Archive dans septembre 2025

Une étude souligne combien le manque de lisibilité des critères d’augmentations de salaire peut nourrir un sentiment d’injustice dans les entreprises

Une employée fabrique de la dentelle à Caudry (Nord), le 4 mai 2024.

Ça n’est pas une étude sur l’évolution des rémunérations, mais sur la perception qu’en ont les salariés du privé que publient conjointement mercredi 24 septembre l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), et le think tank Terra Nova (4 001 salariés interrogés en ligne, selon la méthode des quotas).

Leur premier constat n’est pas vraiment une surprise : une large majorité des salariés du privé (68 %) sont inquiets de l’évolution de leur pouvoir d’achat. Plus surprenant : pour répondre à cette préoccupation, ils comptent d’abord sur l’action des pouvoirs publics (45 % des sondés) loin devant leur entreprise (32 %), dont ils attendent autant que de la grande distribution – mais bien plus que des syndicats (7 %).

C’est encore plus fort chez les professions intermédiaires (54 %) et chez les salariés des TPE dont 61 % estiment que leur très petite entreprise « fait de son mieux par rapport à ses marges de manœuvre » – ce n’est le cas que de la moitié des salariés des établissements de taille intermédiaire et des grandes entreprises.

« Ces dernières années, la mise en place du bouclier tarifaire, des primes Macron et plus généralement du “quoi qu’il en coûte” a renforcé l’idée que l’Etat pouvait agir », explique Hélène Garner, directrice études et données à l’APEC. Pourtant, « le pouvoir d’achat ne peut pas reposer uniquement sur l’Etat » estime Terra Nova, pour qui « il est urgent de replacer l’entreprise au cœur du “village social” ».

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Territoires zéro chômeur de longue durée : un dispositif efficace mais cher

Le salarié d’une entreprise à but d’emploi impliquée dans l’expérimentation « Territoire zéro chômeur longue durée », à Bléré (Indre-et-Loire), le 26 mai 2025.

Le constat se confirme. Territoires zéro chômeur de longue durée est efficace pour le retour à l’emploi mais coûte cher à l’Etat. Trois mois après la Cour des comptes, le comité scientifique chargé d’évaluer le dispositif a présenté, mardi 23 septembre, son bilan de l’expérimentation.

Territoires zéro chômeur de longue durée est un outil qui permet à de petits territoires volontaires, jusqu’à 10 000 habitants, de coordonner une action pour accompagner des personnes durablement éloignées du marché du travail en leur proposant des CDI au sein d’une « entreprise à but d’emploi ». Cette dernière ne choisit pas ses salariés et ne doit pas concurrencer les entreprises déjà installées sur le territoire. Fin 2024, 83 territoires participaient à l’expérimentation, sur lesquels étaient présentes 86 entreprises à but d’emploi, qui salariaient 3 290 personnes. Mise en place en 2016 puis prolongée en 2020, l’expérimentation doit prendre fin en 2026. Le Parlement devra alors se prononcer sur une éventuelle généralisation.

Comme le rappelle le rapport, le dispositif est né de la conviction que « personne n’est inemployable » et part du principe que le coût d’un chômeur de longue durée pour la collectivité est supérieur à celui d’un emploi financé par l’Etat. Selon le groupe de chercheurs présidé par l’économiste Yannick L’Horty, l’expérimentation « est parvenue à produire des effets positifs, globalement remarquables », mais aussi « des effets parfois moins désirables, au prix d’un effort public significatif ». Il est indéniable que le dispositif améliore l’accès à l’emploi de personnes qui en sont très éloignées, mais son coût pour les finances publiques est élevé.

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Crises énergétiques : peut-on organiser une juste solidarité ?

Entreprises. En avril 2025, une gigantesque panne de courant a frappé la péninsule Ibérique, provoquant durant plus de douze heures l’arrêt massif de systèmes vitaux : transports, aéroports, éclairages…

Cette crise a souligné l’instabilité sous-estimée des systèmes électriques face à la multiplication de sources différentes d’électricité et face aux interdépendances accrues entre réseaux nationaux. En 2023, les ruptures d’approvisionnement en gaz et électricité avaient déjà fait craindre des pénuries catastrophiques. Face à ces risques de « black-out », les mesures de sauvegarde habituelles (délestages, rationnements, tarifications) visent à équilibrer au mieux la stabilité du réseau.

Mais si la probabilité de ces pénuries devait augmenter, ne faut-il pas interroger l’équité de ces mesures pour les populations concernées ? Ainsi, une étude conjointe entre chercheurs et praticiens a suggéré de nouvelles gestions des black-out en s’inspirant de la règle antique du « péril commun » (« Gérer le risque de black-out. Pour une application du modèle du péril commun », par Antoine Goutaland, Charlotte Demonsant, Armand Hatchuel, Kevin Levillain, Blanche Segrestin, Gérald Vignal, Revue française de gestion, 2023/2, n° 309).

