Action de charme de la SNCF face à « une carence de candidatures »

Avec cette régularité, le géant de la grande attribution entend se convenir sur la nutritive, avec un réaménagement apitoyant six secteurs comme les caisses des stations d’essence ou les rayons hifi-électroménager et bijouterie.
Deux syndicats, Force ouvrière et la CGC, ont définitivement signé l’accord offert par la direction de Carrefour. Un accord de rupture conventionnelle collective portant sur un maximum de 3 000 départs dans les hypermarchés Carrefour va ainsi capacité entrer en vigueur grâce à la signature de ces deux ordres pesant plus de 50 % du personnel, Force ouvrière (46 %) et la CGC (7 %), ont avisé ces syndicats mardi 14 mai. Pour que l’accord soit mis en place en juin, comme le souhaite la direction, il doit aussitôt recevoir l’aval de la direction régionale du travail (Direccte).
Mais tous les syndicats n’ont pas convoité octroyer leur accord à ce texte. Pour sa part, la CGT ne « signera pas un accord qui détruit l’emploi », selon Philippe Allard, délégué de groupe. Et la CFDT, qui fait état de « 80 % de retours négatifs » de sa base dans l’entreprise, ne contresignera pas non plus, a fait savoir Sylvain Macé, délégué syndical central.
Ce procédé de rupture conventionnelle collective (RCC) a été mis en place dans la dernière réforme du code du travail. Il admet de réduire ses effectifs par le biais de départs volontaires, sans justification économique. Il réclame un accord signé par des syndicats émissaire au moins 50 % du personnel.
Carrefour s’assortit sur l’alimentaire
Avec cet accord, le géant de la grande dotation entend se recentrer sur l’alimentaire, avec un réaménagement touchant six secteurs (caisses des stations d’essence, rayons hifi-électroménager et bijouterie, traitement des recettes en magasin, encadrement et services de paie). La direction souhaite ainsi inciter certains salariés à quitter l’entreprise, afin de proposer à d’autres, dont les métiers seront abandonnés, des postes libérés. Car à l’inégalité d’un plan de départs volontaires (PDV), une RCC permet de pourvoir les postes vacants.
Mais le texte envisage une clause de rendez-vous d’ici à la fin de l’année, ouvrant la possibilité d’un avenant admettant « d’augmenter le nombre maximum de départs visés », révoque M. Macé. « On ne peut pas donner un chèque en blanc à l’entreprise ». « Il s’agit d’une formule juridique, assure le directeur des ressources humaines de Carrefour, Jérôme Nanty. Je peux vous assurer que nous ne souhaitons pas dépasser le plafond de départs prévu dans l’accord. »
Mais pour la CFDT, l’entrée des départs volontaires alors que des métiers sont annulés dans la bijouterie et l’électroménager « met ces salariés dans des situations intenables » et le délai imparti (jusqu’au 31 décembre) est insuffisant pour construire un projet professionnel ou obtenir un classement. « On calera le rythme des suppressions de postes sur les départs volontaires, il n’est pas question de supprimer un poste tant qu’une solution n’a pas été trouvée pour le salarié », repars de son côté M. Nanty.
La firme américaine, en pénurie dans l’énergie, avisera un plan social après les élections européennes du 26 mai. Près de 1 000 postes sont tourmentés.
Le dossier fait l’objet de « la plus grande vigilance de la part de l’Etat ». C’est en ces termes qu’Emmanuel Macron a répondu, dans un message daté du 29 avril, aux élus de Bourgogne et du Territoire de Belfort. Tous s’alarment pour le futur d’une partie du site General Electric (GE) de Belfort et la moitié des 1 900 salariés fabriquant des turbines à gaz pour centrales électriques. Et tous réclament, avec les syndicats, l’appui de l’Etat pour soutenir une reconversion industrielle.
Le groupe de Boston endure surtout de l’affaissement des commandes de turbines en Europe
Le président de la République les a révoqués vers le ministre de l’économie, qui reçoit ainsi d’un nouveau dossier délicat après avoir réglé avec succès la reprise de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) par British Steel. Bruno Le Maire a perçu ces élus, lundi 13 mai, à Bercy pour invoquer avec eux les pistes admettant de sauver le plus d’emplois possible et leur confirmer que « l’Etat [travaillerait] main dans la main avec les collectivités ». Acquise par le géant américain avec l’ensemble d’Alstom Power pour 10 milliards d’euros en 2015, l’usine de turbines à gaz risque de faire les frais du vaste réaménagement lancé par le groupe dans sa branche énergie.
