Compagnies aériennes régulières et à bas coûts rapprochent leurs pratiques

Un Airbus A320-200 de Vueling, à l’approche de l’aéroport de Roissy, près de Paris, en juillet 2017.

Les compagnies régulières et celles à bas coûts vont-elles finir par se ressembler ? Plus les années passent, plus les différences s’estompent entre les grandes rivales du transport aérien. Une nouvelle preuve de ce rapprochement a été apportée par la low cost Vueling.

La filiale espagnole du groupe britannique IAG, maison mère de British Airways, a annoncé, jeudi 27 septembre, une nouvelle organisation de son offre tarifaire. A l’instar des compagnies régulières comme Air France, British Airways et consorts, Vueling propose désormais des options – avec tarifs et offre de sièges adaptés – conçues spécialement pour les familles et les voyageurs d’affaires.

Cette démarche rompt avec le credo de départ des compagnies à bas coûts, qui avaient opté pour un tarif unique. Au fil des ans, ce prix de base s’est enrichi d’une kyrielle d’options payantes comme le choix du siège, l’embarquement rapide ou l’enregistrement de bagages en soute. Vueling explique la diversification de son offre tarifaire par la volonté de « s’adapter au mieux aux besoins de ses clients ».

En effet, la filiale espagnole d’IAG a constaté que seuls « 70 % de ses passagers l’ont choisie pour le prix » de ses billets, signale son directeur commercial, David Garcia Blancas. Parmi les 21,5 millions de passagers transportés entre janvier et août, « 30 % sont des clients affaires », notamment des patrons ou des cadres de PME. Ces clients sont « très intéressés par les prix » bas de Vueling, constate M. Garcia Blancas, mais ils souhaitent aussi des billets modulables pour s’adapter à leurs contraintes professionnelles.

Conflits sociaux

Chez Vueling, les familles doivent débourser 20 euros de plus par siège pour voyager côte à côte, tandis qu’il en coûte 35 euros supplémentaires aux passagers business pour acquérir un billet modifiable et un embarquement prioritaire. Ces options font la fortune des low cost. EasyJet a ainsi dévoilé,…

Unédic : le premier ministre s’invite dans le débat sur la dégressivité

Edouard Philippe, lors de « L’Emission politique » sur France 2, le 27 septembre.

Edouard Philippe s’est invité dans les négociations sur la réforme de l’assurance-chômage avant même qu’elles ne débutent. Au cours de « L’Emission politique » sur France 2, le premier ministre a déclaré, jeudi 27 septembre, que la dégressivité des allocations, versées aux demandeurs d’emploi, peut être « dans certains cas (…) envisagée ». Une intervention qui fait froncer les sourcils de leaders syndicaux et patronaux, déjà bien peu disposés à se lancer dans des discussions destinées à revoir les conditions d’indemnisation des chômeurs.

Pour le chef du gouvernement, instaurer « une forme de dégressivité peut avoir du sens », s’agissant des personnes en quête d’un poste, qui ont « une très forte employabilité (…), qui ont des salaires très élevés ». Cette option-là n’est pas inscrite dans le document de cadrage que l’exécutif a adressé aux partenaires sociaux afin de tracer les grandes orientations de la réforme. Mais elle y figure en filigrane, puisqu’il est question de refondre un dispositif qui ne tient pas compte des « différences de capacité à retrouver un emploi ».

Autrement dit, les chômeurs hautement qualifiés, qui sont censés pouvoir rebondir rapidement sur le marché du travail, se verraient appliquer des règles plus strictes. « Nous mettons sur la table un certain nombre de pistes qui nous semblent raisonnables (…), dont les partenaires sociaux vont discuter », a complété M. Philippe. Pas d’injonction, donc, mais son propos est un peu plus directif que celui de Muriel Pénicaud : la ministre du travail a, plusieurs fois, indiqué que le gouvernement n’avait pas à dicter de solutions.

