Licenciés après un incendie, les ex-salariés de Toupnot exigent réparation

Philippe Combes, représentant du personnel de Toupnot, usine spécialisée dans la production de conserves de viande de bœuf, à Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 28 mai 2019.

Des trémolos dans la voix, Eric Testeil, 59 ans, s’interrompt pour reprendre son souffle. Cinq ans après qu’un incendie a ravagé les locaux de l’entreprise Toupnot, donnant à sa carrière professionnelle une tournure imprévue, cet ancien salarié ne s’en remet toujours pas. « J’ai laissé plus de trente ans de ma vie dans l’entreprise. Puis il a fallu que je retrouve un emploi. C’était dur, car je n’avais plus 20 ans », raconte M. Testeil, aujourd’hui cariste magasinier.

Entré à l’âge de 17 ans et demi chez le fabricant de corned-beef, installé sur 2 hectares dans le nord-est de Lourdes (Hautes-Pyrénées), il occupe divers postes (déballage de viande congelée, maintenance des outils, chef d’équipe) jusqu’à son licenciement, en mai 2020. Alors, jeudi 4 et vendredi 5 avril, il assistera aux audiences du conseil de prud’hommes délocalisé dans une salle de la chambre de commerce et d’industrie de Tarbes. Au total, ils seront 54 anciens salariés​, sur les 72 employés que comptait l’usine, sur les bancs de la juridiction pour contester leur licenciement économique.

Toupnot, une PME familiale créée en 1932, change de mains lorsque Pierre Franco, petit-fils du fondateur, part à la retraite : à partir de 2011, le dirigeant cède progressivement le capital de l’entreprise à Rémi Arnauld de Sartre, qui finit par en détenir 75 % en 2012. Le reste est cédé à Cofigeo.

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Trois ans plus tard, le groupe agroalimentaire avale entièrement la société lourdaise. L’appétit du spécialiste des plats cuisinés en conserve ne s’arrête pas là​ : il met la main sur William Saurin, avec l’aval de Bercy. ​Le 19 juillet 2018​, Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, donne son feu vert à cette opération​, à la seule condition du maintien de l’emploi dans le groupe pendant deux ans.

« C’est de la fraude, un scandale absolu »

En 2019, dans la nuit du 9 au 10 janvier, un incendie détruit en grande partie l’atelier de fabrication de Toupnot. Le choc passé, les salariés ne perdent pas espoir. Car, pour eux, la reconstruction de l’usine peut être financée par les 18 millions d’euros de prime d’assurance que perçoit Cofigeo. Et puis, un atelier relais de 7 000 mètres carrés est envisagé pour sauver une cinquantaine d’emplois. Ce projet est jugé viable par le cabinet d’expertise Secafi et la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne. Il est aussi présenté aux collectivités locales et aux élus politiques lors d’une réunion en préfecture, en février 2019.

Cependant, « les salariés ne voient rien venir », rapporte Me Elise Brand, saisie par ces derniers au mitan de 2022. « Et, le 1er octobre 2019, le groupe décide de fermer l’usine. C’est de la fraude, un scandale absolu », tonne l’avocate, qui réclame l’indemnisation des salariés pour la perte de leur emploi en raison du non-respect par l’employeur de l’accord conclu en juillet 2018. Pour Philippe Combes, délégué syndical CGT, il s’agit d’une « trahison ». « La direction nous a pris pour des ploucs du Sud-Ouest, sauf que les Toupnot sont toujours là. »

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Etre salarié et militant : un dédoublement source de souffrance au travail

Enzo Poultreniez les appelle les « étoiles filantes ». Ce sont, comme lui, des collaborateurs du mouvement Les Ecologistes. Ils sont arrivés à l’occasion d’une campagne électorale dans laquelle ils se sont investis sans retenue, jusqu’à l’épuisement. « On ne les reverra plus », conclut-il.