Le géant de Boston souffre de l’éboulement des commandes de turbines en Europe, de l’ardeur de concurrents asiatiques plus compétitifs dans les pays émergents, et du défilé rapide des parcs éoliens et solaires pour sortir des énergies fossiles. Une mauvaise passe que traverse aussi son principal rival, Siemens. Le groupe allemand vient d’aviser qu’il se séparait de cette activité historique pour créer une société (30 milliards de chiffre d’affaires) qu’il aperçoit de coter en Bourse.
Dans sa lettre aux élus, le Président de la République assure que Belfort « dispose d’atouts », sans cacher le coût des investissements nécessaires à cette diversification. Mais le gouvernement veut esquiver une nouvelle catastrophe sociale, comme les condamnations de Ford Blanquefort (Gironde) et des deux usines sarthoises du papetier Arjowiggins, qui ont entraîné la suppression de 1 600 emplois. M. Le Maire a avisé aux élus qu’aucun des deux sites de GE (Belfort et Bourogne) ne fermerait.
Il faut élargir les partenariats écoles-entreprises au-delà des intérêts immédiats de ces dernières pour combattre la pénurie de compétences, plaide dans une tribune au « Monde » David Chassan, cadre dirigeant d’une filiale de Dassault Systèmes.
David Chassan
Directeur de la communication d’Outscale, succursale de Dassault Systèmes
Il faut amplifier les collaborations écoles-entreprises au-delà des intérêts rapides de ces dernières pour combattre la carence de compétences, plaide David Chassan, cadre dirigeant d’une succursale de Dassault Systèmes.
Le besoin grandissant de maîtriser ce qui est devenu le nerf de la guerre pour les entreprises, à savoir leurs informations digitales et toute la data qui en découle, crée un manque sans précédent sur le marché de l’emploi dans la technologie. Principalement, de nouveaux domaines apparaissent régulièrement (blockchain, cloud, machine learning, intelligence artificielle, etc.), qui sollicitent de mettre en face les compétences adéquates. Surtout, ces vagues technologiques consécutives rendent les compétences des collaborateurs et celles des futurs collaborateurs très vite obsolètes.
La collaboration active à la formation des futurs talents français doit se figurer dans une réelle grandeur sociale et éducative
Si l’Etat semble avoir pris connaissance du problème, en initiant particulièrement la récente réforme de l’enseignement secondaire, qui assimile un cursus autour des sciences de l’ingénieur, du digital et des sciences informatiques, on sent bien que la réponse n’est pas à l’altitude des enjeux. Il faut aller beaucoup plus loin. Et c’est là que les entreprises de technologie ont un rôle à jouer. A elles de prendre leurs responsabilités et les devants pour ne pas laisser l’éducation nationale seule face à un défi majeur qui les concerne immédiatement.
De plus en plus d’entreprises s’attrapent du sujet en axiomatisant des partenariats avec de grandes écoles pour dépenser des enseignements concrets, pour arranger des conférences ou des cours d’initiation aux technologies émergentes. L’idée est de terminer le précepte professoral par une estimation technique et métier plus opérationnelle.
Encouragement fiscale
Si une telle allure, qui peigne un investissement en termes de ressources humaines et de moyens financiers, peut être perçue, elle n’en présente pas moins un écueil de taille, sur lequel l’Etat doit demeurer très vigilant. Pour prendre tout son sens, cette collaboration active à la formation des futurs talents français doit s’inscrire dans une réelle dimension sociale et éducative. Or, la majorité des entreprises qui l’entreprend le fait dans l’optique de se faire connaître des étudiants.
Ainsi, plutôt que de remettre un enseignement agnostique, elles les aménagent à leurs propres méthodes et outils et, de fait, les ferments dans une doctrine technologique qui ne profite au final qu’à elles-mêmes, et nullement à notre économie. Les écoles sont solliciteuses mais, dans la diligence, se laissent séduire par des firmes peu scrupuleuses.
Par exemple, l’Europe compte actuellement, entre les 200 millions d’actifs, plus de trois millions de personnes formant une forme nouvelle ou atypique de travail, selon les chiffres de la Commission européenne. Quelles sont les raisons de ce succès ? Les abstractions issues des mobiles et des tablettes ont étendu une nouvelle économie des services. Ils sont venus répondre à une offre qui était jusqu’ici inexistante ou inhibée.