Une variété de pannes locales et de dysfonctionnements – comme un déséquilibre inattendu entre production et consommationpeut déclencher une cascade de déconnexions appelée « black-out ». Pour empêcher la cascade de se déclencher, les gestionnaires de réseau doivent le plus souvent « sacrifier » une partie des usagers. Pour être efficaces et à moindre coût, ces sacrifices doivent être préparés. D’abord en organisant le réseau en branches qui pourront être « délestées ». Le réseau restant est alors préservé, mais la coupure frappe indifféremment tous les usagers de la branche.

Une approche alternative

Une deuxième approche consiste à négocier à l’avance avec certains leur consentement à être rationnés en cas de crise. Mais ces réductions peuvent elles aussi entraîner des perturbations subies sur des usagers en aval.

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Dans le Médoc, « sans les étrangers, beaucoup ne pourraient pas faire leurs vignes »

Un bus, puis deux, puis trois, quatre, cinq… Il n’est pas encore 18 heures quand le parking du supermarché Lidl de Pauillac (Gironde), commune de 5 000 habitants au cœur du vignoble bordelais, s’emplit soudainement. Des dizaines d’hommes et de femmes descendent de plusieurs cars immatriculés en Roumanie et s’engouffrent dans les rayons de l’enseigne. Ils en ressortent rapidement avec des barquettes de chipolatas, des baguettes de pain, des paquets de chocolats liégeois, des fruits… Ils se sont empressés de faire des courses pour le repas du soir, après avoir débauché. Ils ont passé des journées harassantes dans les vignes, à vendanger grands crus et petits vins médocains sous le soleil de l’été finissant.

Pantalons et chaussures poussiéreux, visages fatigués, peaux tannées, dans les rayons du supermarché, Alexandru (toutes les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat), 16 ans, et son grand frère Darrel se voient remettre deux billets neufs de 100 et 50 euros. « Partagez entre vous », indique, en langue roumaine, celui qui semble être un chef de groupe. Alexandru s’est formé aux travaux de la vigne sur le tas. « Ce sont les anciens qui m’ont appris la taille et l’ébourgeonnage », dit-il. Darrel, l’aîné, fait les saisons dans le Médoc depuis six ans. A côté d’eux, dans la file qui s’avance vers la caisse, José, 60 ans, porte un tee-shirt froissé à l’effigie du prestigieux domaine pour lequel il fait les vendanges depuis « sept ou huit ans », comme d’autres de son village d’Andalousie avant lui. « A 10 euros net de l’heure, c’est mieux payé que les olives », justifie l’homme.

Bientôt, les bus repartent. Leur apparition furtive rappelle aux locaux que le plus grand vignoble de France, avec 100 000 hectares cultivés et 600 millions de bouteilles produites par an, vit grâce à cette main-d’œuvre étrangère. Cela n’a pas toujours été le cas. Au début des années 2000, dans un secteur soumis à des crises et des restructurations, les domaines viticoles se sont désengagés de certains travaux, comme la taille de la vigne ou les vendanges, pour les confier à des prestataires de services, qui fournissent matériel et main-d’œuvre. La préfecture indique que la Gironde compte aujourd’hui environ 5 000 châteaux et, à leur service, plus de 600 sociétés prestataires de main-d’œuvre agricole immatriculées dans le département.

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« Travailler mieux » : quels leviers pour améliorer la qualité du travail ?

La question des conditions de travail va-t-elle, enfin, prendre une place de premier plan dans le débat public français ? Dominique Méda, professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine-PSL, veut le croire. A ses yeux, le contexte actuel y est favorable, marqué notamment par une mise en lumière des souffrances vécues au travail (impacts sur la santé mentale…). Elle voit donc dans la récente parution de Travailler mieux (PUF, « La Vie des idées », 224 pages, 18 euros), en collaboration avec Le Monde, une contribution bienvenue pour faire vivre la réflexion sur ce sujet et, ce faisant, définir des voies d’amélioration de la qualité du travail.

Une rencontre organisée jeudi 18 septembre à Paris autour des auteurs de cet ouvrage collectif a justement été l’occasion de mettre en débat la question de la qualité du travail en France, sa faiblesse, et les leviers d’action pour la renforcer.

Comment expliquer le déficit de qualité observé ? « L’organisation du travail et du management sont en grande partie responsables des difficultés des salariés au sein des organisations », pointe l’économiste Coralie Perez. La financiarisation de l’économie, le management vertical, par les chiffres… De nombreux facteurs ont joué un rôle négatif, ces dernières décennies, avec « des effets délétères sur le sens du travail ». La stratégie industrielle « low cost » de la France basée sur la baisse des coûts du travail a pu, elle aussi, affecter la qualité du travail, note Bruno Palier, directeur de recherche du CNRS à Sciences Po.

