Assurance-chômage : un changement « mal reliée et trop craintif »
L’économiste François Fontaine regrette, que le cœur de la réforme – l’aboutissement des contrats courts – ait été contaminé par des termes annexes et « baroques ».
Il aura fallu deux ans au gouvernement pour faire achever la réforme de l’assurance-chômage. Il faut dire que le travail était infini. En détournement financière depuis le début des années 2000 et entassant plus de trente milliards d’euros de dette, elle était transformée délicat en cas de nouvelle crise économique et, dans le cadre des règles actuelles, la punition des comptes était illusoire.
Si nous en sommes arrivés là, c’est que les partenaires sociaux comme les pouvoirs publics n’ont longtemps pas compris que les règles de l’assurance-chômage ont un effet arrangeant sur le marché du travail. Ainsi, la rupture conventionnelle – départ sacrifié qui donne droit à indemnisation –, les modalités du cumul emploi-chômage, celles du rechargement des droits et, plus directement, celles du calcul du montant de l’allocation, ont été autant d’encouragements pour les entreprises à fractionner les contrats de travail.
Dans un même mouvement, elles ont rendu viable pour les travailleurs l’alternance rétablie entre emplois et courtes périodes de chômage et ont autorisé aux entreprises de soutenir une gestion irresponsable de leurs ressources humaines. Il y a bien eu quelques tentatives d’y atténuer, mais elles ont été tardives, timides et inopérants.
Revenu mensuel au chômage et en emploi
La réforme devait donc se concevoir autour d’une idée simple : puisque c’est l’envolée des contrats courts qui explique une part importante du déficit structurel de l’Unédic, il fallait mettre un coup d’arrêt à ce mouvement. Malheureusement, la réforme ne répond que partiellement à cet enjeu. Aux mesures utiles, elle en superpose d’autres, mal ficelées et un peu baroques. Enfin, quand il s’agit de responsabiliser les entreprises, elle se montre étrangement timide.
Certes, on y trouve bien de nouvelles solutions de calcul des droits. Le montant de l’allocation dépendra de la paye mensuelle et non du revenu journalier moyenne. C’est un point technique, mais c’est sans doute le plus important de la réforme : il évitera que le revenu mensuel au chômage ne dépasse le revenu en emploi. C’était le cas avant si, par exemple, le salarié n’avait travaillé qu’une semaine sur deux sur la période servant à calculer ses droits. Cette mutation devrait ainsi casser la principale incitation à fractionner les contrats.
C’est une mesure indispensable, mais elle aura des suites financières importantes pour les nouveaux solliciteurs d’emploi. Et pourquoi avoir allongé, dans un même mouvement, le nombre de jours besognés essentielles pour être éligibles ? Quel intérêt aussi d’introduire une dégressivité pour les allocations des cadres ? Elle ne touche pas au problème réel de l’assurance-chômage, tout en créant un régime à deux logiques de rémunération : allocations abaissantes pour les uns, constantes pour les autres.