« Le travail ne serait pour les jeunes plus qu’une pièce du puzzle de leur vie » : le grand malentendu des générations au travail

Depuis plusieurs années, ils concentrent toutes les critiques : à écouter leurs chefs, ils seraient « infidèles », « individualistes », « rétifs à l’autorité », « obsédés par l’équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle », « trop souvent prompts à démissionner ». « Ils », les jeunes de la génération Z, nés dans les années 1990, arrivent sur un marché de l’emploi qui leur est désormais favorable et mettent en difficulté les ressources humaines des entreprises. Combien de colloques, d’études scientifiques, de rapports, d’articles de presse (dont celui-ci) ou de livres portent sur le sujet brûlant des jeunes au travail ?

La dernière enquête menée par l’institut de sondage Ipsos, pour le compte du CESI, une école d’ingénieurs, intitulée « Quel rapport la gen Z entretient-elle avec l’entreprise ? », insiste sur le hiatus entre les attentes des uns et des autres. Brice Teinturier, le directeur général d’Ipsos, parle carrément d’un « malentendu » entre les chefs d’entreprise et les jeunes âgés de 18 à 28 ans. Les chiffres en disent long : « Quatre-vingt-six pour cent des chefs d’entreprise estiment que la génération Z est vraiment différente de la génération d’avant, 70 % qu’il est difficile d’identifier leurs aspirations professionnelles, et pour 49 % d’entre eux qu’il est difficile de les faire évoluer dans le monde de l’entreprise. » Mieux, ou pis, un tiers des patrons interrogés pensent que l’arrivée de ces jeunes salariés « dégrade » l’organisation du travail.

Ce malentendu est d’autant plus prégnant que, en raison de la démographie et de l’allongement de la durée du travail, jusqu’à quatre générations peuvent aujourd’hui cohabiter dans le milieu professionnel. Avec des attentes sensiblement différentes vis-à-vis du travail, estime Yann Orpin, à la tête du groupe Cleaning Bio, PME spécialisée dans le nettoyage industriel, et président du Medef dans la métropole lilloise : « Les anciens sont très attachés à la notion d’horaires, alors que les plus jeunes sont clairement demandeurs de plus de flexibilité, de télétravail, d’horaires aménagés, etc. »

« Une pièce du puzzle de leur vie »

La frontière entre la vie privée et la vie professionnelle serait aussi plus poreuse pour les jeunes : « Ils parlent assez facilement de leur vie privée ou de leurs obligations familiales au boulot… » Mais, surtout, a-t-il l’impression, le travail ne serait « pour les jeunes générations plus qu’une pièce du puzzle de leur vie, là où il reste central dans celle de leurs aînés ». Face à cette évolution perçue, les entreprises doivent « apprendre à avoir plus de souplesse dans la façon de gérer les équipes, à être pragmatiques et intelligentes pour ne pas passer à côté de talents, mais sans transiger non plus sur leur stratégie et leur cap », veut croire Yann Orpin. Une nouvelle enquête du cabinet de conseil Deloitte publiée ce mardi 17 septembre le dit en d’autres mots : « Le travail reste [pour les jeunes] un pilier essentiel en termes d’identité, mais seulement après les amis et la famille. »

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Face à la grève de ses salariés, Boeing annonce réduire ses dépenses et envisage du chômage technique

Des salariés de Boeing en grève brandissent des pancartes, le 15 septembre 2024, près de l’usine d’Everett (Washington).

Le constructeur aéronautique américain Boeing, touché depuis le 13 septembre par une grève paralysant notamment la production du 737 MAX et du 777, a annoncé, lundi 16 septembre, réduire ses dépenses.

Selon son directeur financier, Brian West, l’avionneur a décidé de geler tous les recrutements ; il se prépare à réduire « de manière importante » les dépenses d’approvisionnement et il envisage de mettre en place « dans les prochaines semaines » des mesures temporaires de chômage technique.

