Grève des contrôleurs aériens : peu ou pas de vols à Lyon, Montpellier et d’autres aéroports du sud de la France, mardi

Il y aura peu, voire pas, de vols mardi à Lyon-Saint-Exupéry, Montpellier, Nîmes ou encore Perpignan, résultat d’un appel à la grève de contrôleurs aériens mécontents de l’état des négociations sur l’organisation de leur travail. Ce « préavis de grève local », « déposé par l’organisation syndicale majoritaire représentative des contrôleurs aériens », concerne les services de navigation aérienne de Lyon, Ajaccio et Montpellier, a souligné dans un communiqué, lundi 16 décembre, la direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Dans le détail, la DGAC a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à 60 % de leurs vols au départ ou à l’arrivée de Lyon-Saint-Exupéry, le cinquième aéroport français pour le nombre de passagers en 2023, de 6 heures à 23 heures, a-t-elle détaillé. La situation s’annonce encore plus difficile pour les voyageurs à Montpellier, Nîmes et Perpignan, où « les services de navigation aérienne seront fermés du mardi 17 décembre 7 heures au mercredi 18 décembre 6 h 45 », entraînant l’annulation des vols au départ et à l’arrivée de ces aéroports.

C’est en effet le centre de navigation de Montpellier qui gère l’approche de Nîmes et de Perpignan. Il est néanmoins possible que des vols prévus avant 7 heures mardi soient maintenus, a-t-on appris de source proche de l’administration. En outre, à Ajaccio, « des retards seront attendus toute la journée », selon la DGAC.

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Les passagers invités à reporter leur voyage

En demandant aux compagnies de renoncer à tout ou partie de leurs programmes de vols, la DGAC veut « limiter les perturbations du trafic » et éviter des annulations forcées, une fois les passagers déjà dans les aéroports. Il s’agit de mettre en adéquation le nombre d’aiguilleurs du ciel disponibles et les flux d’avions à gérer. L’administration a invité lundi « les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s’informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l’état de leur vol ».

L’appel à la grève a été lancé par le principal syndicat de contrôleurs aériens français, le SNCTA, le 8 décembre, sur fond de difficiles « négociations sur l’organisation du travail », selon l’organisation. Dans un communiqué, la direction du SNCTA a dit « condamne[r] fermement l’arrêt brutal des négociations concernant l’organisation du travail des organismes d’Ajaccio, de Lyon et de Montpellier pour 2025 ».

« Oubliant respect et dialogue social », l’administration « choisit la rupture et prive de visibilité les contrôleurs aériens de ces centres de contrôle », a-t-elle affirmé, prévenant que « le management pratiqué depuis des mois et dénoncé à plusieurs reprises doit cesser immédiatement », et menaçant à défaut de « mobiliser plus largement la profession ».

Le Monde avec AFP

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Dans le peloton européen, les fragilités françaises

Une agence France Travail, à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), le 23 avril 2024.

Deuxième économie de la zone euro, la France est naturellement embarquée dans la tectonique des plaques qui éloigne irrésistiblement la vieille Europe de la conquérante Amérique. Mais dans cette dérive, elle ne figure pas, en tout cas sur le strict plan des performances économiques, parmi les grands perdants.

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« Il y a quelques années, la France allait mieux que l’Italie, mais moins bien que l’Allemagne, rappelle Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Maintenant elle va mieux que l’Allemagne, mais moins bien que l’Italie. Au final, sur la période récente, la France est toujours restée dans une position médiane. » Les chiffres en attestent : depuis fin 2019, le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a crû de 11,5 %. Dans le même temps, la zone euro se contente de 4,6 % et la France de 4 %, quasiment dans la médiane. L’Allemagne, elle, patine (+ 0,1 %) tandis que l’Italie affiche une progression de 5,6 % et que l’Espagne fait encore mieux (+ 6,6 %).

