Archive dans avril 2025

Comment prévenir les maladies de bureau

Les troubles musculo-squelettiques

Les TMS sont des atteintes des tissus mous à proximité des articulations : principalement tendons, muscles, ligaments ou nerfs. Ils peuvent être en lien avec une activité professionnelle, favorisés par des facteurs physiques (gestes répétitifs, travail statique, posture contraignante si poste de travail inadapté, port de charges lourdes…) et des facteurs psychosociaux (pression, manque d’autonomie, monotonie…). Non pris en charge, ils peuvent devenir chroniques et créer un handicap permanent.

L’activité professionnelle joue souvent un rôle majeur dans leur survenue. En France, les TMS « représentent à eux seuls plus de 80 % des maladies professionnelles reconnue», écrit l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). Tous les secteurs d’activité sont concernés. Dans le contexte d’un travail sur écran, ils peuvent survenir au niveau de la colonne vertébrale ou des membres supérieurs. Ils se manifestent par une gêne voire des douleurs plus ou moins intenses, des engourdissements ou des picotements, quelquefois par une perte de souplesse, de dextérité ou de force.

« Les troubles musculo-squelettiques sont avant tout liés à la répétition de gestes, insiste le rhumatologue et chercheur Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP). La position joue aussi un rôle et on peut améliorer l’ergonomie de son poste de travail, mais il faut surtout diversifier ses activités, éviter les mêmes gestes des heures durant. » Encore faut-il penser à une possible origine professionnelle. « Une gêne ou des douleurs même légères sont autant de signaux d’alerte d’un risque de survenue de TMS, souligne Laurent Kerangueven, ergonome à l’INRS. Dès les premiers signes, il est souhaitable de demander une visite auprès du médecin du travail pour faire le lien entre ces plaintes et le travail. Il sera possible de prévenir ces TMS en aménageant les postes et en adaptant son organisation. »

Le ralentissement des recrutements inquiète les jeunes diplômés : « Quand je vois certains collègues en finance qui ont mis quatre mois à décrocher un job, je ne me sens pas serein »

Depuis près de deux mois, Malaurie (les intervenants cités ont choisi de garder l’anonymat) vit au rythme des alertes d’emploi des applications de réseaux professionnels LinkedIn et Indeed. La jeune femme de 25 ans, fraîchement diplômée d’un master de l’université Paris Dauphine en conseil et management, peut passer des journées entières sur son téléphone à balayer les offres de cabinets de conseil, mais aussi des grandes entreprises de transport ou d’agroalimentaire. Elle a envoyé une dizaine de candidatures, lesquelles sont restées sans réponse ou ont débouché sur un refus.

Au gré de ses recherches, Malaurie tombe principalement sur des offres de stage ou d’alternance, bien plus nombreuses que les précieux CDI destinés aux jeunes diplômés. « Il n’y a pas beaucoup d’offres. Et chaque fois qu’il y en a une intéressante, des centaines de personnes postulent en même temps, relève-t-elle. Tu peux facilement passer à la trappe, être noyée dans une masse d’autres gens. On ne savait pas que ça allait être aussi tendu. »

Le marché du recrutement des jeunes diplômés est effectivement en recul, comme le montre une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), parue jeudi 3 avril. En 2024, les embauches de cadres ont chuté de 8 %, effaçant en un an la progression enregistrée au cours de 2023. L’étude anticipe une nouvelle baisse en 2025, avec un volume repassant sous la barre des 300 000 recrutements (contre 303 400 l’an dernier).

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L’impact ambivalent des technologies numériques sur le travail

Comment les technologies de pointe (robotique, intelligence artificielle, automatisation, numérique…) transforment-elles les problématiques de santé et sécurité au travail ? A cette question complexe, l’Organisation internationale du travail (OIT) apporte des réponses nuancées, dans un rapport global publié le 23 avril.

Les experts de l’OIT commencent par analyser les retombées bénéfiques de ces innovations sur les risques, les maladies, les accidents, et sur la charge de travail. Le cas le plus évident concerne les robots qui remplacent les travailleurs réalisant « des tâches dangereuses dans des environnements à haut risque, souvent appelés “emplois 3D” (dégoûtants, dangereux et dégradants) ».

Un ouvrier portant un masque de réalité virtuelle.

Ainsi dans les mines, l’agriculture, la construction et diverses industries, il arrive que les robots éloignent les travailleurs des substances chimiques, des températures extrêmes, des rayonnements, des espaces confinés et machines présentant un risque élevé. Ils automatisent les tâches répétitives et pénibles, réduisant la fatigue physique et mentale. Idem pour les dispositifs portables embarqués tels que les caméras portables, les casques intelligents, ou encore les exosquelettes, qui « gagnent du terrain dans des secteurs comme la construction, l’industrie manufacturière, l’agriculture et les soins de santé », remarque l’OIT.

