Archive dans 2025

Le plein-emploi, l’objectif inaccessible d’Emmanuel Macron

Dans une agence France Travail, à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), le 23 avril 2024.

Si Bruno Le Maire n’avait pas anticipé le dérapage du déficit public, il avait su, en revanche, se montrer visionnaire sur un autre point. Le plein-emploi, « on n’y arrivera pas », professait-il, en mars 2024. Pour l’ancien ministre de l’économie (2017-2024), il s’agissait surtout, à l’époque, de fustiger le modèle social français, qu’il considérait comme un frein pour atteindre cet objectif fixé par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2022, un taux de chômage autour de 5 % de la population active – contre 7,4 % actuellement.

Les chiffres donnent corps à sa prédiction. Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) inscrits à France Travail (hors Mayotte) a augmenté de 3,5 % en 2024, selon les données publiées par le ministère du travail, lundi 27 janvier. Au total, ce sont 117 000 chômeurs de plus qui sont venus grossir les rangs de l’opérateur public, pour atteindre 3,14 millions de personnes. Au quatrième trimestre, le bond est de 3,9 % par rapport au trimestre précédent.

« Ce qui est inquiétant, c’est que la hausse est généralisée, explique Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Toutes les catégories augmentent, toutes les tranches d’âge. C’est le signal que le marché du travail est en train de se retourner. » Toutes catégories confondues, ce sont plus de 6,2 millions de personnes qui sont enregistrées à l’ex-Pôle emploi. Les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement touchés (+ 7 % sur un an). Signe que les effets de la conjoncture économique se sont clairement fait sentir en 2024, le nombre d’inscrits à France Travail à la suite d’un licenciement économique a augmenté de 26 % par rapport à fin 2023.

Il vous reste 79.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Marché du travail : la fête est finie

Une manifestation devant l’usine de l’entreprise PPG, à Genlis (Côte-d’Or), pour dire non à la fermeture du site.

Sur le marché du travail, la fête est finie. « L’exubérance » consécutive à la crise sanitaire du Covid-19, qui a permis de créer près d’un million et demi d’emplois entre 2020 et 2024 – et environ deux millions depuis 2017 – est retombée tout au long de l’année écoulée. Désormais les clignotants s’allument un à un sur le front des recrutements. Et les plans sociaux se préparent : à l’automne 2024, la CGT en recensait 250, avec entre 170 000 et 200 000 pertes d’emplois potentielles à la clé.

Les défaillances d’entreprises, elles, sont bel et bien là : la Banque de France en a décompté 65 764 en 2024 – soit 16,8 % de plus qu’en 2023 –, et elle n’entrevoit pas de ralentissement notable en 2025. Surtout, les sociétés concernées sont plus grosses, ce qui alourdit le coût social des faillites. Environ 260 000 emplois sont concernés par une procédure judiciaire, qu’il s’agisse de prévention, de sauvegarde ou de liquidation. « On constate aussi un effet domino, souligne un expert de la Banque de France. La défaillance des entreprises impacte à son tour les fournisseurs. »

Il vous reste 82.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Les dirigeants sont les plus satisfaits du dialogue social en entreprise

La septième vague du Baromètre IFOP réalisée pour le cabinet Syndex sur les relations sociales en entreprise, publiée le 23 janvier, donne une vision à 360 degrés tant qualitative que quantitative de la situation. Elle reflète l’opinion de 1 878 représentants du personnel (RP), 1 303 salariés et 400 dirigeants (qui peuvent être DRH ou dirigeants) travaillant dans des entreprises de plus de 50 salariés qui ont été interrogés en septembre et novembre 2024. Soit des tailles d’échantillons suffisantes pour percevoir des écarts d’appréciation entre ces catégories.

Le premier enseignement de cette étude est que les dirigeants d’entreprise attribuent une meilleure note à la qualité du dialogue social (7,8 sur une échelle 1 à 10) que les salariés (6). Les représentants du personnel, encore plus critiques (5,3), regrettent que les directions tiennent peu compte de leurs avis et de leurs demandes. Malgré ce manque de considération qui limite leur efficacité, 68 % des salariés ont une bonne image de leur comité social et économique (CSE) où siègent les élus. Il est vrai que les CSE se valorisent aussi par les activités sociales et culturelles qui profitent à tous, quand bien même les revendications sociales n’aboutissent pas.

Quels acteurs contribuent le plus à la qualité du dialogue social ? Sur ce point encore, les sondés divergent. Les élus des CSE se mettent eux-mêmes en tête du classement (88 %), devant les syndicats (84 %) et les salariés (61 %). Sollicités sur cette question, les salariés valorisent davantage leur propre contribution au dialogue social (68 %) que celle de leur CSE (64 %) et des syndicats (54 %).

