A l’usine Bosch de Rodez, le « sacrifice » des salariés et « l’effort » de l’entreprise
Il y a plusieurs façons de considérer la signature, jeudi 9 décembre, de l’accord entérinant la suppression de 750 emplois (sur 1 250) à l’usine Bosch de Rodez (Aveyron). On peut y voir un nouvel épisode de la désindustrialisation de la France, conséquence d’une transition écologique de l’automobile coûteuse en emplois : le plan de restructuration prévoit l’arrêt de la production d’injecteurs pour moteurs diesel à l’horizon 2025.
Mais il y a aussi une autre manière de regarder la situation, en voyant dans cet épisode une vraie volonté de maintenir en France, au moins jusqu’en 2028, une activité non négligeable (500 postes de travail), dans un territoire peu épargné par le chômage, et ce, de la part d’une entreprise qui n’est pas française et qui n’y est pas obligée.
« C’est un sacrifice que font les salariés, mais c’est aussi un effort énorme que fait Bosch, souligne un bon connaisseur du dossier, proche de la direction de l’équipementier allemand. C’est juste dommage que l’acceptation, par la quasi-totalité des employés, de ce plan de sauvetage fasse moins les gros titres que l’annonce des suppressions d’emplois en mars dernier. » L’accord a été signé par les quatre syndicats représentatifs de Bosch France (CFE-CGC, CFDT, SUD et CGT), après que les salariés du site en ont accepté les termes à une énorme majorité, jeudi 2 décembre, lors d’un vote (87 % pour, 12 % contre).
Un marché nouveau et hypothétique
Pour garder occupées et productives 500 personnes à Bosch-Rodez, le groupe, qui emploie 7 000 personnes dans l’Hexagone, s’est donc démené pour dénicher de la charge de travail. La production-phare sera une nouvelle activité d’assemblage de piles à combustible destinées à des moteurs à hydrogène de conteneurs frigorifiques. Un marché nouveau et hypothétique, mais dans lequel la direction de Bosch place beaucoup d’espoir et la majorité des emplois à pérenniser.
L’entreprise a aussi fait le choix – rare et notable – de réinternaliser des productions automobiles qui avaient été sous-traitées. Ce sont au moins sept produits (et cela pourrait aller jusqu’à la dizaine), précédemment externalisés, qui vont être confiés à l’usine de Rodez. Un seul d’entre eux est déjà connu : il s’agit d’un élément de colonne de direction (une barre de torsion), qui générera une dizaine d’emplois à plein temps. Pour des raisons commerciales et juridiques, Bosch n’est guère disert sur les objets rapatriés au sein du système productif maison, et sur leurs actuels fabricants, mais le groupe souligne que ces produits proviennent de « fournisseurs externes européens ».
« Il y a beaucoup d’incertitudes, mais c’était cet accord ou rien, déclare Laurent Vincent, délégué central CFDT de Bosch France. Ce qui compte, c’est que l’usine soit restée une usine Bosch, même si on n’oublie pas les 750 postes supprimés. Il y a maintenant un nouvel horizon jusqu’en 2028 pour les 500 qui sont encore là. Il ne reste plus qu’à leur trouver du boulot. »