Accusé d’inciter ses commerciaux à boire, Pernod Ricard dénonce des « allégations individuelles »
Deux ex-salariés et une troisième personne toujours en poste affirment dans « Le Parisien » avoir sombré dans l’alcoolisme, incités par leurs supérieurs à boire pour favoriser les ventes.
Des salariés incités par leur direction à boire de l’alcool au travail. L’information sera peut-être reprise comme une blague par certains, mais elle fera moins rire les commerciaux de Pernod Ricard devenus dépendants. Dans Le Parisien, deux ex-commerciaux du groupe spécialisé dans les vins et spiritueux, ainsi qu’une commerciale toujours en poste, affirment avoir sombré dans l’alcoolisme, incités par leurs supérieurs à boire pour « donner l’exemple » et favoriser les ventes.
« Dans les bars, discothèques, fêtes de mon secteur, on a un budget pour offrir des pastis aux clients et on consomme avec eux, encouragés par notre hiérarchie », déclare au Parisien Julien, commercial du groupe, en litige devant les prud’hommes. Tombé un jour ivre mort lors d’une foire où il officiait en tant que commercial, un autre ex-employé explique avoir bu jusqu’à « 40 Ricard par jour » sur certains événements. « Les commerciaux choisis étaient les plus résistants à l’alcool », témoigne-t-il. « Si je refusais un verre, mon chef me disait : “T’aimes pas les produits que tu vends ?” », se souvient encore celui qui a récemment quitté l’entreprise après vingt ans d’ancienneté.
Mise en place d’un numéro vert anonyme
Réagissant à la publication de l’article, le groupe Pernod Ricard a réfuté lundi 18 novembre « fermement l’existence d’une politique d’incitation à la consommation d’alcool parmi ses salariés ». Le numéro deux mondial des vins et spiritueux a assuré dans un communiqué qu’il n’existe « pas de directive ou de consignes internes données aux forces de vente pour les enjoindre à boire de l’alcool dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions ». Pour le PDG de Ricard SA et de Pernod SA, Philippe Coutin, « Ces allégations individuelles jettent aujourd’hui l’opprobre sur tous nos commerciaux, de Ricard à Pernod, dont nous saluons ici l’engagement responsable, tous unis par le même devoir d’exemplarité. »
Le groupe a, par ailleurs, annoncé avoir mis en place un numéro vert anonyme pour recueillir les témoignages de collaborateurs, en cas de dérapage, et y donner, le cas échéant, les suites nécessaires. Cette polémique intervient quelques semaines après l’annonce d’un plan de départs volontaires dans le département commercial du groupe, dans le cadre de la fusion des deux filiales Pernod et Ricard. Le groupe espère 190 départs nets parmi les 1 300 salariés des deux entités.