Après la fin de Camaïeu, l’inquiétude du secteur de l’habillement, en difficulté

Après la fin de Camaïeu, l’inquiétude du secteur de l’habillement, en difficulté

Magasin Camaïeu définitivement fermé, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le 26 octobre 2022.

C’est l’un des plus gros plans sociaux qu’a connus la France. Au lendemain de la liquidation de l’enseigne Camaïeu, le 27 septembre, ses 2 089 salariés sous contrat à durée indéterminée ont reçu leur lettre de licenciement en début de semaine. « Nous sommes les premières à tomber », s’alarme une ancienne Camaïeu. L’Etat a mis en place un dispositif d’accompagnement renforcé des licenciés. La région Hauts-de-France dit être aussi mobilisée pour les accompagner dans la recherche d’un nouvel emploi.

Car cette région, où le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) des 863 salariés de l’ancienne usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais) en 2021 est encore dans toutes les mémoires, est la plus concernée. A Roubaix (Nord), Camaïeu employait près de 500 personnes, dans son siège social et son entrepôt mitoyen. Le reste du personnel, soit près de 1 600 employés, est disséminé partout en France, au gré des 511 magasins que l’enseigne exploitait dans les centres commerciaux et les centres-villes.

« Ce sont des femmes, surtout, souvent jeunes, parfois mères célibataires », souligne Justine Candat, avocate du comité social et économique (CSE) de Camaïeu. Tous auront jusqu’à la mi-novembre pour se déterminer sur le mode d’indemnisation de leur licenciement pour motif économique. Un contrat de sécurisation professionnelle, propre à favoriser leur reconversion, leur est accordé, avec un budget de 3 500 euros à 4 500 euros pour financer des mesures d’accompagnement.

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Une prime de 6 000 euros leur sera versée « au titre du partage de la valeur ajoutée », en plus de l’indemnité de licenciement. L’ensemble est financé par les 25,2 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés à la hâte, au lendemain de la liquidation, entre le 28 septembre et le 1er octobre. En dépit de cette somme inespérée, le montant de ce PSE est « insuffisant », déplore Me Candat. La déception des salariés est d’autant plus grande que l’ancien actionnaire de Camaïeu n’a aucunement contribué à le financer.

Un actionnaire aux abonnés absents

« C’est pourtant de coutume », déplore un ancien cadre. Depuis la liquidation de l’enseigne, la holding Financière immobilière bordelaise (FIB) de Michel Ohayon, qui avait repris l’enseigne à la barre du tribunal de commerce de Lille en août 2020, pour 1 euro, est aux abonnés absents. Le courrier que lui ont adressé, le 12 octobre, Olivier Dussopt, ministre du travail, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, est resté sans réponse.

Après y avoir relevé combien la demande de mise en redressement judiciaire, à l’été 2022, a été tardive, les deux ministres ont demandé à l’homme d’affaires d’assumer sa « responsabilité en tant qu’actionnaire » et lui suggèrent « une participation financière au PSE » et « des solutions de reclassement ». Interrogé par Le Monde à ce sujet, le porte-parole de Hermione People & Brands (HPB), pôle qui rassemble les actifs de l’homme d’affaires dans le secteur de la distribution, dont Go Sport, Gap et La Grande Récré, n’a pas répondu à nos questions.

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LJD

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