Augmentation des tensions dans les universités

Augmentation des tensions dans les universités

L’obstacle de la pièce de théâtre « Les Suppliantes », d’Eschyle, à la Sorbonne, par des partisans de la cause noire est symbolique du développement de ces crispations.

Encoche énormément à la liberté d’expression, contresens, survenue d’une nouvelle sanction au nom d’un politiquement correct devenu absurde… Depuis le blocage de la pièce de théâtre Les Suppliantes, d’Eschyle, lundi 25 mars à la Sorbonne, par des partisans de la cause noire et des étudiants révoquant le racisme dont la mise en scène était à leurs yeux coupables, en raison des masques sombres des acteurs, les réactions pleuvent. Mais pour ceux qui travaillent au quotidien dans les universités, cet incident ne vient pas de nulle part. Il apparaît comme la manifestation extrême d’une série de problèmes qui se développent depuis plusieurs années.

Les thématiques autour de l’identité, qu’il se réalise du genre, de la religion ou encore de la « race », sont sources de crispations, dans les universités, depuis actuellement plusieurs années. Particulièrement dans les facs de sciences humaines, en première ligne sur ces sujets, qui mettent « tout le monde un peu mal à l’aise », admet un universitaire.

« Le climat est difficile sur ces questions à l’université, comme c’est le cas dans toute la société », conclu Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup-FSU, l’un des deux principaux syndicats de personnels de l’enseignement supérieur. « Il y a constamment eu une contestation du discours universitaire, des accusations de parti pris idéologique… Ce sont les objets qui changent avec les époques, et aujourd’hui, cela se concentre sur les questions de repli identitaire », poursuit Alain Tallon, doyen de la faculté des lettres de Sorbonne université, qui compte reprogrammer la pièce de théâtre en mai. Dans son établissement, l’historien décrit ces problèmes comme un phénomène « très ponctuel ».

A l’université de Paris-Nanterre, le président Jean-François Balaudé a aussi vu émerger de telles angoisses : « Il y a une sensibilité qui émane d’associations étudiantes, très minoritaires, qui portent des revendications fortes en termes de lutte antiraciste et qui, pour quelques-unes, ont tendance à faire une lecture raciale des politiques que conduisent les universités. » Lorsque l’université ne répond pas à une demande de locaux pour un événement ou un débat, elle est tout de suite « suspectée de complaisance envers les discriminations », déclare-t-il.

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LJD

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