« Dualité du marché du travail »

Le secrétaire général de FO, Pascal Pavageau, fulmine contre la sortie de M. Philippe : « Si c’est une tentative de nous mettre la pression au moment où l’on va peut-être ouvrir la négociation, ça va ! Nous ne sommes pas des sous-traitants du gouvernement….

Les vols de plus de 40 000 passagers Ryanair affectés par la grève

La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair promettait d’assurer la plupart de ses vols vendredi 28 septembre, malgré un appel à la grève dans plusieurs pays européens du personnel de cabine et des pilotes, qui réclament de meilleures conditions de travail.

Le transporteur irlandais prévoit l’annulation de 250 vols sur les 2 400 programmés en Europe, expliquant que la majorité de ses salariés travailleront normalement.

Le transporteur précise que tous les clients concernés ont été prévenus par courrier électronique et SMS depuis mardi. « Nous trouvons cette grève déraisonnable et quelque peu en décalage avec les progrès que nous pensions avoir réalisés », a affirmé jeudi Peter Bellew, le directeur opérationnel de Ryanair. « En n’annulant pas assez de vols en vue de la grève, Ryanair adopte un comportement irresponsable qui pourrait créer tensions et insécurité pour tout le personnel de l’aéroport, de Ryanair et les passagers concernés », a pour sa part prévenu le syndicat belge CNE, affilié à la Confédération des syndicats chrétiens.

Contrats par pays

L’appel à la grève concerne les personnels navigants en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne, rejoints par les pilotes dans certains de ces pays.

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l’emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair d’employer une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.

La commissaire européenne aux affaires sociales, Marianne Thyssen, est intervenue mercredi pour rappeler Ryanair à l’ordre, après sa rencontre avec le directeur général de la compagnie, Michael O’Leary. « Le respect du droit communautaire n’est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier, ni quelque chose qui peut être fait différemment d’un pays à l’autre », a-t-elle prévenu. « Le marché intérieur n’est pas une jungle : il comporte des règles claires sur la mobilité équitable du travail et la protection des travailleurs », a ajouté la commissaire belge.

« Annulez cette grève ! »

Pour la Commission européenne, « ce n’est pas le pavillon de l’avion qui détermine la loi applicable. C’est l’endroit d’où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l’employeur ait à couvrir les frais ».

M. O’Leary a pour sa part appelé à « annuler la grève » lors d’une conférence de presse mercredi à Diegem, près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, selon des propos rapportés par l’agence Belga. « On accepte de négocier et il y a quand même une grève », a-t-il fait valoir, avant de lancer : « Annulez cette grève qui n’est pas soutenue par la très grande majorité des travailleurs de Ryanair ! »

La compagnie irlandaise connaît une grogne sociale endémique depuis un an, qui a débuté avec le mécontentement de ses pilotes. La compagnie a tenté d’éteindre la contestation en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie, dans lesquels la direction accepte des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail.

La grève de vendredi marque la poursuite d’un mouvement social qui a déjà frappé la compagnie aérienne cet été avec deux vastes mouvements coordonnés dans plusieurs pays européens : chez le personnel de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100 000 passagers touchés) puis chez les pilotes au cœur du mois d’août (400 vols annulés et 55 000 passagers touchés). Ryanair avait aussi dû annuler 150 vols en Allemagne le 12 septembre en raison d’une grève des pilotes et du personnel.

L’entreprise irlandaise compte 86 bases en Europe, selon son site Internet, qui lui permettent de stationner ses avions et de domicilier son personnel. Elle a annoncé jeudi l’ouverture de deux nouvelles bases en France, à Bordeaux et Marseille, où elle n’était plus présente depuis 2011.

A Sciences Po, l’opération séduction du patron du renseignement intérieur

C’est à un exercice relativement atypique que s’est prêté, mercredi 26 septembre, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Laurent Nunez. Celui d’une conférence de deux heures, dont une longue séance de questions-réponses, à Sciences Po Paris, devant un parterre de quelque 600 étudiants, dans l’emblématique amphithéâtre Boutmy.