En fait, le décrochage français en matière de croissance serait plutôt à venir. « Le point faible de la France réside dans son déficit qui atteint 6,1 % du PIB, lorsque c’est plutôt 3 % chez nos voisins », souligne Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévisions à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

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Les dédicaces d’écrivains en supermarché : « Il y a des auteurs qui se débrouillent très bien entre les rillettes et les lessives »

Dominique Théard, écrivaine de 69 ans, dédicace ses ouvrages dans le rayon culture du supermarché Hyper U de Mûrs-Erigné (Maine-et-Loire), le 19 octobre 2024.

Des meubles ou des livres, c’est à peu près la même chose. Il y a aussi des chrysanthèmes à 13,98 euros (le troisième offert) et des pizzas à 2,79 euros. Tout ça, Dominique le sait. A 69 ans, cette retraitée aux cheveux teints en blond a plusieurs vies à son actif : secrétaire de mairie, auxiliaire de vie, vendeuse de meubles et… romancière. « Mes expériences professionnelles font que je n’ai pas peur d’aborder les personnes », reconnaît-elle, un foulard bleu noué par-dessus sa tenue noire.

Pour égayer cette table posée dans une allée de l’Hyper U de Mûrs-Erigné, au sud d’Angers (Maine-et-Loire), on lui a prêté une plante en plastique. Une bâche publicitaire rappelle la nature de l’événement pour lequel elle a fait une heure de route depuis Cholet sans être défrayée : « Samedi 19 octobre, de 10 heures à 16 heures, Dominique Théard dans votre Espace U culture. » Dehors, sous un ciel dont on se moque sous les lumières artificielles de l’entrepôt, les coffres se chargent des courses du jour.

« Ça doit faire deux ans que je tourne dans les Hyper U et les Leclerc. Les Inter’ et les Carrefour, ils m’ont dit qu’ils ne faisaient pas ça. Et je ne fais pas les librairies, je n’ai jamais de réponse », détaille l’autrice auprès d’Etienne Prat, l’employé chargé des dédicaces. La conversation est entrecoupée par le passage d’une shampouineuse, un message publicitaire ou le bruit de ferraille des chariots.

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« Il n’est pas souhaitable d’aller au-delà de la revalorisation du smic intervenue en novembre »

L’emploi en France a fortement ralenti fin 2024, et l’incertitude autour de l’ampleur et la nature de l’ajustement budgétaire en 2025 ne devrait pas favoriser une reprise rapide du marché du travail. Dans cette conjoncture délicate, qui s’accompagne également de la fin de l’épisode inflationniste, le groupe d’experts que nous formons recommande de s’en tenir à la revalorisation anticipée de 2 % du smic intervenue au 1er novembre 2024, et de ne pas aller au-delà le 1er janvier 2025.

Il faut rappeler que, depuis fin 2020, le smic a augmenté de 17 %, un peu plus que l’inflation (15 %), protégeant ainsi efficacement le pouvoir d’achat des salariés concernés. Il représente désormais 62 % du salaire médian, la France étant un des seuls pays, avec le Portugal et la Slovénie, à dépasser le seuil de 60 % recommandé par l’Union européenne. Le salaire de base de l’ensemble des salariés n’a, quant à lui, progressé que de 12 %, car les négociations salariales sont allées moins vite que le rythme imposé par la formule d’indexation du smic.

Cette formule prévoit que le smic soit revalorisé chaque année de l’inflation (calculée pour les 20 % des ménages les moins aisés), mais aussi de la moitié des gains de pouvoir d’achat de l’ensemble des ouvriers et des employés.

De surcroît, dès que l’inflation, depuis la dernière hausse du smic, dépasse 2 %, une revalorisation immédiate s’impose. Le smic a ainsi été relevé neuf fois depuis la fin 2020.

