Accord sur l’assurance chômage : le gouvernement valide les nouvelles règles dans un arrêté

L’accord trouvé entre le patronat et plusieurs syndicats sur l’assurance chômage a été agréé par le gouvernement, selon un arrêté paru vendredi 20 décembre au Journal officiel.

Cet accord sur les nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs, qui doivent s’appliquer à partir de janvier, a été signé par la CFDT, FO et la CFTC, ainsi que par les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P). La CGT et la CFE-CGC ne l’avaient pas paraphé.

Juste avant la censure, le gouvernement Barnier avait décidé d’agréer cet accord dans le cadre de la gestion des affaires courantes, mais le nouveau premier ministre, François Bayrou, aurait pu en décider autrement.

Une large majorité des partenaires sociaux avaient réussi à s’accorder le 15 novembre dernier, au terme d’une négociation éclair, sur ces nouvelles règles, qui prévoient notamment de relever de deux ans les bornes d’âge à partir desquelles les chômeurs seniors bénéficient d’une durée d’indemnisation plus longue.

L’arrêté du gouvernement, signé par François Bayrou, précise notamment que la mesure qui prévoyait qu’il faudrait avoir travaillé au moins cinq mois, et non six mois, au cours des derniers 24 mois pour s’inscrire à l’assurance chômage, n’entrera pas en vigueur car elle nécessite de légiférer.

Comme annoncé, une mesure de l’accord qui prévoyait de réduire les indemnités des travailleurs frontaliers – calculées sur la base de leurs salaires perçus à l’étranger et souvent bien plus élevés qu’en France -, est aussi exclue de l’agrément, pour des raisons juridiques.

Le Monde avec AFP

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Le nombre de jours d’arrêt maladie stabilisé après une nette accélération depuis 2019

En 2023, le nombre de jours d’arrêt maladie indemnisés par la Sécurité sociale est resté presque stable (– 0,035 % par rapport à 2022) tout en se maintenant à un niveau bien plus élevé que celui qui prévalait avant l’épidémie de Covid-19. C’est l’un des principaux enseignements d’une enquête publiée, vendredi 13 décembre, par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) et la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Cet état des lieux très fouillé tombe à point nommé, dans un contexte où le gouvernement, désormais démissionnaire, avait relancé le débat sur la question en cherchant à durcir les règles de prise en charge. Un projet mis de côté, pour le moment, du fait de la chute de l’équipe de Michel Barnier.

La note diffusée vendredi s’intéresse au cas des salariés du privé et des contractuels de la fonction publique – soit environ 21 millions de personnes. Elle montre que les arrêts maladie constituent la cause essentielle d’une cessation d’activité donnant lieu à indemnisation. S’y ajoutent les arrêts imputables à la maternité, à un accident du travail ou à une maladie professionnelle, dont le volume est beaucoup plus faible.

Au total, la « Sécu » a versé, en 2023, 17 milliards d’euros à des assurés qui étaient dans l’incapacité physique d’exercer leur métier – dont 10,2 milliards au seul titre des pathologies « ordinaires », sans lien avec le travail ou avec une grossesse. La facture s’est renchérie de 9 milliards en six ans, selon des chiffres fournis par le gouvernement durant les discussions parlementaires sur le budget de la « Sécu », cet automne.

Epaisses zones d’ombre

Cette flambée des coûts est issue de la combinaison de plusieurs facteurs. D’abord, le nombre d’individus en emploi s’est accru depuis 2010, ce qui a eu, mécaniquement, un impact à la hausse sur les arrêts. Les salaires ont, par ailleurs, progressé – en particulier pendant les trois dernières années, pour tenter de suivre l’inflation. Cette dynamique s’est répercutée sur les indemnisations puisqu’elles sont calculées en fonction de la rémunération perçue.

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L’Etat verse un prêt de 750 000 euros à Duralex, devenue en juillet une coopérative

Un verre Duralex à la fin d’une ligne de production à l’usine du fabricant français de verrerie Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin, près d’Orléans, dans le Loiret, le 31 juillet 2024.

