Aux Etats-Unis, Le congé maladie va-t-il devenir caduc ?

« Un sondage de 2 000 employés, réalisé par l’institut de sondages Civic Science, montre que 54 % d’entre eux [Américains] poursuivent leur activité lorsqu’ils sont malades. »
« Un sondage de 2 000 employés, réalisé par l’institut de sondages Civic Science, montre que 54 % d’entre eux [Américains] poursuivent leur activité lorsqu’ils sont malades. » PHILIPPE TURPIN / Photononstop

Les travailleurs américains s’immobilisent de moins en moins pour raison de santé. Télétravail et smartphone leur acceptent de demeurer en contact avec le bureau.

L’Américaine Kit Warchol ne saisit pas ses jours de congé maladie à la légère. « La semaine dernière, j’ai été absente durant vingt-quatre heures », déclarant-elle. La jeune femme, âgée de 30 ans, se sentait vraiment mal. Mais lorsqu’elle supporte uniquement d’un gros rhume, pas question de disparaître. Kit Warchol reste à la maison, tout en étant active. Le matin elle avale son Dayquil, une marque américaine d’antalgique.

Elle se sent l’esprit clair, et écrit durant quelques heures. Quand les symptômes de la maladie rentrent, elle avertit ses collègues du département marketing de Skillcrush, une société de formation en ligne à la planification et au design. Elle va se mettre sous la couette. Puis Kit Warchol les recontacte, plus tard. L’entrepreneur en série Adam Toren, cofondateur de Youngentrepreneur.com, est encore plus radical. L’arrêt maladie ? Il ne connaît pas. La dernière fois qu’il en a profité, c’était en 2006.

Depuis, il dort bien, esquive le café, mange judicieusement et ne s’arrête plus. Les Américains prennent de moins en moins d’arrêts maladie. Et l’exemple vient d’en haut. On se souvient ainsi d’Hillary Clinton, en 2016, lors de la célébration du 11-Septembre à New York. A l’époque, la candidate à l’élection présidentielle, souffrant d’une pneumonie, avait refusé de suivre les conseils de son médecin. Elle ne voulait pas s’immobiliser quelques jours… et s’était donc écroulée d’épuisement, pendant la cérémonie.

Malade ou pas, on demeure connecté

Plus fraîchement, c’est Ruth Bader Ginsburg, la juge de la Cour suprême, qui a exposé à ses concitoyens de quel métal elle était faite. La frêle magistrate est demeurée quelque temps chez elle, juste après son opération d’un cancer. Mais très vite, elle a participé aux délibérations de ses collègues par téléconférence. Le jour de congé maladie se fait rare.

« Depuis que nous avons généralisé le travail à distance, nous avons tendance à travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, regrette Joan Wyly, la responsable des ressources humaines de 104 West Partners, une entreprise de relations publiques de Denver. Actuellement que l’on peut se connecter n’importe quand et n’importe où avec Google Drive, les employés continuent de travailler même lorsqu’ils sont malades. »

Au départ il y a ceux qui n’ont pas le choix. Les geeks contractuels et autres sous-traitants du high-tech ne sont pas payés tant que leur mission n’est pas terminée. Les serveuses et le petit personnel de la restauration perdent pareillement leur rétribution lorsqu’ils sont absents. Concrètement, 45 % des Américains n’ont pas droit aux congés maladie payés, selon les statistiques du consultant Health Services Research. Ils n’entreprennent pas de se faire porter pâles.

Les petites mesures sont plus efficaces que les grandes décisions

Réunis par le 26 mars, des responsables des ressources humaines ont fait le bilan de leurs politiques respectives.

« Pour être efficaces sur le long terme, les participants aux rencontres RH ont avancé dans le désordre : le mentorat, l’amélioration des conditions de travail dans les emplois à dominante féminine (...) et, à l’unanimité, « des politiques volontaristes ».

« Pour être efficaces sur le long terme, les participants aux rencontres RH ont avancé dans le désordre : le mentorat, l’amélioration des conditions de travail dans les emplois à dominante féminine (…) et, à l’unanimité, « des politiques volontaristes ». Josh McKible/Ikon Images / PhotononstopLes rencontres RH se sont tenues mardi 26 mars à la Maison de l’Amérique latine, à Paris. Ce nouveau temps de réflexion sur le management organisé, en collaboration avec Leboncoin, a réuni plusieurs responsables des ressources humaines de grandes entreprises qui, depuis plusieurs années, adopte une politique volontariste en termes d’égalité femmes-hommes.

Leurs expériences confrontées au regard académique de deux chercheuses, Dominique Meurs, codirectrice du projet Travail du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), et Florence Chappert, de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), ont mis au jour les petits pas de l’égalité en entreprise, les détails qui permettent de grandes avancées et les leviers efficaces sur le long terme.

« Au cours des dernières années, la prise de conscience d’une nécessaire parité s’est accélérée dans les entreprises, d’une part sur le constat que les femmes avaient aussitôt un niveau de formation plus élevé que celui des hommes tandis que leur salaire n’avait quasiment pas bougé, et d’autre part parce qu’il était important pour les entreprises de communiquer sur la parité pour ne pas se priver de « bons profils » », déclare Dominique Meurs.

