A Rennes, des marins pêcheurs expriment « le ras-le-bol d’une profession en danger »
Une fusée de détresse claque dans le ciel de Rennes. Puis d’autres, mercredi 22 mars au matin. Les 500 marins pêcheurs massés sur l’esplanade Charles-de-Gaulle veulent faire entendre « le ras-le-bol d’une profession en danger ». Ces professionnels se sont donné rendez-vous par le biais de boucles de messageries. Ils viennent des Pays de la Loire, de Normandie, mais surtout de Bretagne, première région maritime du pays.
Parmi eux : Simon Le Gurun, patron du Keinvor, un fileyeur de Quiberon (Morbihan) employant deux matelots. « On vient crier notre colère de toutes ces contraintes qui tuent la pêche française. Il y en a tant que je ne sais plus par où commencer », s’agace le quadragénaire. Alors, il débute par celle qui lui « pourrit » le quotidien : le prix du carburant. Le litre de gasoil dépasse aujourd’hui les 83 centimes d’euro, quand il oscillait autour de 50 centimes, ces dix dernières années. Un petit navire comme le Keinvor engloutit 300 litres par sortie.
Selon les pêcheurs, leurs charges ont enflé, en moyenne, de 35 % ces derniers mois. La hausse du prix du carburant a, pourtant, été contenue par le soutien, prolongé jusqu’en octobre 2022, du gouvernement à hauteur de 20 centimes par litre. « Ces aides sont ponctuelles. Nous voulons travailler sereinement avec de la visibilité », reprend Grégory Métayer, président du comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins des Côtes-d’Armor.
Covid-19, puis Brexit
La filière sort de plusieurs années de turbulences, après le Covid-19, mais aussi le Brexit, qui a imposé d’âpres négociations pour arracher les licences nécessaires à la pêche dans les eaux britanniques. Surtout, les professionnels s’agacent de vivre au rythme des quotas annuels imposés par l’Union européenne pour préserver la ressource, mais aussi des restrictions de zones de pêche.
Bruxelles travaille sur l’interdiction de la pratique répandue du chalutage dans les aires marines protégées. Une partie du golfe de Gascogne est concernée. Lundi 20 mars, le Conseil d’Etat, saisi par trois associations, a enjoint au gouvernement d’agir pour préserver les cétacés menacés, là encore, dans le golfe de Gascogne.
Pêcheur de coquilles Saint-Jacques dans la Manche, Grégory Métayer s’inquiète, lui, des restrictions imposées par le futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc. D’autant que le gouvernement projette de développer une cinquantaine d’installations de la sorte au large des côtes françaises dans les années à venir. Le marin tance : « Comment encourager des jeunes à s’installer quand on est incapables de leur dire où ils pourront pêcher ni dans quelle mesure. Il est temps de taper du poing sur la table ! »
Il vous reste 56.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.