En conséquence, les Français qui avaient, et ont toujours, de fortes attentes concernant leur activité professionnelle ont pu se montrer particulièrement déçus de sa réalité quotidienne, limités qu’ils sont dans leur autonomie, et, souvent, dans l’incapacité de bien faire leur travail.

Une mesure attentive du management

Comment, dès lors, œuvrer à l’amélioration de leurs conditions de travail et apporter sens et bien-être aux salariés ? Les participants ont souligné la diversité des pistes pouvant être explorées (rémunérations, conciliation du travail avec la vie personnelle, évolution de la stratégie industrielle avec une montée en qualité…) et ont, au fil de leurs interventions, dessiné deux axes prioritaires.

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« Un taylorisme augmenté » : comment l’IA dégrade l’organisation du travail

L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les milieux professionnels est aujourd’hui l’objet d’une intense production éditoriale. Avec, au cœur de nombre d’ouvrages parus, les conséquences des avancées technologiques sur l’emploi.

Dans son nouvel essai, Un taylorisme augmenté (éd. Amsterdam, 192 pages, 13 euros), le sociologue du travail Juan Sebastian Carbonell a décidé d’emprunter une autre voie d’étude, en se concentrant sur l’impact de l’IA sur le quotidien des travailleurs. Comment évolue l’organisation du travail, les conditions d’exercice, mais aussi l’autonomie dans la réalisation des missions ? Quid des tâches effectuées et des savoirs mobilisés ?

Pour l’auteur, le constat est sombre. Au fil de cet ouvrage critique, il explique pourquoi l’IA est « un outil de dégradation du travail entre les mains des entreprises », s’apparentant à un « taylorisme augmenté ». A ses yeux, l’intelligence artificielle tend à « simplifi[er], standardis[er] ou parcellis[er] » des métiers, indépendamment du niveau de qualification exigé pour les exercer. Des préparateurs de commandes peuvent en subir les conséquences, des oncologues également.

Dans le même temps, d’autres principes fondamentaux du taylorisme tels « l’étude du temps pris par chaque opération ou le chronométrage » peuvent être mis en œuvre – en particulier pour les travailleurs des plateformes numériques – au même titre que divers processus de surveillance.

Surtout, le cœur du travail peut être bouleversé en profondeur, en raison de ce que M. Carbonell nomme une « dépossession machinique ». S’intéressant à l’impact de l’IA générative sur des professions qualifiées, il montre ainsi qu’elle prive les travailleurs « des gestes créatifs de leur métier et les réduit au rôle d’“appendices”. En d’autres termes, elle n’est pas [à leur] service (…) et ne les libère pas des tâches monotones et peu intéressantes ; ce sont les travailleurs qui sont mis à son service ».

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Appel à témoignages : votre employeur vous demande d’en faire toujours plus, racontez-nous

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Qui a adopté le vélo de fonction ?

Carnet de bureau. Pour aller manifester ou travailler, faute de transports en commun, le vélo de fonction est en selle : électrique ou mécanique, cargo pour pouvoir déposer les enfants à l’école, pliable pour ne pas le laisser traîner dans la rue, plus de 200 entreprises l’ont déjà adopté. Selon les derniers chiffres publiés en juin par la Fédération des acteurs du vélo en entreprise (FAVE) et la Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette, environ 20 000 vélos d’entreprise sont mis à disposition sur tout le territoire. C’est peu au regard de nos voisins européens, qui équipent 27 % des salariés éligibles en Belgique et 37 % en Allemagne, contre 1 % en France.

Source d’efficacité mais aussi de chaos urbain, promu et dopé par la crise sanitaire liée au Covid-19, soutenu par les pouvoirs publics au nom du développement de la « mobilité douce », et pas seulement à l’occasion de la Semaine européenne de la mobilité, du 16 au 22 septembre, le « vélotaf », comme le surnomment certains salariés, n’est pas l’apanage des zones urbaines, bien au contraire. « Et 71 % de nos utilisateurs sont en zone périurbaine et rurale. A Paris, il y a suffisamment de transports en commun », explique Antoine Repussard, cofondateur de Zenride, gestionnaire de flotte. Selon la carte dessinée par la FAVE, 25 % des vélos de fonction sont en zone rurale. « La tendance se renforce depuis trois ans, notamment dans les régions industrielles ou peu desservies par les transports en commun », constate la société de services aux entreprises Tandem.

