A France Culture, « tout le monde guette » le résultat d’une enquête sur les relations au travail

A France Culture, « tout le monde guette » le résultat d’une enquête sur les relations au travail

Sandrine Treiner, directrice de France Culture, à Paris, le 25 août 2015.

Mi-janvier, à l’occasion des derniers résultats d’audience radio, les journalistes ont pu échanger avec Sandrine Treiner, la directrice de France Culture, ravie de commenter le succès de sa station. En interne pourtant, « on ne la voit plus beaucoup », assurent les collaborateurs avec lesquels Le Monde a échangé. Depuis l’automne 2022 et la mise en place d’un dispositif d’écoute des salariés, la dirigeante se fait discrète. Fini les bruyants débriefings de la matinale autour d’elle dans l’open space. Terminé les réunions où, racontent certains, les gens craignaient de s’attirer une réflexion salée.

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D’ici à la fin du mois, au plus tard début février, le cabinet d’expertise Alcens, mandaté par la direction de Radio France, devrait remettre son rapport. Sibyle Veil, la présidente, prendra ensuite quelques jours avant de décider des suites à lui donner. Sandrine Treiner devra-t-elle être sanctionnée ? Se verra-t-elle proposer une autre fonction ? « Tout le monde guette » ce qui va se passer, résume un journaliste.

La station est sur les charbons ardents depuis le 20 septembre et la parution dans Libération d’un article – « A France Culture, un “système de violence et de soumission” venu d’en haut » – qui décrivait un management qualifié de « brutal », « vertical », « autocratique », voire « méchant » par plusieurs de nos interlocuteurs.

Burn-out et départs

Les soutiens à Sandrine Treiner y ont lu un règlement de comptes reposant sur des témoignages anonymes, donc sujets à caution. A l’exception de ces quelques proches, tous ceux que nous avons contactés ont cependant requis la même discrétion. « Nous, les producteurs [les présentateurs d’émission], sommes dépendants du fait du prince », justifie l’un d’eux.

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Même prudence chez les réalisateurs, les auteurs de documentaires ou de fictions, les pigistes et intermittents auxquels la station fait appel – chacun a l’exemple d’un collègue « blacklisté », ou « placardisé », à citer. « Pour Sandrine, si on n’est pas avec elle, c’est qu’on est contre elle », résume une ancienne de la maison. Des situations de burn-out ont été identifiées (à des postes administratifs), et des départs (une directrice de la communication, une responsable RH) ont eu lieu. La dirigeante n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde.

En novembre-décembre 2022, France Culture caracolait à 3,1 points, l’un de ses records absolus

Dès la rentrée 2016, un communiqué du syndicat UNSA de Radio France titrait « France Culture, malade de sa direction » et faisait état d’« intimidations » et de « mépris », et appelait à « une relation apaisée avec l’ensemble des personnels de France Culture et la rédaction ». A l’époque, Sandrine Treiner dirigeait la station, qu’elle avait récupérée à 1,8 point d’audience cumulée, depuis un an seulement. En novembre-décembre 2022, France Culture caracolait à 3,1 points, l’un de ses records absolus. « Cela fait des années qu’on se plaint de la façon dont on est traités, insiste un témoin. La direction de Radio France a tout fait pour ne pas le voir, parce que les audiences étaient bonnes. »

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