« Le plafond de verre toujours là »

La mise en place au 1er mars de l’Index égalité femmes-hommes dans les grandes entreprises a initié le débat sur des derniers résultats concrets et les limites de ce type de dispositif. Toutes les entreprises représentées ont obtenu de bons résultats, avec de faibles écarts de salaires sur les mêmes fonctions dans un même secteur, malgré des inégalités existante, dans la mesure où certains métiers sont masculins et d’autres féminins.

« Il n’y a quasiment pas de femmes dans la banque d’investissement, elles sont plus dans la banque de détails, on n’a donc aucune femme dans les dix plus hauts salaires, a affirmé Caroline Guillaumin, DRH du groupe Société générale. La discrimination positive est utile, mais pour intégrer plus de femmes aux postes dirigeants, il faudrait que je bloque la promotion des hommes, ce qui crée d’autres problèmes », a-t-elle déclaré. La loi Coppé-Zimmermann qui a porté la part des femmes dans les conseils d’administration à 40 % n’a eu qu’un effet de ruissellement modéré au sein des entreprises. La part des femmes dans le comité exécutif des entreprises présentes le 26 mars varie de 10 % à 37 %.

Une grande inquiétude à l’usine General Electric de Belfort

Le pôle énergie du conglomérat américain en pénurie est en pleine rénovation dans un marché des grosses turbines à gaz déprimé et sans perspectives.

Des employés travaillent sur une turbine à l’usine General Electric de Belfort (Territoire de Belfort), en février 2017.
Des employés travaillent sur une turbine à l’usine General Electric de Belfort (Territoire de Belfort), en février 2017. Vincent Kessler / REUTERS

Est-ce la prochaine tourmente industrielle, après la clôture de Ford Blanquefort (Gironde) et des usines sarthoises du papetier Arjowiggins ? On n’en est pas là, mais le gouvernement observe un site comme le lait sur le feu : General Electric (GE) à Belfort (Territoire de Belfort), l’un des principaux actifs d’Alstom Power racheté en 2015 par le conglomérat américain.

C’est même devenu le dossier industriel important pour Bercy, alors que les syndicats redoutent l’annonce d’un plan de 800 à 900 élimination de poste en 2019, sur un total de 1 900 dans l’activité concernée. Depuis l’effondrement des commandes des plus puissantes turbines à gaz (60 hertz) pour centrales électriques, une partie de l’usine est en sursis. Sans nouvelles commandes ou réorientation de la production, c’est la clôture assurée.

La clôture des gros équipements pour centrales est le secteur malade du géant de Boston (Massachusetts), qui a deux autres « business » florissants – les moteurs d’avion et les équipements médicaux – et un domaine cyclique, mais porteur (les éoliennes), reconnaît son nouveau PDG, Larry Culp, arrivé à la direction en octobre 2018 après l’éviction brutale de John Flannery, son éphémère prédécesseur.

S’il dit croire à l’avenir du pôle « power », une activité historique de GE, il prévient dans un récent entretien à Bloomberg, que son redressement nécessitera « un effort de plusieurs années ». Celui-ci a commencé sur le site belfortin et dans d’autres entités du groupe, qui emploie 9 000 personnes dans le « power » en France sur un effectif total de 16 000 salariés.

Un premier accord a été signé, portant notamment sur 180 départs volontaires d’ici au 30 juin 2020 au sein d’Alstom Power Systems (APS) à Belfort, et 84 autres départs dans l’Hexagone. Cette branche produit surtout les turbines Arabelle qui équipent certaines centrales nucléaires françaises et les EPR de Flamanville (Manche), Taishan (Chine) et Hinkley Point C (Royaume-Uni).

Craintes de « saucissonnage »

L’accord, fait par la CFE-CGC et la CFDT, mais rejeté par la CGT, prévoit un « plan senior » et, pour 80 salariés, une rupture conventionnelle collective (RCC), procédure créée par les ordonnances Pénicaud votées à l’automne 2017. D’autres accords, portant sur 250 départs volontaires, ont été approuvé dans les pôles conversion d’électricité et réseaux (grid). Quant à la direction de GE Wind France (éolienne en mer), à Nantes, elle a annoncé un plan de rupture conventionnelle portant sur 80 postes.

Le logement, l’obstacle primordial à la mobilité pour les jeunes

L’expert Jean-Benoît Eyméoud préconise de leur réserver des places du parc locatif social pour maintenir leur accès aux zones dynamiques.

Jean-Benoît Eyméoud est expert au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po. Il a publié Vers une société de changement. Les jeunes, l’emploi et le logement (Presses de Sciences Po, « Sécuriser l’emploi », 2016).

Les jeunes sont-ils plus mobiles que leurs aînés, particulièrement lorsqu’il s’agit d’accéder à l’emploi ?

Les jeunes n’ont pas les mêmes mécanismes bloquants que leurs aînés : ils ne sont pas propriétaires de leur habitation, n’ont pas de charge de famille… On pourrait donc penser qu’ils peuvent facilement aller s’installer dans les zones les plus dynamiques où ils auront trouvé un emploi. Or, cela ne se vérifie pas. Les écarts en termes de taux de chômage des jeunes sur l’ensemble du territoire sont supérieurs à ceux constatés pour les catégories de personnes plus âgées. Un élément entrave la mobilité des jeunes.

Lequel ?