Aujourd’hui à la tête de l’Association des collaborateurs d’élus écologistes et apparentés (Aceva), il se dit inquiet pour la santé de ces salariés éphémères mais aussi, plus largement, pour celle de l’ensemble des collaborateurs du mouvement, dont beaucoup seraient touchés par un « surengagement ».

Lui-même est allé au bout de ses limites. En 2015, il a été l’un de ces « martyrs » prêts à « se sacrifier pour la cause ». Victime d’un burn-out, il explique aujourd’hui avoir pris du recul et appris à dire non.

Rien d’une exception

Le ressenti de M. Poultreniez est confirmé par une enquête menée par le sociologue Simon Cottin-Marx en 2023 sur les conditions de travail des collaborateurs d’Europe Ecologie-Les Verts (rebaptisé Les Ecologistes), à la demande de l’Aceva, et dont Le Monde livre les résultats en exclusivité. Elle montre que, si les salariés trouvent du sens au travail ils se plaignent d’exercer un métier qui « déborde ».

68 % se disent sollicités en dehors des heures de travail, ce qui a une influence négative sur leur vie privée (47 %) et leur santé (46 %) ; 64 % disent être préoccupés par la situation de collègues, et 66 % déclarent connaître des collègues ayant quitté leur emploi pour cause de souffrance ou d’épuisement au travail.

La situation rencontrée chez Les Ecologistes n’a rien d’une exception. Elle peut être observée dans d’autres mouvements politiques, des syndicats, des associations. Les structures militantes peuvent être ainsi, parfois, le cadre de situations de travail douloureuses et représenter un risque pour la santé de leurs salariés.

Le fort engagement des salariés dans leur travail est une première explication. Les collaborateurs sont en grande majorité des militants qui épousent une cause. « Au départ, il y a la flamme », résume le sociologue Matthieu Hély. Leur implication est d’autant plus forte que la frontière est floue entre missions salariées et militantisme (surtout lorsque l’on côtoie des bénévoles eux aussi très investis), et que le dévouement est présenté comme une norme. « Il est par exemple très dur de dire non lorsque des actions sont proposées par mon employeur – et, donc, pour la cause – le soir ou le week-end », reconnaît une salariée dans l’humanitaire.

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Plus de seniors en entreprise ? « Oui, mais pas chez nous »

Carnet de bureau. Avant l’ultime séance de négociation entre les partenaires sociaux sur le « pacte de la vie au travail » et l’emploi des seniors fixée au 8 avril, la plate-forme numérique Review Jobs, spécialisée dans l’expérience collaborateur, a interrogé plus de 1 000 salariés du 9 au 12 mars sur la place des plus de 55 ans dans leur entreprise. Respectés mais peu désirés, résume en deux mots leur jugement sur cette catégorie d’actifs.

L’ensemble des salariés considèrent que les seniors sont davantage impliqués et plus exemplaires qu’eux-mêmes ne se voient. Ils les jugent compétents (76 %) et soigneux (69 %). 44 % les estiment même créatifs dans leur travail. Une bonne image à première vue.

Mais paradoxalement, quand les questions portent sur l’augmentation du taux d’emploi des seniors, rendue nécessaire par le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, 30 % des jeunes de moins de 25 ans et 38 % des cadres trouvent que « c’est une bonne idée, mais pas chez nous ». Elle ne peut pas s’appliquer à leur métier, pas à leur entreprise, disent-ils.

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Dans ce sondage publié le 28 mars, 40 % des salariés font état d’un manque d’appropriation des nouvelles technologies par les plus de 55 ans, 31 % des jeunes salariés les estiment incapables de s’habituer à travailler autrement (télétravail, projets collaboratifs), et 39 % des cadres dirigeants les croient également incapables de comprendre les attentes des plus jeunes. « Notre analyse est que les jeunes n’ont pas un regard très précis, car ils ont peu de seniors auprès d’eux », relativise Nicolas Marette, le fondateur de Review Jobs. Dans 44 % des entreprises consultées pour son étude, les seniors représentent moins de 10 % de l’effectif.

