussure à leur pied au niveau de postes a priori attractifs, comme secrétaire de mairie ou éducateur sportif

Sur les quarante-cinq directeurs des ressources humaines travaillant pour de grandes collectivités qui ont été interrogés, « seuls deux […] affirment ne pas connaître ces difficultés » de recrutement, constatent les auteurs de l’étude. Aucun territoire n’est épargné : ce constat concerne toutes les catégories de collectivités, quelle que soit leur situation socio-économique ou géographique.

Développeur informatique, ouvrier chargé de la maintenance des bâtiments… La plupart des professions pour lesquelles les collectivités déplorent une pénurie de profils qualifiés sont des métiers en tension dans le privé, ce qui explique en partie les difficultés rencontrées. Mais ce n’est pas la seule raison : les collectivités peinent aussi à trouver chaussure à leur pied au niveau de postes a priori attractifs, comme secrétaire de mairie ou éducateur sportif.

« Fonctionnaire bashing »

En guise d’explication, l’association des DRH des grandes collectivités dénonce entre autres la tendance au « fonctionnaire bashing ». L’image d’une fonction publique sclérosée contribue à la rendre peu attractive aux yeux des potentiels candidats. Mais les freins viennent aussi des recruteurs, portés à « rechercher le profil idéal à tout prix, puisque l’agent a ensuite vocation à évoluer au sein de la…

Quand les collectivités multiplient les recrutements contractuels

Alors que le gouvernement souhaite augmenter le recours aux contractuels dans la fonction publique, une étude (lien vers PDF) de l’association des DRH des grandes collectivités territoriales s’est penchée sur les conditions de leur recrutement par les administrations locales. Et jette un pavé dans la mare : selon cette enquête, les collectivités locales recourent parfois aux contractuels à la limite de la légalité.

en 2017, la fonction publique dans son ensemble employait 940 200 contractuels pour 3 851 100 titulaires

Le recours à cette catégorie d’agent est encadré, peu ou prou, par les mêmes règles qui régissent les CDD. Ainsi, un contractuel ne doit pas occuper un emploi permanent. Malgré ce cadre législatif, « les entretiens avec des DRH de grandes collectivités et des praticiens des ressources humaines ont en effet révélé qu’en pratique, les collectivités étaient souvent amenées à recruter des agents contractuels aux limites du cadre strictement fixé par la loi du 26 janvier 1984 », révèle l’étude menée par l’association des DRH des grandes collectivités.

Le nombre de contractuels a explosé ces dernières années : en 2017, la fonction publique dans son ensemble employait 940 200 contractuels pour 3 851 100 titulaires. Les collectivités ne sont pas en reste : à l’image du secteur public dans son ensemble, plus de la moitié des nouveaux recrutements dans la fonction publique territoriale se font par la voie contractuelle.

CDD à rallonge

Afin de répondre aux nécessités du service public, les collectivités sont parfois amenées à prolonger des contrats de contractuels en marge de la légalité. C’est notamment le cas sur des postes de renfort d’équipes, tels que les animateurs de jeunes enfants, où « les CDD abusifs dépassant les douze mois sur une période de dix-huit mois consécutifs sont devenus fréquents », révèle l’étude. En cause, la difficulté pour les collectivités de faire des projections à long terme concernant leurs besoins…

En Chine, les conflits sociaux étendent leur périmètre

Des travailleurs démantèlent des téléviseurs, à Neijiang, dans la province chinoise du Sichuan, le 11 juin.

C’est une radiographie extrêmement précise et intéressante des conflits du travail en Chine et de la capacité de mobilisation des travailleurs de la seconde économie mondiale qu’a publiée, lundi 13 août, China Labour Bulletin (CLB). Le nouveau rapport de l’ONG, basée à Hongkong et fondée en 1994 par Han Dongfang, un ancien du mouvement démocratique de Tiananmen, dresse un état des lieux des conflits sociaux dans l’ex-empire du Milieu en se basant sur l’analyse de près de 7 000 mobilisations qui se sont déroulées dans le pays entre 2015 et 2017.

Premier constat : désormais, les mouvements de protestation ne se limitent plus aux régions côtières, où ont été lancées les réformes économiques il y a quarante ans, que ce soit dans le sud (delta de la rivière des Perles) ou dans l’est (delta du Yangzi). Ainsi, la province qui a été le théâtre du plus grand nombre de conflits entre ouvriers et patrons, dans les secteurs de la construction, des transports ou de la distribution, est celle du Henan, dans le centre. La transformation de l’économie chinoise peut expliquer ce phénomène : nombre d’usines sont délocalisées dans les régions les plus pauvres du centre et de l’ouest, à la recherche de coûts salariaux moins élevés.

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Les salariés sont de plus en plus « ubérisés »

Autre constat du CLB : avec le développement du numérique, les salariés se retrouvent de plus en plus « ubérisés » – il faudrait plutôt dire « didisés », du nom du géant chinois du VTC Didi –, avec pour conséquence des conflits croissants dans le secteur des services, de la livraison à domicile de nourriture ou de biens de consommation. Ces mêmes nouvelles technologies ont cependant aussi permis aux travailleurs de mieux s’organiser et d’obtenir « une négociation plus rationnelle et ordonnée », relève l’ONG. Fini les grèves sauvages sans lendemain.

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Mais le principal obstacle reste l’incapacité du syndicat officiel, la Fédération nationale des syndicats de Chine (ACFTU selon son acronyme en anglais), à porter réellement la voix des travailleurs. Même si, souligne le rapport, le Parti communiste chinois – désireux de redorer son blason auprès des moins privilégiés et de s’attaquer aux inégalités croissantes qui menacent sa légitimité politique – s’est lancé dans une réforme de la Fédération en 2015. « Au niveau local, l’ACFTU a cherché à créer de nouvelles branches, à recruter de nouveaux membres et à protéger les droits et les intérêts de ses membres. Cependant, le syndicat n’a pas vraiment changé son identité et les réformes menées trahissent encore une attitude paternaliste », indique le rapport.

