Aux Etats-Unis, la double peine des titulaires de visas technologiques H1B

Aux Etats-Unis, la double peine des titulaires de visas technologiques H1B

Leo Wang, dont les jours aux Etats-Unis sont comptés après un refus de visa H1B, fait ses valises à son domicile de San José (Californie), le 4 février 2019.

En janvier, Haoning Zhang, 33 ans, a fait partie de la fournée de licenciements annoncée par Google. Deux mois plus tard, après son préavis, le jeune ingénieur, d’origine chinoise, quittait les bureaux du moteur de recherche à Irvine (Californie), où il était employé depuis huit mois. Depuis, il s’est donné deux missions : retrouver un travail et surtout un visa.

Sur le front de l’emploi, les temps sont difficiles. Le marché n’est plus aussi favorable aux salariés. « Les sociétés placent la barre beaucoup plus haut », explique-t-il. Les recruteurs soumettent aux candidats des tests de programmation. Le réseau professionnel LinkedIn regorge de profils de codeurs barrés de la mention : « Open to work » (prêt à travailler).

En matière de visa, la situation est compliquée. Haoning Zhang se trouve aux Etats-Unis avec un visa « technologique », dit H1B, valable trois ans. Inconvénient : ledit visa est attaché à l’emploi. S’ils perdent leur travail, ses bénéficiaires ont soixante jours pour quitter le pays, quelle que soit leur situation familiale.

Cinq mois après l’annonce de son licenciement, le jeune ingénieur garde espoir. Il a recruté un avocat spécialiste de l’immigration qui lui a déjà permis d’obtenir une prolongation de son titre de séjour. S’il ne trouve pas d’emploi rapidement, il songe à retourner à l’université, ce qui lui permettrait de postuler un visa d’étudiant. Multidiplômé en ingénierie et en informatique, il pense étudier une nouvelle discipline : le business.

Problème particulièrement aigu pour les Indiens

Comme Haoning Zhang, les employés titulaires d’un visa H1B sont doublement victimes des dégraissages postpandémie dans les entreprises technologiques. Le nombre des licenciés n’est pas connu, les sociétés ne comptabilisant pas le statut migratoire des personnels affectés. Mais les experts estiment qu’ils sont probablement plusieurs dizaines de milliers à « chercher frénétiquement des options » pour rester aux Etats-Unis, selon l’expression du site d’information Mint, établi à New Delhi. Les étrangers comptent pour 30 % de la main-d’œuvre dans la Silicon Valley.

Le visa H1B, réservé aux titulaires d’un master, est le principal programme américain de visa pour travailleurs temporaires. Près de 600 000 personnes en bénéficient actuellement. Il avait été ouvert en 1990 à un moment de pénurie de main-d’œuvre spécialisée dans des domaines comme la santé, l’éducation ou la comptabilité. Il est devenu le visa des informaticiens. Les Indiens représentent 75 % des bénéficiaires, les Chinois 9 % environ. Les PDG de Google, Sundar Pichai, et de Microsoft, et Satya Nadella, sont eux-mêmes arrivés aux Etats-Unis avec un H1B.

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LJD

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