Au Portugal, cumuler deux ou trois emplois est de plus en plus fréquent

A Lisbonne, le 8 novembre 2023.

Devant l’hôpital Santa Maria, dans le nord de Lisbonne, Isabel avance d’un pas pressé parmi les patients, tout en se dirigeant vers le parking. Des cernes sous les yeux, les cheveux en vrac et chargée de plusieurs sacs, cette chirurgienne de 38 ans, qui préfère garder l’anonymat, file chez elle pour se changer, avant de partir compléter son salaire dans une clinique privée. « Je travaille quarante heures par semaine dans cet hôpital public pour seulement 2 000 euros net par mois, alors que j’ai fait six ans de spécialité en chirurgie. Ça ne suffit pas pour vivre décemment, ne serait-ce que parce que pour 1 300 euros par mois, on ne trouve plus de logement à Lisbonne, explique-t-elle, sans cacher sa colère et sa fatigue, dans le contexte difficile de pénurie de soignants. Il me faut aussi payer la crèche pour mes deux filles. Et les prix des aliments ne cessent de flamber. Alors je travaille aussi cinq heures par semaine dans une clinique privée, sans compter les opérations que je réalise sur mon temps “libre”. Au total, je fais soixante heures par semaine pour gagner 4 000 euros net par mois. »

En février, l’Institut national des statistiques du Portugal a publié le nombre de Portugais cumulant deux, voire trois emplois. En 2023, il a dépassé les 250 000 (sur une population de 5 millions d’actifs, soit 5 %). Un record, qui contraste avec des indicateurs économiques a priori au beau fixe : un taux de croissance de 2,3 % en 2023, une dette ramenée sous la barre des 100 % du produit intérieur brut beaucoup plus tôt que prévu et un taux de chômage limité à 6,5 % des actifs. Plus de la moitié d’entre eux sont diplômés de l’université.

Mais c’est parmi les moins formés que la croissance de l’emploi est la plus grande. La Brésilienne Marcia Alvaro, 42 ans, est à la fois femme de ménage dans des logements touristiques et menuisière. Diego, qui n’a pas souhaité donner son nom, conducteur de voitures pour la plate-forme numérique Bolt, est aussi livreur de produits pharmaceutiques.

Difficultés à payer les factures

Dans les rues de Lisbonne prises d’assaut par les touristes – mais aussi par les riches expatriés, nomades du numérique américains et européens ou oligarques russes –, les inégalités sont de plus en plus saisissantes, traduisant une économie à deux vitesses. D’un côté, la capitale portugaise s’est hissée de la 20e à la 8e place du Barnes City Index 2024, qui classe les villes qui attirent le plus d’ultrariches désireux d’investir dans l’immobilier de luxe.

De l’autre, trois familles portugaises sur quatre ont eu des difficultés à payer leurs factures en 2023, selon le baromètre annuel de l’organisme de défense des consommateurs, Deco Proteste, rendu public mercredi 20 mars. Selon l’enquête réalisée auprès de 7 000 personnes, et portant sur le poids des dépenses en alimentation, éducation, logement, transport, santé et loisirs, 75 % des foyers au Portugal sont concernés, et 7 % se trouvent dans une situation « critique ». Sans surprise, c’est la crise du logement – brusque hausse des loyers pour les locataires et des taux d’intérêt pour les propriétaires – qui est à l’origine des principaux problèmes.

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Finance verte : « Comment convaincre les banques de s’engager davantage dans la transition en renonçant à des profits immédiats ? »

La Cour des comptes a sévèrement épinglé, dans son dernier rapport, le manque d’implication du secteur bancaire dans la transition énergétique. Pas facile pour les banques de renoncer à financer des activités polluantes mais profitables. D’après la Cour, le secteur financier, tout en communiquant massivement sur les questions d’environnement, brouille en réalité les pistes en mettant en avant des objectifs de verdissement à la fois « peu quantifiables, peu suivis et peu comparables », du greenwashing, en somme.

Lire la première partie de notre enquête : Article réservé à nos abonnés Comment les banques européennes aident les géants du pétrole et du gaz à lever des milliards

Au moment où, pour la deuxième année d’affilée, le secteur annonce des profits record, la réallocation nécessaire des actifs apparaît d’« ampleur très limitée », selon la Cour. Début 2023, le fonds euros de l’assurance-vie de la Société générale comprend ainsi seulement 5 % d’investissements verts. Et pendant ce temps, les banques françaises continuent à s’impliquer dans les émissions d’obligations de l’industrie fossile. Entre 2016 et 2023, elles ont collaboré à pas moins de la moitié de ces opérations, à l’échelle mondiale.

