Après la mise à l’arrêt de l’usine de pizzas Buitoni de Caudry, dans le Nord, la crainte d’une fermeture définitive

Après la mise à l’arrêt de l’usine de pizzas Buitoni de Caudry, dans le Nord, la crainte d’une fermeture définitive

L’usine Buitoni de Caudry (Nord), le 15 septembre 2022.

L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre et pris tout le monde de court. Le 2 mars, les salariés de l’usine de pizzas Buitoni de Caudry, dans le Nord, apprennent que leur site est mis à l’arrêt « jusqu’à nouvel ordre ». Propriété de Nestlé France, il s’est retrouvé au cœur d’un scandale sanitaire en mars 2022, après la mort de deux enfants et l’intoxication de dizaines d’autre part la bactérie Escherichia coli.

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Les victimes avaient consommé des pizzas surgelées à pâte crue de la gamme Fraîch’Up fabriquées sur ce site. Une première inspection des services sanitaires avait révélé « de nombreuses anomalies graves en matière de nettoyage et d’entretien général des locaux et matériels (…), ainsi que la présence de rongeurs au niveau de l’atelier boulangerie », justifiant la décision de fermeture du site, prise par le préfet du Nord, le 1er avril 2022.

L’usine a rouvert partiellement à la mi-décembre 2022, mais seule la ligne de pizzas à pâte cuite, non concernée par le scandale, a été autorisée à redémarrer. « Nestlé a fait 2 millions d’euros de travaux pour remettre le site aux normes sanitaires. Il est au top aujourd’hui », note Frédéric Bricout, le maire (divers droite) de Caudry, pour qui « la crise a été très mal gérée » par le géant agroalimentaire. Le porte-parole de Nestlé explique la décision d’arrêter la production par « des prévisions de commandes fortement dégradées ».

« Notre usine est désormais nickel »

Il ajoute que « le marché de la pizza surgelée a chuté de 20 % en un an et a d’autant plus impacté la marque Buitoni, en première ligne de cette crise ». Des arguments qui viennent rouvrir une plaie ouverte chez les salariés. « Notre usine est désormais nickel. Tous les tests faits depuis la réouverture le confirment. Et cent quarante personnes vont perdre leur boulot ? », questionne Stéphane Derammelaere, délégué Force Ouvrière, très pessimiste sur une reprise de l’activité après le 30 mars.

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C’est la date qu’a donnée Nestlé « pour revenir vers les partenaires sociaux », précisant qu’« à ce stade, aucune décision n’a été prise pour le futur de l’usine ». Pas de quoi rassurer les salariés, persuadés que le couperet tombera à la fin du mois. « On nous a fait croire que ça repartirait et, du jour au lendemain, plus rien. Moi, je n’y crois plus », se désespère Caroline Teixeira, 45 ans, agent de production depuis dix ans.

Sa collègue Nathalie (qui n’a pas souhaité donner son nom), 54 ans, est dévastée. « On a tout donné pour assurer le nettoyage, et on en arrive là… Nous, on n’a rien fait, ça n’est pas de notre faute. Si on avait repéré un problème, on l’aurait fait remonter. » La voix étranglée par l’émotion, elle ajoute : « On est juste des pions. » Caroline et Nathalie racontent comme elles ont mal vécu d’être pointées du doigt après la mort des deux enfants contaminés par la bactérie.

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