« Nous travaillons de bonne foi pour parvenir à un nouvel accord de convention collective qui tienne compte des réactions et qui permette à l’activité de reprendre », a rapporté M. West dans un message aux employés. « Cependant, notre groupe traverse une période difficile, a-t-il poursuivi. [Le débrayage] menace notre reprise d’une manière importante. » La direction a pris des « mesures nécessaires pour préserver les liquidités et protéger notre avenir commun », a-t-il déclaré, et pour assurer le financement de la « sécurité, de la qualité et de l’assistance directe aux clients ».

Une « étape difficile »

Boeing a ainsi gelé tous les recrutements et les hausses salariales liées à des promotions, suspendu tous les voyages « non essentiels », supprimé les voyages en première classe et en classe affaires y compris pour les membres de sa direction.

L’avionneur a également mis sur pause toutes les dépenses de conseil, caritatives, publicitaires et marketing, parmi les nombreuses actions déjà entreprises. Par ailleurs, le groupe devrait ne plus passer de commandes liées aux programmes du 737, du 777 et du 767 qui sont fabriqués dans les usines de Renton et d’Everett, dans la région de Seattle (Etat de Washington), dont la production est à l’arrêt depuis vendredi.

M. West a ajouté que le groupe envisageait une « étape difficile » : la mise en place « dans les prochaines semaines » de mesures temporaires de chômage technique pour de nombreux salariés, responsables et dirigeants. Les négociations entre Boeing et l’antenne locale du Syndicat international des machinistes et des ouvriers de l’aérospatial (IAM) doivent reprendre mardi, sous l’égide d’une médiation fédérale.

Multitude de problèmes de qualité

Les plus de 33 000 adhérents représentés par l’IAM-District 751 (sur quelque 170 000 employés du groupe) ont rejeté, jeudi, le projet de convention collective annoncé le 8 septembre à 94,6 % et approuvé un débrayage à 96 %.

Leur mouvement de grève a entraîné la fermeture de deux grandes usines d’assemblage dans la région de Puget Sound, paralysant la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà les retards. Une situation d’autant plus problématique pour l’avionneur qu’il encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60 %) à la remise des avions.

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Boeing traverse une situation financière précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de la production. Les mécontents jugent toutefois la hausse salariale trop éloignée des demandes du syndicat (+ 40 % initialement) et le volet sur les retraites, insatisfaisant.

Boeing fait l’objet d’une supervision accrue depuis un incident en vol au début de janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Survenu après une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a ravivé les questions soulevées sur ces mêmes lacunes après les deux crashs.

La dernière grève chez l’avionneur américain remonte à 2008 et avait duré cinquante-sept jours. Selon la société d’analyse financière TD Cowen, une grève de cinquante jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d’affaires.

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Le Monde avec AFP

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Patronat et syndicats relancent les discussions, après des mois de tensions

Lors du débat entre la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et le président du Medef, Patrick Martin, à la fête de « L’Humanité », à Brétigny-sur-Orge (Essonne), le 14 septembre 2024.

Les prises de contact s’enchaînent pour retisser des liens qui s’étaient distendus. Depuis la rentrée scolaire, le patronat et les syndicats ont eu plusieurs entretiens apaisés, dans le souci manifeste de se montrer constructifs. Après les tensions engendrées par l’échec, en avril, de la négociation sur l’emploi des seniors, les deux camps semblent, à nouveau, désireux de se parler en composant avec leurs antagonismes.

L’une de leurs principales préoccupations est d’apporter la preuve qu’ils sont des acteurs responsables, aptes au compromis – à la différence, selon eux, des formations politiques, plus promptes à s’entredéchirer qu’à rechercher l’intérêt général. Autant d’initiatives enclenchées au moment où des collaborateurs du premier ministre, Michel Barnier, reçoivent, à partir de lundi 16 septembre et à tour de rôle, les organisations de salariés et d’employeurs.