Ce constat est d’autant plus problématique que les banques françaises, parmi les leaders en Europe, pourraient, si elles s’engageaient de manière résolue, jouer un rôle-clé pour freiner le dérèglement climatique en favorisant les dépenses et investissements de transition.

Il s’agit d’aller bien au-delà des « taux verts » proposés aujourd’hui pour dynamiser certains investissements spécifiques, par exemple en modulant les offres selon le comportement plus ou moins vertueux des clients. Les banques sont parfaitement en mesure d’octroyer des crédits avantageux à ceux qui achètent une voiture électrique. Elles pourraient aussi proposer des formules de leasing moins onéreuses et plus accessibles pour stimuler le réemploi de biens et le développement d’une économie circulaire. Pourquoi par ailleurs ne pas proposer des programmes positifs de fidélisation et récompenses en fonction de l’impact carbone de chacun ? Les banques savent bien ce que consomment leurs clients. Elles ont toutes les données en stock pour encourager les consommateurs qui privilégient une consommation responsable. Certains segments de clientèle sont très demandeurs de ce type d’engagement.

L’urgence d’une inflexion

Les entreprises doivent aussi être incitées à faire évoluer leurs pratiques. Depuis le 1er janvier, les sociétés cotées sont tenues par la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) de dévoiler l’impact de leurs activités sur l’environnement. Les banques ne peuvent plus se dire « aveugles ». Elles doivent favoriser celles dont les émissions carbone sont limitées ou en baisse. La question du financement des PME est aussi centrale. Elles n’ont pas les mêmes obligations que les firmes cotées, mais il est tout à fait possible de soutenir leurs nouveaux projets en tenant compte de l’impact carbone de ceux-ci.

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Le burn-out peut frapper très tôt : trentenaires et déjà « cramés »

Imaginez une bougie qui, après avoir longtemps brûlé, n’offre plus qu’une flamme fragile. Ou encore un immeuble à la façade intacte mais dont les étages seraient calcinés après un incendie. Cette image de combustion intérieure est à l’origine du terme anglo-saxon « burn-out ». Elle revient aussi dans le vocabulaire et l’imaginaire employés par les victimes de ce mal sournois, qui arrive à bas bruit, par accumulation. « Je me suis cramé », résume Pierre Simonnin. A 29 ans, cet ingénieur, cofondateur d’une start-up technologique, a l’impression de s’éteindre à petit feu : « Ça a commencé par une gêne. Mes associés souhaitaient faire grossir la boîte. Moi, je ne comprenais pas cette course à la croissance. »

Sa situation se détériore jour après jour. Il dort peu, souffre de troubles de l’attention, de maux de tête de plus en plus violents et ne parle plus que de travail. « J’arrivais au bureau à 11 heures, car je ne parvenais pas à me lever avant, et je repartais à 15 h 30, essoré. Une fois chez moi, je m’installais sur le canapé et j’y restais jusqu’à la fin de la journée. » Un jour, alors qu’il sort du métro et se dirige vers son travail, il sent une pression augmenter dans sa tête à chaque pas. Arrivé au bureau, il prévient ses associés qu’il arrête et file chez le médecin, qui pose le diagnostic : burn-out. Quelques mois plus tard, il lance Journal du burn-out, un site sur lequel il poste vidéos et témoignages sur le sujet : « J’ai eu des centaines de retours, dont un nombre non négligeable de personnes que je connaissais, et qui m’ont avoué avoir aussi fait un burn-out. Le sujet reste tabou, mais concerne beaucoup de monde. »

En France, de 5 % à 10 % de la population active souffrirait de burn-out, soit entre 1,5 million et 3 millions de personnes. Les jeunes « millennials » et les femmes sont particulièrement touchés, affirme Philippe Zawieja, auteur des Rescapés du burn-out (Les Arènes, 2023) et de plusieurs livres sur le sujet.

