« Le Dauphiné libéré » : le plan de sauvegarde de l’emploi proposé par la direction rejeté

Christophe Victor, directeur général du « Dauphiné libéré », à Lyon, le 19 octobre 2023.

C’est un caillou dans la chaussure de Christophe Victor, le directeur général du Dauphiné libéré, qui avait annoncé, en novembre 2023, la mise en place d’un plan d’économies pour le quotidien grenoblois. La direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) de la région Auvergne-Rhône-Alpes a fait savoir, jeudi 28 mars, à la direction du titre détenu par le groupe Ebra qu’elle refuse d’homologuer le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui lui a été proposé.

L’administration du travail estime que l’évaluation des conséquences sur la charge de travail des salariés est trop imprécise. Le plan de restructuration proposé le 20 février est « de nature à accentuer les risques psychosociaux » au sein de l’entreprise du fait d’une « non-prise en compte ou de la méconnaissance » des situations de travail initiales, selon le document de la Dreets. Les salariés restant après le plan social seraient ainsi « exposés à une forte charge de travail que l’opération de restructuration aggraverait ».

« Une structure extérieure valide ce que notre cabinet d’expertise disait déjà : nous sommes bien au bord de la rupture, commente Agnès Briançon, copremière secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ). Cela faisait longtemps qu’on disait qu’il y avait des risques psychosociaux non pris en compte, des conditions de travail pas bonnes, des charges de travail mal évaluées », ajoute la journaliste du Dauphiné libéré.

Des comptes dans le rouge pour la première fois

De son côté, Christophe Victor minimise le rejet de son plan. « On avait fait l’analyse de la charge de travail service par service. La Dreets souhaite qu’on procède par individu et on va rapidement apporter les précisions nécessaires de manière à les rassurer », assure le dirigeant visé par une motion de défiance, fin janvier, comme Philippe Carli, le président d’Ebra.

Fragilisés par la baisse des ventes (la diffusion France payée a chuté de 6,19 % en 2023 par rapport à 2022), un recul important de la publicité et la crise du portage, les comptes du journal ont terminé dans le rouge en 2023 pour la première fois. La direction du titre, anticipant un déficit de 4 millions d’euros en 2023, avait annoncé, fin novembre, un plan d’économies d’un montant de 4,2 millions d’euros.

Elle souhaitait mettre en place un plan de départs volontaires qui concernait vingt postes (dont six journalistes), ainsi que six départs « naturels » non remplacés, en contrepartie de quatre créations de poste et de seize titularisations de CDD. Vaucluse Matin, qui appartient au Dauphiné libéré, devait être particulièrement touché, avec la suppression de six à dix postes. A Avignon, les bureaux du journal, ouverts en 1946, devaient fermer leurs portes.

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Renault : plus de 500 embauches à venir à l’usine de Sandouville, qui produira la nouvelle génération d’utilitaires électriques

Bruno Le Maire, lors d’une visite à l’usine du constructeur automobile français Renault, à Sandouville, le 29 mars 2024.

Le directeur général de Renault, Luca de Meo, en déplacement à Sandouville, Seine-Maritime, avec le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et le maire du Havre, Edouard Philippe, a annoncé vendredi 29 mars la fabrication d’ici 2026 d’un nouvel utilitaire 100 % électrique.

Ces fourgons nouvelle génération fourniront la coentreprise Flexis, créée le 22 mars par Renault, Volvo et l’armateur CMA CGM pour la livraison du dernier kilomètre, avec à la clé 550 embauches en quatre ans pour le site de Sandouville, a indiqué M. de Meo, évoquant un investissement de 330 millions d’euros.

Le nouveau véhicule, baptisé FlexEvan, « est quelque chose d’assez révolutionnaire dans un secteur où il n’y avait pas eu de gros big bang depuis plusieurs décennies », a affirmé M. de Meo. « L’e-commerce explose et ça rend encore plus indispensable la nécessité de réduire l’impact environnemental de ces véhicules en ville », a souligné le directeur général du constructeur automobile français.

Un utilitaire sur six vendus en Europe est fabriqué par Renault, a-t-il rappelé et 85 % d’entre eux sont fabriqués en France, sur trois sites dont Sandouville, où est assemblé le Renault Trafic.

