A Montrichard, l’usine de Boiron fermera définitivement ses portes le 31 décembre
« Si l’homéopathie n’était qu’un placébo, je n’y aurais pas sacrifié toutes ces années », soupire Maryse Munne, 57 ans, salariée de l’usine Boiron de Montrichard (Loir-et-Cher) depuis presque quarante ans. Cette responsable du « secteur gouttes », à la tête d’une équipe de dix-huit techniciens, est entrée chez Boiron comme opératrice intérimaire, affairée au « vignettage » des produits homéopathiques qui, entre le milieu des années 1980 et 2003, étaient encore remboursés à 65 % par la Sécurité sociale.
Jeudi 15 janvier, la direction du groupe a annoncé aux quatre-vingts salariés du site l’échec des recherches d’un repreneur et la confirmation d’une fermeture pour la fin de l’année 2021. Cet événement, dramatique pour une commune de 3 100 habitants, est la conséquence de l’annonce du déremboursement des médicaments homéopathiques, le 9 juillet 2019, par la ministre de la santé de l’époque, Agnès Buzyn.
« Dénigrement permanent »
Suivant l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), elle expliquait : « Je comprends l’attachement des Français à ce type de traitements. Mais ils n’ont ni prouvé leur intérêt en santé publique ni dans le soin des pathologies courantes. » Depuis le 1er janvier 2021, l’Assurance-maladie ne prend donc plus en charge leur remboursement, confiant cette responsabilité aux seules complémentaires santé.
« A la suite d’une tribune de 124 médecins, en 2018, puis de cette annonce de la ministre, il y a eu des attaques perpétuelles dans les médias, un dénigrement permanent de l’homéopathie », explique Carine Jaubertie, la responsable de l’usine. « Des gens se sont donc, petit à petit, éloignés de l’homéopathie. Les ventes de Boiron ont baissé de 20 % entre 2018 et 2019, et de 15 % rien que l’an dernier… Voilà pourquoi nous avons ce plan social », insiste-t-elle.
Installée sur une colline boisée dominant la cité médiévale, à deux pas d’un lotissement résidentiel, cette usine discrète ne fabrique pourtant pas les fameux granules blancs, produit phare du groupe Boiron. Elle conditionne des solutions buvables pour enfants et adultes, qui étaient, elles aussi, soumises à remboursement jusqu’au 1er janvier. Elle met aussi en flacon des teintures mères, issues de la macération de plantes fraîches, vendues cette fois comme compléments alimentaires en France et en Italie. En mars, quelques jours à peine après l’annonce de la fermeture et du lancement d’un appel à repreneur, le site de Montrichard se lançait dans la fabrication de gel hydroalcoolique, pour répondre à la demande des pharmaciens régionaux.
Il vous reste 35.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.