Archive dans juillet 2025

L’emploi des seniors atteint un niveau record en 2024

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi, dans une agence France Travail, à Paris, le 4 février 2025.

Un record battu et une barre symbolique franchie. En 2024, les seniors n’ont jamais été aussi présents sur le marché de l’emploi. La proportion de personnes de 60 à 64 ans occupant un poste est passée au-dessus de 40 %, atteignant 42,4 % – un niveau inégalé depuis qu’il est mesuré (soit depuis 1975). C’est ce que montre une note publiée, mercredi 23 juillet, par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail. Un résultat susceptible de donner du baume au cœur du gouvernement puisqu’il cherche précisément à développer l’activité dans cette tranche d’âge.

L’enquête diffusée mercredi s’avère particulièrement intéressante car elle indique que la progression de l’emploi chez les sexagénaires « peut s’expliquer par l’entrée en vigueur de la dernière réforme des retraites ». Promulguée à la mi-avril 2023, celle-ci avait pour objectif de prolonger les carrières professionnelles en jouant sur deux paramètres : relever graduellement de 62 à 64 ans l’âge légal d’ouverture des droits à une pension pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961 et augmenter la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein chez certaines générations.

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Chez Les Républicains, quelques rares voix plaident pour favoriser l’immigration de travail

Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, parle à la ministre du travail, Catherine Vautrin, à l’issue de la présentation des orientations retenues pour enrayer le déficit public pour le budget de 2026, à Paris, le 15 juillet 2025.

Ils ont rivalisé de mots doux pour elle. Pendant la campagne pour la présidence du parti Les Républicains (LR), le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, et le député de la Haute-Loire Laurent Wauquiez ont érigé Giorgia Meloni, présidente du conseil italien, issue du postfascisme, en modèle pour la droite française. « Elle a réussi à rassembler et les choses se passent bien », souligne alors, le 15 mai sur LCI, le futur vainqueur, M. Retailleau. Son rival vante, lui, le redressement économique et « la lutte contre l’assistanat » opérée par la dirigeante du parti italien Fratelli d’Italia.

Mais silence radio au moment de commenter le décret triennal signé fin juin par Mme Meloni pour autoriser l’entrée de 500 000 travailleurs étrangers entre 2026 et 2028. « Nous faisons face à une situation très différente, la baisse démographique a été beaucoup plus rapide [en Italie] que chez nous », esquivait le locataire de la Place Beauvau, interrogé à ce sujet, sur France Inter le 1er juillet. « La situation des deux pays est très différente », répète aussi l’entourage de Laurent Wauquiez.

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Budget : la monétisation de la cinquième semaine de congés payés attise la colère des syndicats

Le premier ministre, François Bayrou, et la ministre chargée du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, lors de la présentation des orientations retenues pour enrayer le déficit public pour le budget de 2026, à Paris, le 15 juillet 2025.

On ne touche pas impunément aux grandes avancées sociales de l’ère Mitterrand. Le gouvernement vient d’être copieusement réprimandé pour avoir évoqué la possibilité de « monétiser » la cinquième semaine de congés payés instaurée en 1982, à l’époque où la gauche voulait « changer la vie ». Présentée, mardi 15 juillet, dans le cadre des orientations budgétaires pour 2026, cette piste inspire de vives critiques aux syndicats. « Elle fait partie du musée des horreurs », a fustigé, jeudi sur France Inter, Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, sur un ton inhabituellement virulent pour la responsable cédétiste.

L’idée à l’origine de la controverse s’inscrit dans un double objectif : encourager l’augmentation de la durée d’activité des salariés tout en améliorant le montant de la fiche de paie. Les personnes se verraient ainsi accorder la faculté de travailler davantage en renonçant à un ou plusieurs jours de repos, moyennant une majoration de leur rémunération et sous réserve que l’employeur soit d’accord. Un mécanisme similaire existe déjà – le rachat de congés liés à l’introduction des 35 heures. Son impact semble ne pas être très bien connu, à ce stade.

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VTC : pour la première fois, la Cour de cassation refuse de requalifier des chauffeurs comme « salariés » d’Uber

Photo d’illustation.

Les chauffeurs de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), qui sont sur le papier des indépendants, doivent-ils être considérés comme des salariés ? Si cette question traverse les tribunaux depuis plusieurs années, la Cour de cassation apportait depuis 2020 une réponse claire, réitérée notamment en janvier 2023 et en mars : oui, car plusieurs indices prouvent qu’il existe un lien de subordination entre les conducteurs et leurs plateformes, et que ces dernières exercent un pouvoir de contrôle, de direction et de sanction sur les premiers.

