« Maton et fier de l’être ! », un ancien gardien expose le monde pénitentiaire
Dans son œuvre, Eric Perez revient sur 30 ans de carrière dans l’administration carcérale, retraçant le lourd quotidien des deux côtés des barreaux.
Livre. « Le bras énorme du prisonnier enserre ma tête et me bâillonne sans que je puisse remuer. Allongé par terre, je sens son souffle lourd sur moi et une lame qui pose contre ma gorge. » Tels sont les premiers mots choisis par Eric Perez pour plonger le lecteur dans l’univers carcéral.
Si la violence est forte dans Maton et fier de l’être !, ce livre est avant tout le récit en toute clarté de trente années de carrière au sein de l’administration carcérale.
Admis au concours de surveillant en 1981, Eric Perez est originellement affecté aux prisons de Saint-Joseph et de Saint-Paul à Lyon, avant d’assimiler particulièrement le centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur, ainsi que les maisons d’arrêt de Fresnes et de Fleury-Mérogis, connues pour leurs conditions de travail et de détention notamment difficiles. D’abord surveillant, puis premier surveillant, il intégrera pendant trois ans les Equipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS), « le GIGN de la pénitentiaire ».
Au fil des pages, le lecteur entrevoit le quotidien des agents de surveillance et celui des personnes emprisonnées, entre activités, fouilles de cellules, parloirs et sanctions disciplinaires.
On conçoit vite que « c’est sur le terrain qu’on apprend ce qu’il faut sanctionner et ce qu’il vaut mieux laisser passer », quitte à s’éloigner des règles apprises à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire. Alors récemment arrivé à son poste, il confie avoir exigé des détenus qu’ils plient leurs draps et rangent leur cellule, conformément au règlement, avant d’y abandonner définitivement.
Un mal-être qui peut mener au suicide
Malgré cela, le « respect » se rencontre aussi en prison. « Rien ne se fait sans lui ». Et pour cause, « surveillants et surveillés, tout le monde fait partie de la même chaîne : un maillon saute et c’est l’ensemble qui se défait. (…) Toute la nécessité est de trouver le bon équilibre entre fermeté et humanité ».
Rien n’est laissé de côté, le livre comparant le lecteur tant au mal-être des détenus qu’à celui des membres du personnel, un mal-être qui peut parfois les mener au suicide. L’auteur a perdu une dizaine de collègues au cours de sa carrière.
Embêté de toute cette violence et victime d’une énième agression en détention, alors qu’il est étudié au quartier des mineurs de Fleury-Mérogis en 2011, Eric Perez met un terme à sa carrière au sein de l’administration carcérale. Selon lui « la prison est devenue un volcan qui peut exploser d’une minute à l’autre pour une peccadille ». Et de noter que « la surveillance ne se limite plus au “maintien de l’ordre”, les surveillants doivent aller “au combat”, à la dispute. Non seulement ils sont obligés d’être forts mentalement, mais encore ils doivent en imposer physiquement ».
Le groupe de grande attribution Carrefour veut supprimer plus de 1 200 postes dans ses hypermarchés français en 2019, ont fait savoir, mercredi 27 mars, les syndicats du groupe. Ces départs séduiraient les secteurs hors alimentaire et se feraient sans contrainte.
Lors d’un comité central d’entreprise (CCE), la direction a défini les suppressions de postes prévues dans la bijouterie, le rayon multimédia, l’arrière-caisse, le service de la paie, l’encadrement, des fonctions officielles et les caisses des stations-service, selon les syndicats CGT et CFDT.
Ces cessions concerneraient, selon les syndicats, quelque 2 % de la masse salariale totale du groupe, d’environ 60 000 salariés. Consultée par l’Agence France-Presse, la direction de Carrefour a certifié la tenue de négociations, sans certifier ces chiffres. « Le volume le plus important des suppressions est sur l’encadrement » avec plus de 500 postes de cadres concernés, a exposé Sylvain Macé, de la CFDT-Carrefour.
« Un coup d’épée sur la tête »
Le groupe a débuté la négociation avec les organisations syndicales un accord de rupture habituelle collective (RCC) – une première chez Carrefour – pour suivre ces suppressions de postes. La signature est escomptée d’ici l’été, selon plusieurs sources.
Issues du dernier changement du code du travail, les RCC admettent de supprimer des postes via des départs volontaires, sans justification économique. Elles sollicitent un accord signé par des syndicats représentant au moins 50 % du personnel.
« On a pris un coup d’épée sur la tête », a déclaré Gaëtan Couturier, de la CGT-Carrefour, qui sollicite le reclassement des salariés dont le poste va disparaître et refusera de signer l’accord de RCC. Comme FO, la CFDT compte collaborer à la suite des négociations, mais M. Macé ne cache pas son « inquiétude sur la notion de volontariat » dans la mesure où les postes disparaissent. Michel Enguelz, délégué syndical central FO du groupe Carrefour, veut accentuer « sur les moyens et les perspectives d’avenir » afin d’« obtenir les meilleures conditions de départ possibles pour les salariés concernés ».
En début d’année, Carrefour avait montré aux partenaires sociaux un plan de changement de ses hypermarchés passant par une indifférence progressive de l’entreprise dans les rayons non alimentaires, déficitaires.