Avec la fabrication de respirateurs, PSA expérimente la production intensive au temps du coronavirus
BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »
ReportageLe groupe automobile utilise la fabrication exceptionnelle de respirateurs artificiels afin de préparer la future reprise du travail de son usine de Poissy, dans les Yvelines.
Difficile de ne pas les voir. Des flèches au sol à la peinture blanche flambant neuve, des bureaux marqués d’une croix pour dire « ne vous asseyez pas là », et, partout, comme un fleurissement d’affichettes colorées qui martèlent les consignes tous les deux mètres : « masques et lunettes obligatoires », « deux personnes maxi dans les toilettes », « jetez vos masques dans les poubelles spéciales », « une seule personne dans l’escalier à la fois »…
Nous voici à l’atelier Osiris, îlot d’activité dans l’immense usine PSA de Poissy, dans les Yvelines, à l’arrêt depuis le 17 mars, avec ses parkings vides et ses bâtiments étrangement silencieux. Un ovni, cet atelier Osiris. Le constructeur automobile l’a monté en quelques jours pour fabriquer de manière industrielle les respirateurs médicaux du modèle Osiris, conçus par Air Liquide, mais qui n’étaient fabriqués qu’au rythme d’une centaine par an, alors que les hôpitaux débordés par l’épidémie due au coronavirus en manquaient cruellement.
Un ovni et un laboratoire. Car en plus de s’improviser fabricant industriel de matériel médical, PSA y expérimente la production intensive au temps du Covid-19. Un double défi : adapter les méthodes tayloristes de l’usine automobile à la fabrication d’un objet de santé et faire travailler une centaine d’ouvriers et d’encadrants dans un espace somme toute réduit, de vingt mètres sur cinquante, sans compter les bureaux de la direction. Une vraie petite ruche, où les opérateurs se côtoient à moins d’un mètre, et où pièces, cartons, boîtes passent de main en main en permanence.
« Ils sont fiers »
A Poissy, PSA ne fabrique pas le respirateur proprement dit, mais son cœur mécanique (la pièce majeure de l’appareil). « Il a fallu pour cela former les personnels, en particulier à la manipulation de toutes petites pièces », explique Marc Futeul, ingénieur en organisation, qui a dirigé la conception productive de l’atelier. « Ce n’est vraiment pas le même travail, confirme Marie-Ange, attelée au vissage d’un écrou minuscule. D’habitude, je fabrique des côtés de caisse qu’on ne peut manipuler qu’avec un robot. »
« Tous les gens ici sont volontaires, précise Franck Guérin, le responsable de l’atelier et délégué syndical FO sur le site de Poissy. Et je peux vous dire qu’ils sont fiers de participer, certains d’autant plus que leur conjoint travaille à l’hôpital. » C’est aussi lui qui fait appliquer le nouveau protocole qui vient d’être audité et validé : prise de température pour toute personne accédant à l’usine, parcours fléché empêchant ceux qui entrent de croiser ceux qui sortent, produits désinfectant sur les tables pour nettoyer quand on s’y installe…
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