Faciliter l’implantation d’industries en France.

L’usine de Sandouville compte 1 850 salariés et 600 intérimaires, et assemble 600 véhicules par jour. La Confédération générale du travail dénonce, elle, la réduction du nombre de salariés sur le site qui comptait 2 000 personnes en 2014, d’après le syndicat. Bruno Le Maire a souligné le rôle de « la baisse des impôts de production » qui a permis selon lui de relancer des projets industriels en France. « Nous continuerons de baisser les impôts de production en France », a-t-il martelé.

Le ministre a également appelé à créer de « nouvelles filières industrielles » dans les domaines des batteries mais aussi de l’intelligence artificielle, des pompes à chaleur et du photovoltaïque. Les batteries pour le FlexEvan seront d’ailleurs fournies par Verkor et son usine de Dunkerque, qui a un partenariat avec Renault.

Comme Edouard Philippe, il a alerté sur la nécessité de trouver des terrains pour faciliter l’implantation d’industries en France. « Nous devons nous interroger sur la mise en œuvre du ZAN », ou zéro artificialisation nette, qui consiste à limiter l’extension de l’artificialisation des sols, a soutenu M. Le Maire. Le ministre a aussi annoncé l’aménagement de 1 500 hectares sur les ports du Havre, de Dunkerque et de Marseille pour favoriser l’implantation d’usines. « C’est bon pour l’environnement de produire en France », a-t-il lancé.

Le Monde avec AFP

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Toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne pour protéger les salariés des risques professionnels

« On doit mieux prévenir les accidents du travail et l’on doit améliorer la qualité de vie au travail et les conditions de travail des Français, notamment de ceux qui ont les métiers les plus pénibles », a déclaré, mercredi 27 mars, le premier ministre, Gabriel Attal, au « 20 heures » de TF1.

En effet, sur la prévention et la santé au travail au sein des entreprises, le compte n’y est pas : moins de la moitié d’entre elles (46 %) avaient un document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp) à jour en 2019. Ce document est pourtant cité par les organismes de prévention comme la base de toute politique de lutte contre les dangers au travail.

Si tout employeur est tenu de protéger la santé et la sécurité de ses salariés, et de répertorier les risques auxquels ils sont exposés, la prévention est donc loin d’être la même partout : c’est ce que décrit une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares) publiée le 21 mars.

Les petites entreprises moins bien couvertes

Les petites structures identifient moins ces risques : dans le secteur privé en 2019, 41 % des établissements de un à dix salariés avaient un Duerp à jour contre 91 % de ceux de plus de 250 salariés. Cette documentation s’observe aussi davantage dans les activités les plus exposées aux risques.

Quant aux actions de prévention (nouveaux équipements de protection individuelle, formations à la sécurité, assistance individuelle pour les salariés en difficulté…), elles sont davantage menées par les employeurs qui remplissent leur Duerp et déclarent des risques : ainsi, en 2019, 81 % des établissements qui déclaraient au moins trois risques pour leurs salariés ont mené des actions de prévention au cours des douze mois précédant l’étude contre 44 % de ceux qui ne déclaraient aucun risque physique.

Seule la moitié des établissements de moins de 10 salariés du secteur privé ont pris des mesures contre les risques physiques en 2019, et un quart pour les risques psychosociaux, alors que les grandes entreprises dépassent les 90 % sur ces deux plans.

La santé au travail moins prise en compte

Autre enseignement de ce travail, la prévention est aussi renforcée quand l’entreprise compte des instances représentatives du personnel (IRP) – comité d’entreprise ou d’établissement, comité social et économique, délégués du personnel, délégués syndicaux ou représentants de section syndicale – actives. Une entreprise qui compte une ou plusieurs IRP a, par exemple, deux fois plus de chances d’avoir recours à des conseils en prévention des risques professionnels auprès d’organismes spécialisés.