Par ailleurs, elles ont détruit des secteurs monopolistiques. Enfin, elles ont engendré de nouveaux emplois, en allant tenter des compétences externes et inutilisées. Mais la gig economy (économie des petits boulots) a dirigé de nombreuses controverses au point que les pouvoirs publics européens ont décidé de l’ajuster outre mesure, sans en sonder les suites.
Paradoxe politique en France
A l’exemple du Parlement européen qui, le 12 avril, a établi des « droits minimaux pour les travailleurs qui dressent un emploi à la sollicitation, basé sur des chèques ou des plates-formes du type Uber ou Deliveroo. » On peut particulièrement lire, parmi les dispositions optées par les eurodéputés, « l’instauration de conditions de travail transparentes dès la première semaine du contrat » ou encore « une période d’essai maximale de six mois ».
L’instruction, qui doit être convertie dans les Etats membres dans les trois ans à venir, va très vite exposer un paradoxe politique en France, tant elle semble très pénible. Elle risque aussi de réanimer des conflits juridico-judiciaires qui étaient en voie d’apaisement dans notre pays. En effet, l’apparition des termes « contrat » et « période d’essai » va obscurcir l’interprétation des textes.
Pire, l’Europe dégage un débat, surabondant, sur un statut conciliatrice entre indépendant et salarié. Ceci sans se rendre compte que l’arrangement de la réglementation à une nouvelle économie, ne pourra se faire de disposition simple et uniforme. En France, l’approche de l’économie de plate-forme est autre. Elle procurerait présentement plus de 50 % de leurs revenus à 5,2 % des Français (12 % des 25-34 ans), suivant les chiffres de la Direction générale des firmes du ministère de l’économie.
Thomas Breda, 36 ans, économiste du travail, est l’un des trois consigné de l’édition 2019 du Prix du meilleur jeune économiste. Chercheur au CNRS, il est uni à l’Ecole d’économie de Paris (PSE), à l’Institut des politiques publiques et à l’IZA, à Bonn. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, il a fait sa thèse à PSE en 2011.
Vous êtes cité au Prix du meilleur jeune économiste 2019 pour l’ensemble de vos activités. En quoi s’inscrivent-ils dans l’actualité ?
La France a engagé avec la loi El Khomri de 2016 ensuite les ordonnances Pénicaud de 2017 une grande refonte du marché du travail, permettant plus de poids au dialogue social au niveau de la firme, par rapport à la branche et au Code du travail. Les thèmes de la contestation collective sont au cœur de mes travaux, qui traitent plus abondamment des différences sur le marché du travail, du rôle des institutions et des normes sociales : normes de genre (femmes-hommes), règles de représentation du personnel et fiscalité du travail.
La reproduction des salariés avait jusqu’alors été très peu soignée par les économistes. Mes travaux sur la carrière des délégués et leur place dans les dispositions ont mis en évidence la discrimination des envoyés syndicaux, payés 10 % de moins que les autres salariés, et ses conséquences sur le dialogue social. On constate dans les entreprises que plus la situation est incertaine, plus les syndicats sont actifs, et plus la condition des envoyés syndicaux est mauvaise.
Comment l’expliquez-vous ?
C’est le résultat d’un cercle vicieux : les employeurs découvrent un intérêt stratégique à stigmatiser ceux qui sont le moins enclins aux compromis, ne serait-ce que parce que la négociation est coûteuse. Mais cette ségrégation avérée entraîne des effets de désaffection des salariés, qui ne demandent pas se mettre en pénurie en rejoignant un syndicat. Ainsi 35 % des salariés affirment échapper de se syndiquer par peur des représailles.
Par suite, seuls des profils singuliers sont prêts à s’engager : des salariés très militants, ou notamment attachés à la défense de l’intérêt général, qui ne sont définitivement pas continuellement très représentatifs des autres salariés. Mes travaux placent ainsi qu’avant de vouloir donner plus de poids à la tractation d’entreprise, il faut d’abord renforcer la valeur et la conformité des représentants auprès des employeurs et des autres salariés. Ce n’est pas nécessairement ce qu’a fait la refonte El Khomri-Pénicaud.
