Entre 270 et 390 cessions de postes d’emploi à Radio France

Le projet stratégique « Radio France 2022 » de la présidente Sibyle Veil file par des économies de 60 millions d’euros dans une conjoncture de diminution des ressources de l’Etat.

Le siège de Radio France, à Paris, le 1er juin.
Le siège de Radio France, à Paris, le 1er juin. FRANCOIS GUILLOT / AFP
Depuis lundi 3 juin, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, s’était bien conservée d’avancer les chiffres qui fâchent, en exposant son projet stratégique consacré à moderniser l’entreprise publique d’ici 2022, à la fois devant le conseil d’administration et aux organisations syndicales. Elle avait accentué sur son ambition et sa volonté de modifier l’entreprise, tout en garantissant que si rien n’était fait, « avec la baisse de la dotation de l’Etat (…), nous aurons un déficit de 40 millions d’euros d’ici à 2022 ». Sans entrer dans les détails.

Mais, jeudi 6 juin, à l’ouverture des premiers débats sur l’accord de méthode composé à jeter les bases des négociations qu’elle convoite terminer en décembre, Mme Veil a fini par s’y résoudre : entre 270 et 390 suppressions de postes sur un effectif total de 4 600 personnes, selon le Syndicat national des journalistes (SNJ). « La fourchette haute, c’est si on dit non à tout, la fourchette basse c’est si on dit oui à tout », a dit Valeria Emanuele, déléguée SNJ, qui estime que l’accord de méthode, « au nom de la responsabilité sociale partagée », se développe « entre verbiage – on nous a donné une quinzaine de pages à lire – et chantage ».

Selon le SNJ, « pour couper 25 millions dans les charges de personnel, la direction veut, en fait, supprimer 390 postes » et embaucher 50 personnes. « Quant à la fourchette basse, c’est 270 postes si nous acceptons collectivement la suppression d’une partie de nos congés », mentionne le syndicat dans un communiqué diffusé à la mi-journée. Soit entre sept à douze jours suivant les métiers.

L’intersyndicale devait arranger une assemblée générale à partir de 13 heures, ce jeudi.

 

Renault-Fiat Chrysler : des responsables déstabilisés et constamment en recherche d’un avenir

Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, lors d’une conférence de presse avec les partenaires nippons de l’Alliance, à Yokohama (Japon), le 12 mars.
Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, lors d’une conférence de presse avec les partenaires nippons de l’Alliance, à Yokohama (Japon), le 12 mars. Kim Kyung Hoon / REUTERS

L’échec de l’union est un coup rude porté à Jean-Dominique Senard, le tout nouveau président du groupe au losange, et à John Elkann, patron de FCA.

L’union entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) n’aura pas lieu. Du moins, pas tout de suite. L’Etat désirant l’accord explicite de Nissan, il a sollicité du temps pour statuer sur l’offre de fusion de FCA, mais l’italo-américain n’a pas sollicité lui octroyer de délai additionnel. Pour l’heure, ce « no-deal » est un coup strict porté à Jean-Dominique Senard, le tout nouveau président de Renault.

Lui qui désirait imprimer sa marque sur l’ex-Régie et lui octroyer un projet d’avenir, en parallèle de la coalition avec Nissan, maintenant engluée dans les suites de l’affaire Ghosn, a été nettement désavoué. « Il ressort fragilisé, confirme un observateur du dossier. Cependant, l’Etat lui demande de rester. Aussitôt, il faut laisser un peu de temps au temps. »

« Vous connaissez beaucoup de présidents qui débarquent dans une nouvelle boîte et qui essaient de forcer une fusion avec leur partenaire puis qui essaient d’en trouver un autre en quelques semaines ? Alors qu’ils ne connaissent rien à l’entreprise, rien au produit et rien aux équipes ? », s’étonne un bon connaisseur du groupe au losange.