Dans certains secteurs d’activité

Ces signaux de crispation des relations intergénérationnelles apparaissent sur fond de ralentissement de la dynamique de l’emploi. Les prévisions de recrutement de cadres seniors publiées mardi 2 avril par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) pour 2024 indiquent que la porte des entreprises a tendance à se refermer devant les plus anciens : « Le secteur privé envisagerait de recruter jusqu’à 20 220 cadres de plus de vingt ans d’expérience (6 % de l’ensemble des recrutements) », soit 15 % de moins qu’en 2023.

Ces cadres très expérimentés seraient « davantage prisés dans les entreprises industrielles que dans les services », précise l’APEC. Autrement dit, le taux d’emploi des 55-64 ans que le gouvernement aimerait bien rapprocher de la moyenne européenne de 62,4 % (contre 56,9 % en France en 2022) serait plus envisageable dans certains secteurs d’activité plus ouverts aux salariés plus âgés.

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Assurance-chômage : les grandes étapes d’un durcissement des règles depuis 2017

Après avoir réformé l’assurance-chômage à trois reprises depuis 2017, le président de la République, Emmanuel Macron, a chargé son premier ministre d’étudier un nouveau projet de réforme. Gabriel Attal a annoncé, le 27 mars, « une vraie réforme globale de l’assurance-chômage » pour l’automne. Il compte demander aux partenaires sociaux d’ouvrir de nouvelles négociations sur l’assurance-chômage pour une entrée en vigueur à l’automne.

Le chef de l’Etat poursuit son objectif de parvenir au plein-emploi (un taux de chômage autour des 5 %) d’ici à 2027. Or le taux de chômage a légèrement remonté depuis un an, à 7,5 % de la population active. La France accuse par ailleurs un déficit public de 5,5 % du PIB en 2023 et cherche des moyens de le réduire. Si le gouvernement assure qu’il vise une incitation au travail, et non pas une réforme budgétaire, les syndicats craignent que les chômeurs soient encore stigmatisés et précarisés pour des raisons financières.

Gabriel Attal a déjà esquissé une feuille de route, qui prévoit une réduction « de plusieurs mois » de la durée d’indemnisation (déjà abaissée de vingt-quatre à dix-huit mois lors de la précédente réforme) ; une augmentation de la durée d’affiliation (également allongée ces précédentes années) ; ou encore une baisse du niveau d’indemnisation. Cette dernière hypothèse à « moins [sa] préférence », est toutefois convenu le premier ministre.

Les contours précis de ce durcissement de l’assurance-chômage ne seront connus que dans plusieurs semaines. Mais pour rappeler le contexte de cette nouvelle annonce, Les Décodeurs font le point sur les nombreuses mesures prises depuis 2017.




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Assurance-chômage : le projet de réforme de Gabriel Attal attaqué dans la majorité

Gabriel Attal lors des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, le 2 avril 2024.

Le projet de réforme de l’assurance-chômage fait tanguer la majorité. Quatre mois après les débats sur la loi immigration qui avaient divisé les élus macronistes, plusieurs députés du camp présidentiel font à nouveau entendre une voix dissonante, cette fois-ci au sujet de la réduction des droits des demandeurs d’emploi annoncée par le premier ministre, Gabriel Attal.

La plupart des critiques viennent d’élus de la majorité classés à l’aile gauche de la majorité. C’est notamment le cas de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui a appelé le gouvernement à temporiser, mardi 2 avril. Rappelant que le gouvernement a plusieurs fois « réformé l’assurance-chômage » et a « déjà réduit la durée d’indemnisation », elle a souligné sur Franceinfo qu’il fallait « évaluer » ces réformes avant d’en envisager une nouvelle. Deux jours plus tôt, l’ex-ministre des transports, Clément Beaune, s’était dit « prudent » face à cette nouvelle réforme, alertant sur le risque de précariser les plus fragiles « si on allait vers des paramètres qui sont trop durs ».

