RSA : 1 bénéficiaire sur 4 toujours pas guidé au bout de 6 mois

Selon une étude de la Drees, 17 % des personnes profitant du revenu de solidarité active n’ont pas été orientées par leur conseil départemental six mois après leur inscription.
Le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) « orientés vers un parcours d’insertion » a doucement amélioré en 2017, mais près d’un quart n’était toujours pas accompagné au bout de six mois, selon une étude publiée jeudi 7 février par la Drees.
La quasi-totalité des attributaires du RSA et de leurs conjoints, soit 2,1 millions de personnes majeures, étaient fin 2017 « soumis aux droits et devoirs associés à cette prestation », rappelle le service statistique des ministères sociaux.
Mais le droit à un complément et l’obligation de recherche d’emploi restaient théoriques pour 17 % des intéressés, qui n’avaient pas été « orientés » par leur conseil départemental.
Variable selon le département
Ce rapport a doucement baissé par rapport à fin 2015 (20 %) et dépend logiquement de « l’ancienneté dans le RSA » : avant 6 mois elle culmine à 50 %, entre 6 mois et un an elle atteint 23 %, au-delà d’un an elle concerne encore 12 % des bénéficiaires.
Le taux de complément varie aussi fortement d’un département à l’autre : Paris et la Sarthe approchent du sans-faute avec 98 %, quand les Ardennes sont à la peine avec 48 %.
Les écarts sont encore plus formulés pour le délai « entre la date de demande du RSA et celle d’orientation vers un chemin d’orientation », qui était en moyenne de 94 jours en 2017, avec un minimum de 32 jours en Eure-et-Loir et un maximum de 162 jours dans l’Yonne – cette donnée n’étant disponible que pour la moitié des départements.






En 2017, les deux tiers des sans-emploi ayant effectué un stage à l’AFPA ont décroché un emploi « au cours des six mois suivants ».
Une telle défaite est difficile à admettre pour « un opérateur de référence » comme l’AFPA. Celle-ci peut se prévaloir d’un « savoir-faire dans le domaine pédagogique » qui est connu et elle dispose d’un réseau de « plateaux techniques » à travers le territoire sans équivalent. Ses performances en matière d’insertion professionnelle sont au-dessus de la moyenne : ainsi, en 2017, les deux tiers des chômeurs ayant effectué un stage à l’AFPA ont décroché un emploi « au cours des six mois suivants ». De surcroît, elle « joue un rôle important dans la formation des moins qualifiés » et anime un programme d’accompagnement en faveur de réfugiés qui produit des résultats très intéressants.
Contre tous ces atouts, l’agence est sur la pente du déclin depuis une dizaine d’années. Deux facteurs essentiels ont pesé : l’ouverture à la concurrence de la formation professionnelle et le transfert aux régions des compétences sur cette thématique. Pour l’AFPA, cette répartition des cartes s’est traduite par une baisse des commandes qui lui sont adressées. Dans le même temps, sa « compétitivité » s’est érodée, du fait de « coûts de structure trop élevés ». Les dépenses de personnel représentaient 62 % des charges d’exploitation en moyenne, sur la période 2013-2017. Un poids lié à la présence de nombreux cadres dans les effectifs (33 %, soit presque vingt points de plus que la moyenne calculée dans les autres organismes de formation professionnelle).
Des « défaillances » dans son « organisation »
La direction a essayé de corriger le tir, avec l’aide des pouvoirs publics, en engageant une « refondation » en 2012. Sans succès. Ce qui démontre « une incapacité à s’adapter ». L’AFPA est responsable de cet état de fait, avec des « défaillances » dans son « organisation » qui n’ont pas été traitées. Mais l’État n’est pas exempt de reproches puisque son action s’est bornée, durant des années, à renflouer l’AFPA en injectant des dizaines de millions d’euros, sans fixer de cap clair, aux yeux de la Cour.
« Après une décennie d’atermoiements coûteux », un « plan de transformation » a « enfin » été présenté en octobre 2018. Il prévoit, à ce stade, la suppression de 1 540 emplois et la création de 600 postes ainsi que la fermeture d’une quarantaine de sites. L’offre de services sera renouvelée, tout en restant concentrée sur le cœur de métier de l’établissement : les publics espacés de l’emploi et ceux qui évoluent vers d’autres horizons professionnels. En dépit de ces mesures, que la Cour approuve, « l’avenir de l’AFPA est loin d’être assuré », d’autant que son chiffre d’affaires va continuer de décroître, à court terme. Il lui dépendra donc de « revoir [son] modèle économique, pour le rendre compétitif » et de « restaurer [sa] rentabilité ».
De son côté, l’État devra « pleinement assumer son rôle de tutelle en accompagnant » la mutation de l’agence. Toute nouvelle aide financière qu’il lui accordera devra être préparée « à des objectifs précis de résultat financier » : s’ils ne sont pas atteints, « la fermeture » de l’opérateur sera à envisager, pour les magistrats de la rue Cambon. Difficile d’être plus clair.