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Dominique Méda : « On ne redressera pas le taux d’emploi sans améliorer la qualité des conditions de travail en France »

Point d’orgue d’une série de prises de position dans le débat public depuis plusieurs mois, le premier ministre, François Bayrou, a déclaré, lors de sa conférence de presse du 15 avril, que l’impératif national était désormais de travailler plus pour produire plus. A l’écouter, si notre pays se trouve dans une situation aussi préoccupante, c’est parce que nous produisons moins que nos voisins du fait que nous travaillons moins qu’eux.

Que répondre à cette argumentation qui semble à première vue relever du bon sens ? D’abord que l’indicateur mobilisé, le produit intérieur brut (PIB), présente de nombreuses limites et ne reflète pas la richesse : une société peut avoir un gros PIB mais un patrimoine naturel dévasté, et être ravagée par les inégalités. Par ailleurs, la nature et la qualité de ce que nous produisons importent plus que la quantité. Or, à quelques exceptions près, la France est spécialisée sur des productions de moyenne gamme, qui sont peu concurrentielles avec celles, plus « haut de gamme » ou moins chères, de nos voisins.

La faiblesse de notre PIB par habitant s’explique-t-elle par le nombre d’heures de travail ? Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les Français ayant un emploi travaillent plus en durée annuelle que les Allemands, les Danois, les Néerlandais ou les Luxembourgeois. Pour mémoire, les pays où l’on travaille le plus sont, dans l’ordre décroissant, le Mexique, le Costa Rica, le Chili et la Grèce.

Fort déni des responsables politiques

La quantité de travail ne signifie rien : c’est la productivité qui compte. Alors, certes, la France est aujourd’hui moins productive qu’auparavant, en raison notamment des emplois maintenus par les entreprises à la suite du Covid-19 et de la forte augmentation de l’apprentissage, comme l’a montré l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Il n’en reste pas moins que beaucoup d’autres éléments doivent être pris en considération, en plus du nombre d’heures de travail, pour comprendre la mauvaise situation française. On pense en particulier à l’insuffisance des investissements, notamment dans les secteurs de pointe, mais aussi à la faiblesse de la robotisation, de la recherche et développement, ou du niveau de qualification de la population active.

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La rédaction du « Point » sonnée par l’ampleur du plan social

Lors d’une manifestation des « Gilets jaunes », à Marseille, le 26 janvier 2019.

Estomaqués par l’ampleur du plan social annoncé par la direction de l’hebdomadaire la veille, les salariés du Point étaient peu nombreux dans les locaux jeudi 24 avril. Le cœur n’y était pas au lendemain de l’annonce d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), officialisé par Etienne Gernelle, le directeur du « news magazine », lors d’un Comité social et économique, puis devant la rédaction. Face à cette dernière, le directeur de l’hebdomadaire classé à droite a été le seul à prendre la parole. La directrice de la rédaction, Valérie Toranian, le directeur général délégué, François Claverie, et le PDG de l’entreprise, Renaud Grand-Clément, sont tous trois restés muets.

58 postes pourraient disparaître d’ici à quelques mois, dont 32 occupés par des titulaires – sur environ 190 – et 26 par des pigistes réguliers – sur une centaine. Soit près de deux fois plus que la trentaine de départs occasionnés par le dernier plan social qui a secoué le titre en 2014. En parallèle, 18 postes seront créés, et incluront des transformations de postes existants. « C’est une véritable saignée », lâchent plusieurs journalistes en interne souhaitant conserver l’anonymat.

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France Travail intensifie encore le contrôle des demandeurs d’emploi

Une agence France Travail, à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), le 23 avril 2024.

France Travail a publié, jeudi 24 avril, son bilan du contrôle de la recherche d’emploi pour 2024. Un exercice réalisé chaque année, qui aboutit souvent aux mêmes conclusions. Les demandeurs d’emploi sont de plus en plus contrôlés, mais une part relativement faible se retrouve radiée à l’issue de la procédure.

Cette nouvelle mouture revêt toutefois un caractère différent, tant le changement va être important au sein de l’opérateur public sur le sujet. Avec la généralisation, depuis le 1er janvier, de la loi « plein-emploi », le système de contrôle va être amplement modifié. Il va d’abord poursuivre la dynamique engagée depuis plusieurs années avec une très forte augmentation du nombre de contrôles : près d’un million en 2025 pour atteindre ensuite l’objectif fixé par le gouvernement de 1,5 million en 2027. Le nouveau système de contrôle sera mis en œuvre à partir du mois de juin.

L’ex-Pôle emploi l’a expérimenté dans huit régions depuis juillet 2024. En parallèle, la loi, qui réforme notamment le revenu de solidarité active, dont les bénéficiaires sont désormais inscrits automatiquement auprès de France Travail, a créé un nouveau régime de sanction appelé « sanction-remobilisation » qui pourra entraîner une suspension de l’allocation avec un versement rétroactif si la personne se met en règle. Lors de cette expérimentation, France Travail n’a toutefois pas pu utiliser le nouveau régime de sanction, avant que le décret qui en fixe les contours ne soit publié, ce qui est prévu pour juin.