Se réunir avec Nissan

« Il a fait cavalier seul sur le dossier FCA et n’a pas vraiment joué franc jeu avec l’Etat sur l’accord ou non de Nissan, constate une source au fait du dossier. Son départ n’est cependant pas souhaité. Ajouter une crise de gouvernance à la situation du constructeur ne réglera rien aujourd’hui. »

Au-delà de M. Senard, le fabricant français doit continuellement répondre, dans l’immédiat, à ses propres pénuries. Si le constructeur dégage aujourd’hui des bénéfices, il doit préparer la grande vague d’investissements à venir pour développer ses prochaines gammes électriques et connectées. Dans son opinion, l’Etat souhaite que « Renault, au sein de l’Alliance, détient l’ensemble des atouts pour relever les défis auxquels fait face le secteur de l’automobile, notamment en matière de véhicule électrique et de réduction des émissions ».

Avant de tenter un nouveau partenaire, le fabricant français devra sans doute d’abord renouer le fil avec son associé Nissan. Alors qu’elle convoitait hâter au printemps une fusion avec son allié nippon, l’ex-Régie doit aussitôt exposer plus de patience pour remettre sur les rails leur coopération industrielle et poursuivre ainsi les synergies industrielles et financières, qui restent actuellement plus encourageantes qu’une éventuelle fusion.

Ministre du travail : « Nous devons garantir à tous le respect des droits fondamentaux au travail »

La ministre du travail Muriel Pénicaud à l’Assemblée nationale, le 29 mai.
La ministre du travail Muriel Pénicaud à l’Assemblée nationale, le 29 mai. FRANCOIS GUILLOT / AFP

Le  G7 social, qui nécessitait s’assembler à Paris les 6 et 7 juin, doit être l’occasion d’affirmer qu’il ne peut y avoir de mondialisation bénéfique sans justice sociale, déclare la ministre du travail, hôte de ce sommet.

Le 26 mai, les citoyens européens se sont appelés pour élire leurs délégués. Les résultats de ce vote nous appellent à bâtir une Europe plus juste et plus attentionnée de l’environnement, une Europe ouverte qui protège ses ressortissants et qui porte avec force ses valeurs universelles de rénovation et de justice sociale dans l’universalisation.

Ce message dépasse les frontières de l’Union européenne (UE). Il y a une semaine précisément, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est réuni à Aix-la-Chapelle le prix Charlemagne [qui récompense chaque année « la plus précieuse contribution à l’entente en Europe de l’Ouest »]. Il accentuait à cette occasion à quel point les Nations unies avaient besoin d’une Europe forte et unie pour défendre un ordre international réalisé sur la coopération.

Car nous devons en faire le constat avec lucidité : face aux inégalités profondes dans la mondialisation, face aux conséquences lourdes de la transformation climatique, les tendances au repli sur soi des peuples et des nations se renforcent partout. Elles pointent un problème, mais ne sont pas la solution. Ma conviction est que le modèle économique mondial n’est pas durable s’il ne prend pas en compte ses conséquences sociales et environnementales. Un modèle centré sur la seule performance financière entraînerait l’augmentation des inégalités, le protectionnisme, le nationalisme et les conflits.

Une régulation sociale de l’universalisation

Comment rétablir la confiance dans les institutions politiques qui sous-tendent nos sociétés démocratiques quand plus d’un laborieux sur deux se trouve dans l’économie informelle ? Quand plus de la moitié de la population mondiale ne profite pas d’une protection sociale appropriée ? Quand près de 25 millions de personnes, généralement des femmes, sont encore de nos jours cibles de travail forcé et quand plus de 150 millions d’enfants sont astreints au travail ?

Le multilatéralisme doit prouver sa capacité à encourager la régulation sociale de la mondialisation pour qu’elle ne laisse personne au bord du chemin. Nous devons garantir à tous les citoyens du monde la séparation sur leur lieu de travail par le respect de leurs droits fondamentaux. Qu’il s’agisse du droit d’association et de tractation collective des travailleurs ou du principe de non-discrimination entre les femmes et les hommes, de la disqualification de la violence et du harcèlement, de l’interdiction du travail forcé et du travail des enfants, de garanties de conditions de travail décentes ou de salaire équitable, les normes internationales du travail participent à installer des règles sociales communes visant à garantir un avenir meilleur à tous.