Un mouvement de détente

Pour l’année 2024, cette même formule aboutit à une hausse de 1,97 %, dont 1 % au titre de l’inflation et 0,97 % au titre du pouvoir d’achat – une première depuis 2021. Cette revalorisation est en principe applicable au 1er janvier 2025, mais on doit déduire les hausses intervenues en cours d’année. Or, le smic a été augmenté de 2 % au 1er novembre « par anticipation ». Donc il n’y aura pas de hausse supplémentaire au 1er janvier en l’absence de coup de pouce.

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Lorsque le smic progresse plus vite que les autres salaires, comme cela a été le cas ces dernières années, l’échelle des salaires se compresse. De nombreux salariés sont « rattrapés » par le smic, et les perspectives de progression salariale se réduisent, ce qui nourrit un sentiment de déclassement.

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Frédéric Duval, DG d’Amazon : « Il n’y aura ni marché ni économie du livre s’il n’y a plus suffisamment de lecteurs »

Il faut choisir ses combats. On peut se complaire dans la critique caricaturale d’Amazon, une entreprise qui a créé plus d’emplois en France qu’aucune autre depuis 2010, soutient l’activité de plus de 16 000 PME tricolores et figure dans le top 100 des plus gros contributeurs fiscaux en France. Mais attention à ne pas se perdre dans les postures, à l’image d’une récente tribune publiée dans ces colonnes.

A la plume, une grande enseigne spécialisée dans la distribution de biens culturels bien connue des Français et deux associations professionnelles qui cherchent à défendre – c’est louable – les intérêts de leurs adhérents. Mais le grand absent de cette tribune, c’est le lecteur, qui n’y est pas mentionné une seule fois. Le réquisitoire : Amazon a annoncé début novembre la livraison gratuite de livres dans 2 500 points de retrait situés dans des commerces qui vendent des livres.

Cette initiative conforme à la réglementation en vigueur préserve le pouvoir d’achat des lecteurs en leur permettant d’éviter de payer les frais de port obligatoires de 3 euros [en vertu de la loi dite « Darcos », promulguée le 30 décembre 2021] introduits en octobre 2023 pour la livraison à domicile. Grâce à elle, les livres ne coûteront pas plus cher aux habitants des régions rurales qu’à ceux du Quartier latin à Paris.

Les inégalités d’accès aux produits culturels

Cette initiative en faveur de la lecture est dénoncée par certains professionnels, qui semblent estimer qu’il existe des règles juridiques dans notre pays qui devraient s’appliquer aux uns, mais pas aux autres. Drôle de conception de la règle de droit et de l’intérêt des Français. Car rappelons-le : le retrait gratuit de livres est une pratique déjà répandue chez de nombreuses enseignes comme la Fnac, Cultura ou E. Leclerc, sans que personne n’ait eu à s’en émouvoir jusqu’à présent.

Ce deux poids, deux mesures ne serait pas si grave, s’il n’amenait les signataires de ce texte à détourner le regard et le débat des vrais enjeux. Qui pour s’émouvoir des inégalités d’accès aux produits culturels en dehors des grandes villes ? Qui pour regretter que des millions de Français sacrifient leurs achats culturels pour faire face à l’inflation ? Qui pour réfléchir aux moyens de soutenir les libraires tout en favorisant l’accès aux livres des Français ?

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« Il devient urgent de repenser ce que signifie “travailler ensemble” à l’ère des échanges avec des entités artificielles »

Des voix se font de plus en plus entendre en faveur d’un retour à davantage de travail en présentiel, après la vague de télétravail engendrée par la pandémie de Covid-19. On pense à Amazon, qui a récemment imposé à ses troupes de revenir au bureau, ou encore à Ubisoft, qui réclame désormais trois jours de présence hebdomadaire.

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Cette demande de présentéisme apparaît pourtant comme un combat d’arrière-garde au moment où l’usage de l’intelligence artificielle (IA) générative se diffuse dans les entreprises, allant jusqu’à remettre en cause l’utilité même des relations entre les salariés.