La relance des discussions entre les partenaires sociaux vient de s’illustrer dans une scène très inhabituelle : la participation du Medef à la Fête de L’Humanité, qui s’est tenue, de vendredi 13 à dimanche 15 septembre, à Brétigny-sur-Orge (Essonne). Samedi après-midi, Patrick Martin, le numéro un du mouvement patronal, a débattu, pendant presque une heure trois quarts, avec Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. La confrontation s’est déroulée sous un chapiteau plein à craquer, avec une assistance ultramajoritairement acquise à la syndicaliste et, la plupart du temps, respectueuse à l’égard du président du Medef, abstraction faite de quelques courtes huées.

« Dialogue franc »

Si M. Martin s’est jeté dans la gueule du loup, c’est au nom de la « conviction profonde » que les représentants des travailleurs et des chefs d’entreprise doivent parlementer, « en assumant leurs désaccords », mais sans se livrer au « jeu dangereux de l’anathème, de l’insulte et de la fracturation », a-t-il dit peu après la fin de la joute. Mme Binet, elle, a remercié son contradicteur d’accepter un moment de « dialogue franc ». « J’ai bien entendu votre appel à la réouverture de la négociation », a-t-elle ajouté, faisant allusion au souhait de M. Martin, exprimé le 26 août, de reprendre les tractations sur l’emploi des seniors qui avaient capoté en avril. Et d’observer : « Je pense que votre présence ici s’inscrit dans ce cadre-là. »

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D’humeur moqueuse, la cheffe de la CGT a proposé au leader patronal d’engager immédiatement les pourparlers, à la Fête de L’Huma : « J’ai un stylo, donc c’est bon. J’espère que vous avez le chéquier et tout va bien se passer », a-t-elle lancé devant un auditoire hilare. Un zeste d’humour pour égayer des échanges que les deux protagonistes avaient visiblement préparés avec beaucoup de sérieux, au vu de la précision de leurs argumentaires respectifs.

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Le collectif Vignobles Gabriel & Co assure la défense de vignerons bordelais face aux puissants négociants

Jean-François Réaud, vigneron et président-fondateur du collectif Vignobles Gabriel & Co, à Saint-Aubin-de-Blaye (Gironde), le 3 mars 2021.

Ils ont choisi de se regrouper pour mieux se défendre. Avant même que la crise des ventes de vin ne frappe le Bordelais, ils avaient dressé leurs cuvées en ordre de bataille. Et, aujourd’hui, il y a comme un parfum de victoire, avec une douzaine de références sélectionnées pour les foires aux vins d’automne. Eux, ce sont les Vignobles Gabriel & Co, un nom qui réunit une trentaine de vignerons bordelais sur la rive droite de la Garonne. Grâce à cette structure atypique, ce collectif à la croisée du négoce, de la coopération et de la viticulture indépendante écoule environ 6 millions de bouteilles chaque année, à prix sages (7 euros en moyenne).

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« Ce modèle hybride permet de mutualiser idées et moyens techniques, de valoriser l’identité de chaque vigneron, de bâtir une force commerciale, et aussi de favoriser un engagement éthique et environnemental », assure Jean-François Réaud, 63 ans, président et fondateur de cette entreprise. Le modèle est vertueux : les deux tiers des producteurs travaillent désormais en agriculture biologique et les bouteilles affichent toutes le logo Fair for Life, un label attribué par Ecocert, attestant de pratiques commercialement équitables.

Certes, Jean-François Réaud, lui-même vigneron propriétaire des Châteaux Le Grand Moulin, Les Aubiers et Haut Sociondo, dans l’appellation blaye-côtes-de-bordeaux, ne nie pas le contexte maussade du marché bordelais, soit une baisse de 7,1 % des ventes depuis un an dans le pays. Mais le créateur de Vignobles Gabriel & Co veut croire aux atouts de son projet, qui a grandi en marge de la « place de Bordeaux », le système de négoce qui régit la mise en marché de plus de 70 % des vins de la région.