Grève des urgences : le gouvernement s’incline

La ministre de la santé, déclare la création d’une mission pour préparer une « stratégie d’ensemble ». Infirmiers et aides-soignants expriment, jeudi, à Paris pour révoquer leurs conditions de travail.

Face au mouvement de grève qui touche d’embraser l’ensemble des services d’accueil des urgences (SAU) du pays, le gouvernement changement de ton. Dénoncée ces dernières semaines de n’avoir pas modéré l’ampleur du malaise et de l’épuisement des soignants qui y travaillent, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a éclatant, jeudi 6 juin, au séminaires des urgentistes, à Paris, leur « détresse ». « Le quotidien est devenu intolérable pour beaucoup d’entre vous », a-t-elle admis, ajoutant : « Ces difficultés, je ne les regarde pas avec une distance froide de gestionnaire. »

A quelques heures d’une manifestation mélangeant à Paris des infirmiers et des aides-soignants venus des quelque 80 services en grève à travers toute la France, la ministre a éclairci l’annonce d’une mission nationale chargée de préparer une « stratégie d’ensemble » pour « adapter nos urgences aux nouveaux besoins de santé ». Sans donner de montant chiffré, elle a également demandé aux agences régionales de santé d’apporter « plus directement et plus spontanément » leur appui financier aux hôpitaux « qui font face à un surcroît d’activité et à des afflux exceptionnels ».

« Prime sécurité » formée

Mme Buzyn a pareillement fait un geste en direction des soignants en grève qui sollicitent une hausse de salaire de 300 euros net mensuel. Elle a fait part de son souhait que la « prime sécurité » soit élevée « partout où cela est justifié ». Certains personnels des urgences touchent déjà en partie cette prime forfaitaire de risque d’un montant de 97,69 euros brut par mois. « Cette prime n’est pas portée partout à son juste niveau, des différences subsistent entre hôpitaux pour des situations pourtant analogues », a fait valoir la ministre.

Après avoir dernièrement assuré qu’elle n’avait pas de « solution miracle » pour les urgences, surtout pour dénouer la pénurie de médecins, Mme Buzyn a donc lâché un peu de lest, tout en veillant à ne pas susciter les demandes des personnels d’autres services. La veille, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, avait assuré les soignants des urgences « de toute la solidarité du gouvernement », et avait dit « comprendre (…) ce qu’est leur colère, parfois leur désespoir ». L’ordre des médecins avait, lui, appelé à la tenue d’une « concertation d’urgence », la « souffrance » des professionnels de santé « face aux conditions de travail actuelles » devant être « entendue ».

La MAIF veut être le premier grand groupe à modifier de statut depuis l’adoption de la loi Pacte

« La nouvelle société à mission vise donc à développer la « singularité » de la MAIF, pour faire « rempart à la concurrence » mais aussi pour convaincre du bien-fondé de la responsabilité politique de l’entreprise »
« La nouvelle société à mission vise donc à développer la « singularité » de la MAIF, pour faire « rempart à la concurrence » mais aussi pour convaincre du bien-fondé de la responsabilité politique de l’entreprise » Nathan Alliard / Photononstop

Le concessionnaire mutualiste a exposé, samedi 1er juin, lors de son assemblée générale annuelle, sa volonté de devenir « société à mission », en rempart contre les GAFA.

Pot de terre contre pot de fer ? La MAIF mise sur le gain général pour faire bouclier aux GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Retirant les ordres du rapport de Nicole Notat et de Jean-Dominique Senard « L’entreprise, objet d’intérêt collectif », remis au gouvernement en mars 2018, la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), annoncé le 23 mai au Journal officiel, a créé la « société à mission », qui admet d’inscrire dans les statuts de l’entreprise des missions d’intérêt général (social et environnemental).

La MAIF a résolu, dès cette année, d’opter le statut de société à mission, qui concernera l’ensemble du groupe en 2020. Elle en a exposé le projet à ses sociétaires lors de son assemblée générale du 1er juin à Nantes, avec son nouveau logo ainsi que sa nouvelle « raison d’être ».