Le prétexte de cette rencontre organisée par l’association Défense et stratégie de l’école parisienne était intitulé : « Prévenir les crises, l’enjeu du renseignement intérieur ». L’occasion était belle, pour ces étudiants manifestement fascinés, d’accéder à un dialogue direct avec l’un des principaux patrons du renseignement français. Un jeu facilité par le principal intéressé qui, depuis sa prise de fonctions en juin 2017, a fait le choix d’une parole publique relativement active.

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Une posture radicalement opposée à celle de son prédécesseur à la tête de la DGSI, Patrick Calvar, qui avait fait du silence absolu sa clé de voûte, au risque de manquer de ressorts pour riposter aux critiques médiatiques ayant germé dans la foulée des attentats de 2015-2016. M. Calvar n’a rompu ce silence qu’après son départ avec, notamment, un cours à l’Ecole d’affaires publiques de Sciences Po, où il a joué les professeurs entre janvier et avril.

Pour M. Nunez, l’exercice était double. Afficher une nouvelle ouverture, mais aussi profiter de l’occasion pour vanter les atouts d’une maison DGSI en plein boom de recrutements. « Nous sommes à la recherche de talents, dont des profils qui se trouvent très majoritairement dans cette salle », a clairement déclaré le patron du renseignement intérieur, listant les besoins en analystes, linguistes et techniciens.

« Exactement le “Bureau des légendes” »

Cette explosion des créations de postes est portée par la hausse des menaces terroriste et cyber. L’ensemble de la communauté du renseignement est aujourd’hui concerné. Un enjeu bien compris par Sciences Po qui, depuis 2017, a renforcé ses enseignements en la matière. En juin, l’école parisienne avait déjà réuni à la même table de conférence un large panel de patrons du renseignement.

Métier « passionnant », « exaltant », « stressant », deux heures durant, M. Nunez a donc tenté de convaincre des intérêts d’une branche qui, bien qu’elle fascine, bute aujourd’hui sur certaines difficultés : concurrence avec le privé, turn-over des contractuels, lourd processus d’habilitation. « On perd entre 30 et 40 % » des postulants en cours de sélection, a reconnu le patron de la DGSI tout en passant en revue les larges compétences de la DGSI : terrorisme, contre-espionnage, lutte contre la prolifération, etc.

« La menace est toujours très élevée », même si les attaques de commandos venant de théâtres extérieurs sont « moins probables » actuellement, a-t-il rappelé. « Ce que nous faisons, c’est exactement le “Bureau des légendes” », a-t-il ajouté, bravache, à l’issue de la conférence, face au petit comité d’étudiants organisateurs, allusion à la série télévisée de Canal+ qui s’inspire du travail de la Direction générale de la sécurité extérieure.

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L’Etat s’attaque au temps de travail des fonctionnaires des collectivités locales

C’était une demande de nombreux élus locaux. L’Etat va le faire. Les collectivités locales seront tenues de revoir leur accord sur le temps de travail pour imposer à leurs agents le minimum légal de 1 607 heures par an. Une disposition qui entrera en vigueur avec le projet de loi sur la fonction publique qui devrait être présenté avant la fin de l’année.

Le gouvernement n’a jamais caché que le temps de travail des fonctionnaires des collectivités locales était « un problème ». De nombreux rapports ont été publiés sur le sujet. En octobre 2016, la Cour des comptes avait notamment indiqué que « dans seulement 20 % des collectivités, [la durée de travail est] alignée sur la durée réglementaire de 1 607 heures par an ». La moyenne du temps annuel effectué est de 1 562 heures, selon ses chiffres.

« Il est normal que l’on travaille moins que le minimum légal dans les collectivités locales, rappelle Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT fonctions publiques. Cela correspond à une compensation pour les astreintes liées au service public. Les agents sont, par exemple, tenus d’assurer l’ouverture des bibliothèques le samedi ou le dimanche, des installations sportives le soir. C’est compensé en temps. » Reste, confie-t-on au sein de l’exécutif, que « l’on ne sera jamais à 1607 heures. Certains fonctionnaires, en effet, sont soumis à des suggestions spéciales du fait de leur activité et bénéficient donc d’une compensation horaire ».