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« Supply chain management » : une fonction-clé en quête de performances économiques et environnementales

De quoi le supply chain management est-il le nom ? En introduction de son ouvrage sur cette fonction-clé de l’entreprise paru chez Dunod, Rémy Le Moigne consacre plusieurs pages à la définition de son objet d’étude. Un préalable nécessaire aux yeux de ce consultant passé par les cabinets de conseil PwC et Deloitte, tant il est aujourd’hui « difficile à comprendre pour les dirigeants et les responsables opérationnels des entreprises » et, finalement, « source d’une grande confusion ».

De fait, le supply chain management représente un ensemble complexe, à l’appréhension délicate. Il s’agit donc de la gestion de la chaîne logistique, qui regroupe elle-même un vaste réseau d’organisations (fournisseurs, usines…) « particip[ant] à la fabrication, la livraison et la vente d’un produit à un client », et échangeant biens, informations et argent. Il touche de nombreuses fonctions, des achats au pilotage des stocks, et convoque, pour fonctionner, de multiples méthodes et outils.

Le livre donne des clés pour comprendre la mécanique du supply chain management de façon très opérationnelle, mais aussi en saisir les enjeux actuels pour les organisations. Deux d’entre eux s’imposent au fil des pages, à commencer par la recherche d’une plus grande performance pour les services concernés. Cette fonction représente, d’après le Supply Chain Council, une ONG constituée de professionnels, de 60 % à 90 % des coûts d’une organisation industrielle.

L’ouvrage s’interroge sur les leviers à disposition des professionnels pour « réduire [ces] coûts ». Faut-il mener des enchères électroniques inversées avec les fournisseurs lors des négociations ? Quelle est l’organisation interne d’une usine la plus adaptée à sa production ? Comment améliorer la performance de la gestion des entrepôts ?

La question environnementale

A travers l’analyse de ces différentes problématiques pointe l’apport croissant des mutations technologiques. L’intelligence artificielle (IA) peut désormais accompagner les gestionnaires des chaînes logistiques, par exemple pour détecter automatiquement le moment où les congélateurs d’un magasin doivent être réapprovisionnés. Le machine learning permet quant à lui de prédire les délais de livraison.

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Dans un climat de crise généralisée, l’entreprise redevient un cocon

La décennie écoulée a été marquée par un discours d’émancipation vis-à-vis de l’entreprise. L’open space y était décrit comme cet univers panoptique auquel il s’agissait impérativement de s’arracher pour s’épanouir dans les 3 mètres carrés d’un food truck ou dans un dialogue vivifiant avec les farines anciennes d’une néoboulangerie. La quête de sens s’entendait alors comme un déplacement géographico-mental romantisé vers la province, la campagne, le grand air, les métiers manuels, la vérité enfin reconnue de ses propres aspirations, mouvement fort bien décrit dans l’ouvrage La Révolte des premiers de la classe. Changer sa vie, la dernière utopie (Arkhê, 2022), de Jean-Laurent Cassely.

Il semble que nous vivions aujourd’hui une sorte de retour de balancier, une contre-aspiration qui fait de l’entreprise (et de sa sécurité) un horizon de nouveau désirable. Une étude UKG réalisée en 2022 dans six pays, dont la France, montrait déjà que 43 % des personnes ayant quitté leur emploi pendant la pandémie de Covid-19 cultivaient le regret de leur ancienne fonction, chiffre atteignant 60 % dans notre pays. On comprend aisément que, épuisé par les difficultés concrètes d’un labeur indépendant, on puisse se remettre à rêver de machine à café.

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ArcelorMittal annonce la suppression de plus de 600 postes en France sur sept sites, « scandaleux » réagissent les syndicats

Un ouvrier regarde un train de laminage à chaud dans l’aciérie d’ArcelorMittal à Florange (Moselle), le 4 avril 2024.

C’est un « projet de réorganisation pour faire face à la crise de l’acier » qu’a annoncé, mercredi 23 avril, ArcelorMittal. Affirmant avoir déjà mis en œuvre « toutes les mesures possibles d’adaptation à court terme », le premier groupe sidérurgiste européen, deuxième mondial, a indiqué dans un communiqué devoir « envisager des mesures de réorganisation pour adapter son activité au nouveau contexte du marché et assurer sa compétitivité future ».

Celles-ci devraient entraîner la suppression « d’environ 600 postes » sur sept sites d’ArcelorMittal France Nord, entité qui compte près de la moitié des 15 400 salariés du groupe dans l’Hexagone : Dunkerque et Mardyck (Nord), Florange (Moselle), Basse-Indre (Loire-Atlantique), Mouzon (Ardennes), Desvres (Pas-de-Calais) et Montataire (Oise).

Selon la CFDT et la CGT, 630 postes seraient concernés, 230 dans des fonctions dites « support », 400 à la production. Le détail n’est pas encore connu, 200 à 250 postes pourraient être concernés à Dunkerque, entre 120 et 150 à Florange, une centaine à Basse-Indre.

« Et ce n’est qu’un début »

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