Pour s’emporter du titre de « société à mission », la loi Pacte exige en effet des entreprises de préciser leur « raison d’être ». C’est l’occasion pour toute entreprise de systématiser son identité en une formule qui tient du credo ou du slogan, pour cadrer à la fois la stratégie de long terme et les missions du quotidien. « En un an, la “raison d’être” est devenue le truc à la mode, mentionne Bertrand Valiorgue, cofondateur de la chaire altergouvernance de l’université Clermont-Auvergne. C’est en 2020, après l’étape d’expérimentation de 2019, qu’on verra quelles entreprises l’auront réellement inscrite dans leurs statuts. »

La « raison d’être » de la MAIF s’énonce en ces termes : « Convaincus que seule une attention sincère soutenue à l’autre et au monde admet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos promesses et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être. » Le directeur général, Pascal Demurger, à la tête du groupe depuis dix ans, développe plus parfaitement pourquoi et comment il veut faire de l’« intérêt général » un atout compétitif face aux géants de la rupture numérique.

Se démarquer de la concurrence

« La rupture digitale n’a pas encore eu lieu dans le secteur de l’assurance. Mais elle est devant nous. L’arrivée d’un Amazon, d’un Alibaba ou d’un Google comme assureur de plein exercice est très probable. Par leur capacité inégalée de collecte et de traitement de données de santé et de mode de vie, ils ont une puissance commerciale gigantesque et une puissance financière qui leur permet de faire du dumping tarifaire suffisamment longtemps pour s’imposer, et rapidement, explique-t-il. La MAIF, malgré ses 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, n’est que le cinquième assureur français », déclare-t-il, pour amasser la place du groupe dans la rivalité mondiale.

Problèmes des laborieux « ubérisés » en débat à l’Assemblée

Lors du débat du projet de loi mobilités, les députés vont approcher la question de l’encadrement des travailleurs des plates-formes digitales.

Initiés, depuis lundi 3 juin, dans l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), les parlementaires sont sur le point d’avancer un des points les plus sensibles du texte : les règles adéquates aux travailleurs des plates-formes numériques. Cette nouvelle catégorie d’actifs est au cœur des débats car elle questionne les fondements de notre modèle social, adossé – en très grande partie – au salariat.

Il y a plus d’un an, le gouvernement, avec l’aide de sa majorité parlementaire, avait intié la réflexion sur le sujet en ayant deux inquiétudes en tête : renforcer la protection des personnes exerçant une telle activité et sécuriser juridiquement les entreprises qui font appel à cette « main-d’œuvre 2.0 ». Des résultats parviennent d’être trouvés mais une partie des députés macronistes, à l’aile gauche du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée, aimerait aller plus loin.

Développement scruté avec inquiétude

Le débat qui va s’ouvrir en séance au Palais-Bourbon porte sur une frange d’actifs établis dans une sorte de zone grise, du point de vue du droit. Qu’ils soient chauffeurs ou livreurs à vélo, beaucoup d’entre eux soignent du régime du microentrepreneur, pour lequel il existe une « présomption de non-salariat » : ils sont donc, de prime abord, digérés à des indépendants et non éligibles à la couverture sociale offerte à un salarié lambda. De son côté, la plate-forme, qui appointe « son » travailleur en contrepartie du service fourni à un client, est assujettie à des prélèvements moins lourds qu’une société dont le personnel est salarié.

Figuré par le succès d’Uber – à tel point que l’on parle aussitôt de « travailleurs ubérisés » –, le développement de cet écosystème est scruté avec inquiétude. Les syndicats y voient le début de la décomposition du salariat et des garanties qui y sont associées (Sécurité sociale, assurance-chômage…). Et une partie du patronat peste aussi, pour d’autres motifs : en l’occurrence, la concurrence, jugée déloyale, que ces plates-formes formeraient au préjudice des acteurs de la « vieille économie ».

Dans certains cas, des litigieux ont éclaté, à l’initiative d’ubérisés qui ont demandé à la justice de requalifier en contrat de travail leur relation avec les plates-formes. Quelques-uns ont réussi gain de cause, grâce à deux décisions récentes, de la Cour de cassation et de la cour d’appel de Paris. Du coup, les grandes enseignes – telles qu’Uber, Deliveroo, etc. – cueillent que leur modèle économique soit jeté à terre par la jurisprudence.