Le baromètre révèle cependant des points de convergence entre les parties prenantes : « Plus des trois quarts des salariés et une part plus importante des dirigeants d’entreprise s’accordent sur l’utilité du CSE, en premier lieu parce qu’il sert à transmettre à l’employeur les réalités vécues par le personnel », soulignent Claire Morel et Nicolas Weinstein, membres du comité de direction du cabinet Syndex.

Il vous reste 55.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Frichti : deux anciens dirigeants seront jugés en novembre pour travail dissimulé et emploi illégal d’étrangers

Des travailleurs sans-papiers, employés par Frichti, dénoncent leurs conditions de travail, en juin 2020, à Paris.

La société de livraison rapide de repas Frichti, reprise par La Belle Vie, et ses deux anciens dirigeants seront jugés en novembre à Paris pour travail dissimulé et emploi illégal d’étrangers au préjudice de très nombreux ex-livreurs, a appris l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 23 janvier, de sources proches du dossier. Julia B., 36 ans, et Quentin V., 38 ans, respectivement ancienne présidente et ancien directeur général de Frichti, qu’ils ont revendu en mars 2022, seront jugés du 13 au 21 novembre par le tribunal correctionnel de Paris.

« Nos clients contestent toute infraction et sont dans l’incompréhension », d’autant qu’« aucun texte, ni aucune décision de justice n’interdisaient le recours à des travailleurs indépendants », ont assuré jeudi à l’AFP leurs avocats, Mathias Chichportich et Jérémy Gutkès. « S’ils réservent leurs déclarations au tribunal, ils sont déterminés à faire valoir leur bonne foi et leur innocence », ont ajouté ces deux conseils.

D’après la source proche du dossier, il est reproché aux deux prévenus d’avoir « recouru » entre 2015 et la mi-2021 « à des sociétés sous-traitantes ou à des travailleurs sous statut d’indépendants », au moins une cinquantaine, « alors que ceux-ci étaient placés dans un lien de subordination juridique ». Ils seront aussi jugés pour emploi illégal d’étrangers pour au moins une trentaine de livreurs, pour la grande majorité de nationalité sénégalaise ou ivoirienne.

Préjudice de près de 3 millions d’euros pour l’Urssaf

Selon des éléments de l’enquête auxquels l’AFP a eu accès, chez Frichti, « le livreur ne choisissait pas ses clients, le tarif de facturation lui était imposé et il ne pouvait pas organiser son parcours comme il le souhaitait ». « Frichti n’est pas une plateforme de livraison » ou une « application de mise en relation », mais « une société dans laquelle des centaines de salariés ont développé des recettes, ont cuisiné et préparé des commandes », ont argué MM. Chichportich et Gutkès.

En 2022, l’Urssaf avait évalué dans un rapport son préjudice à près de 3 millions d’euros de charges et cotisations sociales non versées pour les années 2019 et 2020. « Les faits reprochés sont parmi les pires dans ce type de dossiers », a asséné de son côté Kevin Mention, avocat des livreurs interrogé par l’AFP, rappelant la centaine de procédures engagées aux prud’hommes. Jérôme Pimot, du collectif des livreurs autonomes des plateformes (CLAP), espère que cette audience va « envoyer un gros signal à toutes les plateformes qui emploient des sans-papiers sur le compte de l’autoentrepreneuriat, afin qu’elles puissent les régulariser, et non les licencier ».

Très contesté, le statut d’indépendant des coursiers est en outre remis en cause dans de nombreux pays par la justice. Après une procédure de redressement judiciaire, le groupe La Belle Vie a repris l’activité de Frichti en septembre 2023, mais en créant une nouvelle entité, ce qui leur a permis de ne pas hériter du lourd passif de la société historique, en liquidation judiciaire.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

« Les Valeurs du travail » : un besoin ? une vocation ? un devoir social ?

Le travail serait-il en crise ? Y aurait-il, chez les actifs, une prise de distance croissante par rapport à leur activité professionnelle ? C’est ce que pourrait laisser penser la mise en avant, ces dernières années, de plusieurs phénomènes dans le débat public et les médias.

Il a ainsi abondamment été question de « grande démission », pour désigner des vagues de départs de salariés, ou encore de quiet quitting, cette attitude qui consiste à ne faire que le minimum imposé lors des journées de travail. Des signes d’un nouveau rapport au travail ?

C’est la question que pose le sociologue et directeur de recherche émérite au CNRS, Olivier Galland, dans son dernier ouvrage, Les Valeurs du travail (Les Presses Sciences Po). Au fil des pages, il propose un examen méthodique des travaux et recherches sur les attitudes à l’égard du travail dans les pays développés. Un exercice de documentation rigoureux qui lui permet, et c’est le grand intérêt de son essai, de s’écarter des vents médiatiques, pour ne se concentrer que sur les données et enquêtes scientifiques. Et, finalement, mettre à mal certaines idées reçues.

