Les réunions silencieuses
Selon une étude de l’IFOP, nous passons en moyenne 4 heures par semaine en réunion. Alors que leur rendement n’est pas certaine, certains désirent réétudier cet instant collectif et se consacrent aux « silent meetings ».
Pour : la parole aux taiseux
A part peut-être s’éclaircir avec son café du matin, il n’y a pas grand-chose de pire que de démarrer la journée de travail par une « réu’». Fréquemment, cela renvoie à subir les visions business poussivement grandiloquentes et les aphorismes téléphonés (« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ») d’un Napoléon du tertiaire. Ce pensum est loin d’être anecdotique puisque nous passons quatre heures par semaine en réunion (IFOP 2018), ce qui équivaut tout de même à vingt-sept jours de travail par an.
Au contraire cette tendance à se rassembler autour d’une table où trônent des mini-viennoiseries, seuls 12 % des cadres examinent que toutes les réunions auxquelles ils collaborent sont « réellement productives et efficaces ». En toute logique, 75 % des salariés avouent avoir déjà fait autre chose lors de ces grands-messes de bureau, au lieu de se focaliser sur l’ordre du jour (IFOP, 2014).
Inutilité, dissémination, sentiment d’inutilité : tout cela n’est pas dû au hasard. Un des principaux griefs affirmés à l’encontre de la réunion dans sa forme classique est le darwinisme de la parole qu’elle favorise. Tels de grands fauves, ceux qui se trouvent au sommet de l’organigramme conduisent l’attention, admettant que quelques orateurs au pelage brillant soient aussi conviés à la fête, histoire de faire croire que l’on est en train de vivre un grand moment de démocratie directe. Pour les autres, l’heure est au semi-coma contemplatif, à la fuite numérique via le smartphone, voire clairement à la sieste digestive.
Il était donc essentiel de reconsidérer ce rituel inefficace. « Si, pour des raisons de statut ou de capacité, tout le monde n’est pas égal face à la prise de parole, pourquoi alors ne pas tout simplement arrêter de parler ? », se sont dit les promoteurs du nouveau concept de réunion silencieuse.
Arrivés des Etats-Unis, ces « silent meetings » auraient été lancés, selon le site Quartz, par Jeff Bezos, le patron d’Amazon. Lors des réunions exécutives du géant du commerce en ligne, les adhérents doivent lire et annoter en silence, durant trente minutes, un mémo de plusieurs pages, avant de pouvoir définitivement s’exposer. Les interventions sont alors généralement concises et pertinentes, enrichies par ce moment d’application antérieur où les enjeux stratégiques auront eu le temps d’infuser en chacun.
Chez Square, entreprise californienne spécialisée dans le rémunération mobile, c’est au moyen de leurs ordinateurs portables que les cadres, bec clos, sont invités à annoter un Google Doc – il est donc possible de participer à la réunion sans être physiquement présent. Les vertus de ces réunions silencieuses sont abondantes, mais la première d’entre elles est de faire émerger des voix qui sont facilement inaudibles, ou marginalisées, dont la voix des femmes. Comme le soulignait une étude menée par les universités de Brigham Young et Princeton en 2012, les hommes accapareraient 75 % du temps de parole en réunion, et pas toujours pour faire jaillir des idées lumineuses. Le silence studieux n’est donc rien moins que le nouveau levier de l’inclusion au bureau.
Il faut avoir le « courage » de refluer l’âge légal de départ à la retraite, a affirmé dimanche 31 mars Xavier Bertrand à l’intention d’Emmanuel Macron. « Le président de la République est intimidé sur cette question (…), il y a une sorte de tabou », a évalué l’ancien ministre, auteur d’une réforme des retraites, dans l’émission « Le grand rendez-vous » d’Europe 1/Les Echos/CNews.
Le premier ministre, avait assuré le 20 mars que le gouvernement n’avait pas le projet de reculer l’âge de départ à la retraite (62 ans), tout en se disant ouvert à l’idée de « travailler plus longtemps » pour financer la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale. La ministre des solidarités, Agnès Buzyn, avait dit auparavant ne pas être « hostile » à reculer l’âge de la retraite.
Pour Xavier Bertrand, « on peut apporter des solutions, mais il faut dire la vérité et il faut du courage ». Le président de la région des Hauts-de-France préconise de porter d’ici à 2032 l’âge de la retraite à 65 ans, à raison d’un accroissement de la durée de « deux ou trois mois par an » à partir de 2020.
Les professions les plus dures physiquement ne seraient pas intéressées, a-t-il ajouté, appelant à « trouver la réponse à ce scandale français qui fait qu’entre un ouvrier et un cadre supérieur, il y a sept ans de différence d’espérance de vie » en défaveur du premier.
« Au gouvernement, on sait bien qu’il faudra travailler plus longtemps, mais il y a un verrou à l’Elysée pour ne pas accepter cette évidence », a pareillement assuré Xavier Bertrand dans une interview au Journal du dimanche. « Ne pas reculer l’âge de départ à la retraite, c’est mentir aux Français », a-t-il affirmé.