La CGT se prenne de l’initiative de groupe pour combattre contre les ségrégations envers les femmes

La Caisse d’épargne Ile-de-France est la première entreprise ciblée par cette action en matière d’égalité entre homme et femme.

Après la dénonciation, l’action. Mardi 4 juin, un huissier a placé au siège de la Caisse d’épargne Ile-de-France (CEIDF) une mise en demeure de la Confédération générale du travail (CGT) commandant à la direction de cesser la ségrégation des salaires envers les femmes de cette entreprise de 4 570 travailleurs, dont 2 700 femmes.

C’est la première fois qu’est initiée dans le secteur privé une action de groupe de ce type en France. Pour la CGT, se forgeant sur les données du bilan social 2018, l’écart de rétribution entre les deux sexes est, en moyenne, de 18 % dans cette société. Cela représente « 700 euros de différence par mois en moyenne », estime le syndicat. Celui-ci souligne aussi que les hommes captent 56 % des promotions avec changement de catégorie professionnelle, alors qu’ils ne représentent que 38 % des effectifs.

Ces discriminations sont dénoncées depuis plusieurs années, précise la Confédération générale du travail, qui souligne aussi qu’il n’y a qu’une femme parmi les détenteurs des 10 plus hautes rémunérations. Pourtant, l’index d’égalité des rétributions mis en place par la loi de novembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir, dont la création est très critiquée par la CGT, est de 94 sur 100 pour la CEIDF.

Initiation des négociations

Si le mécanisme d’action de groupe, inspiré des class actions américaines, existe depuis 2014 en France en matière d’achèvement, il ne s’est ouvert à d’autres domaines, dont les discriminations au travail, qu’avec la loi « justice du XXIe siècle » du 18 novembre 2016, conduite par la ministre de la justice de l’époque, Christiane Taubira. « Je me réjouis que cette loi soit enfin actionnée », réagit Mme Taubira, qui précise qu’elle avait dû « batailler trois ans » pour la faire passer, les employeurs, surtout, étant vent debout.

« L’avantage de l’action de groupe, c’est qu’il s’agit d’une démarche collective, portée par un syndicat »

C’est Catherine Vinet-Larie, choisie prud’homale CGT et retraitée de la CEIDF, qui a offert cette démarche à la section CGT de cette banque. « Les salariées discriminées ne vont pas aux prud’hommes, déclare Bernard Dantec, délégué syndical central CGT à la CEIDF. A 60 %, c’est par résignation, et pour les autres, c’est par peur des représailles. L’avantage de l’action de groupe, c’est qu’il s’agit d’une démarche collective, portée par un syndicat », ou par une association dans certaines situations, même s’il faut que des travailleurs se promettent dans le groupe. Pour le moment, elles sont huit pionnières à la CEIDF dans cette action.

Problème d’Ascoval persiste malgré les promesses de Macron

Les anciens syndicalistes Edouard Martin et Joël Decaillon révoque, la manque de stratégie industrielle durable pour le site d’Ascoval, et demandent à Bruno Le Maire d’instaurer une vraie concertation.

« Emmanuel Macron a fait la promesse en juin 2015 de sauver l’aciérie toute neuve de Saint-Saulve (Nord) cédée par Vallourec à Ascométal et rebaptisée Ascoval » (Emmanuel Macron, le 29 juin 2015, à l’époque ministre de l’économie, à Saint-Saulve).
« Emmanuel Macron a fait la promesse en juin 2015 de sauver l’aciérie toute neuve de Saint-Saulve (Nord) cédée par Vallourec à Ascométal et rebaptisée Ascoval » (Emmanuel Macron, le 29 juin 2015, à l’époque ministre de l’économie, à Saint-Saulve). FRANCOIS LO PRESTI / AFP

 Ascoval et ses 270 poste d’emploi directs est en passe de devenir le « sparadrap » du président de la République, comme Gandrange avait été celui de Sarkozy et Florange celui de Hollande. Rappelons-nous de Nicolas Sarkozy, casque sur la tête, qui avait promis aux travailleurs de Gandrange que, « lui président », l’aciérie ne clôturerait pas : l’usine a fermé fin 2008. Puis cela a été au tour de François Hollande de faire la promesse du sauvetage de Florange et qui a laissé fermer les hauts-fourneaux de manière « temporaire » en refusant leur nationalisation… temporaire.