Peur de discussions explosives

L’enjeu n’est pas mince pour le gouvernement. Si tous les fonctionnaires territoriaux travaillaient autant qu’ils le devraient, cela permettrait d’économiser « 32 000 postes », estime une source gouvernementale. Or, si le président de la République s’est engagé à supprimer 50 000 emplois dans la fonction publique d’Etat sur le quinquennat, il a aussi promis de réduire l’effectif des collectivités locales de 70 000 postes.

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Pour avancer sur cette question, l’Etat a identifié plusieurs pistes. L’une d’elles entrera donc en vigueur en 2019. Dans le projet de loi sur la fonction publique, le gouvernement va imposer aux collectivités locales de réviser leur protocole d’accord sur le temps de travail, décrit à l’article 7-1 de la loi du 26 janvier 1984. Objectif : y intégrer la durée légale de 1 607 heures. Certains d’entre eux, en effet, prévoient des temps de travail inférieurs et les élus n’osent pas toujours les modifier de peur de s’engager dans des discussions explosives avec leurs personnels. C’est donc désormais l’Etat qui le leur imposera.

Deuxième piste, encore à l’étude : mettre en place un « barème national » qui fixera le nombre de jours qu’un agent pourra prendre s’il se marie, déménage ou perd un membre de sa famille. Sur ce sujet, il existe actuellement de grandes différences selon les collectivités locales.

Une troisième piste a, elle, été écartée. La suppression des « congés spéciaux », tel « le jour du maire », a été jugée trop compliquée. Ces vacances exceptionnelles accordées par les élus permettent parfois, en effet, de commémorer des événements locaux (comme la « fête nationale » corse) ou des hommages nationaux qui revêtent, sur certains territoires, un impact particulier. C’est par exemple le cas, dans les Antilles, de la journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition. « C’est un débat que l’on ne sait pas mener », reconnaît une source gouvernementale.

Plusieurs détails ne sont pas encore arrêtés. Le délai dans lequel les collectivités devront s’acquitter de cette nouvelle obligation n’est ainsi pas encore fixé.

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L’économie sociale et solidaire se mobilise à New York

« Le café équitable se vend plus cher, les agriculteurs gagnent mieux leur vie et la terre se régénère. »

Monique Barbut dégaine les statistiques qui font mal. La représentante de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification frappe fort : 52 % des terres agricoles dans le monde sont dégradées, 820 millions de personnes se couchent en ayant toujours faim. Et en Afrique, faute de production agricole suffisante, 60 millions de jeunes devront migrer vers l’Amérique ou l’Europe pour survivre d’ici à 2045.

C’est ce qu’est venue raconter Mme Barbut, à New York, à la réunion du groupe pilote international de l’Economie sociale et solidaire (ESS) présidé par la France. Un petit groupe formé par une dizaine de pays, qui a profité de la grand messe de l’Assemblée générale des Nations unies pour se retrouver et parler du potentiel de créations d’emploi du secteur ESS.

« Nous devons semer pour un nouveau jour », conclut Mme Barbut, en échangeant un regard complice avec Julien Lampron, directeur de Fondaction, un fonds de 2 milliards de dollars canadiens, qui gère les pensions de retraites des syndicats québécois. Fondaction et quelques autres institutions privées ont promis 100 millions de dollars pour financer plusieurs projets de lutte contre la déforestation au Pérou, en Côte d’Ivoire et ailleurs.

« Nain politique »

Ainsi, le dossier des cafés Selva Norte au Pérou concerne quatre coopératives agricoles et deux mille paysans. Ces derniers abandonnent la technique du « couper-brûler » pour produire un meilleur café et, dans la foulée, réduire de 1,6 million de tonnes leurs émissions de CO2. Le café équitable se vend plus cher, les agriculteurs gagnent mieux leur vie et la terre se régénère. Les intervenants de Grèce, Bulgarie, Sénégal, Slovénie, Maroc… adorent se raconter cette histoire. Car Selva Norte illustre parfaitement les retombées positives de l’économie sociale et solidaire.

