« Avec l’inflation, ceux qui sont juste au-dessus se retrouvent rattrapés, voire dépassés par le smic, générant un sentiment de déclassement »

« Avec l’inflation, ceux qui sont juste au-dessus se retrouvent rattrapés, voire dépassés par le smic, générant un sentiment de déclassement »

Soixante-dix huit francs de l’heure. C’était le niveau, en anciens francs du premier salaire minimum interprofessionnel garanti, le SMIG, instauré au sortir de la guerre en 1950. On travaillait 45 heures par semaine, et il s’agissait de lutter contre la pauvreté et de relancer la consommation. L’objectif reste le même. La France est le pays d’Europe où le salaire minimum, touché par 13 % des Français, se rapproche le plus du salaire médian (50 % des salariés au-dessus).

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La revalorisation régulière a accéléré cette convergence. Avec les retraites, le smic est le seul revenu indexé sur l’inflation. Sa revalorisation, au minimum annuelle, est fonction de l’évolution de l’indice des prix et du pouvoir d’achat. De ce fait, le smic est un totem. Rares sont les candidats à la présidentielle à ne pas promettre un généreux coup de pouce.

Peu de marge

L’accélération soudaine de l’inflation vient singulièrement compliquer cette architecture. Depuis octobre, il a été augmenté de plus de 5 % en cumulé. Ce qui engendre deux effets collatéraux compliqués. Du fait de son taux élevé, la hiérarchie des salaires s’est progressivement écrasée à ses alentours. Désormais presque 7,6 millions de Français, soit un tiers des salariés, gagnent jusqu’à 1,3 smic. Ceux qui sont juste au-dessus se retrouvent rattrapés, voire dépassés par le smic, générant un sentiment de déclassement.

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Charge à eux, bien sûr, de se retourner vers leurs employeurs pour tenter de se rattraper. Bien peu y parviennent, et, c’est l’autre effet collatéral du dispositif, les employeurs ont bien souvent trop peu de marge pour augmenter les salaires. En effet, depuis vingt ans, les bas salaires ont massivement migré vers les métiers de services non automatisables ni délocalisables. La restauration et les services à la personne représentent la majorité des smicards. Des professions à la rentabilité et aux salaires plus faibles que dans les autres services ou l’industrie. La solution d’une augmentation générale par des accords de branche est possible, mais elle conduirait à repasser le mistigri de l’inflation au consommateur, ce qui ralentirait l’économie très dépendante de la consommation. Le piège de l’inflation est en train de se refermer.

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LJD

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