Une étude récente menée par des chercheurs de l’université Stanford en Californie révèle ainsi que des téléopérateurs récemment embauchés préfèrent interroger des agents conversationnels lorsqu’ils ont une question à poser, plutôt que de solliciter l’aide de leurs collègues expérimentés.

L’adoption croissante d’outils reposant sur l’IA, tels que ChatGPT, Claude.ai ou GitHub Copilot transforme à la fois nos façons individuelles de travailler et les relations au sein des organisations, en particulier dans des secteurs comme le conseil, le droit ou les services numériques, tout ce que l’on nomme l’« économie de la connaissance ». Une telle transformation pose des risques de dégradation des rapports sociaux et de liens au collectif au moins aussi importants que ceux générés par le télétravail.

Préservation des rituels

En utilisant ces outils, on vit ce que le philosophe Jean Baudrillard (1929-2007) appellerait une simulation de dialogue (Simulacres et simulation, Gallimard, 1981). Une illusion d’une relation interpersonnelle qui s’adapterait parfaitement à nos préférences grâce à une succession de calculs de probabilité. Bien qu’elles ne reproduisent pas encore le langage non verbal (gestes, sourires, regards et autres micro-expressions), ces technologies parviennent à générer une forme de présence – et même d’amour – qui peut nous faire oublier leur nature artificielle.

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Réparateurs d’électroménager : « On a besoin de revaloriser ce métier dont on a une fausse image »

Jean Carlos (au centre) et Franck travaillent à la rénovation d’une machine à laver au sein du « banc de production ». Ils changent le tambour de celle-ci. A Bobigny, le 29 octobre 2024.

Sur le tableau blanc, le schéma d’une machine. Le formateur indique une petite pièce aux élèves concentrés : « Sur ce modèle de lave-vaisselle, il y a un électro-aimant en plus sur le répartiteur. Il y a ici un joint qui fuit très souvent, y a juste à le remplacer. »

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Un détail qui pourra faire la différence, quand ces futurs réparateurs et réparatrices d’électroménager se retrouveront dans votre cuisine, à genoux devant votre machine en panne. Ils sont onze, âgés de 21 à 59 ans, tous en reconversion, à avoir rejoint dans ce grand entrepôt de Bobigny la seizième promotion de la « Murfy Académie » lancée par l’entreprise de réparation d’électroménager en 2021 pour former des « techniciens en réemploi réparation et revalorisation d’appareils de gros électroménager ». D’autres ont depuis vu le jour à Nantes, Lyon, Bordeaux, Metz, Marseille, et un centre a ouvert cet automne à Nanterre. D’abord pour répondre à une pénurie.

« Quand on s’est lancés en 2018, on ne parvenait pas à recruter, pour la bonne raison que les profils que l’on recherchait n’existaient pas, explique Aurélie Fircowicz, directrice associée chez Murfy, qui compte aujourd’hui 250 réparateurs pour 350 salariés. On voulait des gens capables de comprendre, de A à Z, 8 000 références d’électroménager et de faire de la réparation hors garantie. Mais cette activité, pourtant extrêmement utile, a été complètement délaissée. »

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Négociations annuelles obligatoires 2025 : des augmentations de salaire inférieures à celles de 2024, selon une enquête du Groupe Alpha

+ 1,32 %, c’est la moyenne des augmentations générales et individuelles de salaire toutes catégories confondues que peuvent espérer les salariés en 2025, si l’on tient compte des entreprises qui n’accorderont rien d’autre en 2025 que « des primes et des éléments périphériques », révèle le Groupe Alpha, spécialiste des relations sociales et des conditions de travail, dans une étude « flash » publiée le 5 décembre.

Ce cabinet de conseil proche de la CGT a passé au crible 108 accords signés dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) entre le 1er septembre et le 6 novembre, dont 46 ont des budgets d’augmentation nuls, soit 42,6 % contre 23 % en 2023.