Le droit au déplacement est-il en passe de devenir une nouvelle conquête sociale ? Le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), élu par le Sénat le 3 avril et qui devrait être étudié par la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, à partir du 14 mai, pourrait bien devenir l’appareil de nouveaux droits pour les salariés. La LOM pourrait en particulier assujettir employeurs et salariés à inscrire la mobilité comme l’un des thèmes devant être abordés lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), en plus des rétributions et de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, dans les entreprises d’au moins 50 salariés.
23 députés de La République en marche (LRM) ont placé en effet un rectificatif à l’article 26 du projet de loi, visant à « inclure la mobilité entre le domicile et le travail ainsi que les déplacements professionnels dans les débats annuelles obligatoires, (…) afin de permettre un développement des mobilités actives ». Officiellement, le gouvernement ne prend pas position sur cette question précise et renvoie aux négociations entre partenaires sociaux. Mais dans les coulisses du ministère des transports, on laisse entendre que l’inscription de la mobilité dans les NAO a de fortes probabilités de se faire.
« Personne n’y est opposé, ni les envoyés des salariés ni les patrons, détaille un bon connaisseur du dossier. Et pour la ministre des transports, Elisabeth Borne, la mobilité doit être un thème central du dialogue social. » Pas de doute : la fièvre des « gilets jaunes » a renoncé des traces et ni le gouvernement ni la majorité n’ont oublié que la crise a commencé par une révolte contre la hausse de la taxation du gazole, vécue par de nombreux citoyens comme une agression contre leur besoin économiquement vital de se déplacer.
« Tout le monde ne vit pas dans une grande ville »
C’est donc l’article 26 de la LOM qui pourrait être la pierre angulaire d’une politique sociale de la mobilité. Il envisage, pour le moment, le paiement par les employeurs d’une « prime mobilité durable » optionnelle, sans charges sociales ni taxes, d’un montant maximal de 400 euros par an pour les trajets domicile-travail accomplis à vélo ou en covoiturage. Mais des voix s’élèvent pour solliciter à agrandir, voire à durcir ce dispositif.
Plusieurs délégués des salariés sollicitent à s’affranchir de la contrainte écologique de cette prime mobilité. « Il faut arrêter de se faire des films : tout le monde ne vit pas dans une grande ville, dit Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière. Pour beaucoup de salariés, aller travailler à vélo ou en covoiturage est impossible. »
Les chefs de cinq grandes firmes françaises véhiculent leur soutien au projet de convention internationale contre le harcèlement au travail, qui sera discuté à l’Organisation internationale du travail (OIT) à partir du 10 juin.
Le constat est aussi certain qu’insupportable : la violence et le harcèlement au travail sont des dommages présents partout, dans tous les pays et dans tous les secteurs d’activité. En Europe, près d’une femme sur deux a subi une forme de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Une initiative chargé par les violences conjugales qui, elles aussi, ont des conséquences au travail.
À l’heure récente, encore plus d’un pays sur trois n’est affecté d’aucune loi pour interdire le harcèlement sexuel au travail, ce qui crée un vide juridique pour près de 235 millions de travailleuses et travailleurs dans le monde.
Pouvoir œuvrer sans risque de subir des violences ne devrait pas être une question de chance, annexe de l’entreprise ou du pays où l’on se trouve, mais bien un droit humain universel.
Pour une action globale contre les abus
C’est ce droit universel qui sera débattu à partir du 10 juin à l’Organisation internationale du Travail (OIT). Gouvernements, représentants des travailleurs et envoyés des employeurs négocieront la toute première convention internationale visant à mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail. Il s’agira de mettre en place le premier outil réglementaire international de protection des travailleurs et travailleuses, notamment à l’encontre des violences sexistes et sexuelles.
Face à l’urgence, les discussions, qui ont débuté au sein de l’OIT il y a plus d’un an, doivent maintenant aboutir à l’adoption d’un pacte international assez ambitieux pour assurément protéger l’ensemble des travailleuses et des travailleurs.
L’accès à un travail loyal pour les femmes et les hommes partout dans le monde ne peut être assuré que par une action globale contre les abus, un appel de l’ensemble des acteurs du monde du travail, surtout les entreprises.
Supporter une convention la plus ambitieuse possible
C’est la raison pour laquelle nous avons déterminé, à l’appel de l’ONG Care France et du groupe L’Oréal, de soutenir publiquement l’adoption par l’OIT d’une convention internationale qui incorpore des définitions larges du « monde du travail » et des « travailleurs et des travailleuses ». Cette convention doit enfermer le travail dans l’économie formelle ou informelle, dans l’espace public ou l’espace particulier pour le travail à domicile ou les travailleuses domestiques. Cette convention doit également reconnaître les suites que peut avoir la violence subie dans la sphère conjugale sur le monde du travail.
