Assurance-chômage : l’Unédic se demande sur des chiffres du gouvernement
Pour enlever l’assurance-chômage, le gouvernement avait formulé le souhait de parvenir à un diagnostic distribué par tous les protagonistes du dossier. Son vœu a très peu de chances d’être exaucé, au vu – surtout– du scepticisme édité par un acteur de poids : l’Unédic. Mardi 26 mars, les responsables de cette association paritaire, qui pilote le dispositif d’indemnité des solliciteurs d’emploi, ont fait part de leurs interrogations, très fortes, sur un des éléments de langage développés par l’exécutif depuis un mois : celui résistant à dire qu’environ 20 % des chômeurs indemnisés touchent une allocation supérieure au salaire mensuel moyen avant perçu. Un peu plus de 600 000 personnes seraient dans cette situation.
Une telle allégation avait été appuyée par le chef du gouvernement, Edouard Philippe, et par la ministre du travail, Muriel Pénicaud, lors d’une conférence de presse, le 26 février. Ils avaient regretté un phénomène découlant, selon eux, des dispositions en vigueur : aux yeux de M. Philippe, « ce système a évidemment pour conséquence de maintenir les [demandeurs d’emploi] dans une forme de précarité », puisque l’alternance entre périodes de chômage compensées et contrats courts peut s’avérer plus avantageuse que la reprise d’un poste durable. « Caricature », s’était indigné Laurent Berger, le numéro un de la CFDT. Les autres centrales syndicales avaient réagi sur le même ton.
Autre approche
Actuellement, le discours officiel suscite de gros doutes parmi les administrateurs de l’assurance-chômage, composés à égalité de représentants des salariés et des employeurs. Alors qu’elle dévoilait à la presse les prévisions financières de l’Unédic, la présidente du régime, Patricia Ferrand (CFDT), a été questionnée, mardi, sur les 20 % de chômeurs dont l’allocation serait supérieure à leurs revenus d’activité mensuels moyens : « On ne sait pas du tout comment ça a été (…) calculé », a-t-elle répondu, en appuyant sur le fait que les règles applicables posent comme principe que le demandeur d’emploi ne peut pas gagner plus que le salaire sur la base duquel sa prestation est résolue. « On aurait besoin d’un appui technique sur ce chiffre [de 20 % mentionné par l’exécutif] parce que ce n’est pas ce que l’on constate (…) dans notre position de gestion de l’assurance-chômage », a, pour sa part, déclaré Eric Le Jaouen, vice-président (Medef) de l’Unédic.