Aux urgences, la crainte du manque de personnels soignants durant l’été
Une enquête de l’ARS d’Ile-de-France révèle que les démissions de médecins urgentistes dans les hôpitaux publics de la région ont très fortement augmenté en 2018.
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L’été s’annonce de nouveau particulièrement tendu dans de nombreux services d’accueil des urgences (SAU). En plein épisode de canicule et à quelques jours d’une nouvelle manifestation nationale des infirmiers et des aides-soignants en grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, le 2 juillet, à Paris, une « enquête flash » menée par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France montre à quel point ces services fonctionnent en sous-effectif. Au 20 juin, dans les SAU des huit départements franciliens, de 458 à 728 plages médicales de douze heures n’étaient toujours pas pourvues pour juillet et de 567 à 892 ne l’étaient pas pour août.
Ces résultats, établis à partir des réponses de la grande majorité des 92 services d’urgence franciliens (86 % ont répondu à l’enquête), sont du même ordre que ceux obtenus lors de la précédente édition, il y a un an ; à la même époque en juin, 531 plages n’étaient pas pourvues pour juillet et 711 pour août.
« La situation n’est pas plus inquiétante qu’il y a un an mais ce n’est pas pour autant qu’il faut s’en satisfaire, il va falloir trouver des solutions », explique Didier Jaffre, le directeur de l’offre de soins de l’ARS, qui assure « tout faire pour ne pas avoir à fermer de ligne de service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) » cet été.
Tous les hôpitaux ne sont pas touchés de la même façon par le manque de personnel soignant : en Ile-de-France, 41 % d’entre eux se disent concernés par une carence de médecins en juillet et 48 % en août. A l’origine de ces difficultés : un manque structurel de praticiens, qui s’aggrave pendant l’été, une période pendant laquelle les titulaires prennent leurs congés.
Démissions et recrutements
Fait marquant de cette troisième édition de l’enquête : la forte accélération du nombre de démissions de médecins urgentistes dans les établissements publics, avec 119 départs en 2018 (dont 46 dans les seuls hôpitaux de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP), contre 73 en 2017 et 43 en 2015.
« Certains partent en province, certains abandonnent la médecine d’urgence et d’autres enfin prennent une activité d’intérim à 1 500-1 700 euros les vingt-quatre heures ou vont travailler dans le privé », constate Mathias Wargon, le chef des urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Notre système d’information ne permet pas de dire où ils sont allés », note M. Jaffre.