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Le lourd tribut imposé aux chômeurs

En annonçant, mercredi 27 mars, à l’issue d’un séminaire gouvernemental consacré à la thématique du travail, une troisième réforme en trois ans de l’assurance-chômage, le premier ministre, Gabriel Attal, savait qu’il allait prendre de front les partenaires sociaux. Certes, les formes sont respectées : le gouvernement va laisser le patronat et les syndicats aller au terme de leurs négociations sur l’emploi des seniors, qui comprennent un volet sur l’indemnisation des plus de 55 ans. Les discussions qui devaient se terminer mercredi ont été prolongées jusqu’au 8 avril à leur demande. Mais Gabriel Attal a été suffisamment explicite sur ses projets pour montrer que l’Etat entend reprendre la main sur la gestion de l’assurance-chômage.

Alors que les déficits publics s’emballent sous l’effet du ralentissement de la conjoncture, l’Etat cherche ainsi à faire plusieurs milliards d’euros d’économies sur le régime d’indemnisation des chômeurs. Trois pistes sont à l’étude : réduire la durée d’indemnisation, actuellement de dix-huit mois, revoir la période de travail ouvrant droit à indemnisation et réduire le niveau d’indemnisation.

Les deux premières sont privilégiées, le premier ministre précisant que la durée d’indemnisation ne serait pas inférieure à douze mois. Ces annonces ont provoqué un tir de barrage des syndicats. Compte tenu des excédents actuels du régime, ils s’étaient entendus avec les patrons sur une baisse de leur cotisation et sur une amélioration de l’accès à l’assurance-chômage pour les primo-entrants sur le marché du travail. Ces évolutions sont jugées inopportunes par le gouvernement.

Le gouvernement se dédit

La volonté de l’Etat de reprendre le contrôle sur le système d’assurance-chômage est en germe depuis 2017. Le basculement des cotisations salariales sur la contribution sociale généralisée, l’objectif d’en finir avec le chômage de masse ont conduit le gouvernement à se montrer de plus en plus directif pour tendre vers le plein-emploi et faire de l’Unédic l’un des instruments de sa politique, au côté de la réforme de France Travail et du développement des formations professionnelles. Cette stratégie ne pouvait déboucher que sur une confrontation avec les partenaires sociaux. Les syndicats et le patronat restent attachés à la protection des chômeurs et à la défense des intérêts des entreprises, là où le gouvernement pose le retour rapide vers l’emploi comme la condition principale du maintien de l’Etat-providence.

Les nouvelles pistes esquissées par Gabriel Attal, qui devraient entrer en application par voie réglementaire dès l’automne, vont faire peser sur les chômeurs un lourd tribut. Il sera ressenti d’autant plus durement qu’il se met en place alors que la conjoncture n’est pas bonne et que le chômage s’est mis à augmenter de nouveau.

Bousculé par l’ampleur des déficits, le gouvernement se dédit sur ce sujet, puisqu’il s’était promis en 2023 de lier le durcissement du régime d’indemnisation à l’amélioration du marché de l’emploi. Sa précipitation à engager une nouvelle réforme est d’autant plus contestable qu’il n’a pas pris le temps d’évaluer l’impact des deux précédentes pour en corriger les effets néfastes. Son initiative sera interprétée comme un coup porté aux plus précaires au nom du gage qu’il devait donner aux agences de notation financière. Après l’opposition sur la réforme des retraites, le divorce avec les syndicats n’en est que plus lourd de sens.

Le Monde

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En Grèce, les employés des plates-formes téléphoniques se mobilisent contre leur précarisation

« Le mouvement prend de l’ampleur. Lors de notre première grève en février, 3 000 personnes nous avaient suivis. Désormais, nous sommes presque 10 000 », se réjouit Nikos Spyrelis, membre du Syndicat des travailleurs dans les télécommunications et l’informatique (Setip) et vice-président du bureau au sein de la multinationale française Teleperformance. Le 13 mars, les salariés des quatre grandes plates-formes téléphoniques de Grèce (Teleperformance, Webhelp, TTEC et Foundever) étaient appelés pour la troisième fois depuis février à se mobiliser pour réclamer des augmentations de salaires, la réintroduction des conventions collectives (supprimées en Grèce pendant la crise financière de 2010-2018) et une généralisation des CDI alors que la règle dans ces entreprises est la multiplication des CDD. Dans les sept hubs de Teleperformance à travers la Grèce, les plates-formes se chargent en plusieurs langues des services clients de multinationales comme Apple, Google ou Airbnb.