L’Etat verse un prêt de 750 000 euros à la mythique verrerie française, en difficultés, Duralex, devenue en juillet une coopérative, selon un arrêté publié samedi 14 décembre. L’entreprise, connue dans le monde entier pour sa vaisselle réputée incassable, avait failli disparaître après un énième redressement judiciaire en avril, plongeant les plus de 200 salariés dans le flou autour de leur avenir.

Le 26 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans a finalement validé le projet de SCOP (société coopérative et participative) des salariés, soutenu par 60 % du personnel, porté par la direction du site et appuyé par les élus locaux. La région Centre-Val de Loire a, par exemple, promis son soutien sous forme de garantie bancaire, quand la métropole d’Orléans a proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d’euros.

L’Etat verse, lui, par le biais de Bpifrance, 750 000 euros « sous la forme d’un prêt au profit de la société Duralex SCOP SA » et « au titre du programme du fonds de développement économique et social », selon le texte publié samedi au Journal officiel, daté du 4 décembre. Le prêt a été accordé « cet été dans le cadre de la reprise » en coopérative, a affirmé une porte-parole de Duralex.

Mais les défis restent nombreux pour atteindre l’objectif de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2029. En 2023, les ventes de Duralex sont tombées à 24,6 millions d’euros, contre plus de 31 millions en 2022.

Avant la transformation en SCOP, Duralex, qui fut la fierté de la production industrielle française, qualifiée de « tour Eiffel de la vaisselle », était aux mains de La Maison française du verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’avait reprise à la barre du tribunal en 2021 à l’issue d’une procédure de redressement judiciaire.

Duralex, qui connaît des crises récurrentes depuis une vingtaine d’années, a notamment été confrontée à la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Elle avait alors été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d’euros de l’Etat.

Le Monde avec AFP

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François Bayrou confronté au retour de la désindustrialisation en France

Piquet de grève à l’entrée du site de production de l’usine Michelin à Cholet (Maine-et-Loire), le 23 novembre 2024.

Est-ce la fin d’une parenthèse ? La dynamique de réindustrialisation à l’œuvre en France depuis quelques années serait-elle en passe de se terminer ? Plusieurs indicateurs le laissent entendre, qui virent au rouge, alors que le nouveau premier ministre, François Bayrou, prend ses fonctions et doit composer son gouvernement. Les investissements industriels ont reculé en volume de 10 % dans le pays en 2024, du jamais-vu depuis 2019. Et pour la première fois depuis 2015, les fermetures d’usines vont être plus nombreuses cette année que les ouvertures. Le solde négatif devrait être de 15, selon le comptage du cabinet Trendeo, spécialiste de l’emploi et de l’investissement industriel.

Jusqu’à présent, le pouvoir macroniste s’est enorgueilli du retour des usines et des investissements dans l’Hexagone, chaque année plus marqués, comme les symboles du réveil industriel depuis l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron. Mais la fin du bal économique semble avoir sonné. Les taux d’intérêt remontent, et les marchés financiers se crispent – vendredi soir, à peine François Bayrou nommé à Matignon, l’agence de notation américaine Moody’s a abaissé la note de la France.

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En déménageant, Hachette et Editis regroupent leurs effectifs

Le siège de la maison d’édition Hachette Livre, à Vanves (Hauts-de-Seine), le 24 octobre 2023.

L’heure des économies a sonné, au moins dans les deux premiers groupes d’édition français. Hachette, passé dans le giron du groupe de Vincent Bolloré, Vivendi ; et Editis, racheté par le groupe du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, Czech Media Invest (CMI), fin 2023, resserrent les boulons. Pour ce, les deux rivaux veulent déménager les effectifs de certaines de leurs filiales au sein du quartier général de leur maison mère. Quitte à tenter une opération au chausse-pied, en pariant sur les vertus du télétravail.

C’est ainsi que les représentants du personnel d’Hachette ont été récemment avertis par la direction que près de 250 salariés, issus notamment de la maison d’édition scolaire Hatier, allaient rejoindre les bureaux d’Hachette Livre, situés rue Jean-Bleuzen à Vanves (Hauts-de-Seine). Ils quitteront donc leurs splendides locaux – le siège historique d’Hatier – rue d’Assas, dans le 6arrondissement de Paris, qui pourrait, à terme, être vendu.