Deux arrêts de la haute juridiction datés du 9 juillet changent la donne : suivant des jugements de la cour d’appel de Paris, ils considèrent que ce lien de subordination n’existe pas, et que les deux conducteurs, travaillant en l’occurrence pour Uber, sont bien des indépendants. Les décisions, que Le Monde a pu consulter, insistent sur le fait que le géant américain aurait fait évoluer ses pratiques, notamment à la suite de la loi d’orientation des mobilités de 2019.

Contactée, l’entreprise américaine y voit une « reconnaissance de l’évolution de ses fonctionnalités », et l’aboutissement d’un travail amorcé justement après le premier arrêt de la Cour de cassation, en 2020. Les évolutions pointées par les cours d’appel et de cassation sont la transmission au chauffeur du prix et de la destination avant qu’il réalise une course, ce qui n’était pas le cas auparavant, la fin des sanctions temporaires si un chauffeur refuse des courses, et l’absence d’exclusivité de non-concurrence, qui signifie qu’un travailleur peut cumuler plusieurs applications.

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« On nous traite comme des machines » : sur les bateaux de croisière, jusqu’à 72 heures de travail par semaine

En cette fin de matinée, un rayon de soleil éclaire les baies vitrées du Seamen’s Club, le café associatif du port de croisière de Marseille. Vivek s’attable devant un bol de nouilles instantanées et saisit son téléphone : sur l’écran, sa femme apparaît vêtue d’une robe imprimée. « On se parle trois fois par jour », confie cet Indien trentenaire, qui travaille comme agent de sécurité incendie sur un paquebot de vingt-deux ponts, en escale à Marseille. Vivek ne voit ses enfants de 1 et 4 ans que par écran interposé. « C’est difficile », confie-t-il. Depuis quatre ans, sa vie suit le même rythme : sept mois sur l’eau, trois mois en Inde.

Deux membres d’équipage de bateaux de croisière, l’un Indien, l’autre Samoan, au local de l’association Seamen’s Club, sur le port de Marseille, le 5 mai 2025.

« A chaque fois que je rentre dans mon pays, je me dis : “Cette fois, je reste”, raconte Vivek. Et puis je repars. En Inde, il faut être très diplômé pour avoir de bons emplois. Sinon, le seul moyen de gagner correctement sa vie, c’est d’aller à l’étranger. » Pendant dix ans, il a travaillé sur un cargo. Des traversées pendant lesquelles il pouvait rester trente jours sans accès à Internet. « Alors la croisière, c’est mieux, on a le Wi-Fi. » Après son déjeuner, il reprendra son service sur un immeuble flottant, en direction de Gênes (Italie), avec 5 000 touristes à bord.

S’il est un lieu qui incarne la mondialisation du travail dans sa version la moins réglementée et décomplexée, c’est bien le paquebot de croisière. A bord de ces géants des mers, qui naviguent majoritairement dans les Caraïbes et en Méditerranée, des vacanciers venus des Etats-Unis, d’Allemagne, du Royaume-Uni ou de France côtoient un personnel issu, pour l’essentiel, de pays émergents : Philippines, Inde, Indonésie, Honduras, Pérou… Les capitaines, officiers et chefs de département sont, eux, presque tous occidentaux. Quant aux profits, ils sont entre les mains d’Américains : les trois plus grosses compagnies, Carnival, Royal Caribbean et NCL, ont leur siège à Miami, aux Etats-Unis. La quatrième, MSC, est établie en Suisse.

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Samuel Zarka, sociologue : « Le travail des techniciens du cinéma s’est intensifié avec l’arrivée des plateformes »

Le sociologue Samuel Zarka, enseignant-chercheur à l’université Sorbonne-Paris Nord et auteur de l’ouvrage Ces invisibles qui font le cinéma (Presses universitaires de France, 336 pages, 23 euros), explique comment les techniciens doivent démontrer leur professionnalisme à chaque nouveau projet de tournage.

Vous avez consacré votre ouvrage aux techniciens qui travaillent sur les tournages cinématographiques. Qui sont-ils et pourquoi sont-ils, selon vous, invisibilisés ?

Pour réaliser un film, il est nécessaire de mobiliser une petite armée qui, outre son état-major, regroupera différentes équipes : le son, l’image, les « électros » (électriciens), les « machinos » (machinistes)… Un tournage est donc un lieu de travail qui nécessite une dynamique collective : il faut mobiliser entre 40 et 200 personnes pour fabriquer ce produit qu’est le film.