En février, une petite victoire a été enregistrée par les salariés avec la création de deux bureaux syndicaux à Teleperformance et à Webhelp. Teleperformance Grèce a, depuis, déposé un recours en justice. Elle estime que le Setip ne peut pas représenter les salariés de l’entreprise parce qu’elle n’est pas dans le secteur des télécommunications mais des services.

Pour Nikos Spyrelis, l’augmentation des salaires, qui sont inchangés depuis 2010 alors que la Grèce était frappée par des mesures d’austérité imposées par les créanciers du pays (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), est nécessaire. « Le salaire moyen dans l’entreprise est d’à peu près 850 euros net, et 30 % des employés touchent 780 euros. Avec l’inflation et l’augmentation du coût de la vie en Grèce ces trois dernières années, cela devient intenable ! », s’indigne-t-il. En 2022, l’inflation en Grèce a atteint presque 10 % – et se situait encore à 3,7 % en décembre 2023.

Recrutement à l’étranger

Teleperformance n’a cessé de grandir en Grèce. En 2018, elle comptait environ 7 000 salariés. Désormais, elle est le quatrième plus grand employeur en Grèce avec plus de 12 000 employés, dont 45 % qui viennent de l’étranger. L’entreprise recrute ces dernières années dans les pays du Maghreb pour les sections en français et en arabe. Après avoir embauché les candidats qui ont passé des tests à distance, l’entreprise prend tout en charge et délivre aux nouvelles recrues un visa spécial leur permettant de travailler uniquement dans les centres téléphoniques. « Nos collègues nord-africains se retrouvent souvent pris en otages, car ils ne peuvent pas partir chercher du travail ailleurs de peur de perdre leurs papiers pour rester légalement en Grèce », note Nikos Spyrelis.

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Au Maghreb, les centres d’appels se préparent à la déferlante de l’intelligence artificielle

Avec 90 000 salariés au Maroc et plus de 20 000 en Tunisie, les centres d’appels du Maghreb se trouvent en première ligne dans la bataille de l’emploi qui s’annonce avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA). Depuis le début des années 2000, le premier, surtout, a beaucoup misé sur la relation client externalisée, l’un des principaux secteurs créateurs de postes nets dans le pays : 10 000 en moyenne chaque année.

Dans l’ensemble de ses métiers, l’externalisation de services n’a même jamais pesé aussi lourd : 1,6 milliard d’euros à l’export en 2023, soit autant que l’aéronautique. Des revenus qui proviennent majoritairement de France. Malgré une concurrence accrue en Afrique, le royaume chérifien capte encore la moitié des parts du marché tricolore hors de l’Hexagone.

La sortie de la fintech suédoise Klarna, qui vantait en février le succès d’un outil conçu en collaboration avec OpenAI, le créateur du robot conversationnel ChatGPT, capable, dans le service après-vente, d’effectuer « un travail équivalent à 700 employés à temps plein » ne semble toutefois pas inquiéter la trentaine d’entreprises qui se partagent l’essentiel du marché dans la région. « Si l’IA générative était arrivée il y a quinze ans, nous aurions été bousculés, mais la configuration est différente aujourd’hui », estime Youssef El Aoufir, qui a cofondé en 2006 Intelcia, présente au Maroc et en Tunisie avec plus de 10 000 collaborateurs et qui a réalisé 734 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023.

« Le rôle de l’humain reste prépondérant »

Pour les requêtes les plus simples, les développements récents de l’IA ont conduit à une accélération de l’automatisation des interactions à faible valeur ajoutée, mais Intelcia met en avant des services plus complexes qu’il « est encore difficile d’automatiser ». Rachetée par Altice en 2016, l’entreprise compte parmi ses clients français des établissements publics et un organisme de financement de logement. Autant de situations dans lesquelles les conseillers ne délivrent pas seulement des informations, mais doivent gérer des anomalies, indique son cofondateur.

La présence humaine est même considérée comme indispensable dans certaines configurations délicates, comme lorsqu’il s’agit de récupérer un client perdu. « Dans ce type de scénario, le rôle de l’humain reste prépondérant, car il s’agit de désamorcer des crises qui peuvent être imprévisibles », avance Redouane Mabchour, le directeur général au Maghreb de Concentrix + Webhelp, ce géant fort de 7,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, qui emploie 13 000 personnes dans la région.