Le ralentissement de l’inflation, la dégradation de la conjoncture ont incité les employeurs à accorder moins de hausses salariales que l’an dernier, explique le cabinet de conseil. En moyenne, « pour toutes ces catégories, les augmentations accordées pour l’an prochain sont en deçà des prévisions d’inflation en 2025 [annoncée à 1,5 % par la Banque de France], ce qui laisse augurer une érosion du pouvoir d’achat », remarque Alice Rustique, chargée d’études au Groupe Alpha. Par catégorie, le 1,32 % correspond à une hausse de 1,38 % pour les ouvriers et les employés, 1,34 % pour les professions intermédiaires et 1,23 % pour les cadres et les ingénieurs qui perçoivent des rémunérations plus élevées.

Une France à deux vitesses

Mais ce 1,32 % est aussi une moyenne tirée vers le bas par la part croissante d’entreprises qui n’accordent que des primes ou autres éléments périphériques. En réalité, pour les salariés qui travaillent dans les entreprises qui augmenteront le salaire de base en 2025, la moyenne grimpe à 2,33 % toutes catégories professionnelles confondues, ce qui implique un gain de pouvoir d’achat.

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« Même en période de désinflation, les employeurs veillent à maintenir une part d’augmentation collective », relève le cabinet. Ce 2,33 % procède en effet essentiellement d’augmentations générales. Elles concernent davantage les non-cadres (77,4 %) que les cadres (66,5 %). Leur montant moyen régresse par rapport à celui de 2024, et il est inférieur à celui des augmentations individuelles. « La logique de maintien du pouvoir d’achat recule au profit d’une logique de rémunération de la performance », commente le cabinet de conseil.

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Grèves du 12 décembre : des mobilisations clairsemées pour l’emploi et l’industrie un peu partout en France

De Marseille à Rennes, en passant par Paris : près de 120 rassemblements et manifestations « pour l’emploi et l’industrie » ont eu lieu en France, jeudi 12 décembre à l’appel de la Confédération générale du travail (CGT), rejointe par Solidaires et la Fédération syndicale unitaire (FSU), en réponse à une vague de plans sociaux. Selon le bilan des autorités, 15 000 personnes ont participé aux 116 actions menées. Ils étaient 1 400 à Nantes, 520 à Rennes, 460 au Mans et 350 à Lyon, par exemple. A Paris, le cortège qui s’est dispersé sans incident, a rassemblé 1 400 participants au plus fort, selon les mêmes sources.

Les rassemblements ont été initiés alors que les annonces de plans sociaux se succèdent dans les grandes entreprises (Auchan, Michelin, Vencorex, PPG…), chez des sous-traitants ou petites structures, visant de nombreux secteurs (métallurgie, commerce, secteur public et associatif, banques et assurances, chimie…) un peu partout sur le territoire français.

La CGT avait dénombré, le 27 novembre, 286 plans sociaux. Elle en recense désormais 300, avec environ 300 000 emplois menacés ou supprimés, reprenant les données du cabinet Altares.

« Des urgences sociales, il y en a partout dans le pays », a déploré Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, depuis l’usine des Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan) où « 400 emplois sont en jeu ». La leader, qui dénonce une nouvelle fois « cette saignée industrielle », a ensuite imploré la nomination d’« un premier ministre qui réponde aux urgences sociales », alors que le nom d’un nouveau locataire à Matignon se fait attendre.

Outre la centaine de mobilisations qu’elle a initiées dans près de 80 départements, la centrale de Montreuil a encouragé, dès fin novembre, « les salariés à se mettre en grève et occuper leurs usines pour empêcher les licenciements ». Mais l’appel semble avoir été peu entendu par les salariés. « C’est compliqué de se mobiliser lorsqu’on sait qu’on n’a pas d’interlocuteurs en face », juge une source syndicale, sous couvert d’anonymat.