 Macron a fait la promesse en juin 2015 de sauver l’aciérie de Saint-Saulve (Nord) cédée par Vallourec à Ascométal et renommé Ascoval. Ascométal en faillite, pour cause de fonds d’investissement impécunieux en novembre 2017, sera reprise par le groupe sidérurgique suisse Schmolz & Bickenbach specialiste dans les aciers spéciaux début 2018… mais sans Ascoval ! Décidément les relations des présidents de la République avec la sidérurgie sont une suite de rendez-vous manqués qui ont déçu et meurtri les populations sur place. Jalonnées de ruines, elles illustrent les problèmes industrielles et humaines vécues par les travailleurs et les régions industrielles depuis plus de dix ans.

Une « politique de Gribouille »

Mais, les années se suivent et les épisodes de la série sont tout le temps plus mauvais. A l’automne 2018, le fonds d’investissement franco-belge Altifort est choisi par le tribunal de Strasbourg pour sauver l’usine et ses emplois. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire y croit. Mais, ce petit groupe, vorace en achats d’entreprises en difficultés, est complètement novice en sidérurgie.

Or la sidérurgie nécessite d’avoir les reins financiers solides : après le refus des banques, exit Altifort et son « projet industriel », au demeurant baroque. Arrive ensuite British Steel, détenue depuis 2016 par le fonds d’investissement Greybull, lequel emprunte pour payer chaque opération et met en ruine les entreprises qu’il contrôle dès que l’activité décline (la chaîne de magasins Comet, la compagnie d’aviation Monarch, et maintenant British Steel).

Cette fois, avec British Steel, les salariés d’Ascoval avaient un spécialiste de l’acier, mais ils n’ont pas eu d’argent : une baisse des prix de vente conjuguée à une augmentation du prix des matières premières (effet Brexit et crise des barrages au Brésil) a fait que British Steel a cédé après avoir vendu tout ce qu’elle pouvait, y compris les quotas de CO2 fournis gratuitement. Au point qu’une fois l’échéance venue, British Steel a obtenu du gouvernement britannique 80 millions de livres sterling pour les payer trois fois plus chers !

Comment faire face à la perte de capacités des salariés

Le nouveau rendez-vous management s’est déroulé le 28 mai sur la santé au travail. Les prochaines rencontres porteront sur les contrats courts.

« la plupart des salariés en perte de capacité ne veulent pas en informer l’entreprise par peur du stigmate. Ils développent un ensemble de stratégies pour pallier l’involution de leurs capacités » affirme Anne-Maire Waser
« la plupart des salariés en perte de capacité ne veulent pas en informer l’entreprise par peur du stigmate. Ils développent un ensemble de stratégies pour pallier l’involution de leurs capacités » affirme Anne-Maire Waser Rainer Berg/Westend61 / Photononstop

Les Rencontres RH, nouveau rendez-vous mensuel sur l’actualité du management, se sont déroulés le mardi 28 mai à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, sur la santé au travail. Stress, vieillissement, maladies chroniques: comment s’occuper de la santé au travail et faire face à la perte de capacités des salariés ?

Avant, la maladie n’a pas sa place au travail. La responsabilité de l’entreprise consistait à faire la sortie du salarié de l’entreprise vers un arrêt de travail, un congé maladie, un mode de prise en charge à l’écart – le placard – de l’organisation. « La question est préoccupante avec l’allongement de la vie au travail et la reconnaissance des maladies chroniques, car l’inactivité aggrave les problèmes de santé, déclare la sociologue Anne-Marie Waser, coauteure de Que font les 10 millions de malades ? Vivre et travailler avec une maladie chronique (Erès, 2016). L’activité est nécessaire pour mettre la maladie à distance et pour maintenir le lien social. On ne dit jamais assez que l’homme est un animal social. »

Nombreux DRH de secteurs aussi différents que la chimie,le tourisme,ou la bancassurance réunis pour en débattre, ont mis au jour des approches pour concilier santé et productivité. La remontée d’informations et l’autonomie des manageurs sont apparues comme les deux éléments-clés pour être efficaces.