Gabriel Attal a confirmé la préparation d’un nouveau tour de vis pour les chômeurs lors d’un entretien au « 20 heures » de TF1, mercredi 27 mars. Une hypothèse qui est dans les cartons de l’exécutif depuis la fin 2023. Le locataire de Matignon a annoncé qu’« une vraie réforme globale de l’assurance-chômage » serait élaborée d’ici « à l’été », « pour qu’elle puisse entrer en vigueur à l’automne ». Cela serait la quatrième depuis qu’Emmanuel Macron est arrivé à l’Elysée, en 2017.

Tout en indiquant qu’un « document de cadrage » sera envoyé aux partenaires sociaux – normalement chargés de définir les règles d’indemnisation – pour baliser la négociation entre patronat et syndicats, le premier ministre a évoqué les pistes envisagées par l’exécutif : réduction de la durée d’indemnisation, augmentation de la durée d’affiliation (le temps de travail nécessaire pour ouvrir des droits au chômage), ou baisse du montant de l’allocation.

Après les réformes de 2018, 2019 et 2023, « il n’est pas forcément de bonne méthode de réformer aussi rapidement, à nouveau, un point majeur sans qu’on ait pu regarder les effets produits par la précédente réforme », a pointé Yaël Braun-Pivet, mardi.

« Parvenir au plein-emploi »

Conscient des remous provoqués dans les rangs de la majorité par ses déclarations, Gabriel Attal est venu justifier son projet lors de la réunion hebdomadaire du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, mardi 2 avril au matin. Le chef du gouvernement a ainsi défendu une réforme devant « inciter au travail », sans avoir nécessairement pour but de faire des économies. Une réponse aux critiques du député Renaissance de la Vienne, Sacha Houlié, qui avait jugé, dimanche 31 mars, sur le plateau du Grand Jury RTL-Le Figaro-M6, que la « motivation » de la réforme « n’est pas le retour à l’emploi » mais « une mesure d’économie ». « Est-ce que je pense qu’il faut faire une mesure d’économie sur les chômeurs aujourd’hui ? Je ne le pense pas », a ajouté le président de la commission des lois, figure de l’aile gauche de la majorité.

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A Salers, dans le Cantal, trois générations d’hôteliers racontent soixante ans de clientèle

Lorsque Antoine et Marion Bancarel pénètrent en début de matinée dans le hall de l’Hôtel Le Bailliage à Salers (Cantal), leur marathon ne fait que commencer. Pendant que les hôtes les plus matinaux prennent leur petit déjeuner, Antoine monte contrôler une cheminée dans la chambre 8 et Marion vérifier un volet électrique dans la 12. En reprenant l’établissement en février 2020, ils savaient tous deux qu’ils auraient à régler une multitude de problèmes au quotidien.

De gauche à droite, Charly, 95 ans, et Denise Bancarel, 93 ans. Puis, Marion Bancarel, 32 ans, à côté de Dominique Gouzon, 67 ans, et son mari, Jean-Michel Gouzon, 70 ans, et Antoine Bancarel, 32 ans. Trois générations qui ont dirigé l’Hôtel Le Bailliage, à Salers (Cantal), le 19 mars 2024.

Dans l’entrée, une série de photographies illustre soixante ans d’activité de l’hôtel, transmis sur trois générations. La famille y pose entourée du reste de l’équipe ou de clients plus ou moins célèbres. Denise et Charly Bancarel, les grands-parents d’Antoine, ont fait construire le lieu en 1962, à l’entrée de ce village médiéval situé à 950 mètres d’altitude, qui domine la vallée de la Maronne. A l’époque, elle s’occupe de l’accueil et de la cuisine du restaurant ; lui gère le bar, le PMU, et la station essence installée devant la bâtisse.

Le couple loge à l’arrière de l’hôtel et il n’est pas rare que leurs deux enfants, Jean-Charles et Dominique, traînent au milieu des clients. La vocation naît chez leur fille, Dominique, qui finit par s’associer à l’entreprise de ses parents dans les années 1970, avec son mari, Jean-Michel, qui entreprend alors de se former à la cuisine pour passer derrière les fourneaux. La collaboration entre les deux générations perdure jusqu’en 1999, lorsque Charly et Denise se décident à prendre leur retraite, à presque 70 ans.