La principale concerne le supposé « déclin de la “valeur” travail ». « Une majorité de citoyens des pays développés adhèrent à l’idée que le travail s’impose comme une norme morale, expose M. Galland. En moyenne 68 % des habitants des 11 pays que nous avons examinés étaient d’accord en 2017-2022 (…) avec l’idée que “travailler est un devoir vis-à-vis de la société”. Ce résultat relativise grandement le discours sur [ce] déclin ». L’auteur estime, à ce sujet, que « c’est plutôt une stabilité [de l’attitude des travailleurs] qui se manifeste et même un certain regain dans une partie des pays développés ».

Des variations manifestes

Dans le même temps, autre intérêt de l’ouvrage, il met en lumière une diversité d’approches nationales. On la retrouve sur la question du travail comme valeur morale avec une adhésion plus forte en Norvège, moindre en Asie ou aux Etats-Unis. Des variations sont également manifestes si l’on s’intéresse à l’importance accordée au travail dans la vie (plus forte dans les pays méditerranéens qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne, par exemple) ou aux attentes à l’égard du travail. Asiatiques, Espagnols et Britanniques privilégient par exemple davantage que d’autres pays les aspects instrumentaux du travail, comme bien gagner sa vie ou avoir des horaires satisfaisants.

Il vous reste 36.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Aides à domicile : des salariés font reconnaître aux prud’hommes le « glissement de tâches » qu’elles dénoncent

Rassemblement des aides à domicile en grève, à Tours (Indre-et-Loire), le 5 janvier 2021.

Pour faire reconnaître ses droits, un salarié peut faire grève ou saisir la justice. Quatre aides à domicile de l’association Aide à domicile en milieu rural du Loir-et-Cher ont décidé de faire les deux.

A la fin de 2020, elles ont entamé, avec une dizaine de collègues, une grève de trois mois pour dénoncer leurs conditions de travail et la faiblesse de leurs rémunérations (au smic, à temps partiel). Surtout, elles décrivaient ce qu’elles nomment le « glissement de tâches ». Toutes classées catégorie A, premier échelon de la grille de classification de la convention collective, elles ne sont censées faire, dit le texte, « que des travaux courants d’entretiens de la maison », et ne peuvent « intervenir habituellement et de façon continue chez des personnes dépendantes ni auprès de public en difficulté ». Pourtant elles « le font toutes », disent-elles alors, notamment des toilettes et des transferts du lit au fauteuil, gestes techniques et accidentogènes réservés aux auxiliaires de vie, catégorie C, diplômées et un peu mieux rémunérées.

Quatre salariées ont osé saisir les prud’hommes de Blois en 2021 pour le faire reconnaître. Elles ont gagné en première instance, puis en appel. Les derniers arrêts ont été rendus le 19 décembre par la chambre sociale de la cour d’appel d’Orléans.

Il vous reste 60.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La reconnaissance faciale s’installe dans les entreprises en toute discrétion

« C’est hyperfacile. Plutôt que de taper un long code, le matin, je m’assois devant mon ordinateur, je pose mon doigt sur le clavier, je lance la caméra et l’ordinateur s’allume. » Cette salariée d’une grande banque française – qui préfère garder l’anonymat – apprécie la rapidité que lui offre dans son quotidien cette solution biométrique. « Les employés ne sont jamais obligés de l’utiliser, ils ont le choix avec d’autres moyens, mais c’est un succès », ajoute-t-elle.

Moins visible que dans le domaine régalien, la reconnaissance faciale n’en conquiert pas moins du terrain dans les entreprises hexagonales. Cette technologie ultrasensible, car elle permet d’identifier une personne sur la base de sa réalité biologique, fait l’objet d’expérimentations dans des domaines aussi variés que celui de l’accès à des locaux, à des outils ou encore de la vérification d’identité.

Ainsi, en juin 2024, le président de l’agence d’intérim numérique Iziwork annonçait la mise à disposition auprès de ses entreprises clientes – 2 000 en tout, au rang desquelles de grands groupes comme Carrefour et Geodis – d’une fonctionnalité sur son application intégrant un service de reconnaissance faciale.

Concrètement, ce dispositif permettra de vérifier, grâce à un selfie du collaborateur, qu’il s’agit bien de la personne figurant sur ses papiers d’identité. « Le nombre de fraudes n’est pas forcément considérable, explique Alexandre Dardy, le cofondateur de l’entreprise, mais lorsqu’il y a un problème de vol ou d’accident, en termes d’impact c’est important pour l’entreprise ou l’agence d’intérim », justifie-t-il.