Dans le même temps, le régime a réprimé dans la province méridionale du Guangdong des organisations non officielles : des militants ont été arrêtés et leurs associations dissoutes. Encore un effort pour être vraiment socialistes, conclut ironiquement le rapport, en s’adressant aux autorités syndicales officielles du pays.

Grève chez Ryanair : la compagnie refuse d’indemniser ses passagers pour les vols annulés

A l’aéroport de Madrid, le 10 août 2018.

Confrontée à une grève de ses pilotes dans cinq pays européens, la compagnie aérienne Ryanair a annoncé, vendredi 10 août, qu’elle n’indemniserait pas ses passagers pour le préjudice, en dehors du remboursement du billet.

Cette indemnisation, généralement comprise entre 250 et 600 euros selon la distance du vol, est prévue par l’article 12 du règlement européen n° 261/2004, qui régit les droits des passagers aériens, « sauf lorsque l’annulation est due à des circonstances extraordinaires qui n’auraient pas pu être évitées même si toutes les mesures raisonnables avaient été prises ».

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Or la compagnie irlandaise estime justement que cette grève est une circonstance exceptionnelle : « Ryanair se conforme pleinement à la législation, mais, comme ces annulations de vols relèvent de circonstances extraordinaires, aucune indemnité n’est due, a expliqué son PDG, Michael O’Leary. En vertu de la législation, aucune indemnisation n’est payable lorsque le syndicat agit de manière déraisonnable et totalement hors du contrôle de la compagnie aérienne. Si cela était sous notre contrôle, il n’y aurait pas d’annulations. »

Arrêt de la Cour de justice européenne

Ce n’est pas l’avis de la Cour de justice de l’Union européenne, qui a tranché, le 17 avril 2018, dans un cas de grève sauvage touchant la compagnie aérienne allemande TUIfly. Elle avait jugé qu’une « grève sauvage » du personnel navigant à la suite de « l’annonce surprise » d’une restructuration ne constitue pas une « circonstance extraordinaire » permettant à la compagnie aérienne de se libérer de son obligation d’indemnisation en cas d’annulation ou de retard important de vol.

Elle avait estimé dans son arrêt que « les restructurations et réorganisations font partie des mesures normales de gestion des entreprises. Ainsi, les compagnies aériennes peuvent être, de manière ordinaire, confrontées, dans l’exercice de leur activité, à des désaccords, voire à des conflits avec les membres de leur personnel ou à une partie de ce personnel », ajoutant que de telles mesures doivent être considérées comme « inhérentes » à l’exercice normal de l’activité de la compagnie aérienne concernée.

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Selon Karin Basenach, directrice du Centre européen des consommateurs, interrogée par Le Parisien, considérer qu’une grève est une « circonstance extraordinaire » est « faux et archifaux » : « Si les passagers remplissent les conditions, Ryanair doit verser des indemnités. »

La compagnie irlandaise avait d’ailleurs dû admettre cette législation en septembre 2017 et avait été contrainte d’indemniser ses passagers après avoir annulé 18 000 vols affectant 400 000 personnes, en raison de problèmes de planning de ses pilotes. L’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA) avait alors lancé une procédure contre Ryanair, estimant que Ryanair avait « induit en erreur » les passagers en leur « fournissant des informations inexactes sur leurs droits ».

Trop d’heures supplémentaires nuit à la carrière

Les salariés soumis à une intensification des tâches (...) suivent une carrière où les perspectives de promotion, à terme, sont moindres.

Jouer à super (wo) man au bureau et multiplier les séances nocturnes face à l’ordinateur augmente-t-il les chances de décrocher une promotion ? Pas toujours. Dans certains cas, cela peut même se révéler contre-productif pour la carrière, à en croire Argyro Avgoustaki, professeure à l’ESCP Europe Business School de Londres, et Hans Frankort, de l’université de Londres. A la faveur d’une étude à paraître dans une revue de l’université américaine de Cornell (« Industrial and Labor Relations Review »), et déjà disponible sur le site de l’université de Londres, les deux chercheurs posent la question : comment l’effort fourni au travail affecte-t-il le bien-être et la carrière des salariés ?

Jusqu’ici, les économistes se sont plutôt intéressés au lien entre productivité et heures de travail. « Les interactions entre les deux sont complexes et il y a encore beaucoup de choses que l’on ignore, mais il apparaît clairement qu’au-delà d’un certain nombre d’heures au boulot, la productivité se dégrade », résume Alexandre Delaigue, économiste à l’université de Lille-I. Les travaux de John Pencavel (université de Stanford) sur les ouvrières britanniques de 1914-1918 montrent ainsi que la production résultant de 70 heures de travail hebdomadaire excède à peine celle fournie en 56 heures. Au-delà de ce seuil, l’attention baisse, les erreurs se multiplient et, à long terme, la santé se dégrade. Selon l’Institut finlandais de la santé au travail, dépasser régulièrement 11 heures de travail par jour augmente de 67 % les risques de maladie cardiaque. Et ce, pour les cols bleus comme pour les cadres.

« Constat vrai pour les ouvriers et les professions intellectuelles »

Mme Avgoustaki et M. Frankort, eux, établissent une distinction entre les heures supplémentaires et l’intensification du travail, à savoir le fait de devoir effectuer plus de tâches – e-mails et téléphones portables aidant – dans le même temps. En étudiant le parcours de milliers…