La direction d’Air France envisage un plan de départs volontaires touchant 465 personnes. Les escales du Sud et de l’Est de la France domineraient payer le plus lourd tribut.
C’est sans doute la fin de la lune de miel entre Ben Smith, directeur général d’Air France-KLM, et les syndicats d’Air France. Le nouveau patron, nommé pendant l’été 2018, doit en effet annoncer, lundi 13 mai, un plan de départs volontaires (PDV) à l’occasion d’un comité social et économique central extraordinaire (CSECE). Au total, 465 postes sont visés. Des coupes qui doivent principalement concerner les effectifs des personnels des bases et des escales d’Air France à Paris, comme en province.
Pour cette première tendance de départs de l’ère Smith ce sont les escales du Sud et de l’Est de la France qui nécessiteraient payer le plus lourd tribut. Le tranchoir ne s’abat pas au hasard. Selon un syndicaliste, elles seraient lourdement déficitaires. Fermement faire concurrence depuis une dizaine d’années par les compagnies à bas coûts comme easyJet, mais aussi par les TGV de la SNCF, le court-courrier aurait creusé un déficit de 170 millions d’euros en 2018. Une perte qui tombe d’autant plus mal qu’Air France n’a plus les moyens « d’acheter la paix sociale comme elle l’a fait à un moment », ajoute le syndicaliste.
La compagnie franco-néerlandaise a connu un très mauvais premier trimestre 2019. Son déficit d’exploitation s’est élevée à 303 millions d’euros contre 185 millions sur la même période il y a un an. Le choix de la direction de réduire les effectifs agace les syndicats, qui dénoncent les options uniquement défensives d’Air France. « Nous souhaitons une politique offensive sur le court-courrier », dont les difficultés ne se régleront « pas seulement avec un plan de départs volontaires », se désole Gaël Amaury, secrétaire général adjoint de la CFDT Air France. Dans cette activité, la direction paie aussi le prix des retards de l’union entre les trois compagnies filiales d’Air France, Airlinair, Brit Air et Regional, identifiées sous la bannière d’Air France Hop !.
« Attrition des personnes »
Promise dans une politique de diminution des coûts, Air France devrait terminer son PDV par une réduction des répétitions sur certaines lignes et l’arrêt de quelques destinations sur son réseau domestique. Une démarche « d’attrition des personnes » et de l’activité qui provoque des demandes, indique la CFDT.
Le syndicat s’ahurit que « dans la stratégie qui sera présentée lundi par la direction, il n’y ait pas un mot sur Transavia France », la succursale à bas coûts d’Air France. Pour une fois sur la même longueur d’onde, la CFDT et Philippe Evain, ancien président du Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL), considèrent que « Transavia France aurait les moyens de faire concurrence aux low cost en province ».
« Face à l’accroissement du trafic et à l’évolution du groupe, nous explorons des profils variés et des compétences spécifiques. »
Conducteur de train, aiguilleur, ingénieur, mécanicien de maintenance, électricien, agent commercial, forment autant de métiers recherchés par la SNCF. Diplômés ou non, les candidats avaient jusqu’à mardi soir pour découvrir ces postes, déposer un CV ou apercevoir des recruteurs. Au total, quelque 7 000 personnes s’étaient préinscrites sur Internet, s’assurant ainsi un job-dating, c’est-à-dire un entretien express et chronométré avec un embaucheur de la SNCF.
Recherche d’équilibre
Mais lorsqu’elle a voulu s’inscrire, Keysa, 20 ans, s’est vue objecter un refus, les préinscriptions étant complètes. Elle est donc venue au déchaussé, escortée de deux amies, elles aussi munies de leur CV, « parce qu’on sait jamais ». A l’instar des autres personnes consultées dans la longue file d’attente, la jeune femme témoigne d’un environnement professionnel moribond, où les postes sont rares et l’instabilité est de mise.
Titulaire d’un bac ES, Keysa, parvenue de Guadeloupe en métropole il y a un an, travaille dans la restauration six jours sur sept et complète son salaire avec des missions d’intérim. Actuellement, après avoir sollicité la fiche métier de la SNCF, elle se verrait bien agent de service en gare, « pour aider les gens et parce que je suis sociable ». « Ça passe ou ça casse », lance la jeune femme, résumant l’état d’esprit de plusieurs personnes se montrant à l’improviste devant l’entrée du Ground Control.
