Faut-il lier quête de travail et quête de sens ?
Livre. Longtemps Raphaël Thiolet a refusé de travailler, préférant vivre avec le minimum et continuer ses études sans se soucier de l’avenir. Face à l’insistance de sa mère, il oppose un refus et une posture nihiliste bien commode pour justifier sa paresse. Mais, à l’âge de 27 ans, cette position devient intenable : « Ce n’est pas pour moi qu’une question d’ordre économique, elle est aussi sociale – je dois créer du lien. » Dans le roman Un emploi sur mesure, Sven Hansen-Love retrace la quête de travail et de sens d’un jeune homme dans le Paris des années 1990, à une époque où le taux de chômage oscille entre 9 % et 12 %.
Après plusieurs tentatives infructueuses, Raphaël finit par être contacté par Eo Ipso, une mystérieuse société qui le convoque pour un entretien d’embauche. La promesse d’une première journée de travail modifie sa perception du temps : les heures du week-end filent à toute allure, le jeune homme passe un dimanche radieux.
à l’aube, sur le chemin, Raphaël croise de nombreux piétons, hagards, abattus, qui se rendent docilement à leur travail
Le grand jour venu, il enfile les vêtements les plus présentables de sa collection et se rend à l’adresse qu’on lui a donnée, en banlieue parisienne. Sa première réaction est de chercher des yeux une machine à café. « J’aime ces machines archaïques. Elles doivent évoquer quelque chose de rassurant, me renvoyant à l’image d’Epinal du travail en entreprise. Une image qui s’est ancrée en moi ces dernières années, alors que je rêvais d’un poste salarié. » Ses vœux sont exaucés : il passe des tests concluants pour intégrer Eo Ipso, où la belle Olivia va le former pour devenir un espion professionnel à la solde de clients fortunés.
Incompréhension
L’enthousiasme initial cède rapidement la place à l’incompréhension : qui dirige Eo Ipso ? Pourquoi faut-il surveiller nuit et jour une famille banale ? A l’aube, sur le chemin, Raphaël croise de nombreux…