Le secteur de 200 000 entreprises, associations, coopératives, mutuelles… représente 10 % du PIB français…

Origine, genre, handicap… un Français sur quatre dit avoir été victime de discrimination au travail

Jacques Toubon a été nommé Défenseur des droits en 2014.

La conclusion sonne comme un avertissement. « Encore aujourd’hui, les propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, handiphobes ou liés à l’état de santé au travail, sont minimisés dans les milieux de travail, en particulier lorsqu’ils tentent d’être justifiés par l’humour », écrivent le défenseur des droits, Jacques Toubon, et l’Organisation internationale du travail (OIT), coauteurs du 11e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi, publié jeudi 27 septembre.

Une situation d’autant plus problématique que ces attitudes sont loin d’être rares : selon cette étude, menée auprès d’un échantillon représentatif de 5 117 personnes, un Français sur quatre déclare avoir été victime de propos ou de comportements discriminatoires au travail au cours des cinq dernières années.

Ce chiffre masque cependant de fortes disparités : ainsi, 54 % des femmes de 18 à 44 ans perçues comme non blanches ont déclaré avoir été victimes de propos ou de comportements discriminatoires, contre 11 % des hommes de 35-44 ans perçus comme blancs (remarques homophobes, liées à la religion, etc.).

  • Le racisme

Le baromètre insiste sur le fait que les discriminations racistes peuvent être liées à l’origine « réelle » des victimes, mais également à leur origine « supposée » par autrui.

Ainsi, selon l’étude, 33 % des personnes perçues comme non blanches déclarent avoir subi des attitudes racistes, contre 6 % des personnes perçues comme blanches, toutes tranches d’âge confondues. Ces discriminations concernent avant tout les personnes perçues comme noires (38 % des victimes) et arabes (34 %), mais aussi celles perçues comme métisses (27 %) et asiatiques (26 %).

Pour aider les victimes de discrimination raciste et sexiste, Marie Dasylva a créé en 2017 Nkali, une agence d’accompagnement des femmes perçues comme non blanches dans la gestion des situations de harcèlement en entreprise. Interrogée par Le Monde, elle cite parmi les discriminations subies le « déni de compétence », ainsi que les « techniques d’infériorisation ». Et de citer l’exemple d’un steward d’Air France mis à pied en 2012 :

« La compagnie aérienne estimait que sa coupe afro ne faisait pas “professionnel”. Or l’afro, c’est simplement la façon naturelle dont poussent les cheveux des personnes noires. »


  • Les discriminations liées au handicap

L’étude souligne aussi que 15 % des personnes handicapées ont rapporté des propos et comportements « handiphobes ».

Contactée par Le Monde, la Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés cite, parmi les cas de discriminations « handiphobes », les refus d’embauche, mais aussi les refus d’aménagement de poste :

« Un fonctionnaire avait un handicap au dos. Il était parfaitement apte à son travail, le défenseur des droits s’était d’ailleurs prononcé pour sa titularisation. En mars 2017, il a demandé un siège ergonomique. La réponse, apportée en novembre de la même année, a été négative pour cause de restrictions budgétaires, et ajournée à mars 2018. »

  • L’homophobie

Selon le baromètre, 24 % des personnes homosexuelles ou bisexuelles déclarent avoir été victimes d’attitudes homophobes. Un taux qui monte à 40 % pour les hommes homosexuels ou bisexuels, qui voient notamment leur carrière et leur salaire amputés.

Dans l’étude « Orientation sexuelle et écart de salaire sur le marché du travail français : une identification indirecte » (Insee, 2013), les économistes Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi constataient ainsi que les hommes homosexuels gagneraient en moyenne 6,3 % de moins que les hommes hétérosexuels dans le secteur privé, et 5,6 % de moins dans le secteur public.