Lever le pied n’est pas dans l’ADN de la famille Bancarel. Lorsqu’il se lance avec Denise dans l’hôtellerie, Charly est déjà à la tête d’une société de cars. En parallèle de son activité au Bailliage, il s’occupe donc matin et soir du ramassage scolaire du canton. Son gendre Jean-Michel sera également de la partie, jusqu’à ce que Charly se sépare de l’entreprise de transport quelques années plus tard.

Fermeture imposée

En 2019, lorsque Dominique et Jean-Michel annoncent au détour d’un repas qu’ils envisagent de vendre l’hôtel, l’idée de le reprendre germe chez leur neveu, qui « voulai[t] que Le Bailliage reste dans la famille ». Antoine et Marion, alors âgés de 28 ans, travaillent une saison aux côtés de Dominique et Jean-Michel pour rassurer les banques sur leur capacité à gérer le restaurant.

Lesté d’un emprunt de 1,5 million d’euros, le jeune couple devient propriétaire du Bailliage en février 2020, six semaines avant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19. Une des conditions pour toucher les aides de l’Etat est d’avoir démarré son activité avant le 1er février, Antoine et Marion n’y ont donc pas droit.

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A La Poste, les guichetiers appelés à la grève pour défendre leurs conditions de travail

Une intersyndicale réunissant SUD-PTT, la CGT, FO et la CFTC a appelé les guichetiers de La Poste à la grève, mardi 2 avril, pour défendre leurs conditions de travail. SUD-PTT a même lancé un appel à la grève de tous les 160 000 salariés de l’entreprise. La CFDT, premier syndicat chez les postiers (24,5 % en 2022), ne s’est pas associée au mouvement.

Alors que les guichetiers sont appelés à travailler sur des territoires de plus en plus vastes, l’intersyndicale dénonce « la décision unilatérale de l’employeur d’autoriser des déplacements plus longs sur plusieurs bureaux », a expliqué Alain Pelletingeas, de FO, à l’Agence France-Presse ; « jusqu’à 60 kilomètres », a précisé Pascal Frémont, de SUD-PTT.

Les guichetiers, ou « chargés de clientèle », ont été appelés à se rassembler, notamment devant les différentes directions du groupe. Alain Pelletingeas espère que « 30 à 40 % des personnels concernés » se mobiliseront.

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« Salaires au rabais »

Plus largement, SUD-PTT en appelle à tous les employés de La Poste. « Alors que l’entreprise détenue à 100 % par la puissance publique voit son chiffre d’affaires et sa marge d’exploitation progresser, le personnel de La Poste subit réorganisations, transferts et pressions en tous genres », avait déploré le syndicat dans un communiqué vendredi dernier. A ses yeux, « la gouvernance de La Poste est responsable des salaires au rabais, de la précarité galopante et de la dégradation des conditions de travail et d’accès au service public ».

« Une partie de l’activité est sous-traitée. On a forcément l’image de nos cousins de France Télécom, devenue Orange, où toute l’activité de production a été sous-traitée. On a peur de ça », a avancé Pascal Frémont.

Son syndicat avait rappelé vendredi que La Poste avait été la première entreprise française condamnée, à la fin de 2023, pour manquement à son « devoir de vigilance », en raison des conditions de travail des personnes sans papiers français dans ses filiales. Le groupe a fait appel. La Poste a subi en 2023 une baisse de son bénéfice net de 49 %, à 514 millions d’euros. Le chiffre d’affaires s’est, lui, élevé à 34 milliards d’euros, en hausse de 2,4 %.