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La transformation des métiers a érodé la confiance dans l’avenir professionnel des actifs

Début 2024, 67 % des actifs se disent « assez » ou « très confiants » dans leur avenir professionnel, contre 75 % en 2020, indique le cinquième Baromètre annuel de la formation et de l’emploi de Centre Inffo (association de service public sous tutelle du ministère du travail), publié jeudi 28 mars et réalisé en partenariat avec l’institut d’études CSA, auprès de 1 618 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population active.

« L’actualité plus sombre – la guerre en Ukraine et au Proche-Orient, la situation économique qui se dégrade – pèse probablement sur le moral des Français », commentent Pascale Romenteau et Julie Gaillot, respectivement directrice générale de Centre Inffo et directrice du pôle Society de CSA. Mais leur actualité quotidienne, c’est la transformation des métiers : 42 % considèrent que leur métier évolue très vite (44 %, lentement et 14 % jugent que rien ne change).

En réaction, ils se reconvertissent ou envisagent de changer d’emploi. Mais le sondage ne dit pas s’ils bougent parce que tout bouge autour d’eux ou parce qu’ils vivent mal les transformations de leur poste actuel.

La formation, une nécessité

Sur le total des personnes interrogées, 21 % des actifs préparent une reconversion professionnelle. Ce chiffre est demeuré stable depuis 2021. Les reconversions à la sortie du Covid-19 n’ont pas augmenté, quand bien même l’engouement médiatique pour ce phénomène a pu laisser penser le contraire.

L’aspiration à de nouveaux horizons professionnels se développe, mais il se reflète dans des changements d’entreprise plus que de métier : 53 % des actifs y songent, dont 37 % dans les deux ans à venir, contre respectivement 49 % et 33 % depuis 2021. Ce qui pourrait interpeller les DRH engagés dans la guerre des talents.

La formation apparaît dès lors comme une nécessité pour 83 % à 90 % des actifs interrogés, notamment les seniors et « bac + 5 », dans le contexte de mutations du monde du travail pour préserver leur employabilité… Toutefois, 63 % des actifs considèrent la formation comme contraignante dans leur emploi du temps surchargé. Et 32 % jugent, quant à eux, qu’elle est inutile, car trop rarement mise en pratique.

Qui sont ces sceptiques ? « Des actifs plutôt jeunes et/ou peu diplômés. Etant moins bien informés, ils sont moins demandeurs de formation, alors même que ces profils en ont le plus besoin », estiment Pascale Romenteau et Julie Gaillot.

Aspiration à l’autonomie

Si 52 % des sondés se sentent bien informés sur la formation continue, 48 % pensent l’inverse, et ce clivage recoupe le niveau d’éducation et d’insertion professionnelle : ainsi, 55 % des CSP+, qui sont généralement les plus diplômés, se sentent bien informés, mais seulement 37 % des chômeurs.

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France Télévisions condamné aux prud’hommes pour une affaire de harcèlement

France Télévisions a été condamné aux prud’hommes à verser plus de 80 000 euros à un ancien présentateur de Franceinfo, notamment pour « harcèlement moral » et « sexuel » et licenciement « nul », selon un jugement consulté mercredi 28 mars par l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de Télérama.

Contacté par l’AFP, le groupe audiovisuel public a dit avoir fait appel de cette décision rendue le 25 janvier, sans faire davantage de commentaires.

Le journaliste Gaël Giordana a également fait appel, sa demande principale de réintégration de l’entreprise ayant été « refusée » par le conseil de prud’hommes de Paris, a expliqué à l’AFP son avocat, Florent Hennequin. Recruté en 2021 par France Télévisions, où il a enchaîné plus de 70 CDD, Gaël Giordana a coprésenté de 2022 à 2023 la matinale de Franceinfo et le « 6h info » de France 2 les vendredis, samedis et dimanches.

