Brexit et Covid-19 provoquent l’exode des expatriés européens du Royaume-Uni
LETTRE DE LONDRES
Il ne s’agit que d’un billet de blog et ses conclusions restent à vérifier plus amplement, mais il a quand même fait sensation ces derniers jours au Royaume-Uni car il corrobore un sentiment diffus : les expatriés résidant dans le pays l’ont quitté en masse sous l’effet conjugué du Brexit et de la pandémie. Le très sérieux Financial Times en a tiré deux articles, titrant le premier « L’exode des non-natifs du Royaume-Uni ».
A en croire donc l’article daté du 14 janvier paru sur le site de l’Economic Statistics Center of Excellence (un centre de recherche satellite de l’ONS, l’Office national des statistiques britannique), jusqu’à 1,3 million de personnes nées à l’étranger et vivant au Royaume-Uni auraient quitté le pays entre l’été 2019 et l’été 2020. Ils seraient 700 000 rien qu’à Londres, qui aurait donc perdu 8 % de sa population en un an ! Il s’agirait de la plus forte chute depuis la seconde guerre mondiale, soulignent les auteurs de l’étude, les statisticiens Michael O’Connor et Jonathan Portes.
Perte d’emploi
La capitale britannique, tant réputée pour son cosmopolitisme, ses emplois faciles à décrocher et son ouverture d’esprit, n’attirerait donc plus les jeunes actifs ?
Il faut dire que, comme d’autres métropoles en confinement, elle a perdu beaucoup de son charme. La vie avait un peu repris à l’été 2020, mais la plupart des pubs, bars et restaurants ont refermé en novembre, lors du deuxième confinement et n’ont pas rouvert depuis (un troisième confinement a été décrété début janvier). Buckingham Palace a été déserté par la famille royale, Oxford Street est vide, les théâtres de West End n’ont plus levé le rideau depuis presque un an… Seuls les parcs sont pleins – et encore, surtout le week-end.
« C’est clair qu’on est à un point bas. La City est complètement morte. J’étais à Covent Garden, il y a quelques jours, ça pouvait encore aller : au moins, il y avait des food-trucks. Le bon côté, c’est qu’on peut se promener comme jamais, la ville est à nous, on peut y faire du vélo, c’est super », témoigne Fabrice Boraschi, installé dans la capitale britannique depuis 2006.
Le Français travaille à la City pour une banque européenne. Comme la plupart des employés des grandes sociétés, il œuvre de chez lui depuis mars 2020 et ça lui pèse, comme tant d’autres, surtout depuis la fermeture des écoles, en janvier. « Deux enfants à la maison, comme des lions en cage quand vient le soir, ce n’est pas simple. » Pas question de partir cependant pour M. Boraschi.
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