BYD, le constructeur chinois aux folles ambitions internationales

Stella Li, vice-présidente de BYD Co., sur le circuit automobile de l’entreprise à Zhengzhou, dans la province du Henan (Chine), le 5 novembre 2025.

Dans le bus, on fait l’appel : Belgique, Croatie, France, Pays-Bas, République tchèque, Slovaquie, Slovénie… A l’énoncé du nom de leur pays, les journalistes lèvent la main. Répartis dans six ou sept véhicules, 250 médias, dont Le Monde, ont été invités, mardi 4 novembre, à Zhengzhou, la dixième ville de Chine, par le constructeur automobile BYD. Des influenceurs sont aussi de la partie. Les équipes des émissions de télé les plus prescriptrices sont particulièrement choyées.

Bienvenue dans le voyage de tous les superlatifs, destiné à impressionner les pays où la marque est encore trop peu connue aux yeux de Stella Li, vice-présidente exécutive du groupe, chargée du développement des ventes automobiles à l’international. « L’objectif que je donne à mes équipes, c’est que d’ici à un an, lorsque j’irai dans un supermarché, 100 % des gens que j’interrogerai connaîtront le nom BYD. Et qu’à la question “quelle est la meilleure technologie pour une voiture électrique ou hybride rechargeable ?”, je veux que 45 % répondent BYD », affirme-t-elle. Cette femme déterminée, épouse du fondateur, Wang Chuanfu, avec qui elle a développé l’entreprise, a une motivation forte : les ventes du groupe en Chine sont en forte baisse et la concurrence est plus rude que jamais, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

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Faut-il supprimer des postes d’enseignants pour s’adapter à la baisse du nombre d’élèves ? La question divise à l’Assemblée et au Sénat

Le ministre de l’éducation nationale, Édouard Geffray (au centre), lors de son audition par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, sur le projet de loi de finances pour 2026, à Paris, le 4 novembre 2025.

Comme lors de la discussion sur le projet de loi de finances pour 2025, le budget 2026 impose aux parlementaires de répondre à une problématique désormais cardinale pour le système éducatif : l’éducation nationale, qui accueillera, en 2029, 1 million d’élèves en moins qu’en 2019 dans le premier degré, doit-elle supprimer des postes d’enseignants pour s’adapter à ce tournant démographique, ou profiter de cette nouvelle donne pour améliorer à coût constant les failles du système scolaire français ?

Dans la copie budgétaire gouvernementale, si près de 8 000 postes de stagiaires sont créés dans le cadre de la mise en place de la réforme de la formation initiale, plus de 4 000 postes d’enseignants titulaires sont supprimés, soit autant que dans le projet initial pour 2025. Mais, alors que députés et sénateurs s’étaient inhabituellement rejoints à l’automne 2024 sur la nécessité de réduire les suppressions de postes prévues, voire de les annuler – ce fut finalement la décision du premier ministre François Bayrou en janvier –, les deux assemblées abordent en 2025 la question sur des positions divergentes, comme en témoignent les discussions et votes en commission le 29 octobre et les 4 et 5 novembre.

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La réduction des aides à l’apprentissage pénalise l’emploi salarié

Un apprenti plombier dans un atelier, au lycée professionnel Hector-Guimard, à Paris 19ᵉ, le 17 janvier 2025.

Sans grande surprise, dans un contexte d’incertitudes politiques et budgétaires, le marché du travail hexagonal poursuit son repli. Un peu plus de 60 000 emplois salariés du secteur privé ont été détruits entre juin et septembre, selon les données publiées jeudi 6 novembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Soit une baisse de 0,3 % du volume de l’emploi privé par rapport au deuxième trimestre 2025, où il était orienté, de manière inattendue, à la hausse (+ 43 300 emplois). Sur un an, ce sont 112 100 emplois qui ont été détruits, un repli de 0,5 % par rapport à la même période précédente.