L’histoire du collectif est d’abord la sienne. Quand, au début des années 1980, il récupère la ferme familiale du Grand Moulin, dans le nord de la Gironde, avec ses 7 hectares de vignes subsistantes, il veut s’affranchir du système consensuel du négoce girondin. « Je trouvais que ce modèle nous privait du ressenti du consommateur », justifie Jean-François Réaud. Mais le jeune vigneron a beau s’échiner à faire connaître lui-même ses vins, ses ventes patinent. « La banque menaçait de me lâcher, il me fallait trouver un marché de gros volume. »

Du bricolage à la maîtrise

Plutôt que de vendre en vrac au négoce, il tente alors de pénétrer la grande distribution : « Un acheteur de chez Carrefour, qui aimait bien mon vin, m’a fait comprendre que si je voulais contourner la “place de Bordeaux”, il fallait que je devienne moi-même négociant pour sécuriser une qualité et un volume constants. »

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A l’hôpital, plus d’un tiers des postes de praticien sans titulaire

C’est l’un des marqueurs de la crise de l’hôpital : les praticiens hospitaliers continuent de manquer dans les services, année après année, avec de nombreux postes sans titulaire. Mais combien, exactement ? Alors que le Centre national de gestion (CNG), organisme ministériel chargé des concours et des carrières des praticiens, ne fait plus mention de ce recensement dans ses documents officiels depuis deux ans, le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) a, lui, obtenu et agrégé ces données, au 1er janvier 2024.

Selon ses calculs, 35 % des postes restent inoccupés par un médecin titulaire (temps plein et temps partiel réunis). Un chiffre qui s’est stabilisé par rapport à l’année précédente, après une dégradation continue sur les quinze dernières années. En 2008, ces postes vacants représentaient 20 % des postes ouverts dans les hôpitaux. Certaines spécialités sont plus fortement touchées par la désaffection, comme la psychiatrie, qui voit sa situation s’aggraver encore, avec 52 % de postes occupés en 2024, contre près de 75 % il y a dix ans.

« Le “choc d’attractivité” promis n’a pas eu lieu »

« La tendance reste extrêmement alarmante », soutient l’anesthésiste Anne Geffroy-Wernet, présidente du SNPHAR-E, tout en reconnaissant des limites à ce chiffrage. Les postes vacants sont en partie occupés par des praticiens contractuels. C’est l’argument avancé par le CNG pour refuser de publier les statistiques sur le sujet, alors qu’il ne dispose pas des données sur les contractuels. En juillet, dans son rapport annuel, il faisait état de 48 552 médecins hospitaliers en exercice au 1er janvier 2024, soit un nombre en augmentation de 13,5 % sur la dernière décennie. « Les contractuels sont nécessaires, mais en avoir trop, cela déstabilise les hôpitaux qui ont besoin d’équipes stables », souligne la docteure Geffroy-Wernet.

Autre limite : les postes vacants dépendent aussi des postes que les hôpitaux décident d’ouvrir, selon les stratégies d’établissements ou les difficultés budgétaires, explique-t-on au SNPHAR-E. « Mais on voit bien, quoi qu’il en soit, que le “choc d’attractivité” promis n’a pas eu lieu », soutient Anne Geffroy-Wernet. Son syndicat regrette, depuis des mois, que les négociations avec le gouvernement sur l’attractivité du métier n’avancent pas, alors que ni le plan du Ségur de la santé (2020) ni la réforme, plus technique, du statut de praticien hospitalier, appliquée depuis 2022, n’ont permis de renverser la tendance.

A la Guadeloupe, 46 000 foyers privés d’électricité à la suite d’une grève des agents EDF

Le mouvement de grève lancé dimanche 15 septembre par des agents d’Electricité de France (EDF) à la Guadeloupe paralyse une partie de la production électrique de l’île. Mardi soir, 46 000 foyers étaient privés d’électricité. « Le système électrique est en déficit de production notamment en raison de l’indisponibilité de huit moteurs à la centrale de la Pointe Jarry », a fait savoir EDF Guadeloupe dans un communiqué.