Le suspect n°1, c’est l’habitation, notamment problématique pour les jeunes. La question des liens entre emploi et logement n’est pas nouvelle, depuis les années 1970 et les travaux de John Kain, on sait qu’il existe une inadaptation spatiale entre offre et demande de travail. Mais les jeunes pâtissent de handicaps supplémentaires sur le marché du logement. Ils ne peuvent pas accéder à la propriété, car les banques ne veulent pas leur octroyer de prêts si leur situation financière est précaire.

Le marché locatif n’est guère plus accessible : les loyers sont exceptionnellement élevés, les garanties demandées sont lourdes. Or, actuellement, selon les chiffres de l’OCDE, le taux de conversion d’un CDD en CDI, au bout d’un an, est de 16,2 % uniquement en France. Deux fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE. Et les plans d’aide à l’accès au logement pour les jeunes sont résiduels. Pour toutes ces raisons, les jeunes ont du mal à accéder aux zones dynamiques en termes d’emploi.

L’habitation sociale ne représente-t-il pas une solution ?

Outre que le parc est largement insuffisant, l’habitation sociale fonctionne selon un système qui joue contre les jeunes. En 1984, 24,6 % du parc était employé par des personnes âgées de moins 30 ans ; en 2013 ce taux n’était plus que de 9,5 %. Le parc social marche sur un principe de files d’attente : or celles-ci sont beaucoup plus longues dans les zones dynamiques. En 2015, le délai moyen des demandes satisfaites varie de 3 mois, dans le Cantal ou dans la Creuse, à 39 mois à Paris. Avec un taux de mobilité deux fois inférieur à celui du parc privé.

Ce handicap lié au logement accroît donc strictement les inégalités face à l’emploi ?

En gros, un jeune dans une zone dynamique sort plus brusquement du chômage qu’un jeune dans une zone non dynamique, et il en sort encore plus vite qu’une personne plus âgée dans une zone dynamique. En d’autres termes, il profite d’une « prime » de retour à l’emploi provenant du fait que les zones dynamiques s’achèvent par « manquer » de jeunes et de nombreux emplois demeurent non pourvus.

On a donc d’un côté des emplois non pourvus et d’un autre des jeunes sans emploi. Comment sortir de ce paradoxe ?

On peut agir sur la mobilité résidentielle, en facilitant l’accès à la location ou à la propriété, par des mesures adaptées ; et on peut également agir sur la mobilité pendulaire, c’est-à-dire en facilitant les trajets domicile-travail, par la création d’un système de transports compétitif. Mais cela ne va pas régler l’ensemble du problème, car au-dessus d’une certaine distance ou d’un certain temps de transports, les trajets domicile-travail deviennent intolérables.

On en revient donc au problème de l’accès au logement…

Oui. On peut inventer créer des systèmes de tremplins vers l’habitation, notamment en réservant des places pour les jeunes dans les logements sociaux qui, pour une durée limitée dans le temps, leur permettraient de s’insérer sur le marché du travail local, mais on peut aussi développer le parc privé. L’ouvrage du Grand Paris, par exemple, en « gommant » la limite physique et psychologique que représente le périphérique, peut créer un marché locatif plus vaste.

Les jeunes adultes sont de plus en plus abondants à demander habiter loin de Paris, dans des métropoles régionales ou même des zones rurales. Cela ne va-t-il pas renforcer les différences face à l’accès à l’emploi ?

Ces choix soignent du libre arbitre de chacun. Il faut bien concevoir que la mobilité, en soi n’est pas une valeur cardinale. Ce qui est important, c’est de laisser l’éventualité de la mobilité.

L’Auvergne se transforme pour assembler l’offre à la demande d’emplois

A 33 ans, Soazig fait partie de ces « nouveaux milliardaires » que le Cantal à déterminer de mettre en avant. Après deux ans passés en Guyane, la jeune femme a aperçu, il y a un an, un emploi de responsable de la planification et des achats dans une entreprise de probiotiques. S’établir dans un département très rural quand on n’y a pas d’attaches ?

« Au départ, j’étais très réticente, mais tous mes stéréotypes sur ce département sont tombés », explique-t-elle en exposant les dix petites minutes de trajet entre son domicile et son travail – ici, on rentre chez soi pour déjeuner ! – l’entourage de la crèche et de l’école, et la possibilité de se loger à des prix défiant toute concurrence. Et c’est sans adapter la facilité d’apercevoir un emploi dans un département où le taux de chômage – 5,5 % au troisième trimestre 2018 – est l’un des plus bas de France.