Bancassurance et industrie en tête de peloton

Au fil des ans, le vélo pour aller travailler commence à gagner du terrain. « Actuellement, 3,3 % des déplacements domicile-travail sont effectués à vélo, en progression de 50 % sur cinq ans », affirme  l’Agence de la transition écologique. Saint-Gobain, qui possède un vaste parc de 2 000 vélos au total, a, sur son seul site de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), un quart de salariés convertis à la petite reine. « Ils sont domiciliés dans un rayon de 10 kilomètres autour de l’usine », précise M. Repussard.

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Aux Etats-Unis, la promesse des logiciels de surveillance du travail des salariés séduit les employeurs

« Ce sont des fascistes » : Jonathan Schoenberg, directeur créatif de l’agence de publicité TDA, à Boulder, dans le Colorado, n’a pas de mots assez durs pour décrire les nombreux logiciels de surveillance numérique proposés aux entreprises américaines. La montée en puissance du travail à distance fait que les chefs de service ne peuvent plus suivre de près leurs troupes d’un simple coup d’œil ou en passant au bureau d’un salarié.

ActivTrak, Teramind, Time Doctor, WorkExaminer, Hubstaff… les éditeurs de logiciels, utilisateurs d’intelligence artificielle (IA), leur offre donc une alternative : des outils pour suivre à distance le travail de l’employé assis devant son ordinateur. ActivTrak observe ainsi les e-mails, les sites visités, les temps de travail, l’activité de la souris… Un de ces logiciels peut, en plus, prendre régulièrement des photos de l’intéressé, ou faire des enregistrements vidéo. « C’est une mentalité d’usine », dénonce M. Schoenberg. Un outil rétrograde et inefficace à ses yeux : « Si je m’absente pendant deux heures pour rencontrer un client, le logiciel le décompte en temps perdu et juge à tort cette initiative contre-productive. »

Amit Raj, le patron de l’entreprise écossaise The Linksguy, expert en optimisation des moteurs de recherche, est plus nuancé. Il invoque les besoins d’une communication rapide entre ses équipes : « Depuis le Covid-19, nous avons des travailleurs à distance. Si le manageur ou des collègues ne peuvent pas faire le point sur l’avancement d’un projet, c’est un problème. » Les frappes sur le clavier l’intéressent moins. « Ça ne dit pas grand-chose, je ne m’en sers jamais. » La surveillance des temps de travail de la dizaine d’employés fait partie du contrat : « Au moment de l’embauche, je les préviens clairement que nous utilisons un logiciel de suivi. » Les dilettantes s’en vont tout de suite.

The Linksguy n’est pas le seul amateur de logiciels de surveillance. Leur usage est très étendu dans les entreprises. Arnd Vomberg, un professeur d’HEC qui a étudié l’impact de ces systèmes d’information sur les salariés en Europe évoque l’utilisation fréquente de logiciels censés améliorer la relation clients. « Le vendeur sait quand il a vu un client, comment le relancer, quels e-mails lui envoyer », dit-il. L’employeur suit la performance de l’employé en notant « combien d’affaires ont été conclues et à quel prix ».

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En Occitanie, des entreprises en difficulté, des emplois menacés

Un local commercial, dans le centre-ville de Perpignan, le 29 février 2024.

La liste ne cesse de s’allonger. Dans plusieurs secteurs, les annonces de mise en liquidation judiciaire se multiplient en Occitanie depuis quelques mois. A Gimont, petite ville du Gers, Ducs de Gascogne​, entreprise spécialisée dans le foie gras, a mis la clé sous la porte le 4 septembre. Dans le cadre d’un projet de cession, Conserverie du Sud, elle, candidate à la reprise retenue par le tribunal de commerce de Paris, gardera seulement 28 des 68 salariés.

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A une cinquantaine de kilomètres​ de là, au cœur de ce même département, le couperet est tombé le 3 septembre chez Gerstube. Détruite par un incendie qui a ravagé ​locaux et outil industriel début avril, l’usine, implantée depuis 1947 à Vic-Fezensac, ne renaîtra pas de ses cendres. Ce fabricant de tubes plastiques va fermer définitivement, a annoncé la direction ; un plan de sauvegarde de l’emploi s’ouvre le lundi 22 septembre. « On nous avait pourtant répété, pendant cinq mois, que tout ​avait été mis en œuvre pour reconstruire le​ site, se désole ​Christophe​ Boronad, chef d’atelier et délégué syndical CGT. Et, là de but en blanc, on nous dit que c’est fini. » Selon Barbara Neto, la maire (Les Républicains), les raisons de cette décision, qui laisse 58 personnes sur le carreau, sont multiples : le contexte économique national et européen du secteur des tubes plastiques, la frilosité des banques ou, encore, la rigidité des assurances, cite l’édile, dans un communiqué de presse.

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