C’est là qu’il a subi « des remarques sur son homosexualité, des contacts physiques intrusifs, des messages inappropriés » de sa coprésentatrice, Camille Grenu, « plus installée que lui » car en CDI et conjointe du rédacteur en chef de « Télématin » sur France 2, assure MHennequin. Après avoir alerté sa rédaction, Gaël Giordana a été invité à s’expliquer avec sa coprésentatrice, qui « a extrêmement mal réagi », poursuit Me Hennequin.

« On le met au placard »

Une enquête interne diligentée par France Télévisions a ensuite reconnu « des comportements inadaptés de Mme Grenu, des maladresses, un manque de discernement, et un ressenti justifié de M. Giordana », peut-on lire dans la décision des prud’hommes.

Dans le même temps, le journaliste s’est vu proposer « une tranche beaucoup plus confidentielle [en fin d’après-midi] qui entraînait une perte de salaire », ne présentant la matinale qu’en l’absence de sa coprésentatrice, relate Me Hennequin. Puis, à l’été 2023, son contrat n’a pas été renouvelé. « On le met au placard et on se débarrasse de lui dès que son contrat prend fin », résume l’avocat, insistant sur le fait que la procédure vise France Télévisions et la manière « profondément injuste » dont « cette situation a été traitée ».

Malgré la requalification du contrat de Gaël Giordana en CDI et la nullité de son licenciement, le conseil de prud’hommes « n’est pas allé au bout de son raisonnement » en refusant sa réintégration, jugée « inadaptée », déplore Me Hennequin.

Sollicitée par Télérama, qui a révélé l’affaire, Camille Grenu n’a pas répondu.

Il revient désormais à la cour d’appel de trancher ce conflit, possiblement « dans deux ans », estime MHennequin.

Le Monde avec AFP

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Assurance chômage : Catherine Vautrin défend une réforme « pour ramener les gens vers l’emploi »

La ministre du travail, de la santé et des solidarités, Catherine Vautrin, assiste au côté du ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, à un meeting, le 12 mars 2024 à Paris.

Alors que le gouvernement réunit jeudi 28 mars des parlementaires de tous bords pour tenter de trouver des économies, l’annonce d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage a été accueillie par une pluie de critiques dans les rangs des syndicats et des oppositions.

La veille, sur TF1, le premier ministre Gabriel Attal a demandé à sa ministre du travail, Catherine Vautrin, « de préparer de nouvelles négociations » avec les partenaires sociaux sur l’assurance chômage, avançant parmi les pistes une baisse de la durée d’indemnisation de 18 à 12 mois maximum. Une proposition que les organisations syndicales ont jugée d’emblée « inacceptable ».

Quand les partis d’opposition accusent l’exécutif, en quête de mesures d’économies, de vouloir « faire les poches des Français » , Catherine Vautrin assure que la réforme vise avant tout à « ramener les gens vers l’emploi », avec un effort d’accompagnement et de formation.

« Le premier ministre a ouvert des pistes parce que notre priorité, c’est le dialogue social », a affirmé la ministre jeudi sur Franceinfo. Il faut pour cela « essayer d’accompagner au plus vite » car « plus vous restez longtemps au chômage, moins vous avez de chances de retrouver un boulot », a-t-elle fait valoir.

Interrogée sur l’excédent de l’assurance chômage, Mme Vautrin a assuré que « la trajectoire est à 11 milliards en 2027 » et rappelé que ce régime « permet de financer la formation ». « C’est un investissement social que d’accompagner celles et ceux qui sont dans une situation de chômage parce que c’est leur permettre de rebondir », a-t-elle ajouté.

« Position de négociation »

Mais pour les syndicats, cette nouvelle réforme est avant tout motivée par des considérations budgétaires. « La seule chose annoncée par Gabriel Attal ce soir, c’est encore taper sur les précaires ou les chômeurs », a réagi Denis Gravouil négociateur de la CGT sur l’assurance chômage. « Le régime d’assurance chômage ne peut pas être une variable d’ajustement budgétaire de l’Etat », a pour sa part prévenu la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon.

Revenant sur les « pistes » évoquées par Gabriel Attal, qui a souhaité une nouvelle réforme « globale » de l’assurance chômage d’ici l’automne, Mme Vautrin a expliqué que les annonces du chef du gouvernement constituent d’abord « une position de négociation » avec les partenaires sociaux.