« Le taux de chômage est souvent traduit comme un baromètre de la santé économique, mais celle-ci ne peut se diminuer à cette seule analyse »

Le Cantal, un vrai pays de cocagne ? Voire. En réalité, les chiffres de l’emploi dissimulent une situation difficile. « Le taux de chômage est souvent expliqué comme un baromètre de la santé économique, mais celle-ci ne peut se réduire à cette seule analyse, prévient l’Insee dans une note de janvier. Dans le Cantal, le chômage bas reflète plutôt un manque de dynamisme. »

Affecté de plein fouet par la « déprise démographique », la population active recule d’année en année. Au point d’exposer le développement des entreprises. « Nous avons des difficultés à profiter de la reprise économique parce que nous manquons de main-d’œuvre, explique Bernard Villaret, le président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Cantal. Aujourd’hui, les territoires sont en concurrence, et nous avons décidé de nous différencier pour faire venir des actifs d’autres régions. »

D’où l’initiative des « nouveaux milliardaires », une série de petits films postés sur Facebook pour vanter une qualité de vie digne des plus fortunés. La CCI a également lancé des salons de recrutement virtuels nommés « Le Cantal et vous, ça matche ! ». A la fin de l’année dernière, 150 offres d’emploi ont été publiées, occasionnant 6 000 connexions. Cette expérience réussie doit s’ouvrir sur la création d’une plate-forme permanente. Elle doit escorter la mise en œuvre de plans de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences à l’échelle des bassins d’emploi du département. « Nos entreprises n’ont souvent pas de direction des ressources humaines, et les patrons ont le nez dans le guidon, constate Bernard Villaret. Il faut les aider à faire le point sur leur besoins, organiser les recrutements et développer des formations. »

Chantiers de réhabilitation

A Vichy, dans l’Allier, la problématique du marché de l’emploi est tout autre. « Vichy est connu pour le thermalisme, mais c’est avant tout un bassin industriel », note Olivier Laffont, le directeur de l’agence Pôle emploi. Avec un tiers des emplois dans l’industrie, Vichy est très au-dessus de la moyenne de la France métropolitaine qui plafonne à 13 %. « Cette année et l’année prochaine, entre 400 et 500 nouveaux emplois industriels vont être créés », poursuit Olivier Laffont. Ce qui se traduit par de réelles pénuries de recrutement. Le constat a débouché sur l’opération « Objectif industrie », qui vise à valoriser les métiers de ce secteur et surtout à développer la formation continue et initiale. « Nous allons travailler avec l’éducation nationale et la communauté d’agglomération pour créer une plate-forme industrielle au lycée Albert-Londres », déclare Olivier Laffont.

Montluçon Habitat, l’organisme HLM de la ville, a décidé de soutenir sa pierre au développement de l’emploi

C’est encore une autre vérité qui sort à Montluçon, toujours dans l’Allier. Avec un taux de chômage de 10,5 % et un chômage de longue durée de plus de 50 %, la zone d’emploi affiche les plus mauvais chiffres de la grande région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est dans ce contexte difficile que Montluçon Habitat, l’organisme HLM de la ville, a déterminé d’apporter sa pierre au développement de l’emploi. Pour deux chantiers de réhabilitation de logements qui ont commencé en octobre 2018, les entreprises ont dû recruter des personnes des quartiers concernés pour l’équivalent de huit postes. Ce dispositif est prévu par le code des marchés publics qui autorise l’intégration de clauses sociales dans les appels d’offres.

L’objectif est de conserver une partie des heures de travail engendrées par la commande publique à des actions d’insertion. Dans les cinq prochaines années, les opérations de renouvellement urbain (240 logements démolis et 188 réhabilités) conduites avec Montluçon Communauté, solliciteront 15 000 heures de travail qui seront réservées aux habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville.

« Pour les entreprises, c’est une contrainte parce qu’elles doivent assimiler et recruter du personnel supplémentaire », reconnaît Roselyne Delivet-Vavra, la directrice générale de Montluçon Habitat. Pour les aider, elle a fédéré tous les acteurs locaux de l’insertion : « En définitive, chacun y trouve son compte. Les entreprises peuvent borner de futurs salariés qui vont éventuellement pouvoir bénéficier de formations. » Sans compter que le dispositif est aussi très « positif humainement et socialement ».

A Thiers, l’objectif zéro chômeur

C’est un jour de Fête du travail, le 1er mai 2017, qui a été emblématiquement choisi pour la création d’Actypoles, à Thiers, dans le Puy-de-Dôme. A l’approche de son deuxième anniversaire, cette entreprise d’un type nouveau a déjà recruté 69 chômeurs de longue durée et a développé toute une série d’activité, allant de la mécanique auto à l’entretien des espaces verts en passant par la collecte des encombrants ou le reconditionnement informatique.

« Il y a une centaine de personnes qui sont sur liste d’attente mais nous ne souhaitons pas que notre effectif dépasse les 80 ou 90 personnes, pour soutenir une dimension humaine », explique la directrice d’Actypoles, Laure Descoubès. Mais pas question pour autant de baisser les bras : une deuxième « entreprise à but d’emploi » (EBE), guidée vers les services à la personne, doit voir le jour, d’ici à l’été, dans la capitale française de la coutellerie.

Actypoles fait partie des dix applications françaises « territoire zéro chômeur de longue durée ». Le modèle économique, défini par la loi de février 2016, consiste à réaffecter les coûts et les manques à gagner dus à la privation d’emploi (RSA, CMU etc.) à la rétribution d’activités qui ne sont ni dans le champ de l’activité concurrentielle ni dans celui des services publics. « Pour chacun de nos CDI au smic, nous percevons 18 000 euros par an, ce qui correspond environ aux trois quarts du coût d’un emploi », détaille Laure Escoubès.

L’entreprise, qui a aisé un chiffre d’affaires de 200 000 euros en 2018, finance le complément. Selon un rapport d’étape du Fonds d’application territoriale contre le chômage de longue durée, présidé par l’ancien patron de la SNCF Louis Gallois, ce modèle d’activation des dépenses sociale est « neutre » pour les finances publiques.