Le psychosociologue du travail identifie différents moments à risque dans une carrière professionnelle, à commencer par l’entrée dans la vie active. « Les jeunes peuvent faire l’expérience d’une désillusion face à un métier longtemps fantasmé. Notamment quand les entreprises affichent des valeurs qui sont ensuite bafouées au quotidien, engendrant ainsi une souffrance éthique chez leurs recrues », analyse M. Zawieja. Le consultant note également un pic de burn-out après dix ans d’expérience, autour de la trentaine, en raison de paramètres démographiques : « C’est le moment où on commence à avoir des enfants, où les premiers couples se séparent. Le risque diminue ensuite avec l’ancienneté. »

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Emploi des seniors : la négociation patine

Ils prolongent les échanges dans l’espoir d’aplanir leurs différends. Mercredi 20 mars, les syndicats et le patronat ont décidé d’ajouter une séance supplémentaire de discussions dans la négociation « pour un nouveau pacte de la vie au travail ». Celle-ci s’achèvera le 8 avril et non pas le 26 mars, comme prévu initialement. Une modification de calendrier qui témoigne de la difficulté pour les protagonistes à dégager un consensus. Le Medef et les organisations de salariés se renvoient la responsabilité du blocage.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Emploi des seniors : les négociations se tendent

Le fait de reporter de presque deux semaines la conclusion des pourparlers n’est pas totalement surprenant. Cette éventualité avait été mentionnée, en particulier par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, car l’agenda arrêté au départ donnait trois mois aux partenaires sociaux pour trouver un terrain d’entente. Un délai jugé court, compte tenu de l’étendue des thèmes abordés : maintien dans l’emploi des seniors, actions de prévention en faveur des salariés exerçant des métiers pénibles, reconversions, etc.

L’exercice, qui n’était déjà pas simple à la base, s’est avéré encore plus ardu, en raison des dissensions très fortes apparues sur un point-clé : la création d’un compte épargne-temps universel (CETU). Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, ce dispositif a pour ambition d’offrir des temps de respiration aux travailleurs dans leur carrière, avec des jours de congé qu’ils thésauriseraient au fil des ans. Défendu de très longue date par la CFDT, le projet se heurte à l’opposition résolue du Medef et de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Les deux mouvements d’employeurs y voient une usine à gaz, source de contraintes accrues pour les chefs d’entreprise – notamment dans la gestion de leur main-d’œuvre.

Les mouvements d’employeurs divisés

Mais le patronat ne parle pas d’une même voix sur ce dossier. L’Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente les artisans, les commerçants et les professions libérales, se dit prête à l’étudier, sous réserve qu’un tel mécanisme n’alourdisse pas les charges. Le CETU peut contribuer à améliorer « l’attractivité » des employeurs, a expliqué Jean-Christophe Repon, vice-président de l’U2P, en s’adressant aux journalistes, mercredi soir, à l’issue de la réunion entre partenaires sociaux. C’est aussi au nom du pragmatisme que son organisation adopte cette position : elle considère qu’il vaut mieux tenir la plume, plutôt que laisser l’exécutif prendre en main cette réforme, qui semble incontournable puisqu’elle correspond à un engagement du président de la République.

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Epargne salariale : un nouveau record, avec 188 milliards d’euros placés

C’est un nouveau record pour les plans d’épargne salariale. Fin décembre 2023, près de 188 milliards d’euros étaient placés sur ces produits, soit à moyen terme, sur les plans d’épargne d’entreprise (PEE), soit à long terme, sur les plans d’épargne-retraite collectifs (les anciens Perco, ou leurs successeurs, les Percol). Un chiffre en hausse de 16 % sur un an, selon les chiffres publiés le 21 mars par l’Association française de la gestion financière (AFG).

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La collecte nette de 2023 (les versements, moins les retraits) est globalement stable par rapport à celle de 2022, à 2,4 milliards d’euros. La forte progression de l’encours (près de 26 milliards) s’explique donc en grande partie par la valorisation des placements, liée aux bonnes performances des marchés boursiers et obligataires.

Quant au nombre d’entreprises équipées, il a crû de 5 % en 2023, pour atteindre 397 200, et douze millions et demi de salariés sont désormais concernés (+ 4,5 %), « grâce entre autres aux mesures adoptées dans la loi Pacte [de 2019], à la suppression du forfait social ainsi qu’à la mobilisation des acteurs sur le terrain et des pouvoirs publics », indique l’AFG dans un communiqué, précisant que 63 500 entreprises sont dotées d’un Perco (948 600 salariés détenteurs) et 158 700 d’un Percol (3 millions de salariés).