« C’est la dernière année pour postuler et avoir le statut »
Hocine, 26 ans, accumule les diplômes et recherche maintenant un emploi. Celui qui se décrit comme un digital native déclare que les métiers proposés ne correspondent pas vraiment à ce qu’il cherche, mais il tente « le coup de poker » : « La SNCF est une grosse boîte qui pourrait m’apporter des opportunités », décrit le jeune homme, venu de Creil (Oise) avec un ami. Ce dernier complète : « C’est aussi la dernière année pour postuler et avoir le statut. »
Jusqu’à l’âge de 30 ans, les personnes recrutées d’ici à la fin de l’année pourront en effet profiter du statut de cheminot, qui met à l’abri d’un licenciement économique. Les embauches sous ce statut s’arrêteront au 1er janvier 2020, avec la mise en œuvre de la réforme ferroviaire décidée l’an dernier, qui a donné lieu à un mouvement de grève naissant de trois mois.
Bastien, 20 ans, est venu de Brétigny-sur-Orge (Essonne) pour postuler à la SNCF.
Si la question du statut revient irrégulièrement dans les déclarations que nous avons recueillis, les postulants évoquent surtout des « avantages » secondaires, comme « l’aide au logement » ou encore « les tarifs de train avantageux ». Surtout, c’est l’image de « stabilité » et de « solidité » de l’entreprise qui semble motiver les candidats. Bastien n’a pas encore terminé ses études, qu’il prévoit déjà « le marché du travail compliqué » qui l’attend. L’élève en terminale technologique, venu de Bretigny-sur-Orge (Essonne), se dit « prêt à tout faire à la SNCF ».
« Le couac de la rétribution »
David, lui, a un projet professionnel plus achevé. Le quadragénaire venu d’un petit village du Loir-et-Cher espère réussir un entretien au poste de conducteur. Le candidat, qui conduit des trains « mais sur une petite ligne du groupe Keolis, connaît déjà les horaires décalés et le travail les jours fériés ». Désireux d’intégrer la SNCF depuis plusieurs années, il regarde que « le groupe offre plus de perspectives, une possibilité de se former tout au long de sa carrière, et un salaire plus important ».
David, 48 ans, est venu du Loire-et-Cher pour se présenter en tant que conducteur à la SNCF, lundi 13 mai.
La rémunération forme une motivation pour certains et un inconvénient pour d’autres. Nizar, 35 ans, qui vient de participer à un escape game avant son entretien express au poste de superviseur du réseau électrique ferroviaire, déclare la couleur : « Je ne veux pas travailler en dessous de 2 600 euros net par mois ». L’employé dans les télécommunications se dit lassé des postes de contractuels qu’il cumule depuis huit ans. Mais s’il souhaite « intégrer la fonction publique », il sait que le salaire sera moins juteux que dans le privé.
« Sur certains postes, nous avons une pénurie de candidatures »
Katia (le prénom a été changé à sa demande), chargée de recrutement à la SNCF, qui accomplit pendant deux jours des entretiens de job-dating, évoque certainement « le couac de la rémunération ». La trentenaire, qui a tenu « une quinzaine de dossiers intéressants » en quelques heures, évoque les prétentions salariales trop élevées de certains candidats, postulant à des « métiers en tension », comme la gestion des systèmes informatiques, où l’offre est supérieure à la sollicitation. « Sur certains postes, nous avons une pénurie de candidatures », reconnaît-t-elle, confirmant les fins des syndicalistes du groupe, présents à l’entrée du site.
Pour Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail, ce fait, inédit de la part de la SNCF, souligne « une difficulté à recruter ». « Avec la réforme du ferroviaire, impliquant notamment une remise en cause du statut de cheminot, la SNCF est confrontée à un manque d’attractivité », déclare le délégué syndical, définissant que le nombre de candidats est passé de 300 000 en 2017 à 200 000 en 2018.
Consulté sur ce point, le directeur des ressources humaines réaffirme que « pendant le conflit social, nous avons reçu moins de candidatures ». Et d’additionner : « Regardez le monde dehors qui vient chercher un métier qui a du sens ». Il est 18 heures, le lieu ferme dans quatre heures, plus personne n’attend dehors.