A Salers, dans le Cantal, trois générations d’hôteliers racontent soixante ans de clientèle
Lorsque Antoine et Marion Bancarel pénètrent en début de matinée dans le hall de l’Hôtel Le Bailliage à Salers (Cantal), leur marathon ne fait que commencer. Pendant que les hôtes les plus matinaux prennent leur petit déjeuner, Antoine monte contrôler une cheminée dans la chambre 8 et Marion vérifier un volet électrique dans la 12. En reprenant l’établissement en février 2020, ils savaient tous deux qu’ils auraient à régler une multitude de problèmes au quotidien.
Dans l’entrée, une série de photographies illustre soixante ans d’activité de l’hôtel, transmis sur trois générations. La famille y pose entourée du reste de l’équipe ou de clients plus ou moins célèbres. Denise et Charly Bancarel, les grands-parents d’Antoine, ont fait construire le lieu en 1962, à l’entrée de ce village médiéval situé à 950 mètres d’altitude, qui domine la vallée de la Maronne. A l’époque, elle s’occupe de l’accueil et de la cuisine du restaurant ; lui gère le bar, le PMU, et la station essence installée devant la bâtisse.
Le couple loge à l’arrière de l’hôtel et il n’est pas rare que leurs deux enfants, Jean-Charles et Dominique, traînent au milieu des clients. La vocation naît chez leur fille, Dominique, qui finit par s’associer à l’entreprise de ses parents dans les années 1970, avec son mari, Jean-Michel, qui entreprend alors de se former à la cuisine pour passer derrière les fourneaux. La collaboration entre les deux générations perdure jusqu’en 1999, lorsque Charly et Denise se décident à prendre leur retraite, à presque 70 ans.
Lever le pied n’est pas dans l’ADN de la famille Bancarel. Lorsqu’il se lance avec Denise dans l’hôtellerie, Charly est déjà à la tête d’une société de cars. En parallèle de son activité au Bailliage, il s’occupe donc matin et soir du ramassage scolaire du canton. Son gendre Jean-Michel sera également de la partie, jusqu’à ce que Charly se sépare de l’entreprise de transport quelques années plus tard.
Fermeture imposée
En 2019, lorsque Dominique et Jean-Michel annoncent au détour d’un repas qu’ils envisagent de vendre l’hôtel, l’idée de le reprendre germe chez leur neveu, qui « voulai[t] que Le Bailliage reste dans la famille ». Antoine et Marion, alors âgés de 28 ans, travaillent une saison aux côtés de Dominique et Jean-Michel pour rassurer les banques sur leur capacité à gérer le restaurant.
Lesté d’un emprunt de 1,5 million d’euros, le jeune couple devient propriétaire du Bailliage en février 2020, six semaines avant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19. Une des conditions pour toucher les aides de l’Etat est d’avoir démarré son activité avant le 1er février, Antoine et Marion n’y ont donc pas droit.
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