« Combien de temps faut-il travailler sur une période donnée pour bénéficier du chômage ? » Aujourd’hui « en deux ans, il faut avoir travaillé six mois. Ça se discute », a-t-elle lancé. Un autre sujet serait « la durée d’indemnisation », aujourd’hui de 18 mois en règle générale, a-t-elle assuré, en rappelant que le premier ministre ne privilégiait pas la piste du montant de l’indemnisation.

Le Monde avec AFP

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Assurance-chômage : Gabriel Attal précise les contours de la nouvelle réforme

Le premier ministre, Gabriel Attal, invité du « 20 heures » de TF1 présenté par Gilles Bouleau, le 27 mars 2024.

Le nouveau tour de vis pour les demandeurs d’emploi se précise. Mercredi 27 mars, lors d’un entretien au « 20 heures » de TF1, Gabriel Attal a déclaré qu’« une vraie réforme globale de l’assurance-chômage » sera élaborée d’ici « à l’été », « pour qu’elle puisse entrer en vigueur à l’automne ». Les propos du premier ministre sont plus une confirmation qu’une annonce, l’exécutif ayant exprimé, à maintes reprises depuis la fin 2023, son souhait d’introduire des règles plus sévères sur l’indemnisation des personnes à la recherche d’une activité.

Pour le locataire de Matignon, il faut qu’« il y ait plus de Français qui travaillent parce que ce sont des recettes supplémentaires », susceptibles d’apporter un bol d’air à des finances publiques très dégradées. Un projet d’autant plus urgent que le taux de chômage a légèrement remonté depuis un an, à 7,5 % de la population active, loin de l’objectif de plein-emploi d’Emmanuel Macron – autour de 5 % en 2027.

Mercredi soir, M. Attal a indiqué que la ministre du travail, Catherine Vautrin, sera chargée de « préparer » le document de cadrage qui va baliser la négociation entre partenaires sociaux. Sur le papier, ce sont les syndicats et le patronat qui fixent les paramètres de l’assurance-chômage dans une « convention » après en avoir débattu entre eux. Mais ils doivent suivre une feuille de route mise au point par le gouvernement.

L’intervention de M. Attal, mercredi soir, a permis d’y voir un peu plus clair sur les pistes privilégiées par l’exécutif. En premier lieu, la durée d’indemnisation pourrait être réduite « de plusieurs mois ». Elle avait déjà été ramenée, avec la précédente réforme mise en œuvre en février 2023, de vingt-quatre mois à dix-huit – pour les individus de moins de 53 ans, les seniors étant pris en charge plus longtemps. « Je ne pense pas qu’il faut que ça aille en dessous de douze mois », a ajouté le premier ministre.

« Discours effrayant »

Deuxième curseur qui pourrait être actionné : la durée d’affiliation, c’est-à-dire le temps de travail nécessaire pour ouvrir des droits à une allocation. Depuis la réforme de 2019, un demandeur d’emploi doit avoir été en activité au moins six mois sur les deux dernières années pour toucher une prestation. « On peut imaginer (…) qu’il faut travailler davantage », a expliqué M. Attal (par exemple huit mois au lieu de six) ou alors réunir les six mois requis sur une période plus courte (un an et demi contre deux, aujourd’hui).

Dernière option : le niveau d’indemnisation. Il pourrait être revu à la baisse, en modifiant son mode de calcul, ou obéir à de nouveaux mécanismes de dégressivité. Cette hypothèse a « moins ma préférence », a tenu à souligner M. Attal : « Mais on va laisser les partenaires sociaux travailler. » Les organisations d’employeurs et de salariés vont donc – une fois de plus – parlementer sur l’assurance-chômage, alors qu’elles avaient déjà conclu, le 10 novembre 2023, un accord à ce sujet. Ce compromis avait débouché sur une « convention » qui doit être avalisée par l’exécutif pour s’appliquer. Le gouvernement décidera s’il donne son feu vert lorsque les syndicats et le patronat auront bouclé – le 8 avril, en principe – une autre négociation, celle sur « un nouveau pacte de la vie au travail » (emploi des seniors, préventions de l’usure professionnelle, etc.).

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