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Le Monde avec AFP

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Assurance-chômage : Yaël Braun-Pivet opposée à une réduction de la durée d’indemnisation

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, prononce un discours lors du congrès du MoDem à Blois, le 24 mars 2024.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, invitée sur Franceinfo, a exprimé des réserves mardi 2 avril sur la réduction de la durée d’indemnisation du chômage envisagée par le gouvernement pour faire des économies. Elle rappelle qu’il faut avant tout « évaluer » la réforme précédente.

« Nous avons réformé l’assurance-chômage en 2019, en 2022 et en 2023, nous avons déjà réduit la durée d’indemnisation », soutient Mme Braun-Pivet, qui se place à gauche de la politique menée par le gouvernement de Gabriel Attal. « Attention à la stabilité de notre législation et de nos règles : il ne faut pas toucher des paramètres aussi importants aussi rapidement sans avoir évalué la réforme précédente », a insisté la présidente de l’Assemblée.

« Travailler sur le chômage, c’est beaucoup plus global que simplement se dire qu’en réduisant la durée d’indemnisation, on va remettre les gens sur le marché de l’emploi », a-t-elle tancé, évoquant une « situation malheureusement beaucoup plus complexe ».

« Taxe exceptionnelle »

Celle qui a été élue au perchoir en 2022 contre l’avis du président de la République, Emmanuel Macron, a par ailleurs renouvelé sa demande d’une « taxe exceptionnelle » par une augmentation des taxes sur les superprofits ou sur les superdividendes, pour dégager des recettes supplémentaires alors que le déficit public a atteint 5,5 % en 2023, un record.

« Si nous demandons à nos compatriotes de fournir un effort compte tenu de la situation financière de notre pays, cet effort doit être partagé par tous et doit être équitablement réparti. C’est une question de justice sociale », a-t-elle résumé. Elle a aussi rappelé que si le gouvernement envisageait d’aller au-delà des 10 milliards d’euros d’économies décidées pour 2024 il serait tenu de passer par le Parlement avec un projet de budget rectificatif.

Le premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé la semaine dernière sa volonté de réformer à nouveau l’assurance-chômage en réduisant de « plusieurs mois » la durée d’indemnisation des chômeurs, actuellement de dix-huit mois pour les moins de 53 ans, sans aller en dessous de douze mois.

Pour une telle réforme sur les paramètres de l’assurance-chômage, le gouvernement n’a cependant pas besoin de passer par le Parlement. Il doit saisir les partenaires sociaux d’une négociation, par « une lettre de cadrage », et en cas d’échec de la négociation, il peut reprendre la main par décret.

Le Monde avec AFP

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Coup de frein sur le recrutement des cadres

Le refroidissement du marché du travail se confirme en 2024, y compris chez les cadres, révèle le baromètre des prévisions de recrutement de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), réalisé du 14 novembre 2023 au 24 janvier 2024 et publié mardi 2 avril.

Les embauches se poursuivront à un niveau élevé, pour cette catégorie d’actifs qui connaît une situation de plein-emploi relativement stable depuis des années, avec 337 000 recrutements de CDI et de CDD d’un an et plus prévus en 2024, contre 330 700 un an auparavant.

Mais la dynamique ralentit nettement, avec une hausse annuelle attendue à + 2 %, contre + 7 % un an auparavant. Un coup de frein qui s’explique par « la prudence des entreprises et la conjoncture », explique Pierre Lamblin, directeur des études à l’APEC. L’année 2023 avait marqué le retour à la normale prépandémique du rythme des recrutements, mais les employeurs, déjà confrontés au manque de candidats, avaient fait des prévisions nettement inférieures à ce qu’ils ont finalement réalisé : 330 700 embauches concrétisées contre 308 800 envisagées. « Encore une année record », souligne Gilles Gateau, le directeur général de l’APEC, qui y voit un espoir pour 2024.

Services à forte valeur ajoutée

L’effet de prudence pourrait de nouveau jouer cette année, renforcé par l’évolution de la situation économique. Le contexte conjoncturel n’est en effet pas étranger au coup de frein annoncé pour 2024 : la croissance est moins favorable à l’emploi et « les entreprises pourraient réduire leurs investissements de 0,4 % », précise Laetitia Niaudeau, la directrice générale adjointe de l’APEC.