Le plan « pauvreté » exposé en septembre 2018 par Emmanuel Macron prédit une deuxième loi pour étendre l’expérimentation à d’autres territoires. Plus d’une centaine ont d’ores et déjà exprimé leur intérêt.

 

Régime de garantie des salaires

Thierry Météyé, qui a gouverner l’AGS de 1996 à 2018, déclare avoir effectué sa mission avec « rigueur, loyauté et transparence ». Deux plaintes ont été faite à la suite d’un audit qui relève des anomalies dans la gestion du dispositif.

Thierry Météyé dit ne pas savoir ce qui se passe. C’est par la presse, déclare-t-il, qu’il a appris l’existence d’une plainte adressée, il y a quelques jours, au parquet de Paris, à la suite de soupçons de malversations au sein de l’Assurance de garantie des salaires (AGS). Un organisme qu’il a dirigée de 1996 à fin 2018. Dirigé par des représentants d’organisations d’employeurs, elle joue un rôle essentiel : verser leur salaires aux personnels d’entreprises en difficulté.

De graves problèmes se seraient faite dans le fonctionnement de l’AGS. Mises au jour par un audit du cabinet EY, elles sont susceptibles de relever « de l’abus de confiance et de la corruption active ou passive », selon le Medef, qui a donc annoncé, le 25 mars, avoir saisi le procureur de la République. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ainsi que l’association patronale qui coiffe l’AGS sont associées à cette démarche.

« Je suis stupéfait », confie M. Météyé, heurté que des questions puissent être posées sur son éventuelle responsabilité dans cette affaire. Il assure avoir exercé la « mission sociale » qui était la sienne avec « rigueur, loyauté et transparence ». Il s’étonne par ailleurs de ne pas avoir été auditionné par l’équipe d’EY qui a réalisé l’audit. Il fait aussi valoir que la Cour des comptes, lors du contrôle qu’elle a réalisée en 2018 sur l’AGS, n’a rien trouvé à redire : « La rapporteuse nous a dit, lors d’un compte-rendu oral, que l’activité est bien maîtrisée et bien évaluée. » Dès lors, il envisage de déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse.

« Faits organisés »

Bientôt âgé de 72 ans, M. Météyé est à la retraite depuis le 1er janvier. Il avait, quelques semaines plus tôt, quitté la direction de la « Délégation Unédic AGS », un organisme rattaché – comme son nom le sous-entend – à l’association paritaire qui gouverne l’assurance-chômage. La Délégation s’occupe de la gestion technique et financière du système de garantie des salaires – communément désigné sous l’acronyme AGS. Elle est aussitôt dirigée par Houria Aouimeur.

L’Unédic, de son côté, a déclaré, le 26 mars, par la voix de sa présidente, Patricia Ferrand (CFDT), qu’elle allait, elle aussi, effectuer une plainte, pour les mêmes faits que ceux dénoncés par le Medef, la CPME et l’association patronale qui pilote l’AGS. La responsable cédétiste a déclaré que les éléments litigieux avaient été découverts à la faveur d’un audit d’EY récemment lancé par « l’Unédic et l’AGS ».

Susceptibles de bâtir des « infractions pénales », ces « dysfonctionnements » concernent « essentiellement des partenariats engagés par la DUA [Délégation Unédic AGS] », a-t-elle ajouté, ajoutant qu’elle ne pouvait pas donner plus de détails. « On parle de faits qui ont été suffisamment organisés pour échapper à des organismes de contrôle [la Cour des comptes et les commissaires aux comptes] », a mentionné Eric Le Jaouen, vice-président (Medef) de l’Unédic, en concluant : « Ce n’était pas dans les radars. »

« Il faut percer des politiques “béton et bitume” »

L’économiste montre pourquoi la concentration des ressources et la densification de l’activité sur un même territoire ne donnent pas forcément de gains de productivité et de prospérité.

 Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la mise en place de grands programmes de restauration, la construction d’infrastructures et l’élaboration de projets socio-économiques d’envergure (aéroports, autoroutes, barrages, gares, zones d’activité économique, opérations d’intérêt national, etc.) sont présentées comme les solutions à tous les enjeux de développement économique.

La dynamique économique nationale et locale serait, ainsi, proportionnelle aux volumes de béton et de bitume coulés dans ces opérations. Cette conception, matérialiste, du développement économique a parfaitement été résumée par Jean-François Gravier dans l’ouvrage L’Aménagement du territoire et l’avenir des régions françaises, paru en 1964 [Flammarion]. On pouvait y lire que « trois éléments sont nécessaires et suffisants pour qu’une zone géographique puisse s’engager dans la voie du progrès. Ces trois éléments sont : l’eau, l’énergie et les transports ».

Beaucoup d’élus, notamment territoriaux, souvent influencés par de grands aménageurs, se sont livrés une sorte de « guerre de l’attractivité »

Depuis, nombre de recherches, en France comme à l’étranger, ont montré que la concentration des ressources et la densification de l’activité au sein d’un même territoire ne sont pas forcément génératrices de gains de productivité et de croissance. Il n’en demeure pas moins que beaucoup d’élus, notamment territoriaux, souvent influencés par de grands aménageurs, se sont livrés une sorte de « guerre de l’attractivité », à grand renfort de subventions publiques accordées aux investissements et à l’implantation d’entreprises, le tout accompagné d’aides conséquentes sur le foncier et d’exonérations sur les prélèvements.