L’autre grand chantier d’Hachette, le déménagement de son centre de distribution de Maurepas (Yvelines) vers Germainville (Eure-et-Loir), a été définitivement abandonné en janvier. Lancé en 2019, ce projet évalué à 150 millions d’euros, qui nécessitait de déplacer plus de 500 salariés, n’avait pas convaincu la direction de Vivendi.

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La direction de « Libération » critiquée en interne pour son management « vertical » et son « interventionnisme »

A la rédaction de « Libération », à Paris, le 21 mars 2023.

Les salariés du journal Libération étaient invités à participer, mercredi 4 décembre, à une assemblée générale à l’initiative du comité social et économique (CSE) et de la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL), l’organe de représentation des personnels de l’entreprise. L’idée était de recréer du lien dans ce quotidien qui s’est considérablement rajeuni ces dernières années, de discuter des évolutions éditoriales, mais aussi d’aborder le management de la direction, notamment celui de Dov Alfon, directeur de la rédaction depuis 2020.

Si c’est sous l’impulsion de l’ancien d’Haaretz que Libération a fortement progressé en termes d’abonnés (plus de 100 000 abonnés numériques revendiqués en septembre, contre 20 000 début 2020), la manière de diriger de ce journaliste ne fait pas l’unanimité au sein du quotidien. La question de la « perte de sens » du travail journalistique s’additionne à la fragilité économique du titre et aux interrogations sur sa structure capitalistique, alors que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky vient, selon nos informations, d’accorder un troisième prêt d’une quinzaine de millions d’euros au journal classé à gauche. Les deux précédents représentaient un montant de près de trente millions d’euros.

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En Allemagne, le conflit social chez Volkswagen se durcit et se politise

Un rassemblement du syndicat IG Metall devant le siège de Volkswagen, à Wolfsburg (Basse-Saxe), le 9 décembre 2024.

La pression monte sur Oliver Blume, patron du groupe Volkswagen. Lundi 9 décembre, une seconde salve de grèves a perturbé la production de neuf sites allemands du constructeur. Et 68 000 salariés ont cessé le travail pour quelques heures, rapporte le syndicat IG Metall. A Wolfsburg (Basse-Saxe), une manifestation géante a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de salariés à l’usine historique de Volkswagen. Dans la cité automobile, le quatrième round de négociations sur les salaires s’est tenu lundi après-midi, sans résultat.

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Pour l’instant, le conflit se déroule dans le cadre d’un rituel éprouvé par des décennies de cogestion à l’allemande. La dernière convention collective de Volkswagen a pris fin le 1er décembre, ce qui a marqué la fin de la « période de paix », pendant laquelle les salariés n’ont, en principe, pas le droit de faire grève.

Chaque round de négociation entre patronat et syndicat est ensuite précédé de grèves dites « d’avertissement », afin de faire pression sur les discussions. IG Metall réclame 7 % d’augmentation et des garanties sur les emplois. Dans le reste de l’industrie, les salariés ont obtenu, à la mi-novembre, 5,5 % de hausse de salaire. Un signe important de maintien du dialogue social, malgré la crise aiguë qui secoue tout le secteur, où les plans sociaux se multiplient depuis plusieurs mois.

Sauf que la négociation actuelle chez Volkswagen, qui doit déterminer le tarif « maison » de la marque, est déjà hors normes. Contrairement aux cycles précédents, aucune base de négociation n’est pour l’instant acquise, aucun calendrier ne semble jusqu’ici arrêté par les deux parties. La direction souhaite une baisse de salaire de 10 %, et a évoqué la fermeture de trois usines, ainsi que des licenciements secs, pour la première fois de l’histoire du groupe. Volkswagen veut adapter ses capacités de production à une situation jugée « sérieuse » : la demande de véhicules reste durablement faible en Europe, les ventes du groupe en Chine se sont effondrées, et les Allemands doivent affronter une concurrence sévère sur la voiture électrique et connectée. Les bénéfices chinois, qui avaient assuré la paix sociale à Wolfsburg depuis quinze ans, se sont définitivement taris.