Les employeurs doivent plus que jamais faire des choix, clairement orientés par les transitions numérique et environnementale. Le nombre de recrutements prévus pour les services à forte valeur ajoutée (189 200) continue ainsi de progresser (+ 4 %), tandis que le secteur du commerce est fragilisé (− 1 %, à 27 000) et que l’immobilier traverse une crise historique (− 30 %, à 3 400). En 2024, plus d’une embauche sur deux concernera l’informatique, le commercial et la recherche et développement.

Les disparités d’intentions d’embauche se retrouvent dans les régions, selon leurs activités économiques. D’un an à l’autre, les prévisions de recrutement de cadres en Pays de la Loire ne progressent plus que de 4 % (contre 18 % en 2023), en Auvergne-Rhône-Alpes de 3 % (contre 14 %), en Occitanie de 3 % (contre 12 %), et dans le Grand-Est de 1 % (contre 8 %). Mais avec leurs hausses de 4 % et de 3 %, les régions Pays de la Loire et Occitanie maintiennent les plus forts taux de l’année, portées par « la bonne orientation » des activités informatiques et « la bonne tenue » de la filière aéronautique, commente l’APEC.

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L’entreprise de crèches en question

Entreprises. A la suite d’un rapport public de l’inspection générale des affaires sociales, en mars 2023, et de livres rapportant des maltraitances dans les crèches du secteur lucratif, l’Assemblée nationale a constitué une commission d’enquête sur « le modèle économique des crèches et la qualité d’accueil des jeunes enfants ». Celle-ci vient d’interroger les grands groupes du secteur (Babilou, People & Baby, La Maison bleue, Les Petits Chaperons rouges…) sur leurs actionnariats, leurs modèles économiques et leurs politiques de qualité.

Ces témoignages, visibles par tous, retracent des croissances réussies mais qui exigent des formes nouvelles de gouvernance et de contrôle.

Dans les années 2000, l’Etat peine à répondre aux besoins dans ses domaines habituels. Il suscite alors la création d’entreprises de crèches qui bénéficient du financement public des prestations. Les investisseurs seront séduits par leur potentiel de croissance rapide en France et à l’étranger.

20 % des places

Aujourd’hui, ces entreprises détiennent environ 20 % des places (80 000) et ont réalisé l’essentiel de la croissance du secteur. Elles innovent avec les réservations de places pour les entreprises et les organismes, et s’appuient aussi sur un large réseau de crèches, souvent associatives, pour rester près du domicile des enfants. Enfin, leurs actionnaires ne reçoivent pas de dividendes et misent sur la croissance du secteur pour valoriser leurs titres.

Ce modèle suscite plusieurs critiques. Les prestations étant, pour l’essentiel, payées par l’argent public, on demande aux entreprises de mieux justifier de leurs coûts et de leurs marges. On craint aussi que leur rentabilité ne repose sur des conditions de travail dégradées. Pour autant, crèches publiques ou privées doivent se conformer à un grand nombre de normes de qualité et font l’objet de contrôles inopinés par la protection maternelle et infantile.

Aussi, et comme pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), personne n’avait prévu l’indignation générale provoquée par le signalement de maltraitances ou la révélation d’indicateurs de gestion contraires à la qualité de l’accueil. Cela venait conforter le soupçon d’un secteur trop financiarisé, autant que les difficultés à contrôler des activités aussi sensibles.

Attractivité et transparence

Pour sortir de ce piège et restaurer la confiance, il faut d’abord une gouvernance propre aux valeurs du métier. Certaines entreprises ont déjà adopté la qualité de société à mission. Elle engage les actionnaires sur ces valeurs, impose un comité de mission, la publication régulière d’un rapport de mission et un audit indépendant. En s’étendant au secteur, cette mutation améliorerait son attractivité et sa transparence.

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