Depuis deux jours, une grève oppose les agents d’EDF Production électrique insulaire (PEI) – qui produit près de 70 % de l’électricité de Guadeloupe grâce à une centrale diesel – à leur direction. En cause, « de persistantes situations non conformes au protocole de fin de conflit » signé en février 2023, après une grève de 61 jours, a rappelé le délégué syndical de la Fédération de l’énergie de la Confédération générale du travail de la Guadeloupe (FE-CGTG), Nathanael Verin, dans le préavis de grève envoyé en août.

Des négociations se tiennent actuellement sous la houlette de la direction du travail. Selon La 1ere, il est entre autres question du respect des dispositions relatives au temps de travail, de régularisations de salaires, du paiement des indemnités kilométriques et du libre fractionnement des congés annuels calculés en heures.

« Afin d’éviter l’incident généralisé, des délestages tournants par tranche de deux heures sont en cours », a annoncé EDF, qui appelle à « limiter sa consommation », précisant faire appel à « toutes les sources de production disponibles ».

La Guadeloupe, une zone non interconnectée, produit son électricité grâce à plusieurs sources : centrale thermique diesel (68,6 % de la production) mais aussi énergies renouvelables (biomasse, géothermie, éolien, photovoltaïque, hydraulique, etc.), dont la production ne suffit pas à équilibrer l’offre et la demande en électricité dans l’archipel.

Le Monde avec AFP

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Grève chez Boeing : le patron menace les salariés de chômage partiel non rémunéré

Des machinistes en grève de Boeing manifestent à Renton (Washington, Etats-Unis), le 16 septembre 2024.

Le conflit social se durcit chez Boeing. Kelly Ortberg, le nouveau directeur général de l’avionneur américain, a annoncé, mercredi 18 septembre, que des dizaines de milliers de salariés seraient placés en chômage technique partiel « dans les prochains jours ». Depuis le 13 septembre, 33 000 des quelque 171 000 employés de Boeing sont en grève pour obtenir des augmentations de salaires. Avant de cesser le travail, les salariés syndiqués de l’avionneur avaient rejeté à plus de 95 % l’accord négocié entre les organisations syndicales et la direction.

Selon cet accord conclu avec, notamment, l’International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM), les salariés auraient pu bénéficier d’une hausse immédiate de 11 % de leur rémunération et de 25 % étalée sur quatre ans. Ils auraient aussi pu percevoir un bonus de 3 000 dollars (environ 2 694 euros). En outre, la direction avait consenti d’autres avantages, comme l’encadrement des heures supplémentaires, une baisse de 9 % des cotisations d’assurance-santé, et un congé parental porté à douze semaines.

Surtout, Boeing s’était engagé à produire son prochain appareil dans la région de Seattle (Etat de Washington), où sont installés ses sites historiques de production d’Everett et de Renton et dans l’Oregon. Des usines où sont employés l’immense majorité des salariés en grève depuis déjà une semaine.

Compenser les effets de l’inflation

Pour les grévistes et leurs syndicats, les propositions de la direction sont largement insuffisantes. Ils réclament, en effet, des hausses de salaires de 40 %, notamment pour compenser les effets de l’inflation ces dernières années. A la hauteur de ce que viennent d’obtenir les pilotes de plusieurs compagnies américaines. Ils revendiquent également la restauration de leur régime de retraite.

Pour les grévistes de Boeing, la mise en place prochaine du dispositif de chômage technique partiel sera lourde de conséquences. Aux Etats-Unis, ces salariés ne seront plus payés et n’auront bientôt plus de couverture santé. D’ailleurs, « pour limiter l’impact » financier de cette mesure drastique, le nouveau patron de Boeing a précisé que les employés concernés seraient soumis, par roulement, à une semaine de chômage technique toutes les quatre semaines.

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« Il est important que nous prenions de mesures difficiles pour préserver notre trésorerie et pour s’assurer que Boeing est en mesure de se rétablir avec succès », a tenté de justifier M. Ortberg, mercredi juste après l’échec de la médiation fédérale. Selon le directeur général de Boeing, le chômage technique partiel va aussi toucher « un grand nombre de dirigeants, de responsables et d’employés basés aux Etats-Unis ». Pour faire bonne mesure, il a ajouté que l’équipe de direction et lui-même allaient renoncer « à une part de leur rémunération équivalente [en proportion] » à celle perdue par les effectifs placés en chômage technique.