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  • L’effet cumulatif

Le défenseur des droits et l’OIT notent que toutes ces discriminations sont cumulatives, et appelle à adopter une véritable « analyse intersectionnelle » afin de mieux les appréhender.

Ainsi, si 23 % des femmes déclarent avoir subi un comportement sexiste, la proportion monte à 54 % lorsqu’on interroge les jeunes femmes perçues comme non blanches, qui subissent en sus le racisme.

Avec notamment des conséquences salariales. « L’une de mes clientes était une femme noire travaillant dans la finance. Elle s’était aperçue qu’elle était payée 40 % de moins que son prédécesseur », raconte Marie Dasylva. Soit 30 points de moins que l’écart de salaire moyen entre femmes et hommes en France.

La même logique s’applique aux femmes handicapées, qui sont 43 % à déclarer avoir subi des discriminations. « Les employeurs considèrent d’emblée les femmes comme fragiles et incompétentes », explique au Monde Claire Desaint, vice-présidente et fondatrice de l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir : « Du coup, ils se disent qu’une femme en situation de handicap sera absente au moindre “bobo”. » Les femmes bénéficient donc moins du quota de 6 % de travailleurs handicapés obligatoire dans les entreprises de plus de vingt salariés, explique-t-elle.


L’ampleur des discriminations constatée dans ce baromètre amène le défenseur des droits et l’OIT à rappeler, en conclusion de l’étude, que « ces situations sont de nature à engager la responsabilité de l’employeur », du fait de son obligation de sécurité. Ils enjoignent donc fermement aux entreprises d’intégrer la question des discriminations à leur démarche de prévention des risques psychosociaux.

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Ryanair annule 150 vols, l’UE proteste

La compagnie aérienne Ryanair va annuler 150 vols vendredi 28 septembre en raison d’une grève européenne de son personnel de cabine, Bruxelles intimant à la compagnie à bas coûts de « respecter la loi » européenne.

Le transporteur irlandais a ainsi revu à la baisse sa première estimation de 190 suppressions de vols, selon une annonce mercredi sur son compte Twitter. Ryanair explique que la majorité de ses salariés travailleront normalement, ce qui lui permet d’assurer plus de 92 % de ses 2 400 vols prévus ce jour-là.

Dans la journée, la commissaire européenne aux affaires sociales, Marianne Thyssen, est intervenue pour rappeler Ryanair à l’ordre. « Le respect du droit communautaire n’est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier, ni quelque chose qui peut être fait différemment d’un pays à l’autre », a prévenu Mme Thyssen à l’issue de sa rencontre à Bruxelles avec le directeur général de la compagnie, Michael O’Leary, à la demande de ce dernier. « Ce n’est pas le pavillon de l’avion qui détermine la loi applicable. C’est l’endroit d’où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l’employeur ait à couvrir les frais », a insisté la Commission européenne dans un communiqué.

30 000 clients affectés

Mardi, Ryanair avait donné une première prévision de 190 vols annulés, estimant alors que 30 000 clients seraient affectés par ce mouvement social, qualifié une nouvelle fois d’« inutile ».

Le transporteur précise que tous les clients concernés ont été prévenus par courrier électronique et SMS depuis mardi. L’appel à la grève concerne le personnel navigant d’Espagne, de Belgique, des Pays-Bas, du Portugal et d’Italie.

Le syndicat des pilotes allemands a annoncé vendredi soir rejoindre le mouvement européen, tandis que celui du personnel naviguant allemand s’est donné jusqu’à jeudi soir pour décider d’un éventuel appel à la grève.

Ryanair avait déjà dû annuler 150 vols en Allemagne le 12 septembre en raison d’une grève des pilotes et du personnel.

« Pas une jungle »

La commissaire européenne rappelle à Ryanair qu’« avec le succès vient aussi la responsabilité ». « Le marché intérieur n’est pas une jungle : il comporte des règles claires sur la mobilité équitable du travail et la protection des travailleurs ».

