Alzheimer : l’entreprise face à la dégradation des capacités cognitives du salarié

Alzheimer : l’entreprise face à la dégradation des capacités cognitives du salarié

Il y a les difficultés rencontrées par cet ingénieur en réunion, lorsqu’il doit prendre des notes et assimiler les informations échangées. Il y a, aussi, les moments où ce professeur se sent « désorienté » en pleine classe, perdant le fil de son cours. Que doit-il dire ? Il y a, enfin, le trouble ressenti par ce salarié errant dans les couloirs de son entreprise, sans parvenir à se rappeler pourquoi il a quitté son bureau quelques instants plus tôt.

Derrière ces différentes situations rencontrées en milieu professionnel, une même cause : la maladie d’Alzheimer. Si la pathologie touche en grande majorité les retraités, plusieurs dizaines de milliers de cas concernent aujourd’hui, en France, les moins de 65 ans. Ces « Alzheimer jeunes », dont une part importante ignore sa maladie, faute de diagnostic, doivent affronter une dégradation progressive de leurs capacités cognitives au travail. Avec, à la clé, de nombreuses souffrances.

« Il y a autant d’Alzheimer que de patients », ont coutume de dire les spécialistes. De fait, la maladie s’invite de multiples manières dans le quotidien des personnes touchées. « Les problèmes de mémoire sont, bien sûr, fréquents, explique Adeline Rollin, responsable du Centre national de référence malades Alzheimer jeunes de Lille. Les malades ont des difficultés à se constituer de nouveaux souvenirs. Mais des formes atypiques sont aussi très présentes chez les jeunes : troubles du langage, de la gestualité, difficultés visuelles, par exemple pour se repérer dans l’espace. Les fonctions exécutives peuvent être aussi touchées, avec des difficultés à organiser ou à planifier. »

Des sources de tension

Autant de symptômes qui complexifient le quotidien professionnel, jusqu’à rendre impossible l’accomplissement de certaines missions. « Cela peut aussi, parfois, augmenter le risque d’incident avec une mise en danger du malade et de ses collègues », note Benoît Durand, directeur délégué de l’association France Alzheimer. « L’un de mes patients avait un rôle important dans un processus de sécurité interne, explique une médecin du travail. Ce processus a été mis à mal à la suite d’un oubli de sa part. Cela devenait dangereux, il a donc été déchargé de cette mission. »

Face à une incapacité croissante à accomplir certaines tâches, les salariés se retrouvent en situation d’échec et peuvent perdre confiance en eux. Un ressenti douloureux, parfois doublé d’une incompréhension. Le diagnostic n’est le plus souvent posé que plusieurs années après la survenue de la maladie. Auparavant, les personnes touchées voient donc certaines de leurs capacités décroître sans réelle explication. « Les patients qui nous contactent ont souvent été placés dans un premier temps en arrêt de travail pour dépression ou burn-out », relève Mme Rollin.

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LJD

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