En pratique | Article réservé à nos abonnés Comment mieux gérer son épargne salariale

Par ailleurs, l’attrait se confirme pour les fonds solidaires, des produits qui doivent être investis à hauteur de 5 % à 10 % dans des structures de l’économie sociale et solidaire : « Fin 2023, 18 milliards d’euros étaient placés sur de tels fonds, soit environ 18 % de plus qu’à fin 2022 », souligne Thomas Valli, le directeur des études économiques de l’AFG. Dans le cadre d’un PEE, un fonds solidaire au moins doit être proposé aux salariés.

Nouveaux cas de déblocages anticipés

Rappelons que les sommes placées sur un PEE, un Perco ou un Percol sont provisoirement bloquées – pour cinq ans sur le PEE, jusqu’à la retraite pour les produits d’épargne-retraite. Mais certains évènements de la vie (ils varient en fonction du type de plan) permettent de retirer ses fonds avant l’échéance.

En 2023, « les déblocages anticipés représentent 35 % des montants des rachats [les retraits d’argent] (stable par rapport à 2022), soutenus par les motifs de cessation du contrat de travail et d’acquisition ou d’agrandissement de la résidence principale. Ces deux raisons représentent respectivement 39 % et 37 % des montants des déblocages anticipés », détaille l’association.

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Au cours de l’année 2024, trois nouveaux motifs de déblocage anticipés devraient être admis spécifiquement pour les détenteurs de PEE, en application de l’accord interprofessionnel sur le partage de la valeur au sein de l’entreprise signé par les partenaires sociaux en février 2023. « Les décrets d’application sont attendus sous peu. Ils doivent permettre au salarié de demander le déblocage pour la rénovation énergétique de sa résidence principale, l’acquisition d’un véhicule “propre” ou encore au titre de son activité de proche aidant », note Gregory Miroux, directeur épargne salariale et épargne-retraite à l’AFG.

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Dans le marché du jeu vidéo, les ventes se maintiennent, les milliers de licenciements aussi

Un joueur durant le tournoi d’e-sport Gamescom LAN, à Cologne, le 16 mars 2024.

Les éditeurs de jeux vidéo peuvent se rassurer. Le chiffre d’affaires de la première industrie culturelle s’est établi à 184 milliards de dollars (168 milliards d’euros) à l’échelle internationale en 2023, selon le cabinet spécialisé Newzoo, soit une hausse de 0,6 % par rapport à 2022. Les ventes sont également au beau fixe en France avec un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros pour 2023, selon le bilan du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), publié mercredi 20 mars.

Et pourtant, en coulisses, plus d’un développeur sur deux craint pour son emploi, d’après un rapport des organisateurs de la Game Developers Conference (GDC) de San Francisco. Fin janvier, les divisions jeu vidéo de Microsoft et de Sony ont respectivement licencié 1 900 et 900 personnes. Le 28 février, l’éditeur Electronic Arts annonçait quant à lui vouloir réduire de 5 % ses effectifs (soit environ 670 licenciements qui s’ajoutent aux 775 de mars 2023).

Les géants de l’industrie ne sont pas les seuls concernés, car des studios de petite ou de moyenne taille sont touchés de plein fouet par des réductions d’effectifs ou même des fermetures. En tout, le site Game Industry Layoffs a recensé près de 8 000 licenciements durant le premier trimestre 2024, contre 10 500 pour l’intégralité de l’année 2023 – un chiffre déjà jugé alarmant.

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Un emballement durant la pandémie

Mais pourquoi tant de pertes d’emplois ? « La situation n’est pas l’évidente conséquence d’une baisse des recettes. Ses origines sont plus complexes », répond Liam Deane, spécialiste du jeu vidéo pour le cabinet britannique Omdia. Le premier déclencheur identifié remonte à la période de pandémie de Covid-19, durant laquelle le jeu vidéo est un des rares secteurs à bénéficier des restrictions, avec l’e-commerce, le streaming ou la santé. « En 2020, le chiffre d’affaires de l’industrie a fait un bond de 20 % du jour au lendemain, parce que les gens passaient énormément de temps chez eux. Cette période a été l’occasion d’une forte expansion. Il y a eu beaucoup de recrutements, de l’investissement dans des projets et des rachats », poursuit l’analyste.

