Amazon abandonne son projet d’entrepôt à Fournès, dans le Gard
« Le monde d’Amazon, basta ! » Dans le Gard, le slogan aura eu raison du géant américain. Après la région nantaise, c’est au tour de Fournès de fermer la porte au géant américain. Lundi 13 décembre au soir, le maire de cette petite commune du sud de la France, située entre Nîmes et Avignon, et à quelques encablures de l’emblématique Pont du Gard, l’a officiellement annoncé à la presse : Amazon renonce à son centre de tri des colis.
Lancé en 2019, le projet prévoyait la construction d’un bâtiment de 280 mètres de long et de 170 mètres de large pour une hauteur d’environ six étages, à proximité d’une sortie de l’autoroute A9, et à une heure de Marseille comme de Montpellier. Un emplacement quasi parfait pour la société de Jeff Bezos, qui avait presque tout prévu : les plans, le permis de construire, l’accord du conseil municipal…
L’américain annonçait déjà la création de 150 à 200 emplois, que les soutiens d’Amazon ont vite gonflée à 600, dans un département où le taux de chômage avoisine 15 %. Et le maire de Fournès, Thierry Boudinaud, de compléter : « Il s’agissait d’un investissement de 80 millions d’euros sur le territoire. Pour notre petite communauté de communes, ce n’était pas anodin. » La société Argan, promoteur immobilier qui portait le programme, contactée, mardi 14 décembre, par téléphone, « n’a pas de commentaire à faire sur cette décision ».
Si le scénario semblait au départ bien ficelé, c’était sans compter sur la fronde tenace et opiniâtre d’une poignée de citoyens, qui, durant le premier confinement, s’intéressent d’un peu plus près à cette enquête publique de 450 pages. « Jamais elle ne précise le nom d’Amazon. Sacrée performance ! », ironise Patrick Fertil, de l’Association pour le développement de l’emploi dans le respect de l’environnement (Adere). Lui y voit, depuis le départ, « un projet surdimensionné, sécuritairement catastrophique, déplorable au niveau de l’environnement et politiquement lamentable ».
« Notre projet était pertinent »
La colère monte au fil des mois. Les députés Philippe Berta (MoDem) et Annie Chapelier (LRM) ou l’ancienne ministre Delphine Batho annoncent leur opposition. Puis Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, se positionne du côté des anti. L’Adere enregistrera jusqu’à 36 000 signatures sur une pétition et réunira, à plusieurs reprises, des milliers de manifestants sur le site. « Nous n’avons jamais rien lâché : 600 camions par jour, six jours sur sept dans une petite commune, qui peut accepter cela ? », interroge M. Fertil, docteur en pharmacie de formation, qui ne se réclame d’aucun parti politique. Au-delà de cette mobilisation citoyenne, l’Adere, une vingtaine d’adhérents au compteur, rassemble la somme de 28 000 euros pour financer les actions en justice.
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