Plus de burn-out que d’accidents

Le burn-out en offre une bonne illustration. « Lorsque à partir de 2015 on a commencé à recenser les accidents psychiques, on s’est d’abord heurté à la difficulté de définir le burn-out, puis on s’est aperçu qu’on avait plus de burn-out que d’accidents physiques. En entreprise, ce qu’on ne compte pas ne compte pas », déclare Jean-Christophe Sciberras, DRH du groupe Solvay.

La question de la signification du burn-out se pose d’abord pour évacuer « la suspicion qui pèse sur le salarié malade d’être “un tire-au-flanc” », note Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP. Puis « pour expliquer aux entreprises, aux manageurs et aux salariés ce qu’est cette maladie. Et c’est au médecin de le faire », ajoute Hervé Wattecamps, DHR du groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). La décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, le 25 mai, a inscrit le burn-out dans la classification internationale des maladies est « intéressante, en ce sens qu’elle nous donne un cadre », mentionne M. Sciberras. Le lien avec le management est établi.

« Savoir apercevoir le moment idéal pour faire valoir ses arguments dans une contestation est une qualité majeure »

« Au tennis, comme dans de très nombreux sports, la question du timing est cruciale. »
« Au tennis, comme dans de très nombreux sports, la question du timing est cruciale. » Serge Kozak/Flirt / Photononstop

Le timing est un outil de pouvoir. Certains responsables en usent et en entortillent parfois.

Au tennis, comme dans de très nombreux sports, la question du timing est décisive. Les champions que l’on peut contempler sur les terrains de Roland-Garros jusqu’au 9 juin ont assimilé cette notion depuis bien longtemps. L’instant où ils doivent faire la balle pour arriver l’effet désiré est rarement précise. Le coup doit partir ni trop tôt ni trop tard. Juste à temps.

Il en est de même dans le monde du travail et des affaires. Et pas uniquement dans l’industrie, où le « juste à temps » rythme la production pour apaiser les stocks. Savoir trouver l’instant optimal pour faire valoir ses références dans une négociation est une qualité majeure dans n’importe quel secteur d’activité. Qu’il s’agisse de mener à bien un accord stratégique, de réussir l’aval de son supérieur pour un projet qui vous tient à cœur ou au contraire celui d’un assistant pour mener une tâche raffinée et chronophage.

Daniel Pink, examiné comme un auteur des plus influents aux Etats-Unis, est un spécialiste de « la science du parfait timing » (Le Bon Moment. La science du parfait timing, Flammarion, 320 p., 20,90 euros). Si les ouvrages pour savoir comment faire – pour transmettre, développer ses réseaux – abondent, très peu s’ensorcellent au choix du meilleur moment pour agir. Daniel Pink a donc dénudé plusieurs centaines de travaux scientifiques en sociologie, chronobiologie, entre autres, pour réaffirmer ce que certains ont certainement plus ou moins déjà ressenti. A savoir que les performances d’un individu varient au cours d’une journée. Optimale en fin de matinée, la vigilance décroît en début d’après-midi, pour repartir à l’augmentation ensuite. Certes, les uns diront qu’ils sont « plutôt du soir », d’autres « plutôt du matin ».

Un mécanisme de pouvoir

Mais, d’une façon générale, mieux vaut avoir assimilé sa zone de confort pour commercer un important contrat. Les dirigeants internationaux, qui s’aperçoivent parfois infliger des réunions décisives alors qu’ils sont en plein distance horaire, connaissent depuis longtemps l’importance de cette arme. Son usage interne à l’entreprise n’est pas insignifiant non plus.

Le timing est un outil de pouvoir. Certains responsable en usent et en abusent parfois. D’aucuns formulent leurs souhaits, voire leurs exigences, longtemps à l’avance, pour pointer leur territoire. Il faut alors savoir les prendre de vitesse, prévoir leurs désirs et organiser la riposte.