En concentrant son action sur la proximité géographique entre les entreprises, d’une part, et sur la mobilité des travailleurs, de l’autre, l’action publique est ainsi restée focalisé sur des actions inscrites dans l’espace. Rapidement visibles, ces opérations avaient en outre l’immense avantage de pouvoir être associées à leurs initiateurs.

Projet patient et de long terme

Il est actuellement connu et admis que la dynamique économique dépend de bien d’autres facteurs que la proximité géographique et les moyens de transport mis en place. La coordination fondée sur les échanges de pratiques et d’expériences, la présence de réseaux de relations de différentes natures – économique, professionnelle, politique, sociale, etc. – et le sentiment de s’inscrire dans des projets menés au sein d’un même territoire sont apparus, depuis une vingtaine d’années environ, comme des vecteurs puissants et des moteurs efficaces du développement local.

Fondée un projet patient et de long terme avec des partenaires multiples et variés stimule des stratégies et comportements coopératifs sur un espace territoriale donné. Ces projets incitent les acteurs – privés et publics – à se coordonner, à harmoniser leurs moyens d’action et à définir des objectifs à moyen-long terme qui, au bout du compte, peuvent contribuer à la coévolution de l’entreprise et du territoire.

Les pouvoirs publics devraient de nos jours aider au même temps partenaires économiques et territoriaux à se nourrir de leurs apports mutuels par le biais d’un apprentissage collectif. Celui-ci serait bâti sur la coproduction de ressources nécessaire pour agir. Il leur faut s’affranchir du dogme de l’aménagement.

Ces nouveaux modes d’action qui aident à sortir du credo déterministe selon lequel ce qui existe actuellement conditionne l’avenir. L’inventaire des besoins et des défis, au premier rang desquels la transition écologique, doit permettre d’identifier les activités à promouvoir, celles à développer et les secteurs à réorienter. Cela ne va pas de soi. Pour y parvenir, deux questions doivent être traitées. Quelle voie de sortie pour les politiques qui ont, jusqu’à présent, donné la part belle aux bâtisseurs ou aux commanditaires de grands projets ? Comment et avec qui définir les cadres d’une action publique favorisant les synergies entre acteurs et la coconstruction des sociétés et du territoire ?

Nadine Levratto est économiste et directrice de recherche au CNRS en poste à l’université de Paris-Nanterre. ­Spécialiste de l’économie industrielle, ses recherches portent principalement sur l’analyse des trajectoires ­d’entreprises, les politiques publiques de soutien aux entreprises et les performances des territoires.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Pôle emploi.

Nadine Levratto ((Directrice de recherche au CNRS))

Comment diminuer la faille territoriale de l’emploi

Entre les plusieurs failles qui franchissent la France, celle de l’emploi est l’une des plus particulières. En France métropolitaine, le taux de chômage peut varier de 1 à 4 selon les zones d’emploi. Donc, selon l’Observatoire des territoires, Houdan, dans les Yvelines, détenait, en 2014, le plus faible taux de chômage avec 4,8 %, alors qu’il monte à 17,9 % dans le bassin d’emploi Agde-Pézenas, dans l’Hérault. Il s’agit du taux le plus haut en métropole.

Dans quelques zones des DOM-TOM, il peut franchir 30 %. Soit un écart de 25 points entre le taux d’emploi de la région la plus dynamique et celui de la moins bien lotie, et de 13,1 points, si on se limite à la France métropolitaine. Un chiffre supérieur à celui que l’on peut rencontrer dans les pays voisins : cet écart entre les taux d’emploi dans les territoires atteint 11,7 points au Royaume-Uni, 10,8 en Espagne ou 9 en Allemagne. En France, note Stéphane Ducatez, associé au directeur général adjoint réseau, en charge des études et de la performance, à Pôle emploi, le rattachement de l’emploi se récapitule en une phrase : « 40 % des offres d’emploi se trouvent dans les dix plus grandes villes seulement. »

Le sociologue et ingénieur Pierre Veltz, auteur de La Société hyper-industrielle. Le nouveau capitalisme productif (Seuil, 2017), termine le tableau : selon lui, la moitié du résultat interne brut est engendrée dans les dix premières villes du pays, et un tiers pour la seule région parisienne. Mais il serait trompeur de croire qu’une région riche en emplois offre les mêmes chances à tous : les fractures franchissent aussi les métropoles, divisant centres-villes bien dotés en activités et en créations d’emplois et périphéries en pénurie.

Les différences devant l’emploi liées au niveau de diplôme et à l’origine sociale s’additionne donc une autre différence : l’inégalité territoriale, qui fait que, selon le lieu où l’on vit, en ville ou en zone rurale, en centre-ville ou en banlieue, la probabilité de trouver un emploi peut varier fortement. « Dans plus de la moitié des régions, les gens disent qu’il est de plus en plus difficile de travailler », confirme Bernard Sananès, président du cabinet d’études et de conseil Elabe, qui vient de publier en partenariat avec l’Institut Montaigne le Baromètre des territoires 2019, qualifié « La France en morceaux ».

