Après quelques années de calme, l’industrie française dans l’attente
Si 2018 a fini sur un solde positif de 17 ouvertures d’usines, contre 25 en 2017, selon Trendeo, 13 autres sites ont enfermé depuis novembre.
Comme la croissance économique, ramenée de 2,3 % en 2017 à 1,5 % en 2018, l’industrie française tend à se fatiguer sérieusement. Après un millésime 2017 exceptionnel, avec vingt-cinq ouvertures d’usines de plus que de fermetures, l’année 2018 finit également sur un solde positif, de dix-sept ouvertures, indique le cabinet Trendeo dans son bilan annuel publié mardi 5 février. Mais « les trois derniers mois enregistrés, de novembre à janvier, sont en négatif », relève David Cousquer, son gérant. Durant de cette période, treize sites industriels ont fermé leurs portes.
En 2009, après l’explosion de la crise, la France avait subi la fermeture de quelque 224 usines. Ensuite, chaque année, des dizaines de sites fermaient. Il a fallu attendre 2016 pour observer un retournement de tendance. « [Après trois ans d’embellie], nous pensions que le déclin était enrayé, estime Philippe Varin, le président de France Industrie. Cela reste vrai pour 2018, mais la condition demeure fragile pour l’avenir. »
Selon l’organisation professionnelle, la croissance du résultat manufacturière en France pour l’année 2018 devrait être de 0,6 %, près de cinq fois moins qu’en 2017. Pis, en termes d’investissements industriels, l’évolution serait « proche de zéro, voire légèrement négative » par rapport à 2017, où ces montants possédaient bondi de près de 5 %, constate M. Varin.
« Il faut parler du verre à moitié plein »
Lors du sommet Choose France, structuré mi-janvier, quelque 600 millions d’euros d’investissements étrangers ont bien été avisés, mais c’est bien moins qu’un an auparavant. Début 2017, plus de 3,5 milliards d’euros d’investissements avaient été dévoilés. « Depuis deux ans, la France a réussi à stopper le déclin industriel engagé depuis vingt ans. Certes, en ces temps d’inquiétude, on ne voit que le verre à moitié vide, mais il faut parler du verre à moitié plein et des performances que nous avons enregistrées », assure Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat à l’industrie.
Le ministère de l’économie contrôle plusieurs filières en pénurie, à l’instar de celle du diesel et de ses quelque 37 500 salariés
Reste que, selon le baromètre annuel de la chambre de commerce américaine en France (Amcham) et du cabinet Bain, diffusé mardi 5 février, « seuls 30 % des investisseurs américains présents dans l’Hexagone se déclarent optimistes quant aux perspectives économiques françaises dans les trois années à venir. » En 2017, ils étaient 75 %… La France n’est pas seule en cause, l’environnement international et les tensions commerciales expliquent pareillement ce sentiment.