Contrairement à la grève lancée par l’ensemble des organisations syndicales la semaine dernière dans la fonction publique, cette fois l’intersyndicale n’a pas pris position, divisée sur les stratégies à adopter, fragilisant un peu plus l’ampleur de la mobilisation. Seuls Solidaires et la FSU ont ainsi rejoint le mouvement.

Alerte sociale au futur gouvernement

En attendant la nomination d’un nouveau premier ministre, la CGT veut néanmoins maintenir la pression, en forme d’alerte sociale au futur gouvernement. « Le mois de décembre s’annonce rouge, et ce n’est pas le rouge du Père Noël », a promis Sophie Binet.

Force ouvrière a, de son côté, apporté son soutien à « toutes les initiatives et mobilisations déjà décidées » par ses troupes localement.

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Côté rail, le trafic était « normal » pour tous les TGV, mais de légères perturbations ont touché les trains régionaux « avec en moyenne nationale huit trains sur dix ». En Ile-de-France, les lignes les plus perturbées étaient le RER D (un train sur trois en moyenne) et la ligne R du Transilien (un train sur cinq).

Dans la branche électrique et gazière, la grève est reconduite chez GRT Gaz dont les salariés s’étaient déjà fortement mobilisés il y a une semaine.

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Le Monde avec AFP

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Pascal Lokiec, professeur de droit social : « Il faut réhabiliter le salariat en donnant plus d’autonomie aux travailleurs »

Professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et auteur de Salariés, libres… Et heureux ? (Odile Jacob), Pascal Lokiec estime nécessaire que les salariés bénéficient d’une « autonomie émancipatrice », offrant des leviers d’action sur l’organisation de leur quotidien professionnel, mais aussi sur le contenu du travail et la stratégie de l’entreprise.

Vous soulignez dans votre ouvrage l’intérêt croissant des travailleurs, notamment de la jeune génération, pour le travail indépendant. Qu’est-ce qui explique cet attrait ?

Pascal Lokiec : Ils aspirent avant tout à une plus grande autonomie et à davantage de liberté. On le voit effectivement en particulier parmi les plus jeunes : ils souhaitent organiser comme ils l’entendent leur temps de travail – ce qui fait écho à l’importance qu’ils accordent à leur vie personnelle. Cela les incite à rejeter le salariat qui ne répond pas à leurs yeux à cette quête d’autonomie. En conséquence, beaucoup d’entre eux disent leur attirance pour le modèle du travailleur indépendant.

Vous appelez justement à considérer ce modèle de l’indépendance avec prudence. Pourquoi ?

Il faut avoir à l’esprit que ce qui est parfois décrit comme le « nouveau monde », comme la voie la plus sûre vers l’autonomie, implique d’importantes prises de risque. Il faut y être prêt, avoir une capacité psychologique à assumer l’incertitude. Lorsque vous êtes travailleur indépendant, vous n’avez aucune garantie d’avoir une rémunération à la fin du mois. Vous n’avez par ailleurs pas de limite à votre temps de travail – les indépendants travaillent d’ailleurs en moyenne bien plus que les salariés. De même, vous n’aurez pas de congés payés. Enfin, le déficit de protection sociale est patent.

Pour autant, vous estimez que le salariat peine à séduire ces jeunes générations…

Elles considèrent que la notion de subordination est incompatible avec une autonomie qu’elles appellent de leurs vœux. Cette notion induit à leurs yeux un rapport de pouvoir et un assujettissement. Nous savons que le lien de subordination implique tout à la fois la direction, le contrôle et l’éventuelle sanction.

Or cette vision avait déjà cours au début du XXe siècle et paraît s’opposer à la capacité d’initiative du salarié. Les générations passées pouvaient peut-être l’accepter. Ce n’est pas le cas des nouveaux arrivants sur le marché du travail. Cette subordination est devenue, pour eux, un repoussoir.

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