Ce repli du troisième trimestre, attendu, succède à quasiment quatre années de hausse ininterrompue du nombre d’emplois salariés. Après la pandémie de Covid-19, en effet, les entreprises ont massivement recruté pour faire face à la reprise de l’activité. Le boom de l’apprentissage a également nourri l’essor du marché du travail : la création d’une aide exceptionnelle et non ciblée dans le cadre du plan de relance de 2020 a permis, selon les calculs de Bruno Coquet, chercheur associé à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de créer 458 000 emplois, « dont 252 00 n’auraient pas existé sans elle ». Fin 2023, la France comptait plus d’1 million d’apprentis, plus du double que fin 2017.

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Conférence sur le travail et les retraites : le coup de semonce du Medef

Le ministre du travail, Jean-Pierre Farandou, lors de la réunion d’ouverture de la conférence sur le travail et les retraites, au ministère du travail, à Paris, le 4 novembre 2025.

Plus les semaines passent, plus le Medef est de méchante humeur, au point même de renvoyer le pouvoir en place dans ses buts. Mardi 4 novembre, la principale organisation d’employeurs a annoncé qu’elle ne participerait pas à la conférence sur le travail et les retraites qui avait été proposée, le 14 octobre, par le chef du gouvernement, Sébastien Lecornu. La première raison invoquée par le président du mouvement patronal, Patrick Martin, pour justifier un tel choix est le « délire fiscal à l’Assemblée nationale ». Une allusion aux mesures alourdissant les prélèvements obligatoires qui ont été adoptées durant les débats sur le projet de loi de finances pour 2026. Le fait que cet acteur-clé de la sphère du paritarisme agisse ainsi constitue un petit événement, car il pratique très rarement la politique de la chaise vide.

Cette défection a été officialisée lors de la réunion qui a eu lieu, mardi matin, à l’invitation du ministre du travail, Jean-Pierre Farandou, pour lancer la conférence en question. A l’issue du rendez-vous, où étaient présents les partenaires sociaux – sauf la CGT, pour des raisons d’agenda – et le ministre délégué à la fonction publique, David Amiel, les deux représentants du Medef, Hubert Mongon et Diane Milleron-Deperrois, ont refusé de répondre aux questions des journalistes, s’engouffrant – la mine embarrassée – dans une voiture qui les attendait face au 14, avenue Duquesne à Paris, le siège provisoire du ministère du travail.

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BTP : les bénéfices des grands groupes masquent une difficile sortie de crise

Sur un chantier de construction à Béziers (Hérault), le 16 octobre 2025.

Le contexte international est incertain, « l’environnement macroéconomique instable », mais cela n’empêche pas le groupe Bouygues, géant du BTP, de l’énergie et des télécoms, d’afficher « des résultats solides » (41,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur un an). Et ce notamment grâce aux métiers de la construction, a annoncé Pascal Grangé, le directeur général délégué, lors de la présentation, mercredi 5 novembre, des résultats des neuf premiers mois de 2025.

Le profit opérationnel des activités de construction (591 millions d’euros depuis le début de l’année) est en hausse de 24 % sur un an. A noter, l’annonce par le Royaume-Uni, la veille, du bouclage du financement de deux EPR, ces réacteurs nucléaires de nouvelle génération, pour la centrale de Sizewell C. Les travaux de génie civil doivent assurer un montant cumulé d’environ 3 milliards de livres sterling (3,3 milliards d’euros) pour Bouygues Construction.

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En France, les immigrés gagnent 28 % de moins que les natifs à leur arrivée sur le marché du travail, selon l’OCDE

Lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, les étrangers sont nettement moins bien payés que les travailleurs (de même âge et de même sexe) nés dans le pays d’accueil. Mais leur situation s’améliore au fil du temps, grâce notamment à leur mobilité vers d’autres entreprises. C’est l’un des enseignements d’une étude publiée lundi 3 novembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette dernière a pu mesurer les écarts de salaire mensuel dans une quinzaine de pays, dont la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne et les Etats-Unis. L’organisation s’est plongée, pour cela, dans des données portant sur plus de sept millions de nouveaux immigrants en emploi au début des années 2000, qu’ils soient majoritairement originaires d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie ou d’Europe.