Ambiance délétère

Lors d’une visite aux salariés, mercredi 4 décembre, M. Blume a mis en garde les salariés contre des revendications qu’il juge irréalistes dans la situation actuelle. « Nous pouvons bien fabriquer les meilleures voitures du monde, cela ne joue aucun rôle si nous ne gagnons pas d’argent avec », a-t-il prévenu, en estimant qu’il fallait continuer à négocier. IG Metall, de son côté, a déposé une proposition qui fait certaines concessions sur les salaires, mais exclut toute fermeture de site. « Insuffisant », a opposé la direction. Tout porte à croire que le bras de fer va se poursuivre au-delà des fêtes de Noël. Cela aggraverait l’ambiance, déjà délétère, qui pèse sur le pays, un peu plus de deux mois avant les élections anticipées, prévues le 23 février 2025.

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Cergy-Pontoise : après un mois de grève, des conducteurs de bus toujours en colère et un dialogue au point mort

A la gare de bus de Cergy-Pontoise, le réseau de l'agglomération est à l'arrêt, le 5 decembre 2024.

On ne distingue plus que leurs yeux, seule parcelle d’anatomie à ne pas être recouverte d’un bonnet, d’une écharpe ou d’une paire de gants. Ils sont vingt et un, recroquevillés sur leurs chaises disposées en cercle autour du feu dans lequel une palette en bois est encore en train de brûler. Ce mardi 10 décembre au matin marque le 33e jour de grève des conducteurs de bus de Cergy-Pontoise. Depuis le 7 novembre, ils se retrouvent devant le dépôt de bus de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), pour protester contre leur employeur, l’entreprise Francilité Seine et Oise (FSO).

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Ce conflit social prend ses racines dans l’ouverture à la concurrence des lignes de bus de la grande couronne parisienne par l’autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), dans le cadre de la réglementation de l’Union européenne. Le 1er janvier 2024, la société FSO du groupe Lacroix & Savac, choisie par IDFM à la suite d’un appel d’offres, a pris en main les lignes gérées jusqu’ici par la Stivo, côté Cergy-Pontoise, et Transdev, côté Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). L’opérateur doit donc élaborer un nouvel accord avec les salariés en passant de deux à un seul secteur.

C’est cet accord qui déclenche les protestations. Les « anciens Stivo » préservent leur salaire de 2 400 euros net mensuels en moyenne avec les primes. Mais les nouveaux conducteurs, arrivés depuis la reprise du secteur par FSO, signent leur contrat à 1 490 euros. « Ils sont payés 13,70 euros de l’heure alors qu’en 1998, quand je suis entré dans l’entreprise, j’étais payé 15 euros de l’heure », souffle Cyrille Mauger, délégué syndical Force ouvrière (FO), qui vient de passer sa 33e nuit sur le lieu du piquet de grève.

Patrick Valet, conducteur depuis quatorze ans, devant le dépôt de bus de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), le 10 décembre 2024.

Mehdi, 31 ans, fait partie des « petits nouveaux ». A peine cinq mois après son arrivée, il songe à démissionner. « Je passe d’un salaire de 2 500 euros en tant que chauffeur intérimaire à 1 450 euros en CDI, ici. Mon banquier fait la gueule et moi aussi », s’exaspère-t-il. Le jeune conducteur dénonce également les « journées en coupure » récurrentes. S’il n’avait pas fait grève ce mardi, Mehdi aurait travaillé de 6 heures à 9 h 30 puis de 15 heures à 19 h 45. « Je ne suis pas payé entre 9 h 30 et 15 heures alors que les anciens Stivo, si, poursuit-il. Je me lève à 4 h 45 et je rentre chez moi à 21 heures à cause des bouchons, ce n’est pas une vie. »

Patrick Valet, conducteur depuis quatorze ans, qui fait partie des anciens, assure avoir perdu « 200 euros de salaire » depuis que FSO a repris le secteur. Sur sa feuille de service, qui répertorie minute par minute son trajet du jour, il est écrit qu’il doit travailler de 5 h 42 à 12 h 39 mercredi 11 décembre. « La prime repas est déclenchée à partir de 12 h 40, je perds donc 9 euros de prime pour une minute de travail en moins », explique-t-il d’un ton désabusé. « S’il y a des aberrations comme celle-là, on peut en parler et trouver des solutions. Il est possible qu’on ait raté des choses », reconnaît Stéphane Bonnaud, directeur du développement de Lacroix & Savac.