Depuis, l’entreprise a fait appel à un cabinet d’avocats pour se mettre en conformité avec la loi informatique et libertés et le règlement général sur la protection des données (RGPD). « Nous ne pouvons nous servir de cette photo que pour la comparer aux papiers d’identité », explique ce patron. Ce cliché ne doit pas être utilisé à des fins de classement des intérimaires, il ne doit pas être un critère de jugement, et doit être supprimé dès lors que le test est terminé. »

Il vous reste 66.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Le burn-out se conjugue au féminin

Carnet de bureau. Le 20 janvier, rebaptisé « Blue Monday » depuis une vingtaine d’années, est censé être le jour le plus déprimant de l’année. Malheureusement, les déterminants de la santé mentale au travail ne se réduisent pas à cette journée. La moitié des Français serait en détresse psychologique, un salarié sur quatre rencontrerait un problème d’épuisement professionnel, dit burn-out.

La valse des chiffres sur la santé mentale au travail continue d’année en année, au fil des études. Qu’ils proviennent des baromètres de l’absentéisme réalisés par les mutualistes, des bulletins de Santé publique France ou des enquêtes de la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (FIRPS), ils peuvent être très différents sur la même période et la même population, car ils ne mesurent pas la même chose. Stress, anxiété, tendance dépressive ? Le dernier Baromètre santé mentale du cabinet de conseil en ressources humaines Qualisocial, à paraître jeudi 23 janvier, affiche 25 % des 3 000 salariés interrogés du 3 au 9 décembre 2024 qui se déclarent en mauvaise santé mentale.

Mais un constat est commun à toutes ces études : « La dégradation progressive de la santé mentale au travail continue avec une prévalence des troubles plus forte chez les femmes que chez les hommes, dans un rapport d’un pour deux », indique Jean-Christophe Villette, administrateur de la FIRPS et psychologue du travail et des organisations au cabinet Ekilibre Conseil.

Les femmes cadres sont particulièrement concernées. Dans une étude de longue observation de 2013 à 2019, Santé publique France a mesuré que « le risque de signalement d’une souffrance psychique en lien avec le travail augmentait avec la catégorie socioprofessionnelle et atteignait un maximum chez les femmes cadres ».

Les femmes surreprésentées

Pourquoi ? D’abord parce qu’elles sont cadres. L’épuisement professionnel peut être en lien avec les spécificités de l’identité des cadres, explique l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) dans sa dernière étude sur le burn-out publiée en décembre 2024 : le fort investissement lié à la fonction menace l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, et les cadres peuvent avoir des difficultés à demander de l’aide.

Il vous reste 34.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« La fonction publique doit engager une réflexion profonde sur son image d’employeur »

Les premiers pas prudents du nouveau ministre de la fonction publique, Laurent Marcangeli, entendent trancher avec les discours de son prédécesseur. Il « aime » les agents publics, là où Guillaume Kasbarian voulait s’inspirer des « meilleures pratiques » d’Elon Musk. Au-delà des slogans et des fantasmes, où en est vraiment l’employeur public dans un marché du travail tendu et un pays fragmenté ?

« Le Patchwork public », une étude inédite, fait l’état des lieux. Transformations profondes du marché du travail, attentes hétérogènes de la part des candidats et concurrence accrue du secteur privé : les défis sont nombreux pour transformer un patchwork désordonné en une mosaïque harmonieuse. Le nombre moyen de candidatures par poste aux concours s’élevait à 16 en 1997, il est tombé à seulement 6 en 2022. Cette chute vertigineuse traduit-elle une désaffection uniforme pour l’emploi public ? Oui et non. Le nombre de candidats aux concours est certes en chute libre. Les métiers d’enseignant, notamment dans le primaire, n’attirent plus.

Quant aux autres, ils sont cachés derrière des concours et des catégories opaques. On pourrait ajouter qu’en ces temps de réformes de l’Etat et de rigueur budgétaire, la promesse du « statut » n’engage plus que ceux qui y croient. Moins d’aspirants fonctionnaires, donc, mais pas moins d’agents : près d’un quart sont des contractuels de droit privé. En recourant largement au CDI, l’Etat et ses structures périphériques se sont coupés de leurs spécificités statutaires. Par le même mouvement, ils se sont mis en concurrence frontale avec le secteur privé.

Une forte endogamie

L’Etat, dès lors, serait-il un employeur comme un autre ? Discours délicat à tenir, quand les salaires y sont inférieurs de 30 % en moyenne et que la garantie d’emploi à vie n’est plus. Un autre problème majeur est l’endogamie qui caractérise les recrutements publics. L’étude montre que 59 % des candidats intéressés par un poste dans la fonction publique y travaillent déjà. Ce phénomène traduit une faible capacité à attirer des talents externes, notamment issus du secteur privé ou de milieux diversifiés. Cette endogamie est exacerbée par un manque de stratégies de recrutement. Seules 15,3 % des collectivités locales ont mis en place une véritable démarche de « marque employeur ».

Il vous reste 55.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.