A leur arrivée dans l’emploi, les étrangers touchent ainsi en moyenne 34 % de salaire en moins que les natifs de même âge et de même sexe. Cet écart est de 28 % en France, comme au Danemark et au Portugal. Il grimpe à 45 % en Italie. Un différentiel de revenus que l’OCDE a essayé de comprendre et décomposer.

D’abord, les étrangers se concentrent dans des secteurs qui payent moins, à l’instar des services (qui comprennent la sécurité ou le nettoyage), l’hôtellerie-restauration ou encore l’agriculture. « Et à l’intérieur de ces secteurs, ils se trouvent dans des entreprises moins productives, plus petites, qui concentrent plus d’étrangers et qui rémunèrent moins », explique l’économiste Ana Damas de Matos, l’une des trois auteurs de l’étude. Elle rappelle que « de nombreux travailleurs trouvent un emploi grâce à des recommandations et à leurs réseaux informels » et que, par conséquent, les étrangers ont logiquement tendance à travailler ensemble ainsi que dans des lieux de travail « qui ne font pas de discrimination à leur égard lors de l’embauche ».

A l’arrivée, le secteur d’emploi et l’entreprise expliqueraient les deux tiers de l’écart de rémunération entre natifs et étrangers. Le désavantage subi est aussi lié au fait que les étrangers sont plus fréquemment à temps partiel, une situation qu’ils subissent souvent, notamment en France, et qu’à l’intérieur d’une même entreprise, ils occupent des emplois moins rémunérés. Mais, y compris à profession égale dans une même société, ils restent désavantagés. « Il demeure un écart qu’on ne parvient pas à expliquer, même si on peut faire l’hypothèse qu’il est lié à des questions d’ancienneté, d’expérience, de maîtrise de la langue, de niveau de formation ou encore de discriminations », poursuit Mme Damas de Matos.

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Au CHU de Caen, il n’y aura plus d’internes aux urgences à partir de lundi, faute de « médecins seniors » pour les encadrer

Le centre hospitalier universitaire de Caen, le 5 octobre 2025.

La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Au service des urgences du centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen, à compter du lundi 3 novembre, il n’y aura plus d’internes de médecine en stage (après la sixième année d’études), ni de « docteurs juniors » (en dernière année), ou d’externes (quatrième et cinquième années). Soit tous ces jeunes médecins en formation, qui apparaissent, à l’heure où l’hôpital souffre de la pénurie médicale, des plus indispensables pour maintenir l’offre de soins.

La décision apparaît exceptionnelle dans un service d’urgence d’un centre hospitalier universitaire : l’agrément de stage a été suspendu, pour six mois, par la faculté de médecine, en raison de difficultés d’encadrement. La direction du CHU l’a annoncé aux syndicats de personnel, lundi 27 octobre. Cela touchera bien les 14 postes remplis jusqu’ici par des internes de médecine générale, comme cela avait été communiqué dès septembre, mais aussi les 16 postes d’internes dits « de spécialité », c’est-à-dire en médecine d’urgence ou en gériatrie, dont le sort n’était pas encore décidé. Ces derniers ont été relocalisés, à la dernière minute, vers d’autres établissements du territoire, confirme-t-on à la faculté. Au total, en comptant les externes, le service disposera donc d’une cinquantaine de jeunes professionnels en moins.

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Les artistes-auteurs vent debout contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale

Stand de l’Urssaf Limousin, qui gère le statut d’artiste-auteur, lors du MaMA Music & Convention, à Paris, le 15 octobre 2025.