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Le recrutement des enseignants, chantier vital à l’abandon

Affecter un professeur de qualité dans chaque classe de la maternelle à la terminale. A l’heure où il est question de former un gouvernement d’« intérêt général », qui peut contester cette exigence ? Or, si l’on considère que l’avenir du pays sur le plan économique ou démocratique, comme sur celui du vivre-ensemble, dépend largement du bon fonctionnement du système de recrutement et de formation des enseignants, on peut être légitimement inquiet. Rendue publique jeudi 5 décembre par l’éducation nationale sans le moindre commentaire, la diminution du nombre de places offertes au concours du capes externe, principale voie de recrutement des professeurs de collèges et de lycées généraux, n’est que l’un des symptômes d’une crise qui sévit depuis des décennies mais prend, ces dernières années, des dimensions alarmantes.

En 2024, 12 % des postes ouverts au capes sont restés vacants, ce taux atteignant même 36 % en lettres classiques. La pénurie de vocations est telle que, dans chaque discipline, le ministère est contraint de fixer le nombre de postes en fonction du vivier attendu de candidats : plus ce dernier est réduit, plus il restreint le contingent de places, afin de maintenir le niveau du concours et d’afficher un taux de couverture présentable.

Dans les établissements, le recours de plus en plus fréquent à des enseignants contractuels ou aux heures supplémentaires et les absences non remplacées constituent d’autres signes de cette anémie dont souffre l’école. Un mal qui risque de s’aggraver du fait qu’environ 300 000 enseignants doivent partir à la retraite dans les dix ans qui viennent.

Chaos politique

A l’automne 2023, un nouveau ministre de l’éducation plein d’énergie, Gabriel Attal, avait ouvert le grand chantier de l’« attractivité » du métier d’enseignant. La pièce maîtresse de ce projet – le recrutement des professeurs dès le niveau de la licence (bac + 3), au lieu du master 2 (bac + 5), et leur formation rémunérée pendant deux ans – était, à juste titre, considérée comme cruciale. Au point que, le 5 avril 2024, Emmanuel Macron, grillant la politesse à M. Attal devenu premier ministre, annonçait lui-même que le nouveau parcours de formation, destiné à élargir le vivier de recrutement et à améliorer la formation, serait mis en œuvre dès la rentrée de septembre. Depuis lors, le chaos politique provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale, la valse des ministres et surtout les arbitrages budgétaires défavorables ont renvoyé la réforme – qui peut être décidée par décret mais coûterait 600 millions d’euros sur 2025-2027 – dans les limbes.

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L’enjeu n’est pas seulement quantitatif. Depuis longtemps, la crise de recrutement mais aussi les querelles autour du difficile équilibre entre transmission des savoirs et formation pédagogique ont conduit à d’incessants bouleversements des cursus – cinq réformes depuis 1989 –, souvent tournés vers leur allègement et l’affectation rapide dans les classes. Le projet actuellement gelé, assez largement approuvé dans son architecture générale mais contesté dans ses modalités, demande sans doute à être rediscuté.

Attirer des vocations suppose non seulement la mise en place d’aides financières mais aussi l’assurance de n’être placé devant des élèves qu’une fois solidement préparé. La question de la formation et de l’accompagnement des jeunes enseignants doit être prise à bras-le-corps par le prochain gouvernement. C’est une question vitale pour l’avenir, surtout dans un pays où « école » est une autre manière de dire « République ».

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Le Monde

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Des mobilisations jeudi partout en France « pour l’emploi et l’industrie »

De Marseille à Rennes, en passant par Paris : près de 120 rassemblements et manifestations « pour l’emploi et l’industrie » sont prévus en France, jeudi 12 décembre à l’appel de la Confédération générale du travail (CGT), rejointe par Solidaires et la Fédération syndicale unitaire (FSU), en réponse à une vague de plans sociaux.