M. O’Leary a pour sa part appelé à « annuler la grève » lors d’une conférence de presse à Diegem, près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, selon des propos rapportés par l’agence Belga. « On accepte de négocier et il y a quand même une grève », a-t-il fait valoir, avant de lancer : « Annulez cette grève qui n’est pas soutenue par la très grande majorité des travailleurs de Ryanair ! »

M. O’Leary a aussi menacé de « diminuer la flotte » de Ryanair dans les aéroports belges de Bruxelles et Charleroi s’il devait continuer à y affronter le mécontentement syndical.

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l’emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair d’employer une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.

Le mouvement dure

Cette grève coordonnée de vendredi marque la poursuite d’un mouvement social qui frappe la compagnie aérienne à bas coût depuis cet été.

Ryanair a subi deux vastes mouvements d’arrêt du travail de ses employés coordonnés dans plusieurs pays européens : chez le personnel de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100 000 passagers touchés) puis chez les pilotes au cœur du mois d’août (400 vols annulés et 55 000 passagers touchés). Avec 150 suppressions de vols prévues pour ce vendredi à travers l’Europe, soit autant que la grève allemande de mi-septembre, l’ampleur du mouvement semble néanmoins donner des signes d’essoufflement.

La compagnie tente d’éteindre la contestation en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie, dans lesquels la direction accepte des augmentations de salaires et des améliorations des conditions de travail.

Ryanair connaît une grogne sociale endémique depuis un an, qui a débuté avec le mécontentement de ses pilotes, ce qui l’a contrainte à engager des négociations avec des syndicats ces derniers mois, ce qu’elle avait refusé de faire pendant ses 30 premières années d’existence.

Le pied de nez d’Air France à AccorHotels

Stand d’Air France au salon du tourisme IFTM Top Resa, à Paris, le 23 septembre 2014.

La nouvelle ne va pas ravir AccorHotels. A l’occasion de l’ouverture, mardi 25 septembre, du salon du tourisme IFTM Top Resa au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, Air France a annoncé un partenariat avec le site de réservation d’hébergement en ligne Booking.com. L’accord d’une durée de trois ans met fin au précédent partenariat qui associait Air France au groupe hôtelier français présidé par Sébastien Bazin.

Cette annonce semble mettre un point final aux velléités d’AccorHotels, qui envisageait, il y a moins de deux mois, d’entrer en force dans le capital de la compagnie aérienne en rachetant la participation de l’Etat. Le groupe hôtelier voulait notamment mettre la main sur le programme de fidélité d’Air France.

« La plate-forme d’AccorHotels ne faisait pas le poids par rapport au nombre de destinations desservies par Air France », expliquent en chœur Soline de Montrémy, directrice générale des ventes globales et des partenariats commerciaux d’Air France-KLM, et sa collègue Delphine Barault, directrice business development et partenariats commerciaux. En pratique, font-elles savoir, Accor ne proposait aucun hôtel sur un quart des destinations d’Air France et un tiers supplémentaire des dessertes de la compagnie aérienne était mal couvert par le groupe hôtelier.

Des recettes annexes

En outre, Air France n’écarte pas la gamme Accor de son offre puisque les hôtels du groupe français sont aussi référencés par la plate-forme de Booking.com, précisent Mmes de Montrémy et Barault. Enfin, en s’alliant avec Booking, elle rationalise son offre puisque les autres filiales de la compagnie franco-néerlandaise, KLM, Transavia et Hop !, avaient déjà noué un partenariat avec le site de réservations.

Concrètement, les clients d’Air France pourront désormais réserver une chambre d’hôtel sur Booking par le biais du site de la compagnie aérienne et gagner des miles.

Dans un premier temps, chaque…

Une solution s’esquisse pour les salariés de l’acierie d’Ascoval

Le site Ascoval de  Saint-Saulve (Nord), le 29 janvier.

C’est un répit de courte durée, mais peut-être cela suffira-t-il à assurer un avenir aux 281 salariés de l’aciérie d’Ascoval. Mercredi 26 septembre, les administrateurs judiciaires de la société, à la demande du gouvernement, ont obtenu auprès du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg, un sursis de quatre semaines pour consolider le projet de reprise de l’aciérie de Saint-Saulve, dans le Valenciennois. Les syndicats espèrent désormais un épilogue positif après de longs mois d’attente.