Depuis des décennies, les artistes-auteurs se battent pour leur droit à une véritable protection sociale. Vingt-huit organisations d’auteurs, traducteurs, scénaristes, artistes, illustrateurs, designers, écrivains, compositeur, photographes… ont signé une tribune dans Libération, le 23 octobre, pour demander une chose qui semble pourtant assez simple : une gouvernance digne de ce nom pour leur Sécurité sociale. Ils souhaitent en effet « la création d’un Conseil de protection sociale des artistes-auteurs, inscrit dans le code de la Sécurité sociale » et « des représentants élus par les artistes-auteurs et non désignés par le gouvernement ». Avec des missions « claires » et une « gouvernance décisionnaire transparente exclusivement composée des partenaires sociaux : syndicats et organisations professionnelles des artistes-auteurs et des diffuseurs [les exploitants des œuvres comme les galeries d’art ou les éditeurs] ».

Contrairement aux autres professions, les artistes-auteurs ne participent pas réellement au pilotage de leur protection sociale. Or l’article 5 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 qui devrait être discuté en séance publique à l’Assemblée nationale, mardi 4 novembre, prévoit le statu quo concernant cette gouvernance, ce qui explique le caractère inédit de la mobilisation des artistes-auteurs.

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« ArcelorMittal joue le rapport de force permanent » : à Dunkerque, l’aciériste en demande toujours plus

Le site d’ArcelorMittal à Dunkerque (Nord), le 19 février 2019.

La réunion aurait dû être l’occasion d’une belle photo de famille, mais elle a plutôt tourné au règlement de comptes. Le 10 octobre, le vice-président de la Commission européenne chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, a fait le déplacement à Dunkerque (Nord). Invité par le maire de la ville, Patrice Vergriete (divers gauche), il est venu vanter le plan européen pour l’acier annoncé trois jours auparavant, lors d’une rencontre avec les élus locaux et les dirigeants du sidérurgiste ArcelorMittal, acteur industriel central de la cité nordiste.

Réclamé par les aciéristes européens depuis des mois, ce plan vise à protéger la production européenne de la concurrence étrangère, notamment chinoise, en doublant à 50 % les droits de douane pour les importations sur le Vieux Continent, et en passant de 20 % à 10 % la part des importations qui y échapperont. Un dispositif salué par Eurofer, la fédération européenne de l’acier, dont ArcelorMittal est adhérent, comme « un bond en avant majeur pour le secteur ». Ces mesures, qui doivent être encore entérinées par les Etats membres de l’Union européenne (UE), offrent « une visibilité nécessaire aux entreprises pour poursuivre leurs investissements », selon le lobby.

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« Les IA ne vont pas remplacer les juristes, elles vont seulement les “augmenter” » : les formations en droit face à l’essor de l’intelligence artificielle

Ayline Bekar, 22 ans, a toujours voulu travailler dans le droit. Aujourd’hui étudiante en master 2 « justice, procès, procédures » à l’université Grenoble-Alpes, elle se souvient de son stage de 3e dans un cabinet d’avocats. « Il y avait des piles de dossiers et d’ouvrages juridiques un peu partout sur les bureaux, décrit-elle. Les avocats passaient un temps fou à chercher et à analyser des documents juridiques. »

Rien à voir avec ce qu’elle a trouvé lors de ses stages de troisième année de licence et de master, à peine dix ans plus tard. « La dématérialisation des actes juridiques s’est généralisée, raconte-t-elle. De nombreuses activités des avocats peuvent désormais être automatisées. » Une tendance qui s’est accélérée sans commune mesure ces dernières années avec l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans les métiers du droit. Ces derniers « sont en train d’évoluer profondément, et les futurs juristes doivent y être formés », résume Ayline Bekar, qui, lorsqu’on l’a contactée mi-septembre, sortait de l’IA Week, événement organisé par sa fac de droit.

Ce rendez-vous réunissait justement des professionnels du secteur, des éditeurs juridiques, des « legaltech » (entreprises proposant des solutions numériques aux juristes) et des enseignants et étudiants en droit, afin de réfléchir à l’impact des IA sur les formations et les métiers de la justice. L’année 2025 a vu se multiplier ce type de tables rondes et les rapports sur le sujet. Un intérêt à la mesure de la petite révolution que constitue l’arrivée des « IA juridiques » dans un monde souvent décrit comme assez conservateur.

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