Jeudi « sera une journée de convergence avec la grève des cheminots contre le démantèlement du fret ferroviaire et celle des fonctionnaires qui demandent un budget à la hauteur des besoins » et exigent « un gouvernement qui réponde enfin à l’urgence sociale ! », déclare à l’Agence France-Presse la secrétaire générale de la deuxième centrale syndicale, Sophie Binet.

Les annonces de plans sociaux se succèdent tandis que la France se cherche un nouveau premier ministre, après la censure et la démission du gouvernement de Michel Barnier.

Que ce soient dans les grandes entreprises (Auchan, Michelin, Vencorex, PPG…), chez des sous-traitants ou des petites structures, dans de nombreux secteurs (métallurgie, commerce, secteur public et associatif, banques et assurances, chimie…) et un peu partout sur le territoire français, les plans sociaux se multiplient. La deuxième centrale syndicale avait dénombré, le 27 novembre, 286 plans sociaux. Elle en recense désormais 300, avec environ 300 000 emplois menacés ou supprimés, reprenant les données du cabinet Altares.

Dans ce contexte, la centrale de Montreuil appelle à « des actions sur l’ensemble du territoire jeudi, pour défendre l’emploi et l’industrie ». Ainsi, des mobilisations (sur les lieux de travail, rassemblements ou manifestations) sont prévues dans près de 80 départements, avec des « initiatives locales […] devant les entreprises et les préfectures pour exiger un moratoire sur les licenciements », déclare la CGT. Fait rare, le syndicat a même encouragé, dès la fin du mois de novembre, « les salariés à se mettre en grève et à occuper leurs usines pour empêcher les licenciements ».

En attendant la nomination d’un nouveau premier ministre, la CGT maintient ainsi la pression, en forme d’alerte sociale au futur gouvernement. « Le mois de décembre s’annonce rouge, et ce n’est pas le rouge du Père Noël », a promis Sophie Binet. Mais l’appel sera-t-il entendu par les salariés ? « C’est compliqué de se mobiliser lorsqu’on sait qu’on n’a pas d’interlocuteurs en face », juge une source syndicale, sous couvert d’anonymat, redoutant une faible mobilisation.

Manifestation à 14 heures à Paris

Dans le détail, le premier rassemblement se tiendra dès 6 heures devant la gare d’Aurillac (Cantal), avant une manifestation à Toulouse (au départ de Thales Alenia Space), à 10 heures, un rassemblement à la gare Saint-Charles de Marseille à la même heure ou devant la préfecture de Nantes, prévu à 10 h 30. Alors que plusieurs entreprises sont menacées (Vencorex et Valeo), en Isère, un rassemblement se tiendra devant la préfecture de Grenoble, dès 11 heures. D’autres actions seront menées comme aux Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan), où sera présente Sophie Binet.

L’intersyndicale n’a pas pris position, divisée sur les stratégies à adopter, mais Solidaires et la FSU fonction publique ont rejoint le mouvement. « Il n’est plus possible d’avoir la même politique tant vis-à-vis des agents de la fonction publique que des salariés qui subissent ces licenciements », relève Murielle Guilbert, codéléguée générale à Solidaires. Force ouvrière a, elle, apporté son soutien à « toutes les initiatives et mobilisations déjà décidées » par ses troupes localement.

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A Paris, trois organisations syndicales (CGT, FSU et Solidaires) de la fonction publique ont décidé d’une nouvelle journée de mobilisation jeudi, avec une manifestation dès 14 heures au départ de la place de la Bastille.

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A la SNCF, seuls les syndicats CGT-Cheminots et SUD-Rail ont maintenu leur appel à la grève pour réclamer un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et protester contre les modalités de l’ouverture à la concurrence des lignes régionales (TER). Mais le trafic devrait être « normal » pour tous les TGV et légèrement perturbé pour les trains régionaux, selon les prévisions du groupe ferroviaire.

Dans la branche électrique et gazière, très mobilisée les années passées, la grève est reconduite chez GRTgaz dont les salariés s’étaient déjà fortement mobilisés une semaine plus tôt.

Le Monde avec AFP

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