Cette croissance durant la pandémie favorise certains genres de jeux plutôt que d’autres : « Les jeux en ligne ont fait de très très gros scores durant la pandémie parce qu’on pouvait interagir avec ses amis, on pouvait avoir une activité sociale, observe Thomas Bidaux, cofondateur d’ICO Partners, cabinet de conseil et agence de communication spécialisée dans le jeu vidéo et sise à Brighton (Royaume-Uni). Mais, quelques années plus tard, ce sont eux qui ont connu le plus gros retour de bâton en matière de baisse de revenus mensuels. » En effet, 27 % des licenciements de 2023 concernaient des professionnels travaillant sur des jeux en ligne, selon le décompte de Game Industry Layoffs.

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A France 24, une grève perturbe les antennes depuis dix-huit jours

A Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine ), le 9 avril 2019.

La mise en place de la nouvelle grille de programmes avait été décalée d’une semaine, afin de s’assurer qu’aucun incident ne viendrait la perturber. Le 4 mars, pourtant, un quart d’heure avant le journal de 6 heures, patatras ! Sans préavis, comme ils en ont le droit, les techniciens appartenant au prestataire auquel France 24 fait appel depuis 2006, Red Bee Media France, se sont mis en grève.

Depuis cette date, les antennes francophone, anglophone et arabophone de la chaîne d’info internationale connaissent des perturbations quotidiennes, au gré des vacations touchées par le mouvement. Alors qu’une réunion était prévue entre la direction de Red Bee et ses salariés, jeudi 21 mars (la troisième seulement en deux semaines et demie de conflit), la sortie de crise ne semble pas devoir encore se profiler.

La liste des griefs portés par les techniciens est longue comme le bras : « contrats successifs [entre Red Bee et France 24] négociés à la baisse », « charge de travail croissante sans revalorisation salariale », « diminution des effectifs et fusion des postes », etc. Sur les 80 salariés embauchés en sous-traitance par la chaîne d’info, une soixantaine d’entre eux observent le mouvement, soit la totalité de ceux qui travaillent en régie (les autres dépendent d’autres services).

Ils n’ont rien contre la nouvelle grille de programmes ni même contre le nouvel habillage de la chaîne : c’est la réforme des plannings et « une charge de travail augmentée sans compensations », explique un membre de la délégation des grévistes, qui a du mal à passer. « Nous tenons pour responsables, à parts égales, France 24 qui a totalement oublié les techniciens dans l’élaboration de son projet, ainsi que Red Bee pour avoir validé ce dernier sans veiller à protéger ses employés », protestent-ils dans un communiqué.

« Les correspondants en panique »

Le directeur général de la société prestataire, Stéphane Grandvarlet, conteste cette présentation des faits. Non seulement, dit-il, il y a eu « plus de cinq mois de discussion » pour préparer le changement, mais la surcharge de travail ne serait pas, à ses yeux, insurmontable. Selon les vacations, « le temps passé devant le dispositif technique passe, en semaine, de 40 % à 50 % du temps de présence dans l’entreprise, et de 33 % à 50 % le week-end ». Le temps de travail deviendrait ainsi équivalent au temps de pause.

A France 24, on observe vis-à-vis du conflit « une posture bienveillante sous contrainte budgétaire, en vue de trouver une solution ». En d’autres termes, cela signifie que dans l’incapacité de consentir une rallonge budgétaire, la chaîne s’en tient prudemment à s’assurer qu’un dialogue se noue bel et bien entre les deux parties.

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La vie en entreprise est-elle neuroépuisante ?

De nos jours, le salarié est devenu comptable du fonctionnement de son cerveau. C’est du moins le sentiment qui émerge si l’on parcourt l’offre de littérature managériale consacrée à l’optimisation du neurone, devenue pléthorique. Dans Accompagner le changement avec les neurosciences. Deux pilotes à bord d’un cerveau (Interéditions, 160 pages, 24 euros), Anne-Laure Nouvion souligne le fait que « les recherches sur le cerveau ont connu un essor considérable ces dix dernières années (…). Comprendre le cerveau humain et ses interactions avec le monde environnant est une clé essentielle pour gagner en efficacité managériale ».