Mais si les membres de ce personnel technico-artistique ont leur nom au générique, ils sont globalement invisibilisés. Le Festival de Cannes en donne une illustration symbolique : lors de la montée des marches, l’équipe du film se résume au réalisateur et à ses comédiens principaux. Ils représentent la partie visible du projet, qui occulte le collectif de travail et sa contribution.

De même, l’objet lui-même, le film, capte également l’attention, au détriment, là aussi, des travailleurs. C’est un phénomène que l’on retrouve d’ailleurs dans plusieurs industries : certains produits (l’iPhone, par exemple) tendent à effacer l’existence de ceux qui ont contribué à sa fabrication.

Invisibilisés, ces techniciens sont également confrontés à une discontinuité de l’emploi, source d’incertitudes. Comment ce défi peut-il être relevé sur le long terme ?

Cette discontinuité des temps de travail existe de longue date : on l’observait déjà dans les années 1920. Elle a pu être contenue un temps, grâce à l’existence d’une carte d’identité professionnelle. Sa détention était nécessaire pour travailler dans le cinéma. Le nombre d’actifs était donc limité, afin que chacun puisse travailler régulièrement. Ce dispositif a été supprimé en 2009, face à la montée en puissance des productions audiovisuelles.

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Les animateurs de colo cotisent-ils pour leur retraite ?

Question à un expert

J’ai été animatrice dans une colonie de vacances plusieurs étés, est-ce que cela comptera pour ma retraite ?

Les cotisations pour la retraite des personnes non bénévoles recrutées à titre temporaire pour encadrer les enfants en colonies de vacances ou en centres aérés sont calculées non pas sur leur rémunération réelle, mais sur des bases forfaitaires.

Pour les périodes travaillées depuis 1979, un animateur rémunéré ou un assistant sanitaire cotisent, pour un mois, sur la base de trente fois le montant du smic horaire en vigueur le 1er janvier de l’année : 356,40 euros actuellement (30 × 11,88 euros). Avant 1979, les bases de cotisations étaient plus faibles (et il n’y a pas de rétroactivité).

Pour valider un trimestre au cours d’une année, il faut avoir cotisé sur la base d’un certain montant : 200 fois le montant du smic horaire avant 2014, 150 fois depuis 2014 (le seuil a été abaissé afin de mieux prendre en compte les parcours à temps partiel ou à faibles revenus). Soit, en 2025, 1 782 euros.

Points Agirc-Arrco

Pour obtenir un trimestre uniquement avec des rémunérations d’animateur en 2025 (si vous n’avez pas eu d’autres emplois dans l’année), il faudra donc avoir travaillé en tant qu’animateur l’équivalent de cinq mois dans l’année.

Les animateurs cotisent aussi pour leur retraite complémentaire. Depuis 2017, c’est systématiquement à l’Agirc-Arrco. Avant, cela pouvait être aussi à l’Ircantec, régime complémentaire des agents non titulaires de la fonction publique.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Retraites : ce qui change en 2025

Les cotisations Agirc-Arrco, calculées sur le salaire réel de l’animateur et non sur la base forfaitaire évoquée précédemment, permettent d’acquérir des points.

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Vers une énième réforme de l’assurance-chômage ?

Gabriel Attal à l’Assemblée nationale le 08 juillet 2025.

Simple ballon d’essai pour tâter le terrain ou scénario réellement à l’étude ? L’idée de durcir, pour la énième fois, les règles de l’assurance-chômage circule de nouveau, à quelques jours de la présentation par le gouvernement de sa stratégie budgétaire. Elle a été évoquée, mercredi 9 juillet, par le quotidien Les Echos. A ce stade, l’exécutif s’est borné à répondre que rien n’était arbitré tout en donnant rendez-vous mardi, le jour où le premier ministre, François Bayrou, doit divulguer un plan de redressement des comptes publics. De tels éléments de langage peuvent être vus comme une manière de reconnaître que la solution est bel et bien étudiée.

Le fait que cette hypothèse remonte à la surface n’est pas totalement étonnant. Elle avait déjà été mentionnée le 3 avril à l’Elysée, lors d’une réunion à laquelle participaient le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et plusieurs membres du gouvernement pour aborder l’agenda des réformes à venir. Depuis, des figures qui soutiennent l’équipe au pouvoir se sont évertuées à entretenir la flamme. Parmi elles, Gabriel Attal, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. A plusieurs reprises, ces dernières semaines, il a affirmé la nécessité de revoir les dispositions sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi en rappelant qu’il avait porté un projet en ce sens, en 2024, lorsqu’il était premier ministre.

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