Les 4es Rencontres de l’emploi, agencées à Paris le 4 avril, à la maison de la Mutualité, par Pôle emploi, seront consacrées à cette différence territoriale et aux solutions que l’on peut y apporter. La question de la mobilité figurera au cœur des débats. « La mobilité géographique des demandeurs d’emploi est souvent exposée comme un levier possible pour favoriser le retour à l’emploi », note Stéphane Ducatez, en introduction d’une étude sur la mobilité des solliciteurs d’emploi publiée par Pôle emploi à l’occasion de ces rencontres. Une « solution » qui pourrait sembler évidente au vu de certaines données : ainsi, 42 % des demandeurs d’emploi interrogés dans cette enquête vivent sur le territoire où ils sont nés et 55 % sont sur ce territoire depuis plus de dix ans. Suffirait-il donc clairement de traverser la rue, la ville, son département ou même la France pour trouver un emploi ?

Les choses ne sont en réalité pas si élémentaires. Le sociologue Thomas Sigaud l’affirme : « La mobilité n’est pas un ingrédient qui augmente la probabilité de trouver un emploi. » Par contre, elle présente un coût haut, dans tous les sens du terme : coût financier, mais aussi coût en termes de qualité de vie, de bien-être social, d’intégration dans son territoire… Or, les chômeurs sont des agents économiques tout aussi rationnels que d’autres : ils ne vont pas prendre le risque de quitter s’ils ont comme unique vision d’apercevoir un emploi mal rémunéré, dans des conditions difficiles, ou avec des temps de transports intenables.

D’autres facteurs jouent comme un frein à la mobilité et bornent son rendement potentielle : c’est le cas de la bi-activité, par exemple. Quand les deux conjoints besognent, faire en sorte que les deux membres du couple récupèrent un emploi après un déménagement est une hypothèse fragile. En témoigne l’exemple de l’Occitanie : région bien lotie en matière de création d’emplois, elle affiche pourtant un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale. L’éclaircissement réside dans l’arrivée de nombreuses familles attirées par le dynamisme local… et le soleil. « Dans bien des cas, les conjoints n’ont pas trouvé de travail, ce qui fait monter le taux de chômage », précise Stéphane Ducatez.

Plutôt que d’inciter les demandeurs d’emploi à la mobilité, pourquoi ne pas alors réfléchir à créer davantage d’emplois sur les territoires qui en ont besoin ? Une approche d’autant plus pertinente que, comme le formule Hugo Bevort, directeur des stratégies territoriales du Commissariat général à l’égalité des territoires, un autre problème émerge : l’attractivité résidentielle et le dynamisme économique se décorrèlent. Autrement dit, « la ville n’apparaît plus comme le lieu des opportunités ». L’augmentation des prix de l’immobilier, la pollution, l’engorgement des transports, la disparition des emplois moyennement qualifiés, tout concourt à faire fuir les classes moyennes vers des cieux plus paisibles que ceux des grandes métropoles.

Quelques un, comme l’économiste Nadine Levratto, plaident donc pour une organisation distincte des territoires et d’autres modèles de développement, en créant plus de liens économiques entre les régions, par exemple, ou en assistant l’apparition de pôles industriels. « On observe des territoires a priori comparables, et certains arrivent mieux que d’autres à tirer leur épingle du jeu », souligne Anita Bonnet, de la direction des statistiques, des études et de l’évaluation à Pôle emploi. De fait, de petites villes comme Figeac (Lot) ou Thiers (Puy-de-Dôme) devancent ainsi leurs voisines en termes de taux d’activité. Décrypter comment se prépare le dynamisme d’une région accepterait de mieux conduire la création d’emplois hors des métropoles les mieux pourvues et de diminuer ainsi cette fracture territoriale face à l’emploi.

 

L’administration commence le « bénévolat territorial dans les sociétés»

Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et Muriel Penicaud, la ministre du travail, devant l’Elysée, à Paris, le 13 février.
Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et Muriel Penicaud, la ministre du travail, devant l’Elysée, à Paris, le 13 février. LUDOVIC MARIN / AFP

Les jeunes diplômés d’école de commerce ou d’ingénieurs sont encouragés à se captiver aux PME et aux sociétés de tailles intermédiaires, pour un CDD d’un an ou plus.

Pourquoi aller à Sydney, Montréal ou Séoul quand on peut aller à Saint-Omer (Pas-de-Calais) ? La question ne va pas de soi, mais elle pourrait aussitôt se poser aux jeunes diplômés français d’école de commerce ou d’ingénieurs soucieux d’embellir leur CV. Un dispositif nouveau les y encourage, le « volontariat territorial en entreprise » (VTE), lancé le 2 avril, à Tours, sur le modèle du volontariat à l’international (VIE).

Ni stage progressé, ni apprentissage, ce programme est censé admettre aux intéressés de « se faire le cuir » en assistant, le temps d’un CDD d’un an ou plus, des dirigeants d’entreprise, déclare Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Appuyé aux 124 « territoires d’industrie » promus depuis novembre 2018 par le gouvernement, le dispositif est fléché vers les petites et moyennes structures (PME) et les sociétés de tailles intermédiaires (ETI).

