A Angoulême, des policiers verbalisent à tour de bras pour dénoncer leurs conditions de travail

A Angoulême, des policiers verbalisent à tour de bras pour dénoncer leurs conditions de travail

En octobre, deux policiers municipaux ont infligé des centaines d’amendes pour stationnement gênant. La mairie leur a demandé d’« arrêter de s’acharner », se disant ouverte à la discussion.

Publié hier à 17h04, mis à jour à 09h32

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Ecusson de policier municipal.
Ecusson de policier municipal. BENOIT TESSIER / REUTERS

Depuis douze ans, Gaëlle et Patrick Loosveldt ont la même habitude : pour rentrer chez eux, ils se garent sur le large trottoir devant leur maison, située dans le centre-ville d’Angoulême (Charente). Le mois d’octobre est venu bousculer cette routine. En moins de trente jours, le couple a été verbalisé huit fois par les agents municipaux pour stationnement gênant, fait savoir La Charente libre. Au total, Gaëlle et Patrick doivent s’acquitter d’une somme de 1 080 euros, soit 135 euros par infraction.

Leur voisin a subi la même déconvenue, tout comme les autres habitants de la rue de Montmoreau et des alentours. Une douzaine de foyers est concernée par cette vague de verbalisations, imputable à deux policiers municipaux, rapporte le quotidien régional. Alors qu’il n’avait adressé aucun procès-verbal en octobre 2018, l’année suivante, l’un des deux agents a dressé 82 contraventions. Son confrère, qui avait infligé sept amendes pour stationnement gênant l’année précédente, a verbalisé cette année 142 conducteurs, soit une contravention par heure travaillée, précise le journal local.

Tensions au sein de la police municipale

Comment expliquer cet excès de zèle ? Selon La Charente libre, cette salve de contraventions est liée à un mouvement de grève qui s’est déroulé durant l’été au sein de la police municipale d’Angoulême. Les agents dénonçaient notamment des difficultés avec la hiérarchie et réclamaient une hausse de leurs salaires. Deux salariés s’estimant lésés par les négociations avec la mairie ont donc décidé de mettre la pression sur la municipalité en suscitant la colère des administrés.

Une manœuvre réussie. Les riverains, qui déplorent être pris pour « des vaches à lait », en appellent à la municipalité, qui a récemment promis un aménagement des places de stationnement. En attendant, les habitants estiment « ne pas avoir le choix de stationner sur les trottoirs ».

Sommée de se positionner dans cette affaire, la mairie d’Angoulême assure « avoir demandé à la police municipale d’arrêter de s’acharner » contre les habitants. « On ne peut que comprendre la colère de ces gens. On n’a jamais rien dit à ces habitants durant des années, et là, ils croulent sous les PV », commente Véronique de Maillard, adjointe au maire, chargée de la vie quotidienne, qui a rencontré les riverains fin octobre, selon le journal.

« L’incompréhension de nos concitoyens »

Regrettant « un manque de discernement de ces agents », Xavier Bonnefont, le maire de la ville, assure qu’une note interne du chef de la police municipale rappelle aux agents leurs missions prioritaires. « Vous saurez ne pas exacerber l’incompréhension de nos concitoyens par la fréquence et le nombre de verbalisation sur des secteurs particuliers », indique cette note à laquelle La Charente libre a eu accès. Le maire de la ville rapporte également que les discussions avec les agents de police sont « constructives », précisant que, si les contraventions perdurent, il se penchera à nouveau sur les revendications des policiers.

L’élu a également écrit à l’officier du ministère public pour réclamer l’annulation de ces amendes. « Il m’apparaît injuste et éminemment regrettable que nos habitants, souvent de condition modeste dans ces secteurs, soient contraints de payer des amendes à un taux important », estime le maire dans son courrier, précisant que prochainement « la réorganisation matérielle du stationnement rendra parfaitement respectueuse de la réglementation la situation qui leur est reprochée ». Cette demande de « classement sans suite pour inopportunité des poursuites » a toutefois peu de chance d’aboutir.

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LJD

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