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Grève des agents EDF à la Guadeloupe : un nouveau moteur remis en service alors que les négociations sont suspendues

Alors que la Guadeloupe subit d’importantes coupures d’électricité en raison d’une grève des agents EDF, les négociations dans l’archipel entre la branche énergie de la CGTG et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI) ont été suspendues. Mais un « quatrième moteur » de la centrale diesel de Jarry sera démarré « aux heures de pointe pour inhiber les délestages sur le territoire », a fait savoir sur X le secrétaire général FE-CGTG Jimmy Thelemaque.

La grève chez EDF-PEI, la filiale de production d’électricité d’EDF, a démarré lundi 16 septembre. Les négociations, qui avaient repris jeudi, ont été interrompues vendredi en milieu d’après-midi. La grève a conduit à l’arrêt des moteurs de la centrale, et l’opérateur dit procéder à des « délestages tournants » pour « éviter l’accident généralisé (black-out) ». Les conséquences de ces coupures sont nombreuses : coupures d’eau, fermetures d’écoles ou activité des entreprises au ralenti.

Le conflit social porte sur la mise en œuvre d’un accord signé début 2023, après soixante et un jours de grève des mêmes agents, qui réclamaient une mise en conformité de leurs contrats et de leur rémunération avec le droit du travail, notamment cinq ans d’arriérés de salaires non versés.

« La FE-CGTG a demandé sous dix jours » la présence d’un dirigeant de l’entreprise venu de Paris, a déclaré le syndicat dans un communiqué arguant que « la directrice en Guadeloupe ne dispose pas du niveau de responsabilité suffisant afin d’engager EDF-PEI ». De son côté, l’entreprise a regretté, dans un communiqué, « cette rupture des négociations » et a fait valoir « avoir réalisé à cette date tous les versements » liés au protocole.

A l’issue des échanges, qui se déroulent sous la houlette des services de l’Etat, Ludovic De Gaillande, directeur de la direction du travail de Guadeloupe, a confirmé, sur la radio publique Guadeloupe La 1ère, des délestages bien moindres. Et ce, malgré « la décision de la CGTG de quitter la table des négociations », selon lui.

Le Monde avec AFP

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La réforme du RSA, entre expérimentation encourageante et menace budgétaire

Les critiques sont de moins en moins véhémentes. Pourtant, lors de son examen à l’Assemblée nationale, à l’automne 2023, la réforme du revenu de solidarité active (RSA) avait suscité la polémique. Point central des reproches de la gauche, des organisations syndicales et des associations de lutte contre la pauvreté : « l’accompagnement rénové » mis en place pour les bénéficiaires, qui doivent désormais s’acquitter d’au moins quinze heures d’activité par semaine pour toucher les 607,75 euros mensuels (pour une personne seule). Les députés macronistes avaient eu besoin du renfort de leurs homologues des Républicains pour inscrire cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron, en 2022, dans la loi relative au plein-emploi, visant à réduire de 7,3 % à 5 % le taux de chômage, d’ici à 2027.

Depuis mars 2023, la réforme fait l’objet d’une expérimentation dans dix-huit territoires. Et, après un peu plus d’un an, les premiers résultats de ce projet qui obligent également tous les allocataires à être inscrits à France Travail (ex-Pôle emploi) se révèlent plutôt encourageants. Il convient toutefois d’être prudent, tant cette phase de test se concentre sur un petit nombre de personnes, un peu plus de 35 000 personnes sur près de 2 millions d’allocataires recensés en France. Tout juste nommé premier ministre, Gabriel Attal, lui, ne s’était pas embarrassé de précautions, en mars, pour annoncer l’extension de cette expérimentation à vingt-neuf nouveaux bassins d’emploi, sans attendre un vrai bilan.

Après son enregistrement auprès de l’opérateur public, un diagnostic est établi, puis trois types de parcours sont proposés à l’allocataire. Un parcours professionnel pour les personnes les plus proches de l’emploi, un parcours social pour ceux qui en sont le plus éloignés et un parcours socioprofessionnel pour les profils intermédiaires. Au 1er septembre, 43 % des bénéficiaires concernés par les expérimentations ont été orientés vers le premier type de parcours. De bons chiffres qui s’expliquent notamment par le fait que ces territoires pilotes se concentrent souvent sur les nouveaux allocataires du RSA, ceux qui sont le plus proches de l’emploi.

Meilleure connaissance des inscrits

Les chiffres les plus encourageants proviennent du retour à l’emploi. Dans les six mois suivant leur entrée dans l’expérimentation, 40 % des allocataires ont trouvé un emploi, dont 18 % avec un contrat durable (CDD de six mois et plus ou CDI). Le fruit d’une meilleure connaissance des inscrits et surtout d’une plus grande coopération entre tous les acteurs (département, Etat, caisse d’allocations familiales, régies de transport, etc.).

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Gouvernement Barnier : Astrid Panosyan-Bouvet, une macroniste à la fibre plus sociale au ministère du travail

Astrid Panosyan-Bouvet, le 20 juin 2022 à Paris.

Cette fois, c’est la bonne. Déjà pressentie pour occuper le poste lors du remaniement de janvier, Astrid Panosyan-Bouvet a été nommée ministre du travail et de l’emploi, samedi 21 septembre. Députée (Renaissance) de Paris depuis 2022, elle suivait particulièrement ces thématiques à l’Assemblée nationale. Elle succède à Catherine Vautrin, qui devient ministre des partenariats avec les territoires. Mais, contrairement à sa prédécesseure, Astrid Panosyan-Bouvet ne s’occupera pas de la santé et des solidarités en même temps.

C’est une première expérience gouvernementale pour cette proche d’Emmanuel Macron, âgée de 53 ans, et diplômée de HEC, Sciences Po et de la Harvard Kennedy School of Government, à Boston. Ancienne adhérente du Parti socialiste, elle a cofondé En marche ! en 2016, le mouvement d’Emmanuel Macron, dont elle avait été la conseillère à Bercy en 2014. Son engagement politique suit une longue carrière dans le privé, notamment chez Groupama, où elle a été secrétaire générale de 2011 à 2014.

Alors que de gros dossiers l’attendent Rue de Grenelle, ses positions vont être scrutées. Car c’est aussi une voix qui a su se faire dissonante au sein de la Macronie sur l’orientation de la politique menée depuis plusieurs mois. Elle devra tout d’abord s’occuper de l’assurance-chômage. Alors qu’une réforme avait été amorcée par l’ancien premier ministre Gabriel Attal, au printemps, celle-ci a été suspendue lors de l’entre-deux-tours des élections législatives. Prolongées plusieurs fois, les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi actuellement en vigueur arrivent à échéance le 31 octobre.

« L’exemple de la Finlande »

D’ici là, Astrid Panosyan-Bouvet a plusieurs options sur la table. Relancer la réforme du précédent gouvernement, qui augmentait la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits au chômage et réduisait la durée d’indemnisation maximale. Un projet auquel elle s’était clairement opposée lorsqu’elle était députée. « La question du travail et de l’emploi doit être vue dans son ensemble. Si un seul levier, celui de l’assurance-chômage, est activé, on rate la cible », expliquait-elle au Monde en avril.

Elle avait aussi récusé les propos répétés du ministre de l’économie d’alors, Bruno Le Maire, qui jugeait que la « générosité » du modèle français empêchait le pays d’atteindre le plein-emploi – autour de 5 % de chômage, contre 7,5 % aujourd’hui. La membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale avait rappelé que d’autres pays en Europe versaient une allocation-chômage plus élevée que dans l’Hexagone et que les régimes d’indemnisation moins avantageux n’empêchaient pas les tensions de recrutement.

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