Le problème ? Le cerveau serait un affreux pantouflard qui limite autant que possible tout effort cognitif, freinant des quatre fers à l’idée de changer quoi que ce soit dans sa routine. Selon l’experte, assouplir les résistances au changement est donc un enjeu majeur pour des entreprises confrontées à des processus de transformation organisationnelle. Mais, pour cela, il faut saisir quels sont les besoins concrets de cet organe complexe et mou pour lequel toute remise en question de la stabilité acquise s’accompagne d’un risque de perte de repères.

Dans l’ouvrage à paraître en mai aux éditions Eyrolles Votre cerveau n’est pas programmé pour être productif, le spécialiste en neurosciences appliquées aux processus décisionnels Jérémy Coron dresse sensiblement le même constat. Le cerveau serait programmé pour la survie et non pour la productivité, ce qui expliquerait les comportements comme la procrastination, la perte de concentration ou la démotivation. Il conviendrait alors de faire sortir le cerveau de sa zone de confort, voire de le « hacker », afin de mettre à profit son potentiel inexploré. Chefs d’entreprise mariés, obtenez plus ! de confiance, succès et fun de votre couple et clients grâce au cerveau (publication indépendante, 2023), promet carrément le spécialiste en persuasion éthique Thomas Trautmann.

« Violence neuronale »

A rebours de toute cette littérature enjouée – et parfois un peu ridicule –, La Société de la fatigue (réédition, Presses universitaires de France, 80 pages, 11 euros), un essai malin et iconoclaste de Byung-Chul Han, figure majeure de la philosophie internationale, offre un tout autre décryptage de cet engouement pour le cerveau. Selon l’auteur allemand d’origine sud-coréenne, nous serions passés d’une société disciplinaire, se manifestant à travers de nombreuses contraintes subies par l’individu, à une société de la performance, marquée par une autoexploitation qui semble, à bien des égards, pleinement consentie − elle n’en est donc que plus efficace.

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Retraite progressive, mode d’emploi

La retraite progressive permet de percevoir une partie de sa retraite, avant l’heure, tout en poursuivant son activité professionnelle sur une base « réduite ». Les conditions pour y accéder sont peu contraignantes : il suffit d’avoir validé cent cinquante trimestres et d’avoir au maximum deux ans de moins que l’âge de la retraite : soit 60 ans et demi pour les assurés nés en 1962, et 62 ans pour ceux nés en 1968 et après.

Il n’y a pas de condition d’âge maximal et il est possible de profiter de ce dispositif aussi longtemps que souhaité, même après l’âge de la retraite.

Initialement réservée aux salariés du privé et aux agents contractuels de la fonction publique, aux assurés relevant de la sécurité sociale agricole (MSA), aux artisans, commerçants et chefs d’entreprise rattachés à la Sécurité sociale des indépendants (SSI, ex-RSI), la retraite progressive a été, dans un premier temps, étendue aux salariés qui exercent plusieurs activités à temps partiel (assistantes maternelles, salariés des particuliers employeurs) et, depuis 2022, aux cadres en forfait jours « réduit » et aux dirigeants de société relevant du régime des salariés.

La réforme de 2023 généralise ce dispositif en l’ouvrant aux différents régimes de la fonction publique ainsi qu’aux professions libérales et aux avocats qui disposent d’un régime qui leur est propre.

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Pour en bénéficier, les assurés dont la durée du travail est exprimée en heures ou en « forfait jours » doivent exercer une activité à temps partiel comprise entre 40 % et 80 % ou 50 % et 90 % d’un temps plein selon qu’ils travaillent dans le privé ou dans le public. Dès lors que cette condition est remplie, il n’est pas nécessaire de réduire effectivement son temps de travail pour entrer dans le dispositif si on est déjà à temps partiel.

Salariés déjà à temps partiel

En revanche, pour les salariés non soumis à une durée de travail (pigistes, salariés rémunérés à la commission…) ainsi que pour les non-salariés, l’activité réduite doit correspondre à une diminution de leurs revenus professionnels. Leur activité doit leur rapporter entre 20 % et 60 % des revenus qu’elle leur procurait en moyenne au cours des cinq années précédentes. La fraction de la retraite versée pendant la période de retraite progressive est inversement proportionnelle à la quotité travaillée ou à la diminution des revenus.

Par exemple, un temps partiel ou une diminution de revenus de 60 % permet de percevoir 40 % de sa retraite. A l’issue de cette période, la retraite est révisée pour intégrer les droits supplémentaires – trimestres et points − acquis durant cette période.

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