En février, Ascometal, le propriétaire à 60 % d’Ascoval avait été repris à la barre de la chambre commerciale du TGI de Strasbourg par le groupe Schmolz + Bickenbach. Cependant, l’aciériste suisse avait refusé de prendre possession de l’usine des Hauts-de-France, codétenue par Vallourec à 40 %. Afin d’assurer un premier sursis d’un an, le groupe parapétrolier et le sidérurgiste helvète avaient accepté de maintenir jusqu’au 31 janvier 2019 un volume de commandes suffisantes à un prix au-dessus du marché pour lui permettre de se trouver un avenir.

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Seul Altifort a déposé un dossier ferme

En juillet, trois candidats se sont manifestés auprès des magistrats strasbourgeois pour reprendre l’usine, mais seul Altifort, une société franco-belge a finalement déposé un dossier ferme. Créé en 2013, ce groupe industriel a repris neuf sites, notamment à Vallourec et ArcelorMittal. « A la fin de l’année, nous devrions compter 1 500 salariés et réaliser 200 millions d’euros », avance Bart Gruyaert, son directeur général. « Notre volonté est d’installer à proximité de l’aciérie un train à fil pour transformer l’acier en filin afin de pouvoir s’adresser à divers clients, au lieu du seul Vallourec », détaille-t-il.

Altifort propose au tribunal d’investir quelque 140 millions d’euros, financés grâce à des fonds propres, des prêts bancaires, des fonds d’investissement ainsi que diverses aides publiques. En échange, la société propose de maintenir 181 emplois et d’en créer 133 supplémentaires. « Pour cela, a rappelé Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, après une réunion avec les syndicats de l’usine mardi matin à Bercy, Altifort a besoin de financements complémentaires. » Dans le détail, la société demande à Vallourec la prise en charge, à hauteur de 6 millions d’euros, des comptes épargne-temps des salariés sur la période avant 2017, quand l’usine était détenue par Vallourec.

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De même, la société franco-belge souhaiterait que le groupe parapétrolier finance pour 12 millions d’euros la remise en état des halles pour installer le train à fil. Enfin, Altifort voudrait obtenir pour 50 millions d’euros de commandes pendant dix-huit mois : plus de 200 000 tonnes d’acier à 248 euros la tonne… « Par rapport à un autre approvisionnement, cela représente un surcoût de 20 à 30 millions d’euros », précise un observateur du dossier.

« L’Etat s’engage »

Dans un communiqué envoyé mardi, Ascoval soutient le plan d’Altifort, sachant qu’elle a déjà fait une partie du chemin en réduisant drastiquement ses coûts depuis 2017. La productivité a progressé de 30 % en deux ans. Le prix de la tonne revient à 270 euros, contre encore 400 euros il y a deux ans. « A l’avenir, nous voulons encore améliorer ce coût, en passant à 185 euros la tonne », précis Bart Gruyaert.

Pour l’instant, M. Le Maire ne veut pas promettre la lune. « Ce dont nous sommes convenus, c’est de travailler exclusivement sur cette option de reprise. Ça va être difficile, je ne l’ai pas caché aux salariés, la conjoncture n’est pas bonne, Vallourec n’est pas en meilleure forme non plus, donc c’est compliqué mais nous devons mettre toutes nos énergies à garantir la pérennité du site. »

« Le cap est enfin donné, se satisfait Bruno Kopczinsky, porte-parole de l’intersyndicale de l’usine. Le ministre s’est engagé pour le plan Altifort. L’Etat, qui détient 16,22 % de Valourec, va utiliser sa position d’actionnaire pour que Vallourec prenne ses responsabilités. Enfin, l’Etat s’engage. On est soulagé. On avance. » M. Gruyaert confirme : « Que le ministre s’engage pour la reprise d’Ascoval est un premier signe positif ! »