« Nous voulons les appuyer en leur apportant des compétences, explique M. Attal, mais au même temps répondre au besoin de sens qu’expriment de plus en plus de jeunes. » Ces derniers n’auraient, paraît-il, plus le même rapport au travail que leurs aînés et inspireraient à davantage « d’action et de responsabilité » dans des structures à taille humaine. Pour autant, ils ne se précipitent pas fréquemment vers les PME.

D’après une étude diffusée en novembre 2017 par Le Lab Bpifrance, 57 % des petites et moyennes sociétés disent perdre de talents pour croître. Le phénomène est d’autant plus marqué qu’on s’écarte des grandes métropoles. Question de salaire certainement, mais aussi de notoriété.

400 entreprises « à fort potentiel » identifiées

Au contraire des grands groupes, les Petit Poucet ne connaissent en effet pas continuellement se faire connaître. « Ce qu’on veut, avec le VTE, c’est que les jeunes ne passent pas à côté d’opportunités magnifiques, souligne Philippe Mutricy, directeur de l’évaluation des études et de la prospective chez Bpifrance. Qu’ils marchent au moins regarder du côté des PME… Nous, on pense que ceux qui y auront goûté auront envie d’y revenir. »

Qu’adviendrait-il des déçus, s’il y en avait ? « Nous sommes en train de discuter avec les DRH des grands groupes pour qu’ils avouent le label VTE et permettent à ceux qui s’en sollicitent de sauter l’étape du CV au moment du mobilisation. Une quinzaine d’entreprises nous ont déjà attribué leur accord et nous attendons en rallier une quarantaine en tout », garantis Philippe Mutricy.

Retraite : les privilégies familiaux en question

Les primes pour les enfants pourraient être changées.
Cette semaine, le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, se penche de nouveau sur des chantiers très sensibles : le devenir, dans le futur système universel à points, des priviléges familiaux, liés à l’arrivée des enfants, et celui des concevions de réversion versées au conjoint survivant. En juin 2018, lors de l’antérieure discussion sur ces questions, le haut-commissariat avait incité un tollé en laissant entendre que les pensions de réversion seraient alarmées, avant de corriger le tir.

Un contexte qui encourage à la prudence. Dans le document de travail envoyé vendredi aux partenaires sociaux, rendu public par l’agence Reuters, l’équipe de M. Delevoye a cette fois précieusement choisi ses mots. D’autant plus que la polémique sur un éventuel recul de l’âge de départ en retraite n’est toujours pas close.

« Enveloppe constante »

Sur les droits familiaux, il est évoqué que leur objectif est « de compenser les impacts sur la carrière des parents de l’arrivée ou de l’éducation de l’enfant ». Les femmes sont les plus punies : la naissance d’un enfant se traduit en norme pour elles par une minoration du salaire de l’ordre de 15 à 30 %. Simultanément, les mères bénéficient de trimestres supplémentaires dès la première naissance, et une majoration de pension est attribuée aux deux parents à partir de trois enfants.

L’idée serait de permettre des points pour chaque enfant et ce dès le premier. « Compte tenu du caractère proportionnel aux revenus d’activité des impacts de l’éducation des enfants », ajoute le haut-commissariat, le nouveau dispositif serait octroyé « sous forme d’une majoration proportionnelle de la pension ».

Frédéric Sève (CFDT) aurait trouvé « plus juste » une prime sous la forme d’un forfait qui donne le même nombre de points car, selon lui, contradictoirement, « le préjudice sur la carrière est plus fort quand on a des bas revenus ».

Le changement se faisant par ailleurs « à enveloppe de prestations constantes », le haut-commissariat impose trois scénarios plus ou moins favorables aux familles nombreuses et interroge l’opportunité de maintenir un avantage spécifique pour les parents d’au moins trois enfants. « Le signal envoyé qui est captivant, c’est la majoration en plus dès le premier enfant, juge Philippe Pihet (FO). Après, chaque enfant en aurait, y compris le troisième, mais ce qui est proposé pour l’instant n’est pas très clair. » « Comme ils ne veulent pas donner des évaluations chiffrées et des études d’impact, on a du mal à voir de quoi on parle », déplore pareillement Eric Chevée (CPME).

Pas de reversion pour les pacs

Pour ce qui concerne les pensions de réversion, l’objectif du haut-commissariat est d’assembler les règles très hétérogènes selon les régimes d’un dispositif qui bénéficiait, en 2016, à 4,4 millions de personnes, dont 89 % de femmes. L’équipe de M. Delevoye souhaitant « un maintien du niveau de vie du conjoint survivant », elle dégage une série de problématiques sans y tenir de réponses : quelle part des droits obtenu par le couple doit-on conserver pour celui qui reste ? Le montant de la pension doit-il être plafonné ?

S’il avait été aperçu d’ouvrir ce mécanisme aux personnes pacsées, l’hypothèse semble détournée. Une déception pour la CFDT. « La pension de réversion s’inscrit dans la continuité d’une obligation légale de solidarité au sein du couple. Le mariage compromettant cette obligation, il resterait une des conditions au bénéfice de la pension de réversion », indique le document. Si la personne décédée a été mariée plusieurs fois, la question est également posée de conserver l’existant – un partage des droits entre l’actuel et les ex-conjoints selon la durée de